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26/08 2020
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COVID-19 EN GUYANE: LE PIC ÉPIDÉMIQUE EST PASSÉ, IL FAUT DÉSORMAIS RENFORCER DURABLEMENT L'OFFRE DE SOINS (CLARA DE BORT)

(Par Sylvain LABAUNE)

CAYENNE, 26 août 2020 (APMnews) - La situation épidémique "s'améliore doucement" en Guyane et il faut désormais travailler à l'augmentation pérenne de l'offre de soins, notamment le capacitaire de réanimation, a déclaré mardi à APMnews la directrice de l'agence régionale de santé (ARS) Guyane, Clara de Bort.

Le pic épidémique a été atteint "début juillet". "Nous sommes actuellement en phase de redescente" mais "la situation s'améliore lentement", a expliqué Clara de Bort.

Le taux d'incidence était de 89,1 pour 100.000 habitants en Guyane du 16 au 22 août d'après Santé publique France, ce qui reste toujours "au-dessus [de la plupart] des autres territoires français", a-t-elle souligné. Pour comparaison, le taux d'incidence sur cette même période était de 96,9/100.000 dans les Alpes-Maritimes, de 100,8/100.000 à Paris, de 128,7/100.000 à Saint-Martin et de 131,6/100.000 dans les Bouches-du-Rhône,

"Le taux de positivité diminue mais il est toujours de 7,5%", soit "un taux bien au-dessus de ce qui est attendu en période calme", a-t-elle poursuivi.

Donc "ça baisse, mais ça baisse lentement", a-t-elle répété. Mardi, il y avait 14 patients Covid en réanimation en Guyane, auxquels s'ajoutent une dizaine de patients non Covid en réanimation. "Nous sommes encore à des capacités de réanimation qui sont deux fois et demi supérieures" à celles d'avant la crise, c'est-à-dire 13 lits de réanimation uniquement au centre hospitalier (CH) de Cayenne.

Par ailleurs, une des caractéristiques de la Guyane est que "nous avons une pression de dépistage toujours élevée avec bientôt 50.000 tests réalisés pour une population de 300.000 habitants, soit une personne sur six testée depuis le début de l'épidémie, ce qui est énorme".

Pérenniser des lits de réanimation à Saint-Laurent-du-Maroni

Un "des apprentissages forts de cette crise" a été la "pertinence" d'installer des lits de réanimation ailleurs qu'à l'hôpital de Cayenne. Cela a permis "d'équilibrer la charge" et "de limiter au maximum les transferts de patients", a expliqué Clara de Bort.

Au plus fort de l'épidémie, l'ARS a accordé des autorisations temporaires au CH de Kourou ainsi qu'au centre hospitalier de l’Ouest guyanais (Chog), à Saint-Laurent-du-Maroni, ce dernier ne disposant auparavant que de quelques lits de soins continus (cf dépêche du 07/07/2020 à 17:04 et dépêche du 08/07/2020 à 13:29).

Au Chog, le projet est "très certainement" d'installer "entre 4 et 6 lits de réanimation", "ce travail est en cours avec les équipes". Au CH de Kourou, la crise accélère la réalisation d'un projet plus ancien qui pourrait aboutir à la création de "4 lits de soins continus", a indiqué la directrice générale.

"Chaque hôpital ne peut plus faire des projets dans son coin" mais s'inscrire "dans une logique de filières, surtout entre Kourou et Cayenne qui sont distants de seulement 70 kilomètres", a-t-elle commenté.

Cependant, le projet de pérenniser des lits de réanimation à l'Ouest crée un besoin important en personnels qualifiés, jusqu'à présent pourvu par l'arrivée de renforts depuis l'Hexagone (en particulier de la réserve sanitaire).

Pour "renforcer l'offre de soins", outre les "équipements acquis pendant la crise et qui vont subsister", cela passe "par l'attractivité de personnels et la qualification sur place", déclare Clara de Bort.

Cette "stratégie" préalable à la définition d'un "nouveau capacitaire post Covid" est en cours de réflexion, précise-t-elle. Ce sera d'ailleurs un des enjeux de la mission d'inspection, chargée de préparer des préconisations stratégiques pour l'ouverture d'un CHU en Guyane, qui débute vendredi (cf dépêche du 29/07/2020 à 14:51).

Créer des lits dans les centres médicaux du centre de la Guyane

Pour développer l'offre de soins en Guyane, l'ambition est également de développer les structures dans les territoires intérieurs de la Guyane puisqu' "aujourd'hui nous avons uniquement des centres de santé avec des lits d'observation". Les deux plus importants sont situés à Maripasoula et Saint-Georges-de-l'Oyapock.

"Il faut monter d'un cran pour y créer véritablement des lits de médecine." Pour "absorber le choc" pendant la crise, "ils ont tous organisé des filières Covid et non Covid afin d'éviter le mélange des flux, ce qui a d'ailleurs consommé pas mal de personnels". Ils ont également dû parfois réaliser "un agrandissement temporaire".

Ces centres de santé "ont été amenés à mettre en observation des patients Covid mais cela était plutôt minoritaire" car "nous sommes en présence dans ces régions d'une population jeune avec très peu de cas graves". Et lorsque la situation l'imposait, des évacuations ont été organisées vers Cayenne, continue Clara de Bort.

Evasan: "je ne remercierai jamais assez les Antilles"

En ce qui concerne les évacuations sanitaires (Evasan), dont la mission Merope des forces armées de Guyane s'est terminée fin juillet (cf dépêche du 21/07/2020 à 11:15), la stratégie a été de les réaliser "très tôt" et "de façon prudentielle avant d'être débordés" vers les Antilles, explique-t-elle.

Cette stratégie "a clairement été tirée des enseignements appris en Métropole" quelques semaines plus tôt, "cela n'a d'ailleurs pas toujours été compris localement".

"Je ne remercierai jamais assez les Antilles [CHU de la Martinique et de la Guadeloupe] d'avoir accepté des patients Covid en réanimation alors qu'ils étaient eux-mêmes en phase de déconfinement et de redémarrage de l'activité". Cela a été "un élément clé dans le fait d'avoir résisté au choc de l'afflux massif en réanimation", souligne-t-elle.

Les deux CHU "nous ont pris au total 12 patients, soit l'équivalent d'un service entier !". Ainsi, la Guyane a pu conduire son plan de montée en charge à "un rythme tenable". Cela a été "extrêmement salutaire", en parallèle de "l'arrivée progressive" des renforts humains, car la Guyane "a subi une montée très rapide des admissions" et "il ne fallait absolument pas être surpris".

"Nous avons quand même multiplié par cinq nos capacités de réanimation en passant de 13 à une cinquantaine de lits", rappelle-t-elle.

Renforcer la coopération avec le Brésil ?

Concernant la gestion de l'épidémie aux frontières et l'importation de cas depuis le Brésil à partir de mai (cf dépêche du 04/06/2020 à 15:20), Clara de Bort a souligné "la mise en place très tôt de contrôles sanitaires pour limiter la circulation des populations", en particulier au "pont binational France Brésil [sur le fleuve l'Oyapock] mais aussi sur les routes intérieures de Guyane".

"Nous savons que pour avancer durablement sur ces sujets", "il faut faire vivre la coopération sanitaire" qui s'effectue déjà toute l'année avec le Brésil (VIH, suivi de malades chroniques brésiliens à la frontière, etc.). Des équipements de protection ont notamment été envoyés pendant la crise.

"C'est un peu tôt pour tirer des enseignements [mais] nous sommes entièrement disposés à apporter un appui technique et logistique à nos voisins s'ils le souhaitent", indique la directrice générale.

Lors d'une audition en juillet à l'Assemblée nationale, le député Gabriel Serville (GDR, Guyane) a affirmé qu'il aurait fallu mieux prendre en compte le fait que "les populations vivent d'un côté et de l'autre de la frontière" avec l'Etat brésilien d'Amapá (cf dépêche du 21/07/2020 à 18:57).

syl/ab/APMnews

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(Par Sylvain LABAUNE)

CAYENNE, 26 août 2020 (APMnews) - La situation épidémique "s'améliore doucement" en Guyane et il faut désormais travailler à l'augmentation pérenne de l'offre de soins, notamment le capacitaire de réanimation, a déclaré mardi à APMnews la directrice de l'agence régionale de santé (ARS) Guyane, Clara de Bort.

Le pic épidémique a été atteint "début juillet". "Nous sommes actuellement en phase de redescente" mais "la situation s'améliore lentement", a expliqué Clara de Bort.

Le taux d'incidence était de 89,1 pour 100.000 habitants en Guyane du 16 au 22 août d'après Santé publique France, ce qui reste toujours "au-dessus [de la plupart] des autres territoires français", a-t-elle souligné. Pour comparaison, le taux d'incidence sur cette même période était de 96,9/100.000 dans les Alpes-Maritimes, de 100,8/100.000 à Paris, de 128,7/100.000 à Saint-Martin et de 131,6/100.000 dans les Bouches-du-Rhône,

"Le taux de positivité diminue mais il est toujours de 7,5%", soit "un taux bien au-dessus de ce qui est attendu en période calme", a-t-elle poursuivi.

Donc "ça baisse, mais ça baisse lentement", a-t-elle répété. Mardi, il y avait 14 patients Covid en réanimation en Guyane, auxquels s'ajoutent une dizaine de patients non Covid en réanimation. "Nous sommes encore à des capacités de réanimation qui sont deux fois et demi supérieures" à celles d'avant la crise, c'est-à-dire 13 lits de réanimation uniquement au centre hospitalier (CH) de Cayenne.

Par ailleurs, une des caractéristiques de la Guyane est que "nous avons une pression de dépistage toujours élevée avec bientôt 50.000 tests réalisés pour une population de 300.000 habitants, soit une personne sur six testée depuis le début de l'épidémie, ce qui est énorme".

Pérenniser des lits de réanimation à Saint-Laurent-du-Maroni

Un "des apprentissages forts de cette crise" a été la "pertinence" d'installer des lits de réanimation ailleurs qu'à l'hôpital de Cayenne. Cela a permis "d'équilibrer la charge" et "de limiter au maximum les transferts de patients", a expliqué Clara de Bort.

Au plus fort de l'épidémie, l'ARS a accordé des autorisations temporaires au CH de Kourou ainsi qu'au centre hospitalier de l’Ouest guyanais (Chog), à Saint-Laurent-du-Maroni, ce dernier ne disposant auparavant que de quelques lits de soins continus (cf dépêche du 07/07/2020 à 17:04 et dépêche du 08/07/2020 à 13:29).

Au Chog, le projet est "très certainement" d'installer "entre 4 et 6 lits de réanimation", "ce travail est en cours avec les équipes". Au CH de Kourou, la crise accélère la réalisation d'un projet plus ancien qui pourrait aboutir à la création de "4 lits de soins continus", a indiqué la directrice générale.

"Chaque hôpital ne peut plus faire des projets dans son coin" mais s'inscrire "dans une logique de filières, surtout entre Kourou et Cayenne qui sont distants de seulement 70 kilomètres", a-t-elle commenté.

Cependant, le projet de pérenniser des lits de réanimation à l'Ouest crée un besoin important en personnels qualifiés, jusqu'à présent pourvu par l'arrivée de renforts depuis l'Hexagone (en particulier de la réserve sanitaire).

Pour "renforcer l'offre de soins", outre les "équipements acquis pendant la crise et qui vont subsister", cela passe "par l'attractivité de personnels et la qualification sur place", déclare Clara de Bort.

Cette "stratégie" préalable à la définition d'un "nouveau capacitaire post Covid" est en cours de réflexion, précise-t-elle. Ce sera d'ailleurs un des enjeux de la mission d'inspection, chargée de préparer des préconisations stratégiques pour l'ouverture d'un CHU en Guyane, qui débute vendredi (cf dépêche du 29/07/2020 à 14:51).

Créer des lits dans les centres médicaux du centre de la Guyane

Pour développer l'offre de soins en Guyane, l'ambition est également de développer les structures dans les territoires intérieurs de la Guyane puisqu' "aujourd'hui nous avons uniquement des centres de santé avec des lits d'observation". Les deux plus importants sont situés à Maripasoula et Saint-Georges-de-l'Oyapock.

"Il faut monter d'un cran pour y créer véritablement des lits de médecine." Pour "absorber le choc" pendant la crise, "ils ont tous organisé des filières Covid et non Covid afin d'éviter le mélange des flux, ce qui a d'ailleurs consommé pas mal de personnels". Ils ont également dû parfois réaliser "un agrandissement temporaire".

Ces centres de santé "ont été amenés à mettre en observation des patients Covid mais cela était plutôt minoritaire" car "nous sommes en présence dans ces régions d'une population jeune avec très peu de cas graves". Et lorsque la situation l'imposait, des évacuations ont été organisées vers Cayenne, continue Clara de Bort.

Evasan: "je ne remercierai jamais assez les Antilles"

En ce qui concerne les évacuations sanitaires (Evasan), dont la mission Merope des forces armées de Guyane s'est terminée fin juillet (cf dépêche du 21/07/2020 à 11:15), la stratégie a été de les réaliser "très tôt" et "de façon prudentielle avant d'être débordés" vers les Antilles, explique-t-elle.

Cette stratégie "a clairement été tirée des enseignements appris en Métropole" quelques semaines plus tôt, "cela n'a d'ailleurs pas toujours été compris localement".

"Je ne remercierai jamais assez les Antilles [CHU de la Martinique et de la Guadeloupe] d'avoir accepté des patients Covid en réanimation alors qu'ils étaient eux-mêmes en phase de déconfinement et de redémarrage de l'activité". Cela a été "un élément clé dans le fait d'avoir résisté au choc de l'afflux massif en réanimation", souligne-t-elle.

Les deux CHU "nous ont pris au total 12 patients, soit l'équivalent d'un service entier !". Ainsi, la Guyane a pu conduire son plan de montée en charge à "un rythme tenable". Cela a été "extrêmement salutaire", en parallèle de "l'arrivée progressive" des renforts humains, car la Guyane "a subi une montée très rapide des admissions" et "il ne fallait absolument pas être surpris".

"Nous avons quand même multiplié par cinq nos capacités de réanimation en passant de 13 à une cinquantaine de lits", rappelle-t-elle.

Renforcer la coopération avec le Brésil ?

Concernant la gestion de l'épidémie aux frontières et l'importation de cas depuis le Brésil à partir de mai (cf dépêche du 04/06/2020 à 15:20), Clara de Bort a souligné "la mise en place très tôt de contrôles sanitaires pour limiter la circulation des populations", en particulier au "pont binational France Brésil [sur le fleuve l'Oyapock] mais aussi sur les routes intérieures de Guyane".

"Nous savons que pour avancer durablement sur ces sujets", "il faut faire vivre la coopération sanitaire" qui s'effectue déjà toute l'année avec le Brésil (VIH, suivi de malades chroniques brésiliens à la frontière, etc.). Des équipements de protection ont notamment été envoyés pendant la crise.

"C'est un peu tôt pour tirer des enseignements [mais] nous sommes entièrement disposés à apporter un appui technique et logistique à nos voisins s'ils le souhaitent", indique la directrice générale.

Lors d'une audition en juillet à l'Assemblée nationale, le député Gabriel Serville (GDR, Guyane) a affirmé qu'il aurait fallu mieux prendre en compte le fait que "les populations vivent d'un côté et de l'autre de la frontière" avec l'Etat brésilien d'Amapá (cf dépêche du 21/07/2020 à 18:57).

syl/ab/APMnews

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