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21/12 2018
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DÉCÈS AUX URGENCES DE L'HÔPITAL LARIBOISIÈRE: LES CONCLUSIONS DE L'ENQUÊTE ATTENDUES POUR DÉBUT JANVIER

PARIS, 21 décembre 2018 (APMnews) - Les premières conclusions de l'enquête diligentée par l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France à la suite du décès inexpliqué, mardi, d'une patiente au service des urgences de l'hôpital Lariboisière, sont attendues pour début janvier, a indiqué jeudi soir le CHU dans un communiqué.

L'AP-HP a annoncé mardi avoir avisé le procureur de la République de Paris du décès inexpliqué d’une patiente au sein du service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière (Paris 10ème) (cf dépêche du 19/12/2018 à 11:21). Le parquet a ouvert une enquête aux fins de "recherche des causes de la mort".

Dans un communiqué diffusé jeudi soir, l'AP-HP a précisé que le décès de cette femme de 55 ans, constaté mardi à 6h20, soit 12 h après son admission, fait l'objet d'une enquête diligentée par elle et l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France. Celle-ci sera co-dirigée par le Pr Dominique Pateron, président de la collégiale des urgences de l’AP-HP et chef de service des urgences de l’hôpital Saint-Antoine, et le Dr Pierre Charestan, chef de service des urgences de l’hôpital d’Aulnay-sous-Bois.

Cette enquête "a pour objectifs de reconstituer la chronologie précise des faits, connaître les circonstances et les causes de ce décès", explique l'AP-HP. Elle devra "analyser le processus de prise en charge de cette patiente, sa conformité aux bonnes pratiques et aux recommandations et notamment celles diffusées à l’issue du décès survenu dans des circonstances proches au sein du service des urgences de l’hôpital Cochin en 2014, ainsi que les mesures correctrices pouvant être mises en place".

Dans le cas de l'hôpital Cochin, le défaut de localisation d'une patiente avait constitué une anomalie et donné lieu à la définition de procédures à respecter, en matière d'identitovigilance et de communication notamment (cf dépêche du 28/02/2014 à 14:38).

Un autre objectif de l'enquête est de formuler, "en tant que de besoin, des recommandations plus générales sur le fonctionnement du service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière et l’ensemble des services d’urgences de l’AP-HP et de la région Ile-de-France", précise le communiqué. Les premières conclusions sont attendues "tout début janvier 2019".

En attendant, le CHU donne davantage de précisions sur la prise en charge de la patiente décédée. Cette dernière "avait initialement cherché à consulter un centre médical mais n’avait pu être reçue, puis a été prise en charge par la brigade des sapeurs-pompiers de Paris le lundi 17 décembre 2018 et amenée au service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière vers 18h45", selon le communiqué.

"Elle a été accueillie par l’infirmière d’accueil et d’orientation, enregistrée dans le circuit de prise en charge du service et orientée dans un 'circuit court'. A 1h20 du matin après avoir été appelée sans succès, la patiente [a été] considérée comme étant sortie. Elle [a été] retrouvée décédée vers 6h00 dans la salle d’attente du service d’accueil des urgences de l’hôpital".

L'AP-HP ajoute que "la direction de l'hôpital a immédiatement proposé aux équipes du service des urgences, particulièrement bouleversées par ce décès, un accompagnement psychologique".

Elle souligne que "les effectifs étaient ce jour-là conformes au planning dans un contexte d’activité soutenue".

Dans un communiqué, mardi, l'Union syndicale CGT de l’AP-HP (Usap-CGT) a pointé la question des sous-effectifs.

Le service d'accueil des urgences de Lariboisière "est fréquemment en saturation et déjà cet été, au mois de juillet, nous avions, avec les agents, tiré le signal d’alarme", a rappelé le syndicat (cf dépêche du 02/08/2018 à 19:29). Il a indiqué avoir demandé la tenue d'une réunion extraordinaire du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), qui s'est tenue jeudi.

"Nous allons demander que la commission chargée de l'enquête soit paritaire, avec des personnels paramédicaux et leurs représentants", a commenté vendredi auprès d'APMnews Yann Flecher, responsable syndical CGT de l'hôpital Lariboisière et élu au comité central d'établissement de l'AP-HP. "Le CHSCT a aussi un rôle à jouer" en la matière, a-t-il relevé.

Un plan d'action en cours de déploiement

Dans son communiqué, l'AP-HP confirme que "le service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière est celui où le nombre de passages est le plus important de l’AP-HP avec près de 85.000 passages annuels et une progression de plus 5% depuis 2017". Les équipes "y sont régulièrement confrontées à la grande précarité et aux incivilités", ajoute-t-elle.

A la suite des "tensions de cet été avec des fréquentations records de 350 passages/jour (contre 230 passages/jour en moyenne), un plan d’actions a été validé en septembre 2018. Il est en cours de déploiement. Les principales mesures visaient notamment à fluidifier la prise en charge et limiter les temps d’attente", fait-elle savoir.

Le CHU détaille que "74 postes d’infirmiers étaient prévus pour 2018, dont 4 étaient vacants cet été". Depuis, quatre recrutements ont été réalisés. D'autres pour "trois postes supplémentaires [sont] en cours et les personnes arriveront au printemps 2019 au plus tard".

"Sans attendre l’arrivée de ces trois nouveaux agents, la direction de l’hôpital s’est engagée à assurer la priorité au service des urgences pour les missions de suppléance", souligne l'AP-HP. "D’août à novembre 2018, les mesures de renfort apportés au service d’accueil des urgences (suppléance, intérim, vacataires et heures supplémentaires) ont permis de soutenir le service à hauteur de quatre infirmiers et de quatre aides-soignants".

L'AP-HP signale aussi que, "depuis novembre 2018, un médecin d’accueil et orientation assure de 12h00 à 18h00 la prise en charge des patients ne nécessitant qu’une consultation simple sans intervention des personnels paramédicaux". Pour autant, ce dernier "devrait intervenir après 18h30, là où les besoins sont les plus importants", a commenté Yann Flecher, précisant qu'en CHSCT, il a été annoncé que ce médecin interviendrait "toute la journée".

Le CHU évoque en outre deux recrutements supplémentaires de médecins urgentistes effectués entre juillet et février 2019.

"Compte tenu du contexte particulier du service qui accueille toutes les nuits de nombreuses personnes dans une situation sociale complexe et qui ne relève pas uniquement du soin, il a également été décidé de mettre en place une mission de médiation sociale", poursuit-il.

Dans ce cadre, un poste d’assistant en médecine interne partagé avec le centre de santé Richerand a été créé en novembre 2018. "En post-hospitalisation, cet assistant suit au centre de santé les patients jusqu’alors sans médecin traitant. L’objectif est ainsi de limiter les sollicitations évitables aux urgences".

"Des rencontres ont eu lieu avec les partenaires extérieurs afin d’organiser leurs passages aux urgences et de prendre en charge les sans-abri qui y sont hébergés la nuit sans motif médical. L’objectif est également de pérenniser l’équipe de médecins libéraux qui assurent une permanence en soirée aux urgences", explique encore l'AP-HP.

L'extrême difficulté de l'hôpital public

Dans un communiqué de jeudi, le Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) a déploré "l’extrême difficulté dans laquelle se trouve aujourd’hui l’hôpital public". Selon l'instance, cette "extrême difficulté appelle des mesures d’urgence structurantes, dirigées vers les établissements bien sûr, mais aussi vers le personnel hospitalier, afin de retrouver les voies d’un fonctionnement normal".

L’Association des médecins urgentistes (Amuf) a, dans un communiqué de jeudi, alerté "sur la situation devenue impossible à gérer dans les services d'urgences des hôpitaux" et demandé un rendez-vous "avec la ministre de la santé afin de proposer et de trouver des solutions face à la saturation du système des urgences en France".

Interrogée sur cet événement mercredi soir sur France 3, Agnès Buzyn a estimé que celui-ci n'était pas forcément lié à un problème de moyens. Il faut "vérifier que toutes les procédures mises en oeuvre dans les services d'urgence ont bien été respectées", a-t-elle considéré.

mlb/san/APMnews

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PARIS, 21 décembre 2018 (APMnews) - Les premières conclusions de l'enquête diligentée par l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France à la suite du décès inexpliqué, mardi, d'une patiente au service des urgences de l'hôpital Lariboisière, sont attendues pour début janvier, a indiqué jeudi soir le CHU dans un communiqué.

L'AP-HP a annoncé mardi avoir avisé le procureur de la République de Paris du décès inexpliqué d’une patiente au sein du service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière (Paris 10ème) (cf dépêche du 19/12/2018 à 11:21). Le parquet a ouvert une enquête aux fins de "recherche des causes de la mort".

Dans un communiqué diffusé jeudi soir, l'AP-HP a précisé que le décès de cette femme de 55 ans, constaté mardi à 6h20, soit 12 h après son admission, fait l'objet d'une enquête diligentée par elle et l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France. Celle-ci sera co-dirigée par le Pr Dominique Pateron, président de la collégiale des urgences de l’AP-HP et chef de service des urgences de l’hôpital Saint-Antoine, et le Dr Pierre Charestan, chef de service des urgences de l’hôpital d’Aulnay-sous-Bois.

Cette enquête "a pour objectifs de reconstituer la chronologie précise des faits, connaître les circonstances et les causes de ce décès", explique l'AP-HP. Elle devra "analyser le processus de prise en charge de cette patiente, sa conformité aux bonnes pratiques et aux recommandations et notamment celles diffusées à l’issue du décès survenu dans des circonstances proches au sein du service des urgences de l’hôpital Cochin en 2014, ainsi que les mesures correctrices pouvant être mises en place".

Dans le cas de l'hôpital Cochin, le défaut de localisation d'une patiente avait constitué une anomalie et donné lieu à la définition de procédures à respecter, en matière d'identitovigilance et de communication notamment (cf dépêche du 28/02/2014 à 14:38).

Un autre objectif de l'enquête est de formuler, "en tant que de besoin, des recommandations plus générales sur le fonctionnement du service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière et l’ensemble des services d’urgences de l’AP-HP et de la région Ile-de-France", précise le communiqué. Les premières conclusions sont attendues "tout début janvier 2019".

En attendant, le CHU donne davantage de précisions sur la prise en charge de la patiente décédée. Cette dernière "avait initialement cherché à consulter un centre médical mais n’avait pu être reçue, puis a été prise en charge par la brigade des sapeurs-pompiers de Paris le lundi 17 décembre 2018 et amenée au service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière vers 18h45", selon le communiqué.

"Elle a été accueillie par l’infirmière d’accueil et d’orientation, enregistrée dans le circuit de prise en charge du service et orientée dans un 'circuit court'. A 1h20 du matin après avoir été appelée sans succès, la patiente [a été] considérée comme étant sortie. Elle [a été] retrouvée décédée vers 6h00 dans la salle d’attente du service d’accueil des urgences de l’hôpital".

L'AP-HP ajoute que "la direction de l'hôpital a immédiatement proposé aux équipes du service des urgences, particulièrement bouleversées par ce décès, un accompagnement psychologique".

Elle souligne que "les effectifs étaient ce jour-là conformes au planning dans un contexte d’activité soutenue".

Dans un communiqué, mardi, l'Union syndicale CGT de l’AP-HP (Usap-CGT) a pointé la question des sous-effectifs.

Le service d'accueil des urgences de Lariboisière "est fréquemment en saturation et déjà cet été, au mois de juillet, nous avions, avec les agents, tiré le signal d’alarme", a rappelé le syndicat (cf dépêche du 02/08/2018 à 19:29). Il a indiqué avoir demandé la tenue d'une réunion extraordinaire du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), qui s'est tenue jeudi.

"Nous allons demander que la commission chargée de l'enquête soit paritaire, avec des personnels paramédicaux et leurs représentants", a commenté vendredi auprès d'APMnews Yann Flecher, responsable syndical CGT de l'hôpital Lariboisière et élu au comité central d'établissement de l'AP-HP. "Le CHSCT a aussi un rôle à jouer" en la matière, a-t-il relevé.

Un plan d'action en cours de déploiement

Dans son communiqué, l'AP-HP confirme que "le service d’accueil des urgences de l’hôpital Lariboisière est celui où le nombre de passages est le plus important de l’AP-HP avec près de 85.000 passages annuels et une progression de plus 5% depuis 2017". Les équipes "y sont régulièrement confrontées à la grande précarité et aux incivilités", ajoute-t-elle.

A la suite des "tensions de cet été avec des fréquentations records de 350 passages/jour (contre 230 passages/jour en moyenne), un plan d’actions a été validé en septembre 2018. Il est en cours de déploiement. Les principales mesures visaient notamment à fluidifier la prise en charge et limiter les temps d’attente", fait-elle savoir.

Le CHU détaille que "74 postes d’infirmiers étaient prévus pour 2018, dont 4 étaient vacants cet été". Depuis, quatre recrutements ont été réalisés. D'autres pour "trois postes supplémentaires [sont] en cours et les personnes arriveront au printemps 2019 au plus tard".

"Sans attendre l’arrivée de ces trois nouveaux agents, la direction de l’hôpital s’est engagée à assurer la priorité au service des urgences pour les missions de suppléance", souligne l'AP-HP. "D’août à novembre 2018, les mesures de renfort apportés au service d’accueil des urgences (suppléance, intérim, vacataires et heures supplémentaires) ont permis de soutenir le service à hauteur de quatre infirmiers et de quatre aides-soignants".

L'AP-HP signale aussi que, "depuis novembre 2018, un médecin d’accueil et orientation assure de 12h00 à 18h00 la prise en charge des patients ne nécessitant qu’une consultation simple sans intervention des personnels paramédicaux". Pour autant, ce dernier "devrait intervenir après 18h30, là où les besoins sont les plus importants", a commenté Yann Flecher, précisant qu'en CHSCT, il a été annoncé que ce médecin interviendrait "toute la journée".

Le CHU évoque en outre deux recrutements supplémentaires de médecins urgentistes effectués entre juillet et février 2019.

"Compte tenu du contexte particulier du service qui accueille toutes les nuits de nombreuses personnes dans une situation sociale complexe et qui ne relève pas uniquement du soin, il a également été décidé de mettre en place une mission de médiation sociale", poursuit-il.

Dans ce cadre, un poste d’assistant en médecine interne partagé avec le centre de santé Richerand a été créé en novembre 2018. "En post-hospitalisation, cet assistant suit au centre de santé les patients jusqu’alors sans médecin traitant. L’objectif est ainsi de limiter les sollicitations évitables aux urgences".

"Des rencontres ont eu lieu avec les partenaires extérieurs afin d’organiser leurs passages aux urgences et de prendre en charge les sans-abri qui y sont hébergés la nuit sans motif médical. L’objectif est également de pérenniser l’équipe de médecins libéraux qui assurent une permanence en soirée aux urgences", explique encore l'AP-HP.

L'extrême difficulté de l'hôpital public

Dans un communiqué de jeudi, le Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) a déploré "l’extrême difficulté dans laquelle se trouve aujourd’hui l’hôpital public". Selon l'instance, cette "extrême difficulté appelle des mesures d’urgence structurantes, dirigées vers les établissements bien sûr, mais aussi vers le personnel hospitalier, afin de retrouver les voies d’un fonctionnement normal".

L’Association des médecins urgentistes (Amuf) a, dans un communiqué de jeudi, alerté "sur la situation devenue impossible à gérer dans les services d'urgences des hôpitaux" et demandé un rendez-vous "avec la ministre de la santé afin de proposer et de trouver des solutions face à la saturation du système des urgences en France".

Interrogée sur cet événement mercredi soir sur France 3, Agnès Buzyn a estimé que celui-ci n'était pas forcément lié à un problème de moyens. Il faut "vérifier que toutes les procédures mises en oeuvre dans les services d'urgence ont bien été respectées", a-t-elle considéré.

mlb/san/APMnews

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