Actualités de l'Urgence - APM

"Le CH des Pays de Morlaix subit de nouveaux départs de cardiologues. Ceci ne permet plus de maintenir l'offre de soins", a expliqué la direction de l'établissement vendredi dans un communiqué relatant les éléments présentés lors d'une conférence de presse.

Des dispositions ont été prises afin de garantir à toute heure l'accueil et la sécurité des patients. Selon leur état, les patients relevant d'une prise en charge en réanimation ou nécessitant une surveillance clinique rapprochée seront orientés vers le service de réanimation ou dans des lits dits de surveillance continue, placés sous la responsabilité des médecins réanimateurs. La capacité de ces lits est augmentée de quatre places, explique le CH breton.

"La majeure partie des lits du service de cardiologie actuel sera prise en charge par des médecins des autres services de médecine, avec un appui cardiologique, soit 17 lits sur les 25 actuellement en fonctionnement", indique la direction.

De plus, un cardiologue (venu du CHU de Brest) est présent tous les jours afin de garantir les prises en charge et d’assurer les examens urgents. En complément, l’équipe de cardiologie du CHU de Brest peut être contactée 24 heures/24 par les équipes du CH pour tout avis et la lecture de tous les examens complémentaires est possible à distance grâce à une station de télémédecine spécifique installée aux urgences.

"Enfin, comme aujourd’hui, les patients relevant d'une pathologie cardiologique nécessitant une prise en charge technique spécifique sont orientés directement ou après passage aux urgences vers le CHRU de Brest par le Samu 29", ajoute la direction. Brest et Morlaix sont distants de 60 km par une route à quatre voies.

En lien avec le CHU de Brest, et dans un contexte de très grande pénurie de médecins cardiologues, de nouveaux recrutements sont prévus à compter d’octobre afin de permettre un retour progressif à une offre de soins complète, a aussi indiqué la direction.

"La fermeture n'a rien de provisoire", s'inquiète la CGT

Mais pour la CGT, "la fermeture n'a rien de provisoire". "Pour le moment, la réouverture est conditionnée par l'arrivée hypothétique de cardiologues", a indiqué mardi à APMnews Christophe Boudrot, secrétaire CGT du CH de Morlaix.

Alors qu'une délégation du comité de défense des usagers de l'hôpital de Morlaix était reçue par la direction de l'hôpital lundi, la CGT avait appelé à rejoindre un rassemblement devant le bâtiment administratif pour défendre "le maintien de l'offre de soins de cardiologie sur le territoire de Morlaix".

"Plus de 200 personnes se sont rassemblées, agents et usagers unis pour le maintien de l'offre de soins en cardiologie et soins intensifs sur le bassin morlaisien", a affirmé le syndicaliste.

Pour la CGT, "la réponse n'est clairement pas à la hauteur des enjeux de santé. Un cardiologue sera présent à mi-temps du lundi au vendredi. Le plateau technique disparaît, ainsi que les consultations cardio. La situation est dramatique sur le bassin morlaisien qui compte 130.000 habitants. Cette situation engendre une zone blanche entre Brest et Saint-Brieuc en ce qui concerne la cardiologie".

En fin de journée lundi, les représentants de la CGT sont allés au conseil communautaire de Morlaix. "Les élus de tout horizon politique nous ont apporté leur soutien", a indiqué Christophe Boudrot.

"Une mobilisation de grande ampleur sera organisée samedi 28 avril, réunissant élus, agents du CH et usagers, tous unis dans un même but, le maintien de l'offre de soins de cardio et soins intensifs sur le bassin de Morlaix", a-t-il ajouté.

Interrogée mardi par APMnews, la direction du CH a confirmé avoir reçu le comité de défense lundi. "Les éléments de contexte démographique ont été rappelés, ainsi que les organisations définies afin de garantir à tout moment la sécurité des patients. Ils ont fait part de leur vive inquiétude et de leur intention de saisir les élus et les autorités régionales."

Interrogée sur le sort des effectifs du service, la direction a précisé que "les effectifs soignants restent dans leur très grande majorité affectés au sein du service, les lits d’hospitalisation conventionnelle étant pris en charge par les spécialités médicales, et la capacité de la surveillance continue étant augmentée de quatre lits. Quelques agents, sur la base du volontariat, sont réaffectés dans d’autres services."

Une organisation "dégradée" avant de rouvrir une offre complète (ARS)

"Nous avons travaillé depuis plusieurs mois avec la direction du CH pour trouver ensemble des solutions pour pallier un déficit de ressources médicales et nous avions demandé de le faire au sein du GHT [groupement hospitalier de territoire] Bretagne occidentale en s'appuyant sur l'établissement support qui est le CHU de Brest", a indiqué Stéphane Mulliez, directeur général adjoint de l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne, interrogé mardi par APMnews.

"Malheureusement, la situation n'a pas permis de combler le déficit en ressources de cardiologues et nous avons acté cette suspension temporaire, en accord avec la direction de l'établissement", a-t-il ajouté. Avec les nouveaux départs de médecins, "ce n'était pas raisonnable de maintenir le service dans sa dimension" actuelle, a-t-il expliqué.

L'organisation mise en place correspond à "un dispositif dégradé à vocation de maintien", mais elle a été rendue nécessaire pour assurer la continuité et la sécurité des soins. Stéphane Mulliez a rappelé l'organisation mise en place avec l'intégration de la cardiologie de Morlaix dans un pôle inter-établissements Brest-Morlaix. Le chef de service de cardiologie du CHU de Brest devient chef du service de cardiologie du CH de Morlaix.

"Ce n'est pas une organisation optimale, mais elle permet de prendre en charge les patients. Il n'y a pas de zone blanche", a-t-il répondu aux critiques avancées.

"Bien sûr, c'est une suspension temporaire" dans l'attente de "rouvrir une offre complète en cardiologie avec une perspective de recrutements pour octobre", a-t-il poursuivi.

Il faut recruter cinq cardiologues et il n'y en avait plus un seul après les nouveaux départs.

"L'ARS renouvelle toute sa confiance à la direction du CH et à la direction du GHT et de l'établissement support pour retrouver une organisation normale et y compris une organisation complète", a déclaré Stéphane Mulliez. Il indique aussi qu'il recevra le comité de défense des usagers s'il en fait la demande.

sl/ab/APMnews