Actualités de l'Urgence - APM

24/04 2019
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ANAPHYLAXIE CHEZ L'ENFANT: DES INSUFFISANCES DANS L'APPEL AUX SECOURS D'URGENCE ET DANS LEUR ENVOI

PARIS, 24 avril 2019 (APMnews) - Les familles n'appellent pas systématiquement les secours d'urgence face à une réaction anaphylactique d'un enfant et les secours médicalisés sont insuffisamment envoyés malgré un appel, montre notamment une étude menée aux urgences pédiatriques de l'ex-région Nord-Pas-de-Calais et présentée au Congrès francophone d'allergologie (CFA), la semaine dernière à Paris.

Le traitement de première ligne de l'anaphylaxie repose sur l'injection intramusculaire précoce d'adrénaline. De nombreuses études montrent que la prise en charge est insuffisante avant et pendant les soins aux urgences mais les facteurs associés à une prise en charge adéquate ne sont pas identifiés, indiquent le Dr Guillaume Pouessel du CH de Roubaix et ses collègues dans leur poster.

Afin d'identifier les insuffisances dans la prise en charge d'enfants avant, pendant et après l'admission aux urgences pour anaphylaxie, ils ont inclus de manière prospective tous les enfants consultant pour une anaphylaxie dans un des 18 services d'urgence répartis sur l'ex-région Nord-Pas-de-Calais, entre novembre 2015 et octobre 2017.

Un questionnaire standardisé était rempli aux urgences par les familles qui étaient rappelées trois mois plus tard pour déterminer les modalités du suivi allergologique.

Ils ont inclus d'autre patients vus aux urgences, de manière rétrospective, à partir des codes diagnostiques CIM-10.

L'étude a porté sur 149 patients (58% de garçons), âgés de 7,4 ans en moyenne.

Il existait un défaut d'appel des secours par les familles (56%) mais aussi un défaut d'envoi de secours médicalisés malgré l'appel des secours (27%).

Le recours à l'adrénaline encore trop faible

Le recours à l'adrénaline reste insuffisant, avec un taux global d'utilisation de 48,4%: 10,8% par l'entourage, 2,7% par les services de secours d'urgence médicalisés et 34,9% aux urgences.

A domicile, selon les signes présents au domicile, 116 enfants avaient une anaphylaxie de grade II selon la classification de Ring et 21 de grade III; parmi eux, 16 ont reçu de l'adrénaline.

Au cours de la prise en charge par les secours d'urgence médicalisés, 4 patients sur 55 ont reçu de l'adrénaline.

Aux urgences, l'examen était normal pour 12 enfants (8,1%), une anaphylaxie de grade I était diagnostiquée chez 52 enfants (34,9%), de grade II chez 46 (30,9%) et de grade III chez 38 (25,5%). L'adrénaline a été utilisée chez 52 des 84 enfants avec une anaphylaxie de grade II ou III (62%).

Tenant compte de la résolution spontanée des signes (36% des cas à l'admission aux urgences), la prise en charge a été adaptée pour 42% des enfants de façon globale (9% en préhospitalier et 55% aux urgences), estiment les chercheurs.

Dans cette cohorte, 51% avaient une allergie connue, 39% un asthme et 11% avaient des antécédents d'anaphylaxie. Une trousse d'urgence avec de l'adrénaline injectable était présente dans 20% des familles.

Les aliments étaient en cause dans 74 des réactions (fruits à coque dans 23%, arachide dans 21% et oeuf dans 9%) et 13% des réactions étaient idiopathiques; des médicaments étaient impliqués dans 9%. Pour 12 enfants (8%), l'anaphylaxie a eu lieu au cours d'une induction de tolérance orale.

L'analyse des données indique que l'adrénaline est plus utilisée en préhospitalier et aux urgences chez les enfants plus âgés, lorsque l'allergie est provoquée par l'arachide et lorsque le score de gravité Ring est élevé.

Interrogés sur le non-recours à l'adrénaline, les médecins citent en premier l'absence de reconnaissance de la gravité potentielle.

Ces résultats montrent plusieurs freins à une prise en charge adéquate de l'anaphylaxie à différents niveaux: l'attitude du patient et de son entourage, lors des soins préhospitaliers et aux urgences, concluent les chercheurs.

Ils suggèrent plusieurs axes d'amélioration de la prise en charge: améliorer la reconnaissance de l'anaphylaxie et de sa gravité potentielle par les familles et les soignants, promouvoir l'utilisation des auto-injecteurs d'adrénaline dès les premiers signes, mettre à disposition l'adrénaline dans les véhicules d'urgence, élaborer des protocoles de soins et de manière plus globale, promouvoir la mise en place de filières de soins pour les patients à risque d'anaphylaxie.

Des études à plus large échelle sont nécessaires pour mieux appréhender les facteurs de risque de réactions graves ou récurrentes, ajoutent-ils.

ld/nc/APMnews

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ANAPHYLAXIE CHEZ L'ENFANT: DES INSUFFISANCES DANS L'APPEL AUX SECOURS D'URGENCE ET DANS LEUR ENVOI

PARIS, 24 avril 2019 (APMnews) - Les familles n'appellent pas systématiquement les secours d'urgence face à une réaction anaphylactique d'un enfant et les secours médicalisés sont insuffisamment envoyés malgré un appel, montre notamment une étude menée aux urgences pédiatriques de l'ex-région Nord-Pas-de-Calais et présentée au Congrès francophone d'allergologie (CFA), la semaine dernière à Paris.

Le traitement de première ligne de l'anaphylaxie repose sur l'injection intramusculaire précoce d'adrénaline. De nombreuses études montrent que la prise en charge est insuffisante avant et pendant les soins aux urgences mais les facteurs associés à une prise en charge adéquate ne sont pas identifiés, indiquent le Dr Guillaume Pouessel du CH de Roubaix et ses collègues dans leur poster.

Afin d'identifier les insuffisances dans la prise en charge d'enfants avant, pendant et après l'admission aux urgences pour anaphylaxie, ils ont inclus de manière prospective tous les enfants consultant pour une anaphylaxie dans un des 18 services d'urgence répartis sur l'ex-région Nord-Pas-de-Calais, entre novembre 2015 et octobre 2017.

Un questionnaire standardisé était rempli aux urgences par les familles qui étaient rappelées trois mois plus tard pour déterminer les modalités du suivi allergologique.

Ils ont inclus d'autre patients vus aux urgences, de manière rétrospective, à partir des codes diagnostiques CIM-10.

L'étude a porté sur 149 patients (58% de garçons), âgés de 7,4 ans en moyenne.

Il existait un défaut d'appel des secours par les familles (56%) mais aussi un défaut d'envoi de secours médicalisés malgré l'appel des secours (27%).

Le recours à l'adrénaline encore trop faible

Le recours à l'adrénaline reste insuffisant, avec un taux global d'utilisation de 48,4%: 10,8% par l'entourage, 2,7% par les services de secours d'urgence médicalisés et 34,9% aux urgences.

A domicile, selon les signes présents au domicile, 116 enfants avaient une anaphylaxie de grade II selon la classification de Ring et 21 de grade III; parmi eux, 16 ont reçu de l'adrénaline.

Au cours de la prise en charge par les secours d'urgence médicalisés, 4 patients sur 55 ont reçu de l'adrénaline.

Aux urgences, l'examen était normal pour 12 enfants (8,1%), une anaphylaxie de grade I était diagnostiquée chez 52 enfants (34,9%), de grade II chez 46 (30,9%) et de grade III chez 38 (25,5%). L'adrénaline a été utilisée chez 52 des 84 enfants avec une anaphylaxie de grade II ou III (62%).

Tenant compte de la résolution spontanée des signes (36% des cas à l'admission aux urgences), la prise en charge a été adaptée pour 42% des enfants de façon globale (9% en préhospitalier et 55% aux urgences), estiment les chercheurs.

Dans cette cohorte, 51% avaient une allergie connue, 39% un asthme et 11% avaient des antécédents d'anaphylaxie. Une trousse d'urgence avec de l'adrénaline injectable était présente dans 20% des familles.

Les aliments étaient en cause dans 74 des réactions (fruits à coque dans 23%, arachide dans 21% et oeuf dans 9%) et 13% des réactions étaient idiopathiques; des médicaments étaient impliqués dans 9%. Pour 12 enfants (8%), l'anaphylaxie a eu lieu au cours d'une induction de tolérance orale.

L'analyse des données indique que l'adrénaline est plus utilisée en préhospitalier et aux urgences chez les enfants plus âgés, lorsque l'allergie est provoquée par l'arachide et lorsque le score de gravité Ring est élevé.

Interrogés sur le non-recours à l'adrénaline, les médecins citent en premier l'absence de reconnaissance de la gravité potentielle.

Ces résultats montrent plusieurs freins à une prise en charge adéquate de l'anaphylaxie à différents niveaux: l'attitude du patient et de son entourage, lors des soins préhospitaliers et aux urgences, concluent les chercheurs.

Ils suggèrent plusieurs axes d'amélioration de la prise en charge: améliorer la reconnaissance de l'anaphylaxie et de sa gravité potentielle par les familles et les soignants, promouvoir l'utilisation des auto-injecteurs d'adrénaline dès les premiers signes, mettre à disposition l'adrénaline dans les véhicules d'urgence, élaborer des protocoles de soins et de manière plus globale, promouvoir la mise en place de filières de soins pour les patients à risque d'anaphylaxie.

Des études à plus large échelle sont nécessaires pour mieux appréhender les facteurs de risque de réactions graves ou récurrentes, ajoutent-ils.

ld/nc/APMnews

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