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21/09 2018
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"MA SANTÉ 2022": PLUSIEURS ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES EXPRIMENT LEURS DOUTES

PARIS, 21 septembre 2018 (APMnews) - Plusieurs organisations professionnelles représentant les praticiens et autres professionnels hospitaliers, les urgentistes, les sages-femmes, les dentistes, ainsi que des associations oeuvrant dans le champ de la santé publique, ont réagi après la présentation mardi du plan "Ma santé 2022", pour notamment exprimer leurs interrogations.

"Quelle déception pour l’hôpital public !", s'insurge le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi aux autres spécialités (SNPHAR-E), selon qui l'augmentation de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam) de 2,5 % et la dotation aux hôpitaux de 300 millions d'euros (pour le financement à la qualité) "semblent irrationnelles, face au déficit des établissements publics de santé de 1,2 milliard d’euros" (cf dépêche du 18/09/2018 à 15:40).

Il regrette également le manque d'annonces sur les conditions de travail des soignants, l’attractivité des carrières médicales hospitalières, et juge insuffisantes les mesures pour renforcer le poids des médecins dans le pilotage de l'hôpital (cf dépêche du 18/09/2018 à 14:32). Il demande donc que ses propositions sur l'attractivité soient prises en compte, mais aussi la possibilité de recruter des secrétaires et assistants au sein de l’hôpital pour décharger les médecins des tâches administratives, comme il est prévu de le faire en ville.

Plus optimiste, Samu-urgences de France accueille "avec satisfaction" la stratégie de transformation du système de santé. "Coordination territoriale entre les acteurs de santé [cf dépêche du 18/09/2018 à 14:05], renforcement des soins de proximité, augmentation du temps médical disponible, construction cohérente des parcours de soins, y compris en urgence, autour des besoins du patient, renforcement de la qualité des soins… sont des principes que nous défendons depuis de nombreuses années", relève l'organisation.

Elle se dit néanmoins vigilante "afin que ces engagements débouchent très rapidement sur des résultats concrets" pour les soignants, qui sont "soumis à une tension difficilement supportable".

Parmi les organisations de professions médicales, le Collège national des sages-femmes de France (CNSF) se félicite de la réforme des formations initiales, qui à ses yeux permettra "de former à une coopération interprofessionnelle dès le début du cursus de formation". Il rappelle néanmoins "l’absolue nécessité de donner la possibilité aux sages-femmes de développer la recherche en maïeutique", avec l'émergence d'un corps d’enseignants-chercheurs.

Les sages-femmes déplorent en outre "que n’ait pas été retenue leur proposition de 'sage-femme référente', qui aurait garanti une meilleure organisation des soins autour de chaque femme enceinte".

Quant au recentrage de la prise en charge en obstétrique dans les hôpitaux de recours, il fait craindre "un nouveau regroupement de maternités, et donc des fermetures à venir", relève le CNSF. Mais la révision des organisations au sein des territoires, "en lien avec le privé et la ville, devrait permettre cependant d’y intégrer facilement les maisons de naissance" et "faciliter les accès au plateau technique pour les sages-femmes libérales".

La Confédération nationale des syndicats dentaires (CNDS) s'interroge pour sa part "sur la disparition brutale du numerus clausus et sur ses conséquences en termes de formation initiale des chirurgiens-dentistes et des autres professionnels de santé". Si elle comprend les enjeux de la réforme, "la moindre des choses eût été de travailler avec les professionnels de santé concernés et d’envisager dans un premier temps une mesure transitoire", estime-t-elle.

Elle s'interroge plus globalement sur l'intégration des chirurgiens-dentistes dans les espaces de coordination entre professionnels de santé, sur la prise en compte de la démographie de cette profession et de ses contraintes financières.

Des moyens "limités"

Une marge financière réduite, selon le Syncass-CFDT

Du côté des organisations syndicales de salariés, le Syndicat des directeurs, cadres, médecins, dentistes et pharmaciens des établissements sanitaires et sociaux publics et privés (Syncass)-CFDT salue "un plan ambitieux", mais "des moyens limités".

Sur le plan des financements, le Syncass rappelle que l’évolution des charges des établissements de santé est chiffrée à 4%. "Il faudra donc subir des coupes supplémentaires de ressources, par de prétendues 'économies', et même si les tarifs 2019 restaient au niveau de 2018, le gel prudentiel en limitera la portée", prévient-il.

De plus, "la définition d’un Ondam à 2,3% tablait sur une inflation de 1,7%, soit une marge de 0,6 point. L’inflation étant désormais estimée à 2%, la marge n’est plus que de 0,5 point, pour non seulement financer l’existant, mais ajouter les mesures nouvelles de la stratégie de transformation du système de santé."

Le plan "élude la situation des responsables des établissements et l’évolution de la fonction de direction", ajoute l'organisation.

Il aurait fallu, plaide-t-elle, qu'il simplifie "les statuts de direction, passant par l’unicité statutaire des corps de DH [directeurs d'hôpital] et de D3S [directeurs d'établissement sanitaire, social et médico-social] et l’alignement du statut des directeurs des soins sur les directeurs adjoints".

Il ne faut par ailleurs pas "confondre le souhait légitime des médecins de peser dans les décisions qui les concernent et l’exercice des responsabilités de la fonction de direction", défend-elle en faisant référence aux mesures sur le renforcement du poids des médecins dans les décisions de l'hôpital.

Le co-pilotage entre les CME, les chefs de pôle et les directions "existe déjà et il fonctionne", fait-elle valoir, estimant que pour apporter plus de fluidité dans les organisations, mieux vaudrait "revoir le fonctionnement des GHT [groupements hospitaliers de territoire]".

Plus virulente, la fédération syndicale SUD Santé-sociaux juge que le "big bang du financement depuis longtemps promis par Agnès Buzyn", se traduit par "une nouvelle vague d’incitation destinée à cajoler la médecine libérale", dans le cadre de l'organisation des parcours de soins. Il n'y a "aucune évocation d’un effacement indispensable de la dette des hôpitaux qui ne cesse de produire des plans de retour à l’équilibre toujours plus absurdes", s'alarme-t-elle.

Pour la fédération, qui rappelle les constats sur la souffrance au travail des professionnels, "il est urgent de réellement renverser la table et définir les moyens et l’organisation du système public de santé de manière démocratique avec les professionnels de santé, de tous statuts, et les usagers".

Sept associations pointent l'absence des collectivités locales

A la suite de la présentation du plan santé, sept associations nationale oeuvrant dans la santé publique -Fabrique territoires santé, la Fédération nationale d'éducation et de promotion de la santé, l'Institut Renaudot, Élus, santé publique et territoires, le Réseau français des villes-santé de l’OMS, la Société française de santé environnement et la Société française de santé-, saluent les avancées du plan tout en en dénonçant les limites.

Elles regrettent notamment "l'absence des acteurs locaux et des collectivités territoriales dans les mesures annoncées et la réduction de la santé au seul soin". Le plan "n’inclut aucune mesure autour des déterminants sociaux et environnementaux de la santé", pointent-elles.

"Rassembler la ville et l’hôpital autour d’un projet de santé de territoire implique de prendre en compte l’enjeu global des soins de santé primaire en amont et en aval", arguent-elles.

"Il n’est pas non plus fait mention des contractualisations territoriales existantes entre agences régionales de santé, collectivités et professionnels, en particulier les contrats locaux de santé, conseils locaux de santé mentale et ateliers santé-ville.

Pourtant, ces dispositifs, assurant coordination et maillage, innovation et inter-sectorialité, ont fait leurs preuves tant pour les patients-usagers-citoyens que pour la santé publique"; ajoutent les associations.

mlb/san/APMnews

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PARIS, 21 septembre 2018 (APMnews) - Plusieurs organisations professionnelles représentant les praticiens et autres professionnels hospitaliers, les urgentistes, les sages-femmes, les dentistes, ainsi que des associations oeuvrant dans le champ de la santé publique, ont réagi après la présentation mardi du plan "Ma santé 2022", pour notamment exprimer leurs interrogations.

"Quelle déception pour l’hôpital public !", s'insurge le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs élargi aux autres spécialités (SNPHAR-E), selon qui l'augmentation de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam) de 2,5 % et la dotation aux hôpitaux de 300 millions d'euros (pour le financement à la qualité) "semblent irrationnelles, face au déficit des établissements publics de santé de 1,2 milliard d’euros" (cf dépêche du 18/09/2018 à 15:40).

Il regrette également le manque d'annonces sur les conditions de travail des soignants, l’attractivité des carrières médicales hospitalières, et juge insuffisantes les mesures pour renforcer le poids des médecins dans le pilotage de l'hôpital (cf dépêche du 18/09/2018 à 14:32). Il demande donc que ses propositions sur l'attractivité soient prises en compte, mais aussi la possibilité de recruter des secrétaires et assistants au sein de l’hôpital pour décharger les médecins des tâches administratives, comme il est prévu de le faire en ville.

Plus optimiste, Samu-urgences de France accueille "avec satisfaction" la stratégie de transformation du système de santé. "Coordination territoriale entre les acteurs de santé [cf dépêche du 18/09/2018 à 14:05], renforcement des soins de proximité, augmentation du temps médical disponible, construction cohérente des parcours de soins, y compris en urgence, autour des besoins du patient, renforcement de la qualité des soins… sont des principes que nous défendons depuis de nombreuses années", relève l'organisation.

Elle se dit néanmoins vigilante "afin que ces engagements débouchent très rapidement sur des résultats concrets" pour les soignants, qui sont "soumis à une tension difficilement supportable".

Parmi les organisations de professions médicales, le Collège national des sages-femmes de France (CNSF) se félicite de la réforme des formations initiales, qui à ses yeux permettra "de former à une coopération interprofessionnelle dès le début du cursus de formation". Il rappelle néanmoins "l’absolue nécessité de donner la possibilité aux sages-femmes de développer la recherche en maïeutique", avec l'émergence d'un corps d’enseignants-chercheurs.

Les sages-femmes déplorent en outre "que n’ait pas été retenue leur proposition de 'sage-femme référente', qui aurait garanti une meilleure organisation des soins autour de chaque femme enceinte".

Quant au recentrage de la prise en charge en obstétrique dans les hôpitaux de recours, il fait craindre "un nouveau regroupement de maternités, et donc des fermetures à venir", relève le CNSF. Mais la révision des organisations au sein des territoires, "en lien avec le privé et la ville, devrait permettre cependant d’y intégrer facilement les maisons de naissance" et "faciliter les accès au plateau technique pour les sages-femmes libérales".

La Confédération nationale des syndicats dentaires (CNDS) s'interroge pour sa part "sur la disparition brutale du numerus clausus et sur ses conséquences en termes de formation initiale des chirurgiens-dentistes et des autres professionnels de santé". Si elle comprend les enjeux de la réforme, "la moindre des choses eût été de travailler avec les professionnels de santé concernés et d’envisager dans un premier temps une mesure transitoire", estime-t-elle.

Elle s'interroge plus globalement sur l'intégration des chirurgiens-dentistes dans les espaces de coordination entre professionnels de santé, sur la prise en compte de la démographie de cette profession et de ses contraintes financières.

Des moyens "limités"

Une marge financière réduite, selon le Syncass-CFDT

Du côté des organisations syndicales de salariés, le Syndicat des directeurs, cadres, médecins, dentistes et pharmaciens des établissements sanitaires et sociaux publics et privés (Syncass)-CFDT salue "un plan ambitieux", mais "des moyens limités".

Sur le plan des financements, le Syncass rappelle que l’évolution des charges des établissements de santé est chiffrée à 4%. "Il faudra donc subir des coupes supplémentaires de ressources, par de prétendues 'économies', et même si les tarifs 2019 restaient au niveau de 2018, le gel prudentiel en limitera la portée", prévient-il.

De plus, "la définition d’un Ondam à 2,3% tablait sur une inflation de 1,7%, soit une marge de 0,6 point. L’inflation étant désormais estimée à 2%, la marge n’est plus que de 0,5 point, pour non seulement financer l’existant, mais ajouter les mesures nouvelles de la stratégie de transformation du système de santé."

Le plan "élude la situation des responsables des établissements et l’évolution de la fonction de direction", ajoute l'organisation.

Il aurait fallu, plaide-t-elle, qu'il simplifie "les statuts de direction, passant par l’unicité statutaire des corps de DH [directeurs d'hôpital] et de D3S [directeurs d'établissement sanitaire, social et médico-social] et l’alignement du statut des directeurs des soins sur les directeurs adjoints".

Il ne faut par ailleurs pas "confondre le souhait légitime des médecins de peser dans les décisions qui les concernent et l’exercice des responsabilités de la fonction de direction", défend-elle en faisant référence aux mesures sur le renforcement du poids des médecins dans les décisions de l'hôpital.

Le co-pilotage entre les CME, les chefs de pôle et les directions "existe déjà et il fonctionne", fait-elle valoir, estimant que pour apporter plus de fluidité dans les organisations, mieux vaudrait "revoir le fonctionnement des GHT [groupements hospitaliers de territoire]".

Plus virulente, la fédération syndicale SUD Santé-sociaux juge que le "big bang du financement depuis longtemps promis par Agnès Buzyn", se traduit par "une nouvelle vague d’incitation destinée à cajoler la médecine libérale", dans le cadre de l'organisation des parcours de soins. Il n'y a "aucune évocation d’un effacement indispensable de la dette des hôpitaux qui ne cesse de produire des plans de retour à l’équilibre toujours plus absurdes", s'alarme-t-elle.

Pour la fédération, qui rappelle les constats sur la souffrance au travail des professionnels, "il est urgent de réellement renverser la table et définir les moyens et l’organisation du système public de santé de manière démocratique avec les professionnels de santé, de tous statuts, et les usagers".

Sept associations pointent l'absence des collectivités locales

A la suite de la présentation du plan santé, sept associations nationale oeuvrant dans la santé publique -Fabrique territoires santé, la Fédération nationale d'éducation et de promotion de la santé, l'Institut Renaudot, Élus, santé publique et territoires, le Réseau français des villes-santé de l’OMS, la Société française de santé environnement et la Société française de santé-, saluent les avancées du plan tout en en dénonçant les limites.

Elles regrettent notamment "l'absence des acteurs locaux et des collectivités territoriales dans les mesures annoncées et la réduction de la santé au seul soin". Le plan "n’inclut aucune mesure autour des déterminants sociaux et environnementaux de la santé", pointent-elles.

"Rassembler la ville et l’hôpital autour d’un projet de santé de territoire implique de prendre en compte l’enjeu global des soins de santé primaire en amont et en aval", arguent-elles.

"Il n’est pas non plus fait mention des contractualisations territoriales existantes entre agences régionales de santé, collectivités et professionnels, en particulier les contrats locaux de santé, conseils locaux de santé mentale et ateliers santé-ville.

Pourtant, ces dispositifs, assurant coordination et maillage, innovation et inter-sectorialité, ont fait leurs preuves tant pour les patients-usagers-citoyens que pour la santé publique"; ajoutent les associations.

mlb/san/APMnews

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