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20/11 2018
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AVC: LA MORTALITÉ RESTE ÉLEVÉE À LA FOIS POUR LES HÉMORRAGIES CÉRÉBRALES ET LES INFARCTUS CÉRÉBRAUX

ISSY-LES-MOULINEAUX (Hauts-de-Seine), 20 novembre 2018 (APMnews) - La mortalité après un accident vasculaire cérébral (AVC) restait élevée en France en 2015, même pour les cas ischémiques malgré une baisse observée depuis 2010, tandis qu'elle n'a pas évolué pour les cas hémorragiques, selon deux études présentées au congrès de la Société française neurovasculaire (SFNV), la semaine dernière à Issy-les-Moulineaux.

Dans ces deux posters, des chercheurs de Santé publique France, de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) et du registre des AVC de Dijon ont utilisé le système national des données de santé (SNDS) pour étudier les déterminants de la létalité à 30 jours et à un an après un infarctus cérébral, d'une part, et après une hémorragie intracérébrale et sous-arachnoïdienne, d'autre part, puis analyser les évolutions entre 2010 et 2015.

Pour l'AVC ischémique ou infarctus cérébral, en 2015, 56.271 adultes bénéficiaires du régime général ont été hospitalisés avec un infarctus cérébral constitué, dont la moitié de femmes. Les patients avaient 73,4 ans en moyenne et 26% des cas concernaient des personnes de moins de 65 ans. Dans près de 4%, un antécédent d'AVC existait au cours des 2 ans précédant l'admission à l'hôpital.

Le taux d'admission en unité neurovasculaire UNV en 2015 était de 55%. Le taux de décès cumulés à 30 jours était de 11% et à un an, de 23%.

L'analyse des données indique que le risque de décès, précoce ou tardif, était associé de manière significative au fait de ne pas être admis en UNV, à un âge avancé, à la présence de comorbidités, à une paralysie, à un antécédent d'AVC, au fait de résider dans une commune socialement défavorisée.

Après analyse ajustée des données sur l'âge et le score de comorbidité de Charlson, il apparaît que les femmes semblent avoir un risque réduit de décès à un an légèrement réduit par rapport aux hommes (-6%). L'hypertension artérielle reste un déterminant aussi de décès précoce et tardif.

La comparaison des données avec celles de 2010 montre une diminution significative des taux bruts de décès précoce et tardifs, passant de respectivement de 10,8% à 10,7% et de 14% à 13,3%. En analyse multivariée, le risque de décès à 30 jours est réduit de 7% en 2015 par rapport à 2010 et à un an, de 14%. Cependant, la mortalité est restée stable chez les moins de 65 ans, autour de 3,5%.

Malgré les améliorations majeures de la prise en charge et de l'organisation de la filière AVC, la mortalité après un infarctus cérébral demeurait élevée en 2015. Ces données suggèrent qu'il faut continuer à diffuser des informations sur la reconnaissance des signes de l'AVC et la conduite à tenir, à améliorer le suivi des patients en particulier dans les zones socialement défavorisées et les jeunes, à renforcer la prévention primaire.

Entre 13% et 36% des AVC hémorragiques admis en UNV

Concernant les AVC hémorragiques, 12.634 personnes ont été hospitalisées pour une hémorragie intracérébrale (72,4 ans en moyenne) et 4.219 pour une hémorragie sous-arachnoïdienne (60,1 ans en moyenne). La proportion de femmes était plus élevée pour les hémorragies sous-arachnoïdienne (57% vs 50% pour les intracérébrales).

Le taux d'admission en UNV était de 36% pour les hémorragies intracérébrales et de 13% pour les hémorragies sous-arachnoïdiennes. Les taux de décès précoces et tardifs cumulés à 30 jours et à un an s'élevaient respectivement à 34% et 46% pour les hémorragies intracérébrales et à 19% et 26% pour les hémorragies sous-arachnoïdiennes.

L'analyse des données montrent que pour les deux formes d'AVC hémorragique, le risque de décès précoce et tardif est associé de manière significative à une non-admission en UNV, un âge avancé, la présence de comorbidités, le fait de résider dans une commune défavorisée.

Les femmes sont exposées à une moindre létalité tardive mais pas précoce, avec un risque réduit de 14% après une hémorragie intracrânienne et de 24% après une hémorragie sous-arachnoïdienne.

Par rapport à 2010, le taux brut de décès précoce a augmenté, faiblement mais significativement, passant de 34,2% à 34,4% en 2015 pour les hémorragies intracrâniennes et de 18,8% à 19,1% pour les hémorragies sous-arachnoïdiennes. Pour ces dernières, le taux brut de décès tardif a aussi augmenté, de 5,5% à 6,5%, tandis qu'il est resté inchangé pour les hémorragies intracrâniennes (11,7%).

Mais en analyse multivariée, les risques de décès précoce et tardif en 2015 paraissaient inchangés par rapport à 2010 pour les deux formes d'AVC hémorragique.

Par rapport aux AVC ischémiques, aucune évolution majeure n'a été observée dans la période d'étude que ce soit dans les traitements ou la prise en charge des AVC hémorragiques et la mortalité restait très élevée en 2015.

"L'amélioration du pronostic de ces patients est vraisemblablement conditionnée à l'avènement d'avancées thérapeutiques telles qu'elles ont été observées pour la prise en charge de l'AVC ischémique", commentent les auteurs.

Un programme de recherche sur les AVC à l'Irdes

Par ailleurs, lors de la journée nationale des filières AVC organisée en marge du congrès, Laure Com-Ruelle de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) a présenté les premiers résultats issus du programme de recherche sur les parcours de soins des victimes d'AVC (PaSoV-AVC) à partir de l'analyse du SNDS.

Ces premiers résultats, portant sur les données de 2012, ont fait l'objet d'une publication dans le numéro d'août de la revue Questions d'économie de la santé.

Le programme vise à reconstituer les trajectoires de soins et analyser les filières de prise en charge des AVC et des accidents ischémiques transitoires (AIT) au niveau national et à l'échelle des territoires afin de mesurer la qualité des soins, estimer la performance du système et suivre l'évolution des politiques publiques au fil des ans, a indiqué la chercheuse.

Pour cela, 10 cohortes de primo-AVC ou AIT ont été constituées pour chaque année entre 2010 et 2019 et pour chacune, la consommation de soins en ville et l'ensemble des séjours hospitaliers pourront être analysées sur deux ans avant et après la survenue de l'AVC/AIT. Cinq cohortes ont déjà été construites et la sixième est en voie d'achèvement.

ld/ab/APMnews

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ISSY-LES-MOULINEAUX (Hauts-de-Seine), 20 novembre 2018 (APMnews) - La mortalité après un accident vasculaire cérébral (AVC) restait élevée en France en 2015, même pour les cas ischémiques malgré une baisse observée depuis 2010, tandis qu'elle n'a pas évolué pour les cas hémorragiques, selon deux études présentées au congrès de la Société française neurovasculaire (SFNV), la semaine dernière à Issy-les-Moulineaux.

Dans ces deux posters, des chercheurs de Santé publique France, de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) et du registre des AVC de Dijon ont utilisé le système national des données de santé (SNDS) pour étudier les déterminants de la létalité à 30 jours et à un an après un infarctus cérébral, d'une part, et après une hémorragie intracérébrale et sous-arachnoïdienne, d'autre part, puis analyser les évolutions entre 2010 et 2015.

Pour l'AVC ischémique ou infarctus cérébral, en 2015, 56.271 adultes bénéficiaires du régime général ont été hospitalisés avec un infarctus cérébral constitué, dont la moitié de femmes. Les patients avaient 73,4 ans en moyenne et 26% des cas concernaient des personnes de moins de 65 ans. Dans près de 4%, un antécédent d'AVC existait au cours des 2 ans précédant l'admission à l'hôpital.

Le taux d'admission en unité neurovasculaire UNV en 2015 était de 55%. Le taux de décès cumulés à 30 jours était de 11% et à un an, de 23%.

L'analyse des données indique que le risque de décès, précoce ou tardif, était associé de manière significative au fait de ne pas être admis en UNV, à un âge avancé, à la présence de comorbidités, à une paralysie, à un antécédent d'AVC, au fait de résider dans une commune socialement défavorisée.

Après analyse ajustée des données sur l'âge et le score de comorbidité de Charlson, il apparaît que les femmes semblent avoir un risque réduit de décès à un an légèrement réduit par rapport aux hommes (-6%). L'hypertension artérielle reste un déterminant aussi de décès précoce et tardif.

La comparaison des données avec celles de 2010 montre une diminution significative des taux bruts de décès précoce et tardifs, passant de respectivement de 10,8% à 10,7% et de 14% à 13,3%. En analyse multivariée, le risque de décès à 30 jours est réduit de 7% en 2015 par rapport à 2010 et à un an, de 14%. Cependant, la mortalité est restée stable chez les moins de 65 ans, autour de 3,5%.

Malgré les améliorations majeures de la prise en charge et de l'organisation de la filière AVC, la mortalité après un infarctus cérébral demeurait élevée en 2015. Ces données suggèrent qu'il faut continuer à diffuser des informations sur la reconnaissance des signes de l'AVC et la conduite à tenir, à améliorer le suivi des patients en particulier dans les zones socialement défavorisées et les jeunes, à renforcer la prévention primaire.

Entre 13% et 36% des AVC hémorragiques admis en UNV

Concernant les AVC hémorragiques, 12.634 personnes ont été hospitalisées pour une hémorragie intracérébrale (72,4 ans en moyenne) et 4.219 pour une hémorragie sous-arachnoïdienne (60,1 ans en moyenne). La proportion de femmes était plus élevée pour les hémorragies sous-arachnoïdienne (57% vs 50% pour les intracérébrales).

Le taux d'admission en UNV était de 36% pour les hémorragies intracérébrales et de 13% pour les hémorragies sous-arachnoïdiennes. Les taux de décès précoces et tardifs cumulés à 30 jours et à un an s'élevaient respectivement à 34% et 46% pour les hémorragies intracérébrales et à 19% et 26% pour les hémorragies sous-arachnoïdiennes.

L'analyse des données montrent que pour les deux formes d'AVC hémorragique, le risque de décès précoce et tardif est associé de manière significative à une non-admission en UNV, un âge avancé, la présence de comorbidités, le fait de résider dans une commune défavorisée.

Les femmes sont exposées à une moindre létalité tardive mais pas précoce, avec un risque réduit de 14% après une hémorragie intracrânienne et de 24% après une hémorragie sous-arachnoïdienne.

Par rapport à 2010, le taux brut de décès précoce a augmenté, faiblement mais significativement, passant de 34,2% à 34,4% en 2015 pour les hémorragies intracrâniennes et de 18,8% à 19,1% pour les hémorragies sous-arachnoïdiennes. Pour ces dernières, le taux brut de décès tardif a aussi augmenté, de 5,5% à 6,5%, tandis qu'il est resté inchangé pour les hémorragies intracrâniennes (11,7%).

Mais en analyse multivariée, les risques de décès précoce et tardif en 2015 paraissaient inchangés par rapport à 2010 pour les deux formes d'AVC hémorragique.

Par rapport aux AVC ischémiques, aucune évolution majeure n'a été observée dans la période d'étude que ce soit dans les traitements ou la prise en charge des AVC hémorragiques et la mortalité restait très élevée en 2015.

"L'amélioration du pronostic de ces patients est vraisemblablement conditionnée à l'avènement d'avancées thérapeutiques telles qu'elles ont été observées pour la prise en charge de l'AVC ischémique", commentent les auteurs.

Un programme de recherche sur les AVC à l'Irdes

Par ailleurs, lors de la journée nationale des filières AVC organisée en marge du congrès, Laure Com-Ruelle de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) a présenté les premiers résultats issus du programme de recherche sur les parcours de soins des victimes d'AVC (PaSoV-AVC) à partir de l'analyse du SNDS.

Ces premiers résultats, portant sur les données de 2012, ont fait l'objet d'une publication dans le numéro d'août de la revue Questions d'économie de la santé.

Le programme vise à reconstituer les trajectoires de soins et analyser les filières de prise en charge des AVC et des accidents ischémiques transitoires (AIT) au niveau national et à l'échelle des territoires afin de mesurer la qualité des soins, estimer la performance du système et suivre l'évolution des politiques publiques au fil des ans, a indiqué la chercheuse.

Pour cela, 10 cohortes de primo-AVC ou AIT ont été constituées pour chaque année entre 2010 et 2019 et pour chacune, la consommation de soins en ville et l'ensemble des séjours hospitaliers pourront être analysées sur deux ans avant et après la survenue de l'AVC/AIT. Cinq cohortes ont déjà été construites et la sixième est en voie d'achèvement.

ld/ab/APMnews

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