Actualités de l'Urgence - APM
ATTENTATS DU 13 NOVEMBRE 2015: LES MOYENS MÉDICAUX À DÉPLOYER SONT LIÉS À LA NATURE DE L'ATTAQUE (ÉTUDE)
L'étude a été coordonnée par Mathieu Raux, professeur des universités-praticien hospitalier (PU-PH) à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, et Bruno Riou, doyen de la faculté de médecine de Sorbonne université. Elle a bénéficié de l'aide financière de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et du soutien logistique de l'observatoire de la traumatologie lourde TraumaBase.
Son objet était de décrire l'organisation mise en place pour le traitement d'un large flux de blessés simultané d'une part et, d'autre part, de comparer les ressources médicales engagées selon la nature des attaques (fusillades, explosions).
Le groupe de recherche, qui a impliqué les représentants de 35 services médicaux ayant pris en charge les victimes des attentats du 13 novembre 2015, a pour cela recueilli de manière anonyme les données de 337 victimes présentant des lésions physiques, arrivées à l’hôpital entre le début des événements et le 14 novembre 2015, à 23h59.
Les données des victimes ne présentant pas de lésion physique, des victimes de psycho-traumatisme isolé, des personnes dont le dossier médical était vide et qui n’ont pas été hospitalisées, ainsi que de celles de patients admis à l’hôpital après le 15 novembre 2015 à minuit, n’ont pas été incluses.
Sur les 337 victimes, 286 (85%) ont été blessées lors des fusillades et 51 (15%) dans les explosions.
L'analyse de la cohorte "fournit une description de la proportion des différents types de ressources chirurgicales necessaires, ainsi que leur moment d'intervention lors d'une attaque multisites et multimodale", indiquent les auteurs.
Elle a montré que "les victimes de blessures par balle [fusils d'assault] arrivées vivantes à l'hôpital ont été plus sévèrement atteintes et ont nécessité des moyens plus importants" que les victimes des explosions.
Ces éléments quantitatifs pourraient permettre d'adapter "l'organisation de futurs plans en cas d'afflux massif de victimes à la réalité du terrain, en particulier pour les ressources rares", comme en chirurgie, ajoutent les auteurs.
S'appuyant sur la démarche entreprise pour l'étude, les résultats concluent également à la nécessité de diffuser un modèle de collecte de données relatives à la médecine de catastrophe, à des fins médicales et scientifiques, afin que ces rapports sanitaires puissent être partagés à l'échelle internationale et améliorer les interventions.
"Les attaques terroristes du vendredi 13 novembre 2015 ont conduit au déclenchement des plans rouge et blanc qui ont pour objectif de mobiliser rapidement les ressources nécessaires à la prise en charge d’un grand nombre de victimes", pointe l'AP-HP dans un communiqué diffusé à l'occasion de la présentation de l'étude aux représentants d’associations de victimes et d'associations d'aide aux victimes des attentats.
"Construits selon les principes de médecine de catastrophe, ils sont régulièrement révisés, en particulier lorsque des travaux scientifiques apportent de nouvelles connaissances susceptibles d’améliorer la réponse en pareille circonstance".
Sur le plan médical, les résultats de l'étude "permettent d’estimer rapidement les besoins sanitaires à court et moyen termes lors de la survenue d’un événement terroriste (médicalisation préhospitalière, triage, modalités d’évacuation vers les hôpitaux, organisation des services d’urgence, blocs opératoires, réanimations, transfusion) dès lors que l’on dispose d’une approximation du nombre de victimes et du type de mécanisme (explosion, arme à feu)".
Ces résultats "plaident également pour une gestion rigoureuse des ressources soignantes, en particulier les plus rares (équipes chirurgicales) afin de tenir dans la durée, soit du fait d’un événement se prolongeant dans le temps, soit en raison de l’importance du nombre de victimes".
"D’autres travaux scientifiques sont en cours, poursuivant le même objectif d’amélioration des plans de réponse médicale face à de tels événements", précise l'AP-HP.
Dans son communiqué, l'institution met par ailleurs en exergue plusieurs données de l'étude:
- "plus des trois quarts des victimes ont fait l’objet d’une répartition entre urgences absolues (28%) et urgences relatives (72%)
- les gestes de réanimation préhospitalière ont été limités aux thérapeutiques indispensables à la survie, comme cela est recommandé
- comme cela a déjà été rapporté dans la littérature scientifique internationale, l’évacuation vers les hôpitaux a pu être longue, du fait des contraintes de sécurité majeure (non-sécurisation des lieux et/ou des axes d’évacuation)
- une fois à l’hôpital, les victimes ont pu y bénéficier des moyens diagnostiques et thérapeutiques habituellement mis en oeuvre pour prendre en charge ce type de blessures
- les moyens chirurgicaux mobilisés dès l’alerte (+41% de salles d’opération) ont permis de prioriser la réalisation des chirurgies de sauvetage (chirurgies thoracique, vasculaire et digestive) sur l’exploration des plaies et la réparation des fractures
- une fois les urgences absolues opérées, les blocs opératoires ont continué de fonctionner pendant plus de 24 heures pour prendre en charge les urgences relatives
- un blessé sur six a nécessité une transfusion sanguine
- 29% des patients ont requis une hospitalisation en unité de soins critiques (réanimation, unités de surveillance continue)
- 71% des patients ont nécessité une hospitalisation, pour une durée médiane de trois jours
- le faible taux (8%) de transfert au cours des 24 premières heures traduit la pertinence de l’orientation initiale
- en dépit du contexte, le taux de mortalité observé (2%) n’était pas différent du taux de mortalité attendue (3%), calculé à partir de la sévérité des lésions de chaque victime".
(Intensive Care Medicine, n°45, p1231-1240)
mlb/sl/APMnews
Informations professionnelles
- AFMU
- Agenda
- Annonces de postes
- Annuaire de l'urgence
- Audits
- Calculateurs
- Cas cliniques
- Cochrane PEC
- Consensus
- Consensus SFMU
- COVID-19
- DynaMed
- E-learning
- Géodes
- Grand public
- Librairie
- Médecine factuelle
- Outils professionnels
- Portail de l'urgence
- Recherche avancée
- Référentiels SFMU
- Textes réglementaires
- UrgencesDPC
- Webinaire
- Weblettre
ATTENTATS DU 13 NOVEMBRE 2015: LES MOYENS MÉDICAUX À DÉPLOYER SONT LIÉS À LA NATURE DE L'ATTAQUE (ÉTUDE)
L'étude a été coordonnée par Mathieu Raux, professeur des universités-praticien hospitalier (PU-PH) à l’hôpital Pitié-Salpêtrière, et Bruno Riou, doyen de la faculté de médecine de Sorbonne université. Elle a bénéficié de l'aide financière de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et du soutien logistique de l'observatoire de la traumatologie lourde TraumaBase.
Son objet était de décrire l'organisation mise en place pour le traitement d'un large flux de blessés simultané d'une part et, d'autre part, de comparer les ressources médicales engagées selon la nature des attaques (fusillades, explosions).
Le groupe de recherche, qui a impliqué les représentants de 35 services médicaux ayant pris en charge les victimes des attentats du 13 novembre 2015, a pour cela recueilli de manière anonyme les données de 337 victimes présentant des lésions physiques, arrivées à l’hôpital entre le début des événements et le 14 novembre 2015, à 23h59.
Les données des victimes ne présentant pas de lésion physique, des victimes de psycho-traumatisme isolé, des personnes dont le dossier médical était vide et qui n’ont pas été hospitalisées, ainsi que de celles de patients admis à l’hôpital après le 15 novembre 2015 à minuit, n’ont pas été incluses.
Sur les 337 victimes, 286 (85%) ont été blessées lors des fusillades et 51 (15%) dans les explosions.
L'analyse de la cohorte "fournit une description de la proportion des différents types de ressources chirurgicales necessaires, ainsi que leur moment d'intervention lors d'une attaque multisites et multimodale", indiquent les auteurs.
Elle a montré que "les victimes de blessures par balle [fusils d'assault] arrivées vivantes à l'hôpital ont été plus sévèrement atteintes et ont nécessité des moyens plus importants" que les victimes des explosions.
Ces éléments quantitatifs pourraient permettre d'adapter "l'organisation de futurs plans en cas d'afflux massif de victimes à la réalité du terrain, en particulier pour les ressources rares", comme en chirurgie, ajoutent les auteurs.
S'appuyant sur la démarche entreprise pour l'étude, les résultats concluent également à la nécessité de diffuser un modèle de collecte de données relatives à la médecine de catastrophe, à des fins médicales et scientifiques, afin que ces rapports sanitaires puissent être partagés à l'échelle internationale et améliorer les interventions.
"Les attaques terroristes du vendredi 13 novembre 2015 ont conduit au déclenchement des plans rouge et blanc qui ont pour objectif de mobiliser rapidement les ressources nécessaires à la prise en charge d’un grand nombre de victimes", pointe l'AP-HP dans un communiqué diffusé à l'occasion de la présentation de l'étude aux représentants d’associations de victimes et d'associations d'aide aux victimes des attentats.
"Construits selon les principes de médecine de catastrophe, ils sont régulièrement révisés, en particulier lorsque des travaux scientifiques apportent de nouvelles connaissances susceptibles d’améliorer la réponse en pareille circonstance".
Sur le plan médical, les résultats de l'étude "permettent d’estimer rapidement les besoins sanitaires à court et moyen termes lors de la survenue d’un événement terroriste (médicalisation préhospitalière, triage, modalités d’évacuation vers les hôpitaux, organisation des services d’urgence, blocs opératoires, réanimations, transfusion) dès lors que l’on dispose d’une approximation du nombre de victimes et du type de mécanisme (explosion, arme à feu)".
Ces résultats "plaident également pour une gestion rigoureuse des ressources soignantes, en particulier les plus rares (équipes chirurgicales) afin de tenir dans la durée, soit du fait d’un événement se prolongeant dans le temps, soit en raison de l’importance du nombre de victimes".
"D’autres travaux scientifiques sont en cours, poursuivant le même objectif d’amélioration des plans de réponse médicale face à de tels événements", précise l'AP-HP.
Dans son communiqué, l'institution met par ailleurs en exergue plusieurs données de l'étude:
- "plus des trois quarts des victimes ont fait l’objet d’une répartition entre urgences absolues (28%) et urgences relatives (72%)
- les gestes de réanimation préhospitalière ont été limités aux thérapeutiques indispensables à la survie, comme cela est recommandé
- comme cela a déjà été rapporté dans la littérature scientifique internationale, l’évacuation vers les hôpitaux a pu être longue, du fait des contraintes de sécurité majeure (non-sécurisation des lieux et/ou des axes d’évacuation)
- une fois à l’hôpital, les victimes ont pu y bénéficier des moyens diagnostiques et thérapeutiques habituellement mis en oeuvre pour prendre en charge ce type de blessures
- les moyens chirurgicaux mobilisés dès l’alerte (+41% de salles d’opération) ont permis de prioriser la réalisation des chirurgies de sauvetage (chirurgies thoracique, vasculaire et digestive) sur l’exploration des plaies et la réparation des fractures
- une fois les urgences absolues opérées, les blocs opératoires ont continué de fonctionner pendant plus de 24 heures pour prendre en charge les urgences relatives
- un blessé sur six a nécessité une transfusion sanguine
- 29% des patients ont requis une hospitalisation en unité de soins critiques (réanimation, unités de surveillance continue)
- 71% des patients ont nécessité une hospitalisation, pour une durée médiane de trois jours
- le faible taux (8%) de transfert au cours des 24 premières heures traduit la pertinence de l’orientation initiale
- en dépit du contexte, le taux de mortalité observé (2%) n’était pas différent du taux de mortalité attendue (3%), calculé à partir de la sévérité des lésions de chaque victime".
(Intensive Care Medicine, n°45, p1231-1240)
mlb/sl/APMnews