Actualités de l'Urgence - APM
PREMIER CONFINEMENT: PRÈS DE DEUX PERSONNES SUR TROIS ONT RENONCÉ AUX SOINS ALORS QU'ELLES EN AVAIENT BESOIN (ÉTUDE)
L'assurance maladie et l'Odenore ont lancé une enquête en ligne auprès du grand public, entre le 24 juillet et le 23 septembre, "afin d'estimer l'ampleur, la nature, les causes et conséquences" des "non-réalisations de soins pendant la première période de confinement". Cette enquête "a bénéficié du soutien méthodologique du laboratoire HP2 de l'Inserm, de la société Vizget et de la Maison des sciences de l'homme (MSH) Alpes".
Au total, "4.236 questionnaires ont été complétés en totalité". "Pour corriger la structure des répondants, les résultats ont été redressés selon l'âge, le sexe, le type d'emploi, la situation familiale, le diplôme et la taille de la ville de résidence", est-il précisé. Malgré tout, "les hommes et les moins diplômés [restent] très fortement sous-représentés parmi les participants à l'enquête", une sous-représentation qui "n'a pu être qu'en partie corrigée par le redressement".
Parmi les objectifs de cette étude, il s'agit notamment d'"estimer (parmi les personnes enquêtées et les personnes de leur foyer) le taux de celles ayant renoncé (à leur initiative) à adresser un ou plusieurs besoins de soins durant la période du premier confinement" et de "distinguer les renoncements des reports (maintien ou non d'une intention d'adresser ce besoin à la fin du confinement)".
Les résultats de l'enquête montrent que "60% des personnes interrogées disent ne pas avoir réalisé à leur initiative, pendant le premier confinement, au moins un soin dont elles avaient besoin". "Le nombre moyen de professionnels non consultés et/ou d'actes non réalisés s'élève en moyenne à 2 par enquêté", est-il précisé.
Ainsi, "39% de l'échantillon indique avoir renoncé ou reporté une consultation de médecin généraliste", 25% une consultation de spécialistes, 23% des soins dentaires et 15% des actes de biologie et/ou d'imagerie.
Des disparités sur les caractéristiques des personnes concernées par la non-demande de soins sont observées: ainsi, les femmes "déclarent plus souvent que les hommes ne pas avoir réalisé au moins un soin ou acte médical dont elles avaient besoin (64% vs 53%) pendant le confinement" et "hors retraités, les personnes inactives vis-à-vis de l'emploi présentent des taux de non-réalisation de soins plus importants que les personnes actives".
Les personnes qui disent reporter ou renoncer "régulièrement" et celles qui disent reporter ou renoncer "de temps en temps" à des soins sont plus nombreuses "à déclarer ne pas avoir réalisé au moins un soin pendant le confinement" (respectivement 81% et 67%). Enfin, "les personnes qui déclarent la non-réalisation d'au moins un soin pour elles-mêmes durant le confinement sont nettement plus nombreuses à déclarer également la non-réalisation de soins pour d'autres membres de leur foyer".
Des soins majoritairement rattrapés ou en voie de l'être après le confinement
"Parmi les personnes qui n'ont pas consulté de médecin généraliste pendant le 1er confinement malgré un besoin, une nette majorité (68%) dit avoir consulté à l'issue du confinement", constatent les auteurs de l'étude.
"Une personne sur cinq (21%) n'a en revanche toujours pas consulté de généraliste au moment de l’enquête tout en gardant l'intention de le faire" et "7% des personnes n'ont, quant à elles, pas consulté au moment de l'enquête et n'ont plus l'intention de le faire".
Pour les autres soins, la proportion des personnes ayant déjà rattrapé leurs soins est moindre.
Les auteurs constatent qu'"il ressort de ces chiffres un renoncement 'définitif' somme toute assez faible (entre 2% et 7% selon le type de besoin de soins)". Ainsi, "la plupart des personnes qui n'ont toujours pas réalisé la consultation ou l'acte au moment de l'enquête gardent l'intention de le faire".
"Les différences entre le fait d'avoir consulté ou non (mais en gardant l'intention de le faire) résident peut-être dans les différences d'offre de soins et de délais de rendez-vous selon les professionnels de santé, mais également possiblement dans la persistance chez certaines personnes de la peur de la contamination dans les structures de soins", considèrent-ils.
"En outre, d'autres explications 'plus traditionnelles' des reports et renoncements aux soins (notamment financières) s'ajoutent certainement", estiment-ils.
Inquiétude sur les conséquences de leur renoncement
"Tous types de soins confondus, les raisons qui ont le plus amené les personnes à ne pas se soigner alors qu'elles auraient eu besoin de le faire sont la fermeture des cabinets et structures de soins, une appréhension de la contamination, une temporisation de leur(s) demande(s) de soin, ainsi qu'à une volonté de ne pas surcharger les professionnels de la santé pendant cette période", est-il observé dans l'étude.
Au total, respectivement "41% des personnes n'ayant pas consulté un généraliste" et 45% des personnes n'ayant pas consulté un spécialiste "pendant le confinement malgré un besoin pensent que cela a aggravé le problème pour lequel elles auraient voulu consulter".
"Ce taux est encore un peu plus élevé chez les personnes qui ont reporté ou renoncé à des soins dentaires (48%) et concerne un peu plus de la moitié (51%) des personnes n'ayant pas pu acheter des médicaments qui leur avaient été prescrits", est-il détaillé dans l'enquête.
"Enfin, 90% des personnes qui ont vu des séances de leur traitement (chimiothérapie ou dialyse) annulées ou qui y ont renoncé pensent que cela a aggravé leur problème de santé", est-il indiqué.
"Par ailleurs, le sentiment d'inquiétude est également présent. Le fait de ne pas avoir consulté a inquiété 57% des personnes ayant renoncé à une consultation de généraliste. Pour les médecins spécialistes, cette proportion monte à 59%. Elle est de 81% et 82% pour les personnes n'ayant pas accédé à leurs médicaments ou à leurs séances de chimiothérapie ou de dialyse", est-il expliqué.
Selon les chercheurs, l'ensemble des constats de cette étude "confirment que le premier confinement a accentué des inégalités en matière d'accès aux soins et attisé des inégalités sociales en matière de santé".
Des études complémentaires "seront effectuées"
Les auteurs de l'étude précisent que "des analyses complémentaires seront effectuées, notamment pour déterminer les facteurs qui interviennent le plus dans la non-réalisation de soins en période de Covid" ou encore "pour regarder si les personnes atteintes de pathologies chroniques n’ont pas consulté ou réalisé certains actes médicaux en lien avec le suivi de leur pathologie ou si leurs besoins n’étaient pas en lien direct avec celle-ci".
Ils rappellent enfin que le rapport "charges et produits" de l'assurance maladie avait indiqué "un recul spectaculaire des dépenses de soins de ville au cours de la première période de confinement [cf dépêche du 26/06/2020 à 04:07]".
"De même, le 3e rapport Epi-Phare sur l'usage des médicaments de ville [...] pointe une sous-consommation de médicaments pour les pathologies chroniques au début du premier confinement", notent-ils (cf dépêche du 21/04/2020 à 17:06).
Ils rappellent qu'"en dehors de la période de confinement", le phénomène de renoncement "n'est pas marginal en France" (cf dépêche du 11/06/2019 à 18:52).
af/ab/APMnews
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PREMIER CONFINEMENT: PRÈS DE DEUX PERSONNES SUR TROIS ONT RENONCÉ AUX SOINS ALORS QU'ELLES EN AVAIENT BESOIN (ÉTUDE)
L'assurance maladie et l'Odenore ont lancé une enquête en ligne auprès du grand public, entre le 24 juillet et le 23 septembre, "afin d'estimer l'ampleur, la nature, les causes et conséquences" des "non-réalisations de soins pendant la première période de confinement". Cette enquête "a bénéficié du soutien méthodologique du laboratoire HP2 de l'Inserm, de la société Vizget et de la Maison des sciences de l'homme (MSH) Alpes".
Au total, "4.236 questionnaires ont été complétés en totalité". "Pour corriger la structure des répondants, les résultats ont été redressés selon l'âge, le sexe, le type d'emploi, la situation familiale, le diplôme et la taille de la ville de résidence", est-il précisé. Malgré tout, "les hommes et les moins diplômés [restent] très fortement sous-représentés parmi les participants à l'enquête", une sous-représentation qui "n'a pu être qu'en partie corrigée par le redressement".
Parmi les objectifs de cette étude, il s'agit notamment d'"estimer (parmi les personnes enquêtées et les personnes de leur foyer) le taux de celles ayant renoncé (à leur initiative) à adresser un ou plusieurs besoins de soins durant la période du premier confinement" et de "distinguer les renoncements des reports (maintien ou non d'une intention d'adresser ce besoin à la fin du confinement)".
Les résultats de l'enquête montrent que "60% des personnes interrogées disent ne pas avoir réalisé à leur initiative, pendant le premier confinement, au moins un soin dont elles avaient besoin". "Le nombre moyen de professionnels non consultés et/ou d'actes non réalisés s'élève en moyenne à 2 par enquêté", est-il précisé.
Ainsi, "39% de l'échantillon indique avoir renoncé ou reporté une consultation de médecin généraliste", 25% une consultation de spécialistes, 23% des soins dentaires et 15% des actes de biologie et/ou d'imagerie.
Des disparités sur les caractéristiques des personnes concernées par la non-demande de soins sont observées: ainsi, les femmes "déclarent plus souvent que les hommes ne pas avoir réalisé au moins un soin ou acte médical dont elles avaient besoin (64% vs 53%) pendant le confinement" et "hors retraités, les personnes inactives vis-à-vis de l'emploi présentent des taux de non-réalisation de soins plus importants que les personnes actives".
Les personnes qui disent reporter ou renoncer "régulièrement" et celles qui disent reporter ou renoncer "de temps en temps" à des soins sont plus nombreuses "à déclarer ne pas avoir réalisé au moins un soin pendant le confinement" (respectivement 81% et 67%). Enfin, "les personnes qui déclarent la non-réalisation d'au moins un soin pour elles-mêmes durant le confinement sont nettement plus nombreuses à déclarer également la non-réalisation de soins pour d'autres membres de leur foyer".
Des soins majoritairement rattrapés ou en voie de l'être après le confinement
"Parmi les personnes qui n'ont pas consulté de médecin généraliste pendant le 1er confinement malgré un besoin, une nette majorité (68%) dit avoir consulté à l'issue du confinement", constatent les auteurs de l'étude.
"Une personne sur cinq (21%) n'a en revanche toujours pas consulté de généraliste au moment de l’enquête tout en gardant l'intention de le faire" et "7% des personnes n'ont, quant à elles, pas consulté au moment de l'enquête et n'ont plus l'intention de le faire".
Pour les autres soins, la proportion des personnes ayant déjà rattrapé leurs soins est moindre.
Les auteurs constatent qu'"il ressort de ces chiffres un renoncement 'définitif' somme toute assez faible (entre 2% et 7% selon le type de besoin de soins)". Ainsi, "la plupart des personnes qui n'ont toujours pas réalisé la consultation ou l'acte au moment de l'enquête gardent l'intention de le faire".
"Les différences entre le fait d'avoir consulté ou non (mais en gardant l'intention de le faire) résident peut-être dans les différences d'offre de soins et de délais de rendez-vous selon les professionnels de santé, mais également possiblement dans la persistance chez certaines personnes de la peur de la contamination dans les structures de soins", considèrent-ils.
"En outre, d'autres explications 'plus traditionnelles' des reports et renoncements aux soins (notamment financières) s'ajoutent certainement", estiment-ils.
Inquiétude sur les conséquences de leur renoncement
"Tous types de soins confondus, les raisons qui ont le plus amené les personnes à ne pas se soigner alors qu'elles auraient eu besoin de le faire sont la fermeture des cabinets et structures de soins, une appréhension de la contamination, une temporisation de leur(s) demande(s) de soin, ainsi qu'à une volonté de ne pas surcharger les professionnels de la santé pendant cette période", est-il observé dans l'étude.
Au total, respectivement "41% des personnes n'ayant pas consulté un généraliste" et 45% des personnes n'ayant pas consulté un spécialiste "pendant le confinement malgré un besoin pensent que cela a aggravé le problème pour lequel elles auraient voulu consulter".
"Ce taux est encore un peu plus élevé chez les personnes qui ont reporté ou renoncé à des soins dentaires (48%) et concerne un peu plus de la moitié (51%) des personnes n'ayant pas pu acheter des médicaments qui leur avaient été prescrits", est-il détaillé dans l'enquête.
"Enfin, 90% des personnes qui ont vu des séances de leur traitement (chimiothérapie ou dialyse) annulées ou qui y ont renoncé pensent que cela a aggravé leur problème de santé", est-il indiqué.
"Par ailleurs, le sentiment d'inquiétude est également présent. Le fait de ne pas avoir consulté a inquiété 57% des personnes ayant renoncé à une consultation de généraliste. Pour les médecins spécialistes, cette proportion monte à 59%. Elle est de 81% et 82% pour les personnes n'ayant pas accédé à leurs médicaments ou à leurs séances de chimiothérapie ou de dialyse", est-il expliqué.
Selon les chercheurs, l'ensemble des constats de cette étude "confirment que le premier confinement a accentué des inégalités en matière d'accès aux soins et attisé des inégalités sociales en matière de santé".
Des études complémentaires "seront effectuées"
Les auteurs de l'étude précisent que "des analyses complémentaires seront effectuées, notamment pour déterminer les facteurs qui interviennent le plus dans la non-réalisation de soins en période de Covid" ou encore "pour regarder si les personnes atteintes de pathologies chroniques n’ont pas consulté ou réalisé certains actes médicaux en lien avec le suivi de leur pathologie ou si leurs besoins n’étaient pas en lien direct avec celle-ci".
Ils rappellent enfin que le rapport "charges et produits" de l'assurance maladie avait indiqué "un recul spectaculaire des dépenses de soins de ville au cours de la première période de confinement [cf dépêche du 26/06/2020 à 04:07]".
"De même, le 3e rapport Epi-Phare sur l'usage des médicaments de ville [...] pointe une sous-consommation de médicaments pour les pathologies chroniques au début du premier confinement", notent-ils (cf dépêche du 21/04/2020 à 17:06).
Ils rappellent qu'"en dehors de la période de confinement", le phénomène de renoncement "n'est pas marginal en France" (cf dépêche du 11/06/2019 à 18:52).
af/ab/APMnews