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12/04 2018
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BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ: LE CONSEIL RÉGIONAL ÉMET UN AVIS DÉFAVORABLE SUR LE PROJET RÉGIONAL DE SANTÉ 2018-2022

DIJON, 12 avril 2018 (APMnews) - Le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté a voté mardi à l'unanimité un avis défavorable sur le projet régional de santé (PRS) 2018-2022 à l'issue d'une assemblée extraordinaire à laquelle avait été convié Pierre Pribile, directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté.

Avant le vote du conseil régional, les conseils départementaux de Côte-d'Or, de l'Yonne et de la Nièvre avait déjà émis des avis défavorables sur le PRS.

Pendant près de deux heures, les conseillers régionaux ont débattu sur le PRS 2018-2022 et ont interpellé à de nombreuses reprises le directeur général de l'ARS sur les conflits déclenchés par la réorganisation de l'offre de soins entreprise ou envisagée par son agence, a constaté APMnews.

Les conseillers régionaux Jérôme Durain (PS) et Gilles Platret (LR) ont interpellé Pierre Pribile sur l'opposition de l'ARS à un projet de développement des activités de coronographie-angioplastie au centre hospitalier (CH) de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). "L'hôpital de Chalon n'est pourtant pas un hôpital rural, mais le pivot d’un groupement hospitalier territorial de 360.000 habitants", a tenu à rappeler l'élu de la majorité socialiste.

L'ARS avait notamment demandé au CH de Chalon de collaborer avec le CHU de Dijon et le CH de Mâcon pour organiser ses activités d'angioplastie (cf dépêche du 13/02/2018 à 19:44). "Notre région ne peut pas se permettre le luxe de ce genre de querelle de clochers", a répondu Pierre Pribile en maintenant sa volonté de parvenir à "une solution coopérative pour les trois établissements".

Le cas du CH de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) a été évoqué à plusieurs reprises durant ce débat, alors que le service de chirurgie de cet établissement doit fermer ses portes fin avril. "C'est une étape de plus dans le démantèlement d'un hôpital de proximité", s'est insurgé Jean-Claude Lagrange (socialiste).

"Nous avons besoin d'une offre hospitalière de proximité, y compris à Montceau-les-Mines", a reconnu le directeur général de l'ARS, avant de souligner "qu'un plateau technique tous les 30 kilomètres en Saône-et-Loire, ce n'est pas soutenable".

"Le statut quo, c'est accepter d'assister à un long dépérissement de l'offre hospitalière [...], il ne s'agit pas de faire des choix dans l'offre de soins que l'on propose à nos citoyens, il s'agit de faire des choix dans la façon dont on les organise", a-t-il poursuivi.

Les problématiques de démographie médicale et la réorganisation des urgences ont également constitué deux des principaux griefs des élus régionaux à l'encontre du PRS. La possibilité d'une fermeture des urgences de nuit de Clamecy (Nièvre), Gray (Haute-Saône) et Tonnerre (Yonne), avait suscité une très forte mobilisation des acteurs locaux (cf dépêche du 26/02/2018 à 18:58).

"La problématique, c'est une problématique humaine, et pas purement financière. Aujourd’hui, personne n'empêche un directeur d'hôpital de recruter un urgentiste", a tenu à préciser Pierre Pribile. Il a également rappelé que l'ARS promettait à tous les habitants de Bourgogne-Franche-Comté un accès à des soins d'urgences en moins de 30 minutes grâce au maillage territorial des antennes de Smur (cf dépêche du 03/04/2018 à 11:17).

Malgré les explications du directeur général de l'ARS, les élus du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté ont voté à l'unanimité un avis défavorable contre le PRS, dans le cadre de sa mise en consultation jusqu'au 6 mai (cf dépêche du 23/02/2018 à 14:42).

"Nous émettons de façon transpartisane un avis défavorable et nous vous demandons, de travailler d'une autre façon dans le cadre des travaux que vous allez faire", a expliqué la présidente du conseil régional Marie-Guite Dufay (PS).

Elle a aussi repris la proposition du président du groupe "Union des républicains de la droite et du centre", François Sauvadet (UDI), pour obtenir la constitution d'un groupe de travail régional en lien avec l'ARS et la conférence régionale de la santé et de l'autonomie (CRSA). Enfin, la présidente du conseil régional a exigé "un moratoire sur les fermetures de services".

Dans un communiqué publié mercredi, le groupe Union des républicains de la droite et du centre a par ailleurs demandé que le seuil amenant à la réorganisation des services d'urgences soit abaissé à 10.000 passages par an, contre 11.500 dans le PRS.

Dans un message posté sur Twitter, la majorité du conseil régional "Notre région d'Avance - la Gauche Unie" accusait le PRS d'être "le symbole de l'abandon et du déclassement de nos territoires".

Marie-Guite Dufay a également adressé mercredi un courrier à l'attention du premier ministre, Edouard Philippe, pour expliquer cette décision. "L'assemblée que j'ai l'honneur de présider a considéré que les propositions qui étaient faites pour lutter contre les inégalités sociales et territoriales d'accès à la santé étaient dramatiquement insuffisantes", a-t-elle expliqué dans cette lettre dont APMnews a pu consulter une copie.

"Dans les déserts médicaux, les services d'urgence sont en effet les seuls lieux d'accès permanents aux soins connus par le public", a aussi argumenté la présidente du conseil régional.

L'ARS se dit favorable à la création "d'un espace de dialogue"

"L'ARS étudiera l'ensemble des propositions formulées et en tiendra compte pour arrêter d'ici la fin du premier semestre une version finale du PRS", a réagi l'agence, contactée mercredi par APMnews.

"Nous avons besoin d'un espace de dialogue et je suis tout à fait prêt à cela et à travailler ensemble", avait déjà indiqué son directeur général aux élus régionaux à l'issue du débat sur le PRS, en réponse à la proposition de François Sauvadet.

"L'enjeu n'est pas d'émettre un avis favorable ou défavorable, mais de participer à la construction de ce document en émettant un avis circonstancié et en formulant des propositions d'amendement de ce document", a indiqué la direction l'ARS à APMnews.

Une fois passé le délai de consultation de 3 mois, le PRS sera arrêté par le directeur général de l’ARS, Pierre Pribile, et publié courant juin après examen de ces différents avis.

gl/sl/APMnews

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DIJON, 12 avril 2018 (APMnews) - Le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté a voté mardi à l'unanimité un avis défavorable sur le projet régional de santé (PRS) 2018-2022 à l'issue d'une assemblée extraordinaire à laquelle avait été convié Pierre Pribile, directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté.

Avant le vote du conseil régional, les conseils départementaux de Côte-d'Or, de l'Yonne et de la Nièvre avait déjà émis des avis défavorables sur le PRS.

Pendant près de deux heures, les conseillers régionaux ont débattu sur le PRS 2018-2022 et ont interpellé à de nombreuses reprises le directeur général de l'ARS sur les conflits déclenchés par la réorganisation de l'offre de soins entreprise ou envisagée par son agence, a constaté APMnews.

Les conseillers régionaux Jérôme Durain (PS) et Gilles Platret (LR) ont interpellé Pierre Pribile sur l'opposition de l'ARS à un projet de développement des activités de coronographie-angioplastie au centre hospitalier (CH) de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). "L'hôpital de Chalon n'est pourtant pas un hôpital rural, mais le pivot d’un groupement hospitalier territorial de 360.000 habitants", a tenu à rappeler l'élu de la majorité socialiste.

L'ARS avait notamment demandé au CH de Chalon de collaborer avec le CHU de Dijon et le CH de Mâcon pour organiser ses activités d'angioplastie (cf dépêche du 13/02/2018 à 19:44). "Notre région ne peut pas se permettre le luxe de ce genre de querelle de clochers", a répondu Pierre Pribile en maintenant sa volonté de parvenir à "une solution coopérative pour les trois établissements".

Le cas du CH de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire) a été évoqué à plusieurs reprises durant ce débat, alors que le service de chirurgie de cet établissement doit fermer ses portes fin avril. "C'est une étape de plus dans le démantèlement d'un hôpital de proximité", s'est insurgé Jean-Claude Lagrange (socialiste).

"Nous avons besoin d'une offre hospitalière de proximité, y compris à Montceau-les-Mines", a reconnu le directeur général de l'ARS, avant de souligner "qu'un plateau technique tous les 30 kilomètres en Saône-et-Loire, ce n'est pas soutenable".

"Le statut quo, c'est accepter d'assister à un long dépérissement de l'offre hospitalière [...], il ne s'agit pas de faire des choix dans l'offre de soins que l'on propose à nos citoyens, il s'agit de faire des choix dans la façon dont on les organise", a-t-il poursuivi.

Les problématiques de démographie médicale et la réorganisation des urgences ont également constitué deux des principaux griefs des élus régionaux à l'encontre du PRS. La possibilité d'une fermeture des urgences de nuit de Clamecy (Nièvre), Gray (Haute-Saône) et Tonnerre (Yonne), avait suscité une très forte mobilisation des acteurs locaux (cf dépêche du 26/02/2018 à 18:58).

"La problématique, c'est une problématique humaine, et pas purement financière. Aujourd’hui, personne n'empêche un directeur d'hôpital de recruter un urgentiste", a tenu à préciser Pierre Pribile. Il a également rappelé que l'ARS promettait à tous les habitants de Bourgogne-Franche-Comté un accès à des soins d'urgences en moins de 30 minutes grâce au maillage territorial des antennes de Smur (cf dépêche du 03/04/2018 à 11:17).

Malgré les explications du directeur général de l'ARS, les élus du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté ont voté à l'unanimité un avis défavorable contre le PRS, dans le cadre de sa mise en consultation jusqu'au 6 mai (cf dépêche du 23/02/2018 à 14:42).

"Nous émettons de façon transpartisane un avis défavorable et nous vous demandons, de travailler d'une autre façon dans le cadre des travaux que vous allez faire", a expliqué la présidente du conseil régional Marie-Guite Dufay (PS).

Elle a aussi repris la proposition du président du groupe "Union des républicains de la droite et du centre", François Sauvadet (UDI), pour obtenir la constitution d'un groupe de travail régional en lien avec l'ARS et la conférence régionale de la santé et de l'autonomie (CRSA). Enfin, la présidente du conseil régional a exigé "un moratoire sur les fermetures de services".

Dans un communiqué publié mercredi, le groupe Union des républicains de la droite et du centre a par ailleurs demandé que le seuil amenant à la réorganisation des services d'urgences soit abaissé à 10.000 passages par an, contre 11.500 dans le PRS.

Dans un message posté sur Twitter, la majorité du conseil régional "Notre région d'Avance - la Gauche Unie" accusait le PRS d'être "le symbole de l'abandon et du déclassement de nos territoires".

Marie-Guite Dufay a également adressé mercredi un courrier à l'attention du premier ministre, Edouard Philippe, pour expliquer cette décision. "L'assemblée que j'ai l'honneur de présider a considéré que les propositions qui étaient faites pour lutter contre les inégalités sociales et territoriales d'accès à la santé étaient dramatiquement insuffisantes", a-t-elle expliqué dans cette lettre dont APMnews a pu consulter une copie.

"Dans les déserts médicaux, les services d'urgence sont en effet les seuls lieux d'accès permanents aux soins connus par le public", a aussi argumenté la présidente du conseil régional.

L'ARS se dit favorable à la création "d'un espace de dialogue"

"L'ARS étudiera l'ensemble des propositions formulées et en tiendra compte pour arrêter d'ici la fin du premier semestre une version finale du PRS", a réagi l'agence, contactée mercredi par APMnews.

"Nous avons besoin d'un espace de dialogue et je suis tout à fait prêt à cela et à travailler ensemble", avait déjà indiqué son directeur général aux élus régionaux à l'issue du débat sur le PRS, en réponse à la proposition de François Sauvadet.

"L'enjeu n'est pas d'émettre un avis favorable ou défavorable, mais de participer à la construction de ce document en émettant un avis circonstancié et en formulant des propositions d'amendement de ce document", a indiqué la direction l'ARS à APMnews.

Une fois passé le délai de consultation de 3 mois, le PRS sera arrêté par le directeur général de l’ARS, Pierre Pribile, et publié courant juin après examen de ces différents avis.

gl/sl/APMnews

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