Actualités de l'Urgence - APM

31/01 2019
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ASTHME: LA CONSOMMATION DE CORTICOÏDES ORAUX ET LES PASSAGES AUX URGENCES ONT AUGMENTÉ EN 10 ANS

(Par Luu-Ly DO-QUANG, au Congrès de pneumologie de langue française)

MARSEILLE, 31 janvier 2019 (APMnews) - La prise en charge de l'asthme a évolué entre 2006 et 2016, avec notamment un remplacement des corticoïdes inhalés par les associations fixes corticoïdes + bronchodilatateurs bêta-2 mimétiques, une stabilité des hospitalisations et de la mortalité, mais une hausse des corticoïdes oraux et des passages aux urgences, montre une étude présentée au Congrès de pneumologie de langue française (CPLF), le week-end dernier à Marseille.

Dans la perspective de l'arrivée de nouvelles biothérapies, Manon Belhassen de la société de pharmaco-épidémiologie PELyon et ses collègues ont évalué la prise en charge de l'asthme persistant et décrit le recours aux soins médicaux des patients entre 2006 et 2016.

Pour cela, ils ont réalisé des analyses transversales répétées sur les données de remboursement de l'assurance maladie, à partir de l'échantillon généraliste de bénéficiaires (EGB). Comme le diagnostic d'asthme est absent des données médico-administratives, ils ont constitué deux populations, selon leur poster présenté en session discussion.

En raison de données récentes suggérant à la fois un sous-diagnostic et un surdiagnostic d'asthme et les données d'adhésion, les analyses ont porté sur les adultes de 18 à 40 ans qui présentaient au moins une dispensation annuelle d'un traitement de fond (population sensible) ou au moins quatre délivrances annuelles (population spécifique), pour avoir une estimation basse et haute des patients avec un asthme persistant.

Il apparaît que la prévalence d'utilisation des traitements de fond a peu varié entre 2006 et 2016: elle est passé de 4,6% à 5,5% dans la population sensible et de 0,7% à 0,8% dans la population spécifique.

Les caractéristiques des patients inclus dans la population sensible ont peu varié entre 2006 et 2016, avec un âge moyen de 31 ans environ et une proportion de femmes à 61%. Les caractéristiques des patients de la population spécifique sont similaires sauf pour la proportion de femmes (autour de 51%) et la prise en charge au titre d'une affection de longue durée (ALD), plus élevée (9,3% vs 7,1%).

Les données sur les traitements dans la population sensible montrent une diminution des corticostéroïdes inhalés entre 2006 et 2016 de 40,3%), tandis que l'utilisation des associations fixes de corticoïdes + bronchodilatateurs bêta-2 mimétiques d'action longue (LABA) a augmenté de 56,4%.

Une tendance similaire est observée dans la population spécifique.

Concernant la consommation des soins, il apparaît que le nombre moyen de visites chez le médecin généraliste a diminué entre 2006 et 2016, ainsi que la part des patients ayant eu au moins une visite dans l'année, de 95,9% à 88,6% dans la population sensible et de 95,7% à 88,3% dans la population spécifique.

En revanche, les données disponibles à partir de 2009 pour les soins secondaires montrent que la part des patients ayant consulté un pneumologue libéral ou un praticien hospitalier a augmenté, passant de 31,6%à 37,8% dans la population sensible et de 34,1% à 40,5% dans la population spécifique, ainsi que le nombre moyen de visites par an.

La mortalité toutes causes confondues est restée stable et faible

Les explorations fonctionnelles respiratoires étaient plus fréquentes dans la population spécifique que dans la population sensible mais en progression dans les deux groupes, passant de respectivement 18,9% à 27,6% et de 9,5% à 12,7%.

La consommation de corticoïdes oraux a progressé en termes de prévalence et de quantité dans la population sensible, passant de 42,7% des patients à 50,3% et de 674 mg en dose cumulée annuelle moyenne à 717 mg.

Dans la population spécifique, la part des patients prenant des corticoïdes oraux est restée globalement stable (entre 43,5% et 46,9%), mais la dose cumulée annuelle moyenne a également augmenté, passant de 854 à 894 mg.

Les passages aux urgences ont augmenté dans les deux populations, passant de 18% en 2009 à 24% en 2016 dans la population sensible et de 17,3% à 23,7% dans la population spécifique. En revanche, le recours aux visites non programmées a diminué.

Le taux d'hospitalisation pour asthme est resté constant dans la population sensible et a diminué dans la population spécifique (de 1,5% à 0,6%). La mortalité toutes causes confondues est restée stable et faible dans les deux populations, moins de 0,1% de la population sensible et moins de 0,2% de la population spécifique.

Globalement, ces données montrent que l'évolution de la prise en charge de l'asthme en France, entre 2006 et 2016, repose sur le remplacement des corticoïdes inhalés seuls par les associations fixes avec les LABA, une diminution de l'utilisation des LABA en monothérapie et une implication accrue des soins secondaires aux dépens des soins primaires, notent les chercheurs.

Parallèlement, malgré des chiffres globalement stables pour les hospitalisations et la mortalité, l'utilisation globale des corticoïdes oraux et l'incidence des passages aux urgences ont augmenté au cours des dix dernières années, ajoutent-ils.

ld/fbk/APMnews

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ASTHME: LA CONSOMMATION DE CORTICOÏDES ORAUX ET LES PASSAGES AUX URGENCES ONT AUGMENTÉ EN 10 ANS

(Par Luu-Ly DO-QUANG, au Congrès de pneumologie de langue française)

MARSEILLE, 31 janvier 2019 (APMnews) - La prise en charge de l'asthme a évolué entre 2006 et 2016, avec notamment un remplacement des corticoïdes inhalés par les associations fixes corticoïdes + bronchodilatateurs bêta-2 mimétiques, une stabilité des hospitalisations et de la mortalité, mais une hausse des corticoïdes oraux et des passages aux urgences, montre une étude présentée au Congrès de pneumologie de langue française (CPLF), le week-end dernier à Marseille.

Dans la perspective de l'arrivée de nouvelles biothérapies, Manon Belhassen de la société de pharmaco-épidémiologie PELyon et ses collègues ont évalué la prise en charge de l'asthme persistant et décrit le recours aux soins médicaux des patients entre 2006 et 2016.

Pour cela, ils ont réalisé des analyses transversales répétées sur les données de remboursement de l'assurance maladie, à partir de l'échantillon généraliste de bénéficiaires (EGB). Comme le diagnostic d'asthme est absent des données médico-administratives, ils ont constitué deux populations, selon leur poster présenté en session discussion.

En raison de données récentes suggérant à la fois un sous-diagnostic et un surdiagnostic d'asthme et les données d'adhésion, les analyses ont porté sur les adultes de 18 à 40 ans qui présentaient au moins une dispensation annuelle d'un traitement de fond (population sensible) ou au moins quatre délivrances annuelles (population spécifique), pour avoir une estimation basse et haute des patients avec un asthme persistant.

Il apparaît que la prévalence d'utilisation des traitements de fond a peu varié entre 2006 et 2016: elle est passé de 4,6% à 5,5% dans la population sensible et de 0,7% à 0,8% dans la population spécifique.

Les caractéristiques des patients inclus dans la population sensible ont peu varié entre 2006 et 2016, avec un âge moyen de 31 ans environ et une proportion de femmes à 61%. Les caractéristiques des patients de la population spécifique sont similaires sauf pour la proportion de femmes (autour de 51%) et la prise en charge au titre d'une affection de longue durée (ALD), plus élevée (9,3% vs 7,1%).

Les données sur les traitements dans la population sensible montrent une diminution des corticostéroïdes inhalés entre 2006 et 2016 de 40,3%), tandis que l'utilisation des associations fixes de corticoïdes + bronchodilatateurs bêta-2 mimétiques d'action longue (LABA) a augmenté de 56,4%.

Une tendance similaire est observée dans la population spécifique.

Concernant la consommation des soins, il apparaît que le nombre moyen de visites chez le médecin généraliste a diminué entre 2006 et 2016, ainsi que la part des patients ayant eu au moins une visite dans l'année, de 95,9% à 88,6% dans la population sensible et de 95,7% à 88,3% dans la population spécifique.

En revanche, les données disponibles à partir de 2009 pour les soins secondaires montrent que la part des patients ayant consulté un pneumologue libéral ou un praticien hospitalier a augmenté, passant de 31,6%à 37,8% dans la population sensible et de 34,1% à 40,5% dans la population spécifique, ainsi que le nombre moyen de visites par an.

La mortalité toutes causes confondues est restée stable et faible

Les explorations fonctionnelles respiratoires étaient plus fréquentes dans la population spécifique que dans la population sensible mais en progression dans les deux groupes, passant de respectivement 18,9% à 27,6% et de 9,5% à 12,7%.

La consommation de corticoïdes oraux a progressé en termes de prévalence et de quantité dans la population sensible, passant de 42,7% des patients à 50,3% et de 674 mg en dose cumulée annuelle moyenne à 717 mg.

Dans la population spécifique, la part des patients prenant des corticoïdes oraux est restée globalement stable (entre 43,5% et 46,9%), mais la dose cumulée annuelle moyenne a également augmenté, passant de 854 à 894 mg.

Les passages aux urgences ont augmenté dans les deux populations, passant de 18% en 2009 à 24% en 2016 dans la population sensible et de 17,3% à 23,7% dans la population spécifique. En revanche, le recours aux visites non programmées a diminué.

Le taux d'hospitalisation pour asthme est resté constant dans la population sensible et a diminué dans la population spécifique (de 1,5% à 0,6%). La mortalité toutes causes confondues est restée stable et faible dans les deux populations, moins de 0,1% de la population sensible et moins de 0,2% de la population spécifique.

Globalement, ces données montrent que l'évolution de la prise en charge de l'asthme en France, entre 2006 et 2016, repose sur le remplacement des corticoïdes inhalés seuls par les associations fixes avec les LABA, une diminution de l'utilisation des LABA en monothérapie et une implication accrue des soins secondaires aux dépens des soins primaires, notent les chercheurs.

Parallèlement, malgré des chiffres globalement stables pour les hospitalisations et la mortalité, l'utilisation globale des corticoïdes oraux et l'incidence des passages aux urgences ont augmenté au cours des dix dernières années, ajoutent-ils.

ld/fbk/APMnews

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