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21/09 2018
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DÉPISTAGE DE LA NAFLD: ÉCHOGRAPHIE ET IRM POURRAIENT REMPLACER LA BIOPSIE (SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE RADIOLOGIE)

PARIS, 21 septembre 2018 (APMnews) - Le diagnostic de l'hépatopathie dysmétabolique, bientôt première cause de maladie chronique du foie dans le monde, devrait désormais être réalisé par des techniques d'imagerie, a affirmé un spécialiste lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à Paris jeudi en amont du congrès de la Société française de radiologie (SFR).

"Un adulte sur quatre dans le monde est atteint d'une forme d'hépatopathie dysmétabolique (ou NAFLD pour non alcoholic fatty liver disease), une atteinte hépatique du syndrome métabolique qui est le plus souvent une stéatose simple", a rappelé Maxime Ronot, radiologue à l'hôpital universitaire Paris-Nord Beaujon.

"Le syndrome métabolique est un facteur de risque cardiovasculaire bien connu dans le diabète, mais il l'est moins au niveau hépatique", a expliqué le spécialiste. "Or, une surcharge graisseuse peut évoluer en stéatohépatite non alcoolique (NASH), en fibrose puis en cirrhose, ce qui expose à un risque élevé de cancer du foie."

Le professeur a estimé qu'alors qu'on commençait à maîtriser les principales causes historiques de la cirrhose que sont la consommation excessive d’alcool ou les hépatites virales (hépatite C), la stéatopathie dysmétabolique allait devenir la première cause d’hépatopathie chronique ou de cirrhose en France et dans le monde à l’horizon 2025-2030.

L'imagerie quantitative, supérieure aux données histologiques qualitatives

Sa mise en évidence repose actuellement sur la biopsie. Mais selon le radiologue, "cette technique demeure invasive, expose les patients à une douleur et un risque de complications, sans pour autant permettre de déterminer la quantité réelle de graisse présente".

"Or, l'IRM permet de réaliser cette quantification de manière non invasive en analysant la composition chimique des tissus", poursuit-il. "La sensibilité de cette technique permet de déterminer la fraction graisseuse du foie et de rapidement tracer des cartes d’intérêt au 10e de pourcent près."

S'appuyant sur des publications démontrant que cet examen d'imagerie présente des performances diagnostiques et une reproductibilité supérieures à celles de la biopsie, Maxime Ronot considère que l'IRM devrait désormais être "la nouvelle technique de référence".

"La communauté mondiale des gastro-entérologues ou hépatologues reconnaît que l’on assiste à un changement de paradigme", explique-t-il. "Il est temps de remplacer l'évaluation de l'histologie hépatique par biopsie par des tests d'exploration en imagerie basés sur la résonnance magnétique pour évaluer l'efficacité des interventions pour la stéatose hépatique non alcoolique, notamment en termes de quantification et de diagnostic".

Le radiologue a précisé que l'IRM était actuellement un examen long et coûteux qui reposait sur l'acquisition et l'analyse de multiples séquences. "On dévie peu du protocole standard mais il est temps que l'on commence à le personnaliser et que l'on s’autorise à ne pas faire une exploration complète de l’organe, afin de se focaliser simplement sur une cible précise", insiste-t-il.

Comme il est, selon lui, inenvisageable de réaliser une IRM chez tous les patients nécessitant une estimation de leur surcharge graisseuse, Maxime Ronot a souligné le besoin de développer des outils plus faciles, plus accessibles et moins chers comme examens de première ligne.

Les développements prometteurs de l'échographie

"L'échographie est une technique d'estimation morphologique très performante lorsque la surcharge en graisse est très importante, mais cette performance est bien moindre lorsque cette surcharge est faible ou modérée. Or ce sont ces patients que l’on veut diagnostiquer tôt pour les prendre en charge le plus précocement possible", indique-t-il.

"Les constructeurs d'échographes ne se sont pas arrêtés à une vision purement qualitative des données. Ils tentent actuellement de quantifier la manière selon laquelle les ultrasons interagissent avec le foie, puisque l'on sait que l'apparition et le dépôt de graisse perturbent le déplacement et l'absorption de ces derniers, ajoute-t-il.

Deux techniques sont actuellement en développement et seront présentées aux JFR. La première repose sur la quantification de la vitesse du son. Cela permet d'obtenir une estimation assez fine de la quantité de graisse. Cette technique a montré une très bonne corrélation avec l'IRM. La seconde, qui consiste à mesurer l'atténuation des ultrasons, pourrait permettre de distinguer l'absence de stéatose et une stéatose faible.

"Ces deux techniques pourraient être les premiers outils de dépistage et de triage de patients. Cela permettrait de les orienter vers des examens de deuxième ligne plus compliqués comme l’IRM", estime Maxime Ronot.

"A terme, la technique de référence qu'est devenue l'IRM pourrait s'appliquer aux autres maladies de surcharge", a-t-il conclu en prenant comme exemple l'hémochromatose.

cab/fb/APMnews

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DÉPISTAGE DE LA NAFLD: ÉCHOGRAPHIE ET IRM POURRAIENT REMPLACER LA BIOPSIE (SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE RADIOLOGIE)

PARIS, 21 septembre 2018 (APMnews) - Le diagnostic de l'hépatopathie dysmétabolique, bientôt première cause de maladie chronique du foie dans le monde, devrait désormais être réalisé par des techniques d'imagerie, a affirmé un spécialiste lors d'une conférence de presse qui s'est tenue à Paris jeudi en amont du congrès de la Société française de radiologie (SFR).

"Un adulte sur quatre dans le monde est atteint d'une forme d'hépatopathie dysmétabolique (ou NAFLD pour non alcoholic fatty liver disease), une atteinte hépatique du syndrome métabolique qui est le plus souvent une stéatose simple", a rappelé Maxime Ronot, radiologue à l'hôpital universitaire Paris-Nord Beaujon.

"Le syndrome métabolique est un facteur de risque cardiovasculaire bien connu dans le diabète, mais il l'est moins au niveau hépatique", a expliqué le spécialiste. "Or, une surcharge graisseuse peut évoluer en stéatohépatite non alcoolique (NASH), en fibrose puis en cirrhose, ce qui expose à un risque élevé de cancer du foie."

Le professeur a estimé qu'alors qu'on commençait à maîtriser les principales causes historiques de la cirrhose que sont la consommation excessive d’alcool ou les hépatites virales (hépatite C), la stéatopathie dysmétabolique allait devenir la première cause d’hépatopathie chronique ou de cirrhose en France et dans le monde à l’horizon 2025-2030.

L'imagerie quantitative, supérieure aux données histologiques qualitatives

Sa mise en évidence repose actuellement sur la biopsie. Mais selon le radiologue, "cette technique demeure invasive, expose les patients à une douleur et un risque de complications, sans pour autant permettre de déterminer la quantité réelle de graisse présente".

"Or, l'IRM permet de réaliser cette quantification de manière non invasive en analysant la composition chimique des tissus", poursuit-il. "La sensibilité de cette technique permet de déterminer la fraction graisseuse du foie et de rapidement tracer des cartes d’intérêt au 10e de pourcent près."

S'appuyant sur des publications démontrant que cet examen d'imagerie présente des performances diagnostiques et une reproductibilité supérieures à celles de la biopsie, Maxime Ronot considère que l'IRM devrait désormais être "la nouvelle technique de référence".

"La communauté mondiale des gastro-entérologues ou hépatologues reconnaît que l’on assiste à un changement de paradigme", explique-t-il. "Il est temps de remplacer l'évaluation de l'histologie hépatique par biopsie par des tests d'exploration en imagerie basés sur la résonnance magnétique pour évaluer l'efficacité des interventions pour la stéatose hépatique non alcoolique, notamment en termes de quantification et de diagnostic".

Le radiologue a précisé que l'IRM était actuellement un examen long et coûteux qui reposait sur l'acquisition et l'analyse de multiples séquences. "On dévie peu du protocole standard mais il est temps que l'on commence à le personnaliser et que l'on s’autorise à ne pas faire une exploration complète de l’organe, afin de se focaliser simplement sur une cible précise", insiste-t-il.

Comme il est, selon lui, inenvisageable de réaliser une IRM chez tous les patients nécessitant une estimation de leur surcharge graisseuse, Maxime Ronot a souligné le besoin de développer des outils plus faciles, plus accessibles et moins chers comme examens de première ligne.

Les développements prometteurs de l'échographie

"L'échographie est une technique d'estimation morphologique très performante lorsque la surcharge en graisse est très importante, mais cette performance est bien moindre lorsque cette surcharge est faible ou modérée. Or ce sont ces patients que l’on veut diagnostiquer tôt pour les prendre en charge le plus précocement possible", indique-t-il.

"Les constructeurs d'échographes ne se sont pas arrêtés à une vision purement qualitative des données. Ils tentent actuellement de quantifier la manière selon laquelle les ultrasons interagissent avec le foie, puisque l'on sait que l'apparition et le dépôt de graisse perturbent le déplacement et l'absorption de ces derniers, ajoute-t-il.

Deux techniques sont actuellement en développement et seront présentées aux JFR. La première repose sur la quantification de la vitesse du son. Cela permet d'obtenir une estimation assez fine de la quantité de graisse. Cette technique a montré une très bonne corrélation avec l'IRM. La seconde, qui consiste à mesurer l'atténuation des ultrasons, pourrait permettre de distinguer l'absence de stéatose et une stéatose faible.

"Ces deux techniques pourraient être les premiers outils de dépistage et de triage de patients. Cela permettrait de les orienter vers des examens de deuxième ligne plus compliqués comme l’IRM", estime Maxime Ronot.

"A terme, la technique de référence qu'est devenue l'IRM pourrait s'appliquer aux autres maladies de surcharge", a-t-il conclu en prenant comme exemple l'hémochromatose.

cab/fb/APMnews

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