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23/04 2020
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CORONAVIRUS: DES DÉPUTÉS PROFESSIONNELS DE SANTÉ SALUENT LES COOPÉRATIONS ET L'AGILITÉ D'ORGANISATION OBSERVÉES SUR LE TERRAIN

PARIS, 23 avril 2020 (APMnews) - Des députés membres de la commission des affaires sociales et professionnels de santé ont relaté mercredi matin à leur commission comment ils participent, à l'hôpital, en cabinet ou encore en pharmacie, au dispositif déployé face au coronavirus Sars-CoV-2, et quelles observations ils en tirent.

Malgré les divergences politiques, les députés partagent un certain nombre d'observations communes, à commencer par la capacité d'adaptation de l'hôpital, qui a su rapidement réduire la voilure de son activité habituelle pour faire place aux patients Covid-19.

Jean-Pierre Door (LR, Loiret), cardiologue de carrière investi dans la cellule de crise du CH de l'agglomération montargoise, loue le "parfait partenariat" entre cet établissement et le CHR d'Orléans, établissement support du groupement hospitalier de territoire (GHT) du Loiret, ainsi que la clinique de Montargis, qui a mis a disposition du CH ses respirateurs et ses médecins-anesthésistes.

Jean-Pierre Door évoque l'avenir post Covid-19, et s'interroge sur la future réorganisation hospitalière, en particulier celle des financements, soulignant la perte de recettes des hôpitaux sur leurs actes et consultations déprogrammés, et leurs possibles difficultés budgétaires en fin d'année.

Au CHR d'Orléans, la rhumatologue Stéphanie Rist (LREM, Loiret) a participé au renfort des équipes de régulation du Samu, explique-t-elle. Une expérience qui lui a permis d'accéder à l'organisation des soins sur le territoire et à la stratégie de répartition des patients, et de mesurer le stress subi par les régulateurs et urgentistes, dans la gestion de cette maladie pouvant s'aggraver très vite.

Elle note la "rapidité de préparation assez impressionnante" du CHR (cf dépêche du 17/04/2020 à 16:01), ainsi que la grande solidarité intra-hospitalière entre services et métiers différents, et estime également que la coopération au sein du GHT du Loiret a bien fonctionné, grâce à une stratégie commune d'hospitalisations et de dépistage.

Stéphanie Rist regrette toutefois que, si la solidarité entre établissements et laboratoires publics et privés a été réelle, elle ait été précédée d'un "temps d'observation", et que dans un système qui "reste très concurrentiel", le secteur public exprime la crainte que le privé ambitionne à travers cette crise d'obtenir de nouvelles autorisations, tandis que le secteur privé se plaint d'être oublié malgré sa participation.

Elle constate que la démographie médicale dégradée en Centre-Val de Loire a rendu "un peu compliqué" le renfort médical en établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), et que le cloisonnement entre ville et hôpital reste une réalité, bien que la réorganisation en ville ait été plus rapide là où des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) ou communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) sont constituées.

"Le rôle et les remarques des ARS nécessiteraient une commission à part entière", ajoute-t-elle.

A peine moins laconique, Philippe Vigier (Libertés et territoires, Eure-et-Loir), biologiste en laboratoire d'analyses médicales, explique avoir participé à la mise en place de 7 centres de consultations et de diagnostic, en lien avec les CPTS et les municipalités, et que cela a été "compliqué pour que l'ARS comprenne la démarche".

Les Ehpad en souffrance

Cyrille Isaac-Sibille (Modem, Rhône), médecin ORL volontaire aux Hospices civils de Lyon (HCL), relève également l'adaptation très rapide des établissements, ainsi qu'une "très bonne coordination" public/privé. "L'ARS a bien dirigé les choses, et il y a eu une bonne adaptation des établissements par rapport à cette pathologie", constate-t-il.

"L'hôpital, la digue, a tenu grâce au personnel, à l'agilité et la coopération public/privé. La fragilité se situe en seconde ligne, dans les Ehpad, dans les soins à domicile […] Bien évidemment, on n'était pas assez préparé, la prévention a manqué", déplore-t-il toutefois, considérant qu'après une "phase défensive" viendrait, le 11 mai, la phase "offensive", grâce aux tests et à l'isolement des malades.

Jean-Louis Touraine (LREM, Rhône), qui suit les patients habituels de son cabinet via la télémédecine, évoque un "travail énorme des Ehpad" pour obtenir du matériel et remplacer les personnels manquants car malades, et note que l'ouverture des visites aux familles va compliquer la donne.

Il observe lui aussi une bonne intelligence entre secteurs public et privé, sous la coordination par les HCL et l'ARS de la répartition des malades. "Malgré de nombreux patients à Lyon, on a frôlé la saturation mais on ne l'a jamais dépassée grâce à cette répartition", affirme-t-il, rendant hommage au personnel hospitalier, "admirable".

"Il va falloir prévoir un accompagnement psychologique dans la durée, car ils risquent de basculer dans l'épuisement, après avoir travaillé jours et nuits pendant longtemps, dans des conditions difficiles, avec une forte mortalité des patients, et commencer à réfléchir à la préparation de la transformation de l'hôpital", ajoute-t-il.

La prise en charge de la santé mentale des soignants les plus affectés nécessitera du temps

Martine Wonner (LREM, Bas-Rhin), psychiatre investie dans la cellule Covipsy 67 lancée par la cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) du Bas-Rhin, explique que les appels de soignants ont été assez rares au début, alors qu'ils étaient dans le feu de l'action, mais qu'ils sont désormais de plus en plus nombreux, alors que "les choses ne se stabilisent pas" en réanimation.

Elle dépeint une "souffrance psychique maximale" des soignants illustrée par la tentative de suicide d'une infirmière à Strasbourg. "Il faudra pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois un accompagnement des personnes qui ont mal vécu le confinement, des patients de psychiatrie, bien qu'il y ait peu de décompensations chez ces derniers, et surtout des soignants", affirme la députée.

Brahim Hammouche (Modem, Moselle), psychiatre aux urgences du CHR de Metz-Thionville, constate également peu de difficultés liées au confinement chez les patients hospitalisés en psychiatrie.

Il estime pertinent l'idée d'un "sas de décompression" à destination des soignants, au même titre que celui appliqué pour les militaires de retour d'opérations extérieures, mais limitée par l'incertitude quant à ce que sera le "normal" auquel revenir demain, le virus étant toujours présent. Il souligne aussi que la réadaptation fonctionnelle, respiratoire et psychique des patients sortis de réanimation nécessitera du temps et des moyens.

Martine Wonner considère ce sas indispensable notamment pour les soignants mobilisés en réanimation, dont les plus jeunes, confrontés pour beaucoup à la mort pour la première fois, et à de multiples reprises, ainsi que pour les soignants des Ehpad confrontés à la souffrance et aux décès des résidents n'ayant pas pu bénéficier de prise en charge médicale.

Brahim Hammouche note par ailleurs une "vraie révolution" dans l'utilisation du numérique en psychiatrie, même chez les plus réfractaires, bien que les nombreuses téléconsultations et consultations téléphoniques effectuées en centres médico-psychologiques (CMP) compliquent la donne, la dimension non verbale des entretiens étant amoindrie sinon perdue.

Marc Delatte (LREM, Aisne), médecin généraliste en renfort en Ehpad au sein du CH de Soissons depuis trois semaines, remonte "beaucoup d'inquiétudes, beaucoup d'angoisses des soignants", inquiets d'être susceptibles de contaminer leurs résidents, et un sentiment de "déconnexion entre les déclarations politiques et les problématiques de terrain" sur la question des tests notamment.

"La moitié des morts dans l'Aisne sont en Ehpad, et l'inquiétude a été renforcée par le décès d'une infirmière du CH ainsi que celui d'un médecin anesthésiste ayant exercé ici" (cf dépêche du 22/03/2020 à 13:51), explique le député, qui a passé sa première semaine à jouer le rôle de "psychologue de service".

"Il faut que la confiance revienne, qu'ils soient en mode projet pour l'après. Il y a une belle mobilisation collective, mais le décompte macabre en Ehpad n'arrange pas la situation pour le personnel, ça entretient l'inquiétude. C'est donc hyper important d'avoir des messages positifs sur ce qui est fait en Ehpad", commente-t-il, telle l'acquisition de tablettes pour faciliter le quotidien des résidents.

S'il salue l'ouverture des visites aux familles annoncée dimanche par Edouard Philippe et Olivier Véran, il constate que cela "n'est pas simple, ça demande une organisation, qui dépend des moyens, du personnel, de l'espace, alors que les familles appellent dès le lendemain de l'annonce. Il faut gérer les appels, les flux", observe-t-il.

Reconnaissance aux professionnels et "couacs" du système

Marc Delatte salue le "travail formidable" des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) qui composent les effectifs du CH de Soissons. "Au niveau de la reconnaissance de la nation, il faudra accélérer leur accompagnement et leur reconnaissance, c'est très important", considère-t-il.

Caroline Fiat (France Insoumise, Meurthe-et-Moselle), aide-soignante en renfort au CHU de Nancy, regrette les "couacs" de la réserve sanitaire, et explique avoir dû se tourner vers l'ARS et la direction du CHU pour pouvoir intervenir en renfort.

Julien Borowczick (LREM, Loire), médecin généraliste partagé entre des consultations en cabinet et sa participation à la régulation du Samu du CHU de Saint-Etienne, regrette une réflexion en deux temps sur les consommables, le problème des surblouses n'ayant été traité qu'une fois la question des masques réglée, observe-t-il.

Josiane Corneloup (LR, Saône-et-Loire) et Agnès Firmin Le Bodo (UAI, Seine-Maritime), pharmaciens d'officine, évoquent quant à elles une "période très difficile" face aux frustrations des personnels de santé et particuliers venus chercher des masques censés répondre à leurs besoins.

"Il y a eu beaucoup d'ordres et de contre-ordres de l'ARS, des professionnels de santé exclus, une communication pas claire", déplore Josiane Corneloup, citant les services à domicile ou paramédicaux "oubliés".

Elle se réjouit toutefois de voir que l'interdiction précoce des visites en Ehpad, la mobilisation des hygiénistes hospitaliers et la mise en place d'équipes mobiles de gériatrie dans sa circonscription aient permis de préserver le millier de résidents d'Ehpad du Covid-19.

"L'hôpital de proximité est une ressource, l'anticipation est fondamentale, les professionnels de santé sont en totale capacité de s'organiser, de mettre en place des réponses concrètes, il faut les libérer de la technocratie, leur faire confiance", affirme-t-elle, soulignant la nécessité de verser aussi la prime exceptionnelle au personnel des établissements médico-sociaux, auxiliaires de vie ou encore ambulanciers.

Agnès Firmin Le Bodo estime que le port du masque va s'imposer longtemps, et que les pharmaciens ont un rôle de premier plan à jouer dans leurs distributions au grand public, mais que le gouvernement doit présenter un plan pour les masques grand public incluant une régulation des prix, la question de la collecte et du recyclage des déchets.

bd/ab/APMnews

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PARIS, 23 avril 2020 (APMnews) - Des députés membres de la commission des affaires sociales et professionnels de santé ont relaté mercredi matin à leur commission comment ils participent, à l'hôpital, en cabinet ou encore en pharmacie, au dispositif déployé face au coronavirus Sars-CoV-2, et quelles observations ils en tirent.

Malgré les divergences politiques, les députés partagent un certain nombre d'observations communes, à commencer par la capacité d'adaptation de l'hôpital, qui a su rapidement réduire la voilure de son activité habituelle pour faire place aux patients Covid-19.

Jean-Pierre Door (LR, Loiret), cardiologue de carrière investi dans la cellule de crise du CH de l'agglomération montargoise, loue le "parfait partenariat" entre cet établissement et le CHR d'Orléans, établissement support du groupement hospitalier de territoire (GHT) du Loiret, ainsi que la clinique de Montargis, qui a mis a disposition du CH ses respirateurs et ses médecins-anesthésistes.

Jean-Pierre Door évoque l'avenir post Covid-19, et s'interroge sur la future réorganisation hospitalière, en particulier celle des financements, soulignant la perte de recettes des hôpitaux sur leurs actes et consultations déprogrammés, et leurs possibles difficultés budgétaires en fin d'année.

Au CHR d'Orléans, la rhumatologue Stéphanie Rist (LREM, Loiret) a participé au renfort des équipes de régulation du Samu, explique-t-elle. Une expérience qui lui a permis d'accéder à l'organisation des soins sur le territoire et à la stratégie de répartition des patients, et de mesurer le stress subi par les régulateurs et urgentistes, dans la gestion de cette maladie pouvant s'aggraver très vite.

Elle note la "rapidité de préparation assez impressionnante" du CHR (cf dépêche du 17/04/2020 à 16:01), ainsi que la grande solidarité intra-hospitalière entre services et métiers différents, et estime également que la coopération au sein du GHT du Loiret a bien fonctionné, grâce à une stratégie commune d'hospitalisations et de dépistage.

Stéphanie Rist regrette toutefois que, si la solidarité entre établissements et laboratoires publics et privés a été réelle, elle ait été précédée d'un "temps d'observation", et que dans un système qui "reste très concurrentiel", le secteur public exprime la crainte que le privé ambitionne à travers cette crise d'obtenir de nouvelles autorisations, tandis que le secteur privé se plaint d'être oublié malgré sa participation.

Elle constate que la démographie médicale dégradée en Centre-Val de Loire a rendu "un peu compliqué" le renfort médical en établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), et que le cloisonnement entre ville et hôpital reste une réalité, bien que la réorganisation en ville ait été plus rapide là où des maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) ou communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) sont constituées.

"Le rôle et les remarques des ARS nécessiteraient une commission à part entière", ajoute-t-elle.

A peine moins laconique, Philippe Vigier (Libertés et territoires, Eure-et-Loir), biologiste en laboratoire d'analyses médicales, explique avoir participé à la mise en place de 7 centres de consultations et de diagnostic, en lien avec les CPTS et les municipalités, et que cela a été "compliqué pour que l'ARS comprenne la démarche".

Les Ehpad en souffrance

Cyrille Isaac-Sibille (Modem, Rhône), médecin ORL volontaire aux Hospices civils de Lyon (HCL), relève également l'adaptation très rapide des établissements, ainsi qu'une "très bonne coordination" public/privé. "L'ARS a bien dirigé les choses, et il y a eu une bonne adaptation des établissements par rapport à cette pathologie", constate-t-il.

"L'hôpital, la digue, a tenu grâce au personnel, à l'agilité et la coopération public/privé. La fragilité se situe en seconde ligne, dans les Ehpad, dans les soins à domicile […] Bien évidemment, on n'était pas assez préparé, la prévention a manqué", déplore-t-il toutefois, considérant qu'après une "phase défensive" viendrait, le 11 mai, la phase "offensive", grâce aux tests et à l'isolement des malades.

Jean-Louis Touraine (LREM, Rhône), qui suit les patients habituels de son cabinet via la télémédecine, évoque un "travail énorme des Ehpad" pour obtenir du matériel et remplacer les personnels manquants car malades, et note que l'ouverture des visites aux familles va compliquer la donne.

Il observe lui aussi une bonne intelligence entre secteurs public et privé, sous la coordination par les HCL et l'ARS de la répartition des malades. "Malgré de nombreux patients à Lyon, on a frôlé la saturation mais on ne l'a jamais dépassée grâce à cette répartition", affirme-t-il, rendant hommage au personnel hospitalier, "admirable".

"Il va falloir prévoir un accompagnement psychologique dans la durée, car ils risquent de basculer dans l'épuisement, après avoir travaillé jours et nuits pendant longtemps, dans des conditions difficiles, avec une forte mortalité des patients, et commencer à réfléchir à la préparation de la transformation de l'hôpital", ajoute-t-il.

La prise en charge de la santé mentale des soignants les plus affectés nécessitera du temps

Martine Wonner (LREM, Bas-Rhin), psychiatre investie dans la cellule Covipsy 67 lancée par la cellule d'urgence médico-psychologique (CUMP) du Bas-Rhin, explique que les appels de soignants ont été assez rares au début, alors qu'ils étaient dans le feu de l'action, mais qu'ils sont désormais de plus en plus nombreux, alors que "les choses ne se stabilisent pas" en réanimation.

Elle dépeint une "souffrance psychique maximale" des soignants illustrée par la tentative de suicide d'une infirmière à Strasbourg. "Il faudra pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois un accompagnement des personnes qui ont mal vécu le confinement, des patients de psychiatrie, bien qu'il y ait peu de décompensations chez ces derniers, et surtout des soignants", affirme la députée.

Brahim Hammouche (Modem, Moselle), psychiatre aux urgences du CHR de Metz-Thionville, constate également peu de difficultés liées au confinement chez les patients hospitalisés en psychiatrie.

Il estime pertinent l'idée d'un "sas de décompression" à destination des soignants, au même titre que celui appliqué pour les militaires de retour d'opérations extérieures, mais limitée par l'incertitude quant à ce que sera le "normal" auquel revenir demain, le virus étant toujours présent. Il souligne aussi que la réadaptation fonctionnelle, respiratoire et psychique des patients sortis de réanimation nécessitera du temps et des moyens.

Martine Wonner considère ce sas indispensable notamment pour les soignants mobilisés en réanimation, dont les plus jeunes, confrontés pour beaucoup à la mort pour la première fois, et à de multiples reprises, ainsi que pour les soignants des Ehpad confrontés à la souffrance et aux décès des résidents n'ayant pas pu bénéficier de prise en charge médicale.

Brahim Hammouche note par ailleurs une "vraie révolution" dans l'utilisation du numérique en psychiatrie, même chez les plus réfractaires, bien que les nombreuses téléconsultations et consultations téléphoniques effectuées en centres médico-psychologiques (CMP) compliquent la donne, la dimension non verbale des entretiens étant amoindrie sinon perdue.

Marc Delatte (LREM, Aisne), médecin généraliste en renfort en Ehpad au sein du CH de Soissons depuis trois semaines, remonte "beaucoup d'inquiétudes, beaucoup d'angoisses des soignants", inquiets d'être susceptibles de contaminer leurs résidents, et un sentiment de "déconnexion entre les déclarations politiques et les problématiques de terrain" sur la question des tests notamment.

"La moitié des morts dans l'Aisne sont en Ehpad, et l'inquiétude a été renforcée par le décès d'une infirmière du CH ainsi que celui d'un médecin anesthésiste ayant exercé ici" (cf dépêche du 22/03/2020 à 13:51), explique le député, qui a passé sa première semaine à jouer le rôle de "psychologue de service".

"Il faut que la confiance revienne, qu'ils soient en mode projet pour l'après. Il y a une belle mobilisation collective, mais le décompte macabre en Ehpad n'arrange pas la situation pour le personnel, ça entretient l'inquiétude. C'est donc hyper important d'avoir des messages positifs sur ce qui est fait en Ehpad", commente-t-il, telle l'acquisition de tablettes pour faciliter le quotidien des résidents.

S'il salue l'ouverture des visites aux familles annoncée dimanche par Edouard Philippe et Olivier Véran, il constate que cela "n'est pas simple, ça demande une organisation, qui dépend des moyens, du personnel, de l'espace, alors que les familles appellent dès le lendemain de l'annonce. Il faut gérer les appels, les flux", observe-t-il.

Reconnaissance aux professionnels et "couacs" du système

Marc Delatte salue le "travail formidable" des praticiens à diplôme hors Union européenne (Padhue) qui composent les effectifs du CH de Soissons. "Au niveau de la reconnaissance de la nation, il faudra accélérer leur accompagnement et leur reconnaissance, c'est très important", considère-t-il.

Caroline Fiat (France Insoumise, Meurthe-et-Moselle), aide-soignante en renfort au CHU de Nancy, regrette les "couacs" de la réserve sanitaire, et explique avoir dû se tourner vers l'ARS et la direction du CHU pour pouvoir intervenir en renfort.

Julien Borowczick (LREM, Loire), médecin généraliste partagé entre des consultations en cabinet et sa participation à la régulation du Samu du CHU de Saint-Etienne, regrette une réflexion en deux temps sur les consommables, le problème des surblouses n'ayant été traité qu'une fois la question des masques réglée, observe-t-il.

Josiane Corneloup (LR, Saône-et-Loire) et Agnès Firmin Le Bodo (UAI, Seine-Maritime), pharmaciens d'officine, évoquent quant à elles une "période très difficile" face aux frustrations des personnels de santé et particuliers venus chercher des masques censés répondre à leurs besoins.

"Il y a eu beaucoup d'ordres et de contre-ordres de l'ARS, des professionnels de santé exclus, une communication pas claire", déplore Josiane Corneloup, citant les services à domicile ou paramédicaux "oubliés".

Elle se réjouit toutefois de voir que l'interdiction précoce des visites en Ehpad, la mobilisation des hygiénistes hospitaliers et la mise en place d'équipes mobiles de gériatrie dans sa circonscription aient permis de préserver le millier de résidents d'Ehpad du Covid-19.

"L'hôpital de proximité est une ressource, l'anticipation est fondamentale, les professionnels de santé sont en totale capacité de s'organiser, de mettre en place des réponses concrètes, il faut les libérer de la technocratie, leur faire confiance", affirme-t-elle, soulignant la nécessité de verser aussi la prime exceptionnelle au personnel des établissements médico-sociaux, auxiliaires de vie ou encore ambulanciers.

Agnès Firmin Le Bodo estime que le port du masque va s'imposer longtemps, et que les pharmaciens ont un rôle de premier plan à jouer dans leurs distributions au grand public, mais que le gouvernement doit présenter un plan pour les masques grand public incluant une régulation des prix, la question de la collecte et du recyclage des déchets.

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