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11/09 2019
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"PACTE DE REFONDATION DES URGENCES": INTERROGATIONS DES SYNDICATS DE MÉDECINS LIBÉRAUX SUR SA MISE EN OEUVRE, SATISFECIT DES BIOLOGISTES

PARIS, 11 septembre 2019 (APMnews) - Plusieurs syndicats de médecins libéraux s'interrogent notamment sur les contours du futur service d'accès aux soins (SAS) annoncé par Agnès Buzyn dans le cadre du "pacte de refondation des urgences" et réclament que les libéraux soient fortement impliqués dans la régulation des urgences.

La ministre des solidarités et de la santé a présenté lundi un "pacte de refondation des urgences" doté de 754 millions d'euros et comprenant 12 mesures clefs, rappelle-t-on (cf dépêche du 09/09/2019 à 17:13).

Du côté des syndicats de médecins libéraux, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a souligné que ces annonces ont le mérite "d'englober l'ensemble des acteurs qui prennent en charge des urgences, que ce soient des urgences vitales ou des urgences ressenties", selon un communiqué diffusé lundi.

Néanmoins, la CSMF juge qu'avec ces mesures, "les médecins libéraux restent dans le flou", notamment à propos de l'annonce de "la création d'un service d'accès aux soins" (SAS) prévu d'ici l'été 2020 pour orienter la population (cf dépêche du 09/09/2019 à 20:11). Le syndicat revendique "un service d'accès aux soins" qui s'appuie sur la "régulation libérale" et s'organise "dans les territoires avec et par les médecins libéraux".

La CSMF regrette l'imprécision des mesures et que "l'essentiel des moyens soit orienté vers les structures hospitalières".

Le syndicat de médecins généralistes MG France fait valoir que le projet "de service d’accès aux soins est un premier pas" dans la direction d'"un système de santé organisé et un meilleur usage des ressources disponibles", est-il indiqué dans un communiqué diffusé mercredi.

MG France estime que cela devra passer par une "communication régulière et une information des patients leur proposant de distinguer ce qui relève de l'urgence vitale et ce qui relève d’une demande de soins non prévue", "une régulation libérale des appels, dotée des moyens nécessaires en personnel, pour orienter rapidement et efficacement les patients vers les structures de soins" et "un réseau de médecins généralistes de proximité encouragés à s'inscrire dans une réponse coordonnée aux demandes de soins du territoire".

Selon le syndicat, "il n'est pas possible de demander à une profession décimée par le manque d'attractivité de répondre à l’engorgement de services d’urgence sans la doter de moyens significatifs".

Le SML juge le service d'accès aux soins d'urgence "non abouti et peu lisible"

Le Syndicat des médecins libéraux (SML) s'interroge également sur le SAS d'urgences. Il juge le dispositif "non abouti et peu lisible", évoquant "de nombreuses interrogations" sur "sa mise en oeuvre pratique". Et d'ajouter: "Et surtout, rien ne semble décidé concernant l'avenir de la régulation libérale et le [déploiement du numéro national] 116 117" pour la permanence des soins.

Le syndicat appelle, dans un communiqué diffusé mardi, à réaliser "l'évaluation des expérimentations menées dans cinq régions" concernant le numéro national d'appel unique pour la régulation de la permanence des soins ambulatoires (cvf dépêche du 05/09/2019 à 17:14).

Le SML exprime sa déception sur les 10 M€ proposés pour soutenir l'offre de soins non programmés, jugeant le montant trop faible. Le syndicat exprime enfin sa déception sur les 754 millions débloqués sur 3 ans, estimant qu'ils "seront en grande partie fléchés sur les hôpitaux publics".

Le SML juge que le plan présenté par Agnès Buzyn "passe à côté des solutions de bon sens à effet immédiat".

Selon un communiqué daté de mercredi, l'Union nationale des médecins spécialistes confédérés (Umespe) considère que les réponses du plan "semblent être, pour une grande partie, structurées sur des organisations très [...] incertaines", évoquant par exemple les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).

"L'appropriation de ces solutions [...] ne va pas de soi chez les médecins libéraux", fait valoir l'organisation, soulignant l'importance de "proposer des solutions concrètes et immédiatement applicables", en raison de la situation difficile des soignants.

L'Umespe estime que le plan urgences compte de "bonnes idées", dont "la centralisation des demandes" dans le cadre d'un SAS qui doit passer par le "travail ensemble" des professionnels de santé. Mais elle regrette une "réponse à la crise [...] très centrée sur l'hôpital public et les GHT [groupements hospitaliers de territoire]". L'Umespe fait valoir l'importance d'impliquer les médecins spécialistes pour résoudre la crise.

Laure Dominjon, présidente du syndicat de jeunes médecins généralistes installés et remplaçants Reagjir, juge, dans un communiqué publié mardi, l'intention du SAS "louable" mais s'interroge sur son efficacité "s'il est basé sur la seule bonne volonté du patient", prônant un "parcours de soins d'urgence, coordonné par le médecin traitant".

Et d'ajouter: "Cela passe par une réelle éducation à la santé sur les territoires, que les médecins généralistes sont les plus à même de mettre en oeuvre". Selon elle, "l'éducation à la santé passe par une réforme en profondeur du système de santé, avec une réduction des activités des urgences, un respect de parcours de soins cohérents et le soutien du rôle du médecin traitant".

La présidente de Reagjir souligne l'importance de CPTS dotés d'une "gouvernance claire", "disposant de moyens suffisants", en vue de soins non programmés, avec une prise en charge "proportionnée et de qualité".

Les syndicats de biologistes médicaux satisfaits

Dans un communiqué commun daté de mardi, les syndicats de biologistes médicaux saluent l'investissement prévu (55 millions €) pour permettre un accès direct à des examens de biologie dans le cadre de consultations sans rendez-vous en libéral.

Les syndicats suggèrent de "commencer par donner les moyens aux biologistes d'équiper les laboratoires de proximité d'automates d'urgences avant d'équiper chaque cabinet".

Les biologistes prônent pour "désengorger les urgences", entre autres, un "assouplissement de l'accréditation des laboratoires, le "remboursement des examens de biologie délocalisée hors les murs" et de "limiter la biologie hors les murs à des situations et structures bien spécifiques".

La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) se félicite qu'une des mesures leur permette de "dispenser sans ordonnance des médicaments de prescription médicale obligatoire, dans le cadre d’un exercice coordonné".

Elle se dit également "prête à apporter son expertise à la construction du SAS", qui "permettra notamment aux patients de connaître, grâce à un outil en ligne, les pharmacies de garde".

La Coordination nationale infirmière (CNI) déplore une "absence de réponses adaptées"

La Coordination nationale infirmière (CNI) estime que "la copie est à revoir" et dénonce une "absence de réponses adaptées du gouvernement devant une crise majeure". Les annonces d'Agnès Buzyn "ne verront leurs effets bénéfiques que dans 5 ou 10 ans et ne répondent pas à l'urgence de la situation d'aujourd'hui".

Les propositions de la ministre "ne changeront rien au coeur du problème: on manque de lits à l’hôpital, on manque de lits dans les structures pour personnes âgées et on n’est pas en capacité de répondre au vieillissement de la population et à sa polypathologie", assène l'organisation.

Cette dernière, qui réclame des "moyens immédiats pour redonner de l’attractivité à nos métiers", apporte son soutien au collectif Inter-Urgences qui a voté en faveur de la poursuite du mouvement, mardi (cf dépêche du 11/09/2019 à 09:53).

Par ailleurs, l'ordre national des infirmiers, par le biais d'un communiqué de son président, Patrick Chamboredon, s'est quant à lui félicité lundi de la mesure d'offrir aux professionnels non médecins des compétences élargies pour prendre directement en charge les patients. Agnès Buzyn "confirme [...] sa volonté de donner la possibilité aux infirmiers de réaliser de nouveaux actes de soins ou de prescriptions".

L'ordre infirmier "se réjouit que les pouvoirs publics semblent enfin mieux considérer les savoir-faire et les connaissances cliniques" des infirmiers.

La Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes (FFMKR) s'est félicitée dans un communiqué, mardi, des annonces d'Agnès Buzyn allant dans le sens de la reconnaissance de "la valeur ajoutée d'une prise en charge en première intention par les kinésithérapeutes, en particulier concernant la petite traumatologie".

L'ordre des masseurs-kinésithérapeutes salue également la mesure dans un communiqué, lundi: "Cette décision honore ce long et opiniâtre travail entrepris [...] par la présidente de l’ordre et les élus du Conseil national sur la question de l'urgence en kinésithérapie et de l’accès direct".

jyp/ab/APMnews

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PARIS, 11 septembre 2019 (APMnews) - Plusieurs syndicats de médecins libéraux s'interrogent notamment sur les contours du futur service d'accès aux soins (SAS) annoncé par Agnès Buzyn dans le cadre du "pacte de refondation des urgences" et réclament que les libéraux soient fortement impliqués dans la régulation des urgences.

La ministre des solidarités et de la santé a présenté lundi un "pacte de refondation des urgences" doté de 754 millions d'euros et comprenant 12 mesures clefs, rappelle-t-on (cf dépêche du 09/09/2019 à 17:13).

Du côté des syndicats de médecins libéraux, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) a souligné que ces annonces ont le mérite "d'englober l'ensemble des acteurs qui prennent en charge des urgences, que ce soient des urgences vitales ou des urgences ressenties", selon un communiqué diffusé lundi.

Néanmoins, la CSMF juge qu'avec ces mesures, "les médecins libéraux restent dans le flou", notamment à propos de l'annonce de "la création d'un service d'accès aux soins" (SAS) prévu d'ici l'été 2020 pour orienter la population (cf dépêche du 09/09/2019 à 20:11). Le syndicat revendique "un service d'accès aux soins" qui s'appuie sur la "régulation libérale" et s'organise "dans les territoires avec et par les médecins libéraux".

La CSMF regrette l'imprécision des mesures et que "l'essentiel des moyens soit orienté vers les structures hospitalières".

Le syndicat de médecins généralistes MG France fait valoir que le projet "de service d’accès aux soins est un premier pas" dans la direction d'"un système de santé organisé et un meilleur usage des ressources disponibles", est-il indiqué dans un communiqué diffusé mercredi.

MG France estime que cela devra passer par une "communication régulière et une information des patients leur proposant de distinguer ce qui relève de l'urgence vitale et ce qui relève d’une demande de soins non prévue", "une régulation libérale des appels, dotée des moyens nécessaires en personnel, pour orienter rapidement et efficacement les patients vers les structures de soins" et "un réseau de médecins généralistes de proximité encouragés à s'inscrire dans une réponse coordonnée aux demandes de soins du territoire".

Selon le syndicat, "il n'est pas possible de demander à une profession décimée par le manque d'attractivité de répondre à l’engorgement de services d’urgence sans la doter de moyens significatifs".

Le SML juge le service d'accès aux soins d'urgence "non abouti et peu lisible"

Le Syndicat des médecins libéraux (SML) s'interroge également sur le SAS d'urgences. Il juge le dispositif "non abouti et peu lisible", évoquant "de nombreuses interrogations" sur "sa mise en oeuvre pratique". Et d'ajouter: "Et surtout, rien ne semble décidé concernant l'avenir de la régulation libérale et le [déploiement du numéro national] 116 117" pour la permanence des soins.

Le syndicat appelle, dans un communiqué diffusé mardi, à réaliser "l'évaluation des expérimentations menées dans cinq régions" concernant le numéro national d'appel unique pour la régulation de la permanence des soins ambulatoires (cvf dépêche du 05/09/2019 à 17:14).

Le SML exprime sa déception sur les 10 M€ proposés pour soutenir l'offre de soins non programmés, jugeant le montant trop faible. Le syndicat exprime enfin sa déception sur les 754 millions débloqués sur 3 ans, estimant qu'ils "seront en grande partie fléchés sur les hôpitaux publics".

Le SML juge que le plan présenté par Agnès Buzyn "passe à côté des solutions de bon sens à effet immédiat".

Selon un communiqué daté de mercredi, l'Union nationale des médecins spécialistes confédérés (Umespe) considère que les réponses du plan "semblent être, pour une grande partie, structurées sur des organisations très [...] incertaines", évoquant par exemple les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).

"L'appropriation de ces solutions [...] ne va pas de soi chez les médecins libéraux", fait valoir l'organisation, soulignant l'importance de "proposer des solutions concrètes et immédiatement applicables", en raison de la situation difficile des soignants.

L'Umespe estime que le plan urgences compte de "bonnes idées", dont "la centralisation des demandes" dans le cadre d'un SAS qui doit passer par le "travail ensemble" des professionnels de santé. Mais elle regrette une "réponse à la crise [...] très centrée sur l'hôpital public et les GHT [groupements hospitaliers de territoire]". L'Umespe fait valoir l'importance d'impliquer les médecins spécialistes pour résoudre la crise.

Laure Dominjon, présidente du syndicat de jeunes médecins généralistes installés et remplaçants Reagjir, juge, dans un communiqué publié mardi, l'intention du SAS "louable" mais s'interroge sur son efficacité "s'il est basé sur la seule bonne volonté du patient", prônant un "parcours de soins d'urgence, coordonné par le médecin traitant".

Et d'ajouter: "Cela passe par une réelle éducation à la santé sur les territoires, que les médecins généralistes sont les plus à même de mettre en oeuvre". Selon elle, "l'éducation à la santé passe par une réforme en profondeur du système de santé, avec une réduction des activités des urgences, un respect de parcours de soins cohérents et le soutien du rôle du médecin traitant".

La présidente de Reagjir souligne l'importance de CPTS dotés d'une "gouvernance claire", "disposant de moyens suffisants", en vue de soins non programmés, avec une prise en charge "proportionnée et de qualité".

Les syndicats de biologistes médicaux satisfaits

Dans un communiqué commun daté de mardi, les syndicats de biologistes médicaux saluent l'investissement prévu (55 millions €) pour permettre un accès direct à des examens de biologie dans le cadre de consultations sans rendez-vous en libéral.

Les syndicats suggèrent de "commencer par donner les moyens aux biologistes d'équiper les laboratoires de proximité d'automates d'urgences avant d'équiper chaque cabinet".

Les biologistes prônent pour "désengorger les urgences", entre autres, un "assouplissement de l'accréditation des laboratoires, le "remboursement des examens de biologie délocalisée hors les murs" et de "limiter la biologie hors les murs à des situations et structures bien spécifiques".

La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) se félicite qu'une des mesures leur permette de "dispenser sans ordonnance des médicaments de prescription médicale obligatoire, dans le cadre d’un exercice coordonné".

Elle se dit également "prête à apporter son expertise à la construction du SAS", qui "permettra notamment aux patients de connaître, grâce à un outil en ligne, les pharmacies de garde".

La Coordination nationale infirmière (CNI) déplore une "absence de réponses adaptées"

La Coordination nationale infirmière (CNI) estime que "la copie est à revoir" et dénonce une "absence de réponses adaptées du gouvernement devant une crise majeure". Les annonces d'Agnès Buzyn "ne verront leurs effets bénéfiques que dans 5 ou 10 ans et ne répondent pas à l'urgence de la situation d'aujourd'hui".

Les propositions de la ministre "ne changeront rien au coeur du problème: on manque de lits à l’hôpital, on manque de lits dans les structures pour personnes âgées et on n’est pas en capacité de répondre au vieillissement de la population et à sa polypathologie", assène l'organisation.

Cette dernière, qui réclame des "moyens immédiats pour redonner de l’attractivité à nos métiers", apporte son soutien au collectif Inter-Urgences qui a voté en faveur de la poursuite du mouvement, mardi (cf dépêche du 11/09/2019 à 09:53).

Par ailleurs, l'ordre national des infirmiers, par le biais d'un communiqué de son président, Patrick Chamboredon, s'est quant à lui félicité lundi de la mesure d'offrir aux professionnels non médecins des compétences élargies pour prendre directement en charge les patients. Agnès Buzyn "confirme [...] sa volonté de donner la possibilité aux infirmiers de réaliser de nouveaux actes de soins ou de prescriptions".

L'ordre infirmier "se réjouit que les pouvoirs publics semblent enfin mieux considérer les savoir-faire et les connaissances cliniques" des infirmiers.

La Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes (FFMKR) s'est félicitée dans un communiqué, mardi, des annonces d'Agnès Buzyn allant dans le sens de la reconnaissance de "la valeur ajoutée d'une prise en charge en première intention par les kinésithérapeutes, en particulier concernant la petite traumatologie".

L'ordre des masseurs-kinésithérapeutes salue également la mesure dans un communiqué, lundi: "Cette décision honore ce long et opiniâtre travail entrepris [...] par la présidente de l’ordre et les élus du Conseil national sur la question de l'urgence en kinésithérapie et de l’accès direct".

jyp/ab/APMnews

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