Actualités de l'Urgence - APM

Dix-sept urgentistes du CH de Cayenne ont déposé jeudi 3 mai des préavis de démission et de mise en disponibilité pour protester contre le manque de personnel médical (cf dépêche du 09/05/2018 à 17:33). Ils réclament que le nombre de médecins aux urgences soit porté à 40 contre 25 actuellement (cf dépêche du 14/05/2018 à 13:05).

Les praticiens démissionnaires ont engagé plusieurs actions pour alerter sur leurs conditions de travail, dont une manifestation jeudi 24 mai devant le siège de l'agence régionale de santé (ARS) Guyane (cf dépêche du 23/05/2018 à 19:20). La direction a de son côté indiqué avoir multiplié les démarches pour recruter des praticiens, dont le recours à l'intérim (cf dépêche du 28/05/2018 à 12:33).

Face à cette situation, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, a annoncé mercredi 23 mai la mobilisation de la réserve sanitaire. Un décret paru samedi au Journal officiel a fixé le nombre de réservistes mobilisés "dans la limite de cinq médecins urgentistes ou généralistes", entre le 31 mai et le 30 juin (cf dépêche du 04/06/2018 à 10:54).

Contacté mardi par APMnews, Pierre Chesneau s'est dit "satisfait" de la mobilisation. "C'est bien entendu une bonne chose que l'on vienne nous aider car nous sommes réellement épuisés. Cela devrait déjà nous permettre de revenir à des horaires normaux", s'est-il réjoui.

Cependant, "nous n'avons reçu pour l'instant que l'aide de deux médecins réservistes. Il s'agit de missions extrêmement courtes puisqu'ils sont arrivés le 4 juin et doivent repartir le [vendredi] 8 juin. Nous n'avons pas encore eu connaissance des prochaines arrivées de praticiens [dans le cadre de la réserve sanitaire]", poursuit-il.

"Pour résumé, c'est bien. Mais ce qu'on demande, ce sont des moyens supplémentaires sur le long terme car les urgences sont réellement en phase d'effondrement, avec des situations de tensions en termes d'effectifs et de conditions de travail qui dépassent largement ce que l'on peut connaître en métropole", s'inquiète-t-il.

Pierre Chesneau a par ailleurs indiqué que sur les 17 urgentistes démissionnaires, "deux sont déjà partis car ils avaient déposé leurs préavis respectivement un et deux mois avant les autres". Et en l'absence de solution, "ces derniers ont préféré partir, dont un qui pratiquait depuis plus de 10 ans à l'hôpital de Cayenne", précise-t-il.

La CME de l'hôpital interpelle l'Etat

La commission médicale d'établissement (CME) du CH de Cayenne a par ailleurs adopté vendredi, à l'unanimité, une motion exhortant l'Etat à trouver "une réponse concrète et rapide aux problématiques exprimées" par les urgentistes démissionnaires.

Elle évoque un "malaise profond et global" dans l'hôpital, partagé par "l'ensemble de la communauté médicale", et plaide pour une gestion "réactive et bienveillante" des ressources humaines.

"La crise au Samu/urgences est le reflet d'une situation actuelle catastrophique, tant sur le plan du recrutement médical que paramédical, au CH de Cayenne ainsi que dans les centres délocalisés de prévention et de soins [CDPS]", déplore la commission.

"La CME observe la dégradation progressive des conditions de travail et une réelle souffrance des médecins et des soignants [...]. Il est impératif d'obtenir un hôpital performant aux standards métropolitains" et "l'égalité des chances dans l'accès aux soins doit s'appliquer pour tous en Guyane", écrit-elle.

La commission médicale qualifie par ailleurs d'"insignifiante[s]" les aides allouées aux établissements de santé de Guyane dans le cadre de la campagne tarifaire 2018. Les dotations pour la région affectées aux missions d'intérêt général et d'aide à la contractualisation (Migac) ont été abondées de 15,4 millions € en 2018 (cf dépêche du 16/03/2018 à 12:52). Les CDPS ont reçu une dotation supplémentaire de 1,5 million € (cf dépêche du 25/04/2018 à 19:02), rappelle-t-on.

De plus, le comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins (Copermo) doit examiner à la fin du premier semestre le nouveau plan d'investissement du CH de Cayenne (cf dépêche du 30/01/2018 à 13:21).

Les hôpitaux guyanais présents au congrès Urgences 2018

L'ARS Guyane a fait savoir lundi dans un communiqué que les CH de Cayenne, Kourou et de Saint-Laurent-du-Maroni participeront au 12e congrès Urgences qui se tiendra du mercredi 13 au vendredi 15 juin au Palais des Congrès de Paris.

L'objectif est d'attirer des praticiens en valorisant "l’exercice de la médecine" en Guyane et en proposant de nombreux postes au sein des trois établissements. "L’accent sera mis sur le recrutement de médecins urgentistes, généralistes et spécialistes", indique l'ARS.

Cette démarche s'inscrit dans le cadre d'un "plan d’attractivité régionale" qui consiste notamment à participer "à plusieurs [événements] relatifs à la santé", explique-t-elle.

Lors du congrès Urgences, "chaque hôpital sera représenté par un médecin urgentiste (ou le président de la CME), l’attaché en charge des affaires médicales et éventuellement du responsable communication", précise l'ARS.

syl/ab/APMnews