Actualités de l'Urgence - APM
AUX URGENCES, LES VÉRIFICATIONS CROISÉES ENTRE MÉDECINS DIMINUENT LES RISQUES D'ERREURS MÉDICALES
Cette étude, nommée CHARMED, est "la première étude au monde à montrer une réduction du taux d’erreur médicale aux urgences, grâce à la mise en place de ces vérifications croisées régulières entre médecins", se félicite l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) dans un communiqué.
Dans l'article publié dans le JAMA Internal Medicine, Yonathan Freund de la Pitié-Salpêtrière (Paris, AP-HP) et ses collègues rappellent qu'en raison de la difficulté du travail aux urgences, où les médecins doivent évaluer de multiples patients parallèlement et prendre des décisions rapides en disposant d'informations parfois incomplètes, le taux d'erreur a été évalué à 10%.
Or, alors que dans de nombreux services hospitaliers les décisions sont prises à plusieurs, par exemple en réunions de staff, aux urgences les médecins sont le plus souvent seuls à décider. Il a toutefois été montré que lors des transmissions médicales, moment où deux médecins peuvent parler d'un cas, le risque d'erreur diminuait.
L'étude CHARMED, conduite dans 6 services d'urgence français, a consisté à comparer deux périodes de 10 jours durant lesquels 14 patients par jour étaient inclus. Dans une période la prise en charge était habituelle, avec un seul médecin, et dans l'autre il y avait une vérification croisée systématique des décisions. Au total, 1.680 patients ont été inclus.
Le risque d'erreur médicale (ayant ou non eu une conséquence) a diminué de 40% dans la période de vérification croisée: il y a eu 6,4% d'erreurs au lieu de 10,7%.
Les erreurs sans conséquences ont diminué de 47% et les erreurs ayant conduit à un événement indésirable grave de 27%.
Les principales causes d'erreurs ayant conduit à un événement indésirable grave concernaient la prise en charge du sepsis (par exemple le timing de l'antibiothérapie, ou le choix du médicament), le traitement de l'insuffisance cardiaque aiguë, le traitement anticoagulant, le non-diagnostic de fractures, des erreurs de diagnostic chez des patients présentant une douleur thoracique...
Commentant ces résultats dans un communiqué, l'AP-HP indique que "ces vérifications croisées sont déjà pratiquées par certains services d’urgences de l’AP-HP, de façon formalisée ou non" et qu'elle "envisage de diffuser des recommandations visant à les étendre à l’ensemble de ses services d’urgence".
"Faisons-le dans tous les services et soyons partageurs" (Martin Hirsch)
Interrogé mardi matin sur France Inter, le directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch, a confirmé cette volonté. "Quand on m'a mis il y a quelques semaines cet article sous les yeux, la première chose que j'ai dite est 'faisons-le dans tous les services et soyons partageurs, suggérons aux autres services de le faire, s'ils ne le font pas déjà ailleurs qu'à l'AP'".
"Les professionnels ont l'impression que ce temps inutile, qui est en fait indispensable, où on se pose quelques minutes pour pouvoir discuter des cas des patients, a disparu. C'était le débat aussi quand j'ai réorganisé le temps de travail à l'AP. Ce n'est pas facile à faire mais c'est indispensable parce que cela fait du bien aux personnels et surtout du bien aux malades."
"Tout le sujet, compliqué mais auquel on s'attaque, est de pouvoir débarrasser les médecins de temps inutile", a ajouté Martin Hirsch en mettant en avant la création de postes de bed managers qui sont chargés de trouver des lits d'aval pour les patients, dégageant ainsi du temps pour les médecins, ainsi que l'informatisation qui permet d'"éviter que ce soit le médecin qui, comme un caissier", ait à taper les codes pour chaque patient.
(JAMA Internal Medicine, publication en ligne du 23 avril)
fb/ab/APMnews
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AUX URGENCES, LES VÉRIFICATIONS CROISÉES ENTRE MÉDECINS DIMINUENT LES RISQUES D'ERREURS MÉDICALES
Cette étude, nommée CHARMED, est "la première étude au monde à montrer une réduction du taux d’erreur médicale aux urgences, grâce à la mise en place de ces vérifications croisées régulières entre médecins", se félicite l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) dans un communiqué.
Dans l'article publié dans le JAMA Internal Medicine, Yonathan Freund de la Pitié-Salpêtrière (Paris, AP-HP) et ses collègues rappellent qu'en raison de la difficulté du travail aux urgences, où les médecins doivent évaluer de multiples patients parallèlement et prendre des décisions rapides en disposant d'informations parfois incomplètes, le taux d'erreur a été évalué à 10%.
Or, alors que dans de nombreux services hospitaliers les décisions sont prises à plusieurs, par exemple en réunions de staff, aux urgences les médecins sont le plus souvent seuls à décider. Il a toutefois été montré que lors des transmissions médicales, moment où deux médecins peuvent parler d'un cas, le risque d'erreur diminuait.
L'étude CHARMED, conduite dans 6 services d'urgence français, a consisté à comparer deux périodes de 10 jours durant lesquels 14 patients par jour étaient inclus. Dans une période la prise en charge était habituelle, avec un seul médecin, et dans l'autre il y avait une vérification croisée systématique des décisions. Au total, 1.680 patients ont été inclus.
Le risque d'erreur médicale (ayant ou non eu une conséquence) a diminué de 40% dans la période de vérification croisée: il y a eu 6,4% d'erreurs au lieu de 10,7%.
Les erreurs sans conséquences ont diminué de 47% et les erreurs ayant conduit à un événement indésirable grave de 27%.
Les principales causes d'erreurs ayant conduit à un événement indésirable grave concernaient la prise en charge du sepsis (par exemple le timing de l'antibiothérapie, ou le choix du médicament), le traitement de l'insuffisance cardiaque aiguë, le traitement anticoagulant, le non-diagnostic de fractures, des erreurs de diagnostic chez des patients présentant une douleur thoracique...
Commentant ces résultats dans un communiqué, l'AP-HP indique que "ces vérifications croisées sont déjà pratiquées par certains services d’urgences de l’AP-HP, de façon formalisée ou non" et qu'elle "envisage de diffuser des recommandations visant à les étendre à l’ensemble de ses services d’urgence".
"Faisons-le dans tous les services et soyons partageurs" (Martin Hirsch)
Interrogé mardi matin sur France Inter, le directeur général de l'AP-HP, Martin Hirsch, a confirmé cette volonté. "Quand on m'a mis il y a quelques semaines cet article sous les yeux, la première chose que j'ai dite est 'faisons-le dans tous les services et soyons partageurs, suggérons aux autres services de le faire, s'ils ne le font pas déjà ailleurs qu'à l'AP'".
"Les professionnels ont l'impression que ce temps inutile, qui est en fait indispensable, où on se pose quelques minutes pour pouvoir discuter des cas des patients, a disparu. C'était le débat aussi quand j'ai réorganisé le temps de travail à l'AP. Ce n'est pas facile à faire mais c'est indispensable parce que cela fait du bien aux personnels et surtout du bien aux malades."
"Tout le sujet, compliqué mais auquel on s'attaque, est de pouvoir débarrasser les médecins de temps inutile", a ajouté Martin Hirsch en mettant en avant la création de postes de bed managers qui sont chargés de trouver des lits d'aval pour les patients, dégageant ainsi du temps pour les médecins, ainsi que l'informatisation qui permet d'"éviter que ce soit le médecin qui, comme un caissier", ait à taper les codes pour chaque patient.
(JAMA Internal Medicine, publication en ligne du 23 avril)
fb/ab/APMnews