Actualités de l'Urgence - APM

Selon le récit des faits tel qu'établi par la direction générale du CH, "une quinzaine de personnes, membres d'une même famille, qui accompagnaient un patient âgé", ont, samedi dans la nuit, "agressé verbalement et physiquement des médecins et des personnels" en poste au service des urgences de l'établissement.

Les individus mis en cause se seraient "montrés très agressifs envers le personnel, proférant insultes et menaces".

Leur proche ayant été "rapidement pris en charge et placé dans un box de soins", "les individus ont envahi le box. Il leur a [alors] été demandé de sortir de celui-ci", indique la direction générale du CH.

"C'est alors qu'un médecin a été agressé verbalement. Un autre médecin est intervenu pour calmer la situation. Il a alors été tabassé par six individus, subissant hématomes et plaie. Une femme médecin a été tirée par les cheveux tellement violemment que des touffes ont été arrachées. Une interne a été jetée à terre", relate la direction générale de l'établissement.

"Les deux vigiles présents ont été vite débordés, malgré le renfort du personnel voisin. La police, municipale et nationale, est intervenue rapidement et a placé trois individus en garde à vue", poursuit-elle.

"C'est la première fois que des agressions d'une telle violence ont lieu aux urgences du CH de Tourcoing"; souligne la direction générale de l'établissement, qui ajoute que "ces violences ont eu lieu alors que des patients étaient soignés en salle de déchoquage, et que des enfants étaient présents dans le service".

Faisant état de l'"inquiét[ude]" et de la "colère" des médecins et du personnel, la direction générale du CH indique que "plusieurs réunions de soutien aux équipes soignantes ont été organisées" et qu'"un CHSCT [comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail] extraordinaire est programmé".

Selon la section CGT du CH de Tourcoing, jointe mardi matin par l'APM, cette session extraordinaire du CHSCT devrait "avoir lieu ce vendredi".

===Le procès des trois prévenus renvoyé au 7 novembre

La direction générale du CH de Tourcoing annonce dans son communiqué que "les médecins ont déposé plainte, ainsi que le centre hospitalier".

"Le parquet a engagé des poursuites. Les médecins et interne qui ont été victimes se sont constitués partie civile", a précisé à l'APM le procureur adjoint du tribunal de grande instance (TGI) de Lille, Eric Fouard, contacté mardi midi.

Les trois personnes placées samedi en garde à vue sont "la fille et deux fils du patient". Elles sont poursuivies "pour violence aggravée et outrage à une personne chargée d'une mission de service public", a-t-il ajouté.

Elles "sont passées en comparution immédiate lundi", mais "leur avocat a demandé un report du procès". Celui-ci a été fixé "au 7 novembre", a annoncé le procureur adjoint du TGI de Lille.

D'ici là, les prévenus sont "placés sous contrôle judiciaire, avec interdiction de paraître au centre hospitalier jusqu'au procès", a-t-il précisé.

L'interne agressée samedi dans la nuit "a une ITT [interruption temporaire de travail] d'un jour", les deux médecins "ont une ITT de deux jours", a ajouté Eric Fouard.

Intervenant mardi après-midi à l'Assemblée nationale, lors de la première séance de questions au gouvernement, la ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine a qualifié de "faits d'une violence incroyable" l'agression dont ont été victimes les professionnels du service des urgences du CH de Tourcoing samedi, et a annoncé "souhaite[r] que des sanctions exemplaires soient appliquées".

Elle a par ailleurs indiqué "travailler", avec le ministre de l'intérieur, Bernard Cazeneuve, "à un plan d'actions" en faveur de la sécurisation de "l'ensemble des établissements hospitaliers", et rappelé avoir annoncé, début octobre, que 75 millions d'euros seraient investis sur les trois prochaines années pour renforcer la sécurité des établissements de santé.

Ces 75 millions d'euros, "soit 25 millions d'euros par an", seront investis "en particulier pour équiper les établissements, qu'ils soient publics ou privés, en matériel de vidéo-surveillance ou pour sécuriser les accès", rappelle-t-on.

L'Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS), dans son dernier rapport publié en août, indique que 14.502 faits lui ont été signalés en 2014 par des établissements sanitaires et médico-sociaux, dont une grande majorité d'atteintes aux personnes

ed/ab/APM polsan