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26/09 2018
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DÉPISTAGE DU CANCER DU SEIN: LES MAMMOGRAPHIES HORS PROGRAMME ORGANISÉ AUSSI EN BAISSE

PARIS, 26 septembre 2018 (APMnews) - Le nombre de mammographies réalisées hors du dépistage organisé du cancer du sein semblent être en baisse, selon des données de l'assurance maladie, qui doivent être présentées prochainement au congrès de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM).

Ce 40e congrès annuel de la SFSPM se tiendra à Avignon du mercredi 7 au vendredi 9 novembre, avec pour thème central l'optimisation du parcours de soins. Le congrès a été présenté mardi lors d'une conférence de presse à paris.

Au-delà de ce thème principal sur le parcours de soins qui occupera une majeure partie du congrès, d'autres sujets seront abordés, notamment un point sur le dépistage. C'est dans ce cadre que doivent être présentées des données sur les remboursements des mammographies réalisées hors programme de dépistage, dites mammographies "individuelles" ou "sauvages" ou encore "opportunistes". Les chiffres précis ne sont pas encore disponibles mais Brigitte Seradour de l'hôpital Beauregard à Marseille, spécialiste du dépistage, en a donné la principale tendance.

La connaissance du nombre de mammographies hors programme est indispensable pour compléter les données sur le dépistage organisé afin d'avoir une vue d'ensemble de l'évolution des pratiques.

Brigitte Seradour a rappelé que la participation au dépistage organisé, qui était initialement autour de 30% au tout début du programme en 2000, a progressivement augmenté jusqu'à 53% en 2010-2012. Un chiffre modeste par rapport à des pays du Nord de l'Europe (mais auquel il faut rajouter les dépistages individuels), et qui de plus a diminué depuis, repassant juste sous la barre des 50% en 2017 (on est à 49,9%).

Cette désaffection suscite des "inquiétudes" des spécialistes. Mais qu'en était-il des dépistages individuels. Sans pouvoir dévoiler les chiffres précis qui sont encore en cours d'analyse et seront présentés à Avignon, Brigitte Seradour a indiqué que pour les dépistages individuels aussi il y avait une baisse.

Cette baisse des dépistages individuels serait plus importante que la baisse de 0,2-0,3% par an du dépistage organisé.

On se trouve donc face à une "baisse générale des mammographies".

Avant de tirer des conclusions, il conviendra d'attendre les analyses en cours, qui sont faites notamment par tranches d'âge. Est-ce que la baisse concerne les femmes dans la tranche d'âge du dépistage, ou celles plus jeunes (avant 50 ans) ?

Un impact négatif des réseaux sociaux ?

Néanmoins, les spécialistes présents à la conférence de presse de la SFSPM s'interrogent, pointant l'effet des polémiques récurrentes sur le dépistage du cancer du sein qui, revenant régulièrement, "finissent par avoir un impact" sur la population concernée.

Brigitte Seradour souligne l'importance prise par les réseaux sociaux, où "les anti-dépistage se regroupent, sont violents" dans leurs propos, et sont souvent des "anti-tout" qui sont autant contre le dépistage des cancers que contre les vaccins et "entretiennent un climat de défiance" vis-à-vis de la prévention. De plus, la presse grand public privilégie les sujets jetant une lumière négative sur le dépistage au détriment des informations plus favorables, estime-t-elle.

Face à cela, les méthodes de communication des services de l'Etat "ne sont plus adaptées: les 'anti' sont mieux organisés sur les réseaux sociaux et on n'est pas préparés à avoir une 'guerre' qui ne passe pas par les moyens classiques", ajoute-t-elle alors que le mois de prévention Octobre rose se prépare.

"On n'a pas trouvé mieux"

Les membres de la SFSPM ont souligné le fait qu'ils ne niaient pas certaines limites du dépistage actuel du cancer du sein. Il y a effectivement des faux positifs (cancers détectés -puis traités- alors qu'ils n'auraient pas évolué), un petit nombre de cas de cancers induits par l'irradiation, ainsi qu'à l'inverse des cas de cancers qui ne sont pas détectés par les techniques actuelles de mammographie.

"Le message que nous voulons faire passer est que le dépistage n'est pas parfait, mais pour le moment on n'a pas trouvé mieux".

Bruno Cutuli de la Clinique Courlancy à Reims, président de la SFSPM et Daniel Serin de l'Institut Sainte-Catherine à Avignon, organisateur du congrès, ont renchéri. Ils ont d'une part souligné le fait qu'avec les connaissances actuelles, on n'a pas la capacité de dire quel cancer in situ n'évoluera pas et lequel évoluera. Des travaux sont en cours pour identifier des marqueurs.

D'autre part, ils ont rappelé les données du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) à Lyon montrant que quand le dépistage est fait correctement "il fait baisser de 20% la mortalité".

Et d'autres études montrent que les lésions très précoces détectées par dépistage bénéficient de traitements moins agressifs (moins de mastectomie, moins de chimiothérapie), qui permettent d'avoir moins d'effets secondaires et moins de séquelles et ont un meilleur pronostic. On ne peut pas en effet se limiter à rechercher l'effet du dépistage sur la mortalité sans regarder les effets sur les conditions de vie des patients, ont-ils plaidé.

Pour un contrôle des appareils de tomosynthèse

Par ailleurs, Brigitte Seradour a pointé une évolution des pratiques de mammographie avec l'utilisation de la tomosynthèse, technique donnant des images en 3D. Celle-ci présente des avantages en permettant de "voir des choses qu'on ne peut voir en 2D" et donc de détecter plus de lésions, mais aussi de rassurer sur des images qui étaient inquiétantes en 2D. Mais "la dose d'irradiation est doublée", a-t-elle rappelé.

Cette technique se développe rapidement. Entre 400 et 500 appareils sont actuellement en service en France et ainsi, "plus de 10% du parc de mammographie est équipé de la tomosynthèse".

Or, d'une part, les femmes ne sont généralement pas prévenues de cet examen qui est fait à la suite de la mammographie 2D alors que c'est irradiant.

D'autre part, les appareils, "vendus librement à partir du moment où ils ont obtenu leur marquage CE, sont utilisés sans protocole précis et sans contrôle qualité". De même que le contrôle qualité mis en place pour les appareils de mammographie avait permis d'écarter des appareils de mauvaise qualité, mettre en place un contrôle qualité aussi pour la tomosynthèse permettrait de s'assurer de la fiabilité de ces appareils.

La Haute autorité de santé (HAS) a entamé une réflexion sur l'utilisation de la tomosynthèse et son utilisation dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein, a noté Brigitte Seradour (cf dépêche du 18/05/2018 à 16:42).

fb/sl/APMnews

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PARIS, 26 septembre 2018 (APMnews) - Le nombre de mammographies réalisées hors du dépistage organisé du cancer du sein semblent être en baisse, selon des données de l'assurance maladie, qui doivent être présentées prochainement au congrès de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM).

Ce 40e congrès annuel de la SFSPM se tiendra à Avignon du mercredi 7 au vendredi 9 novembre, avec pour thème central l'optimisation du parcours de soins. Le congrès a été présenté mardi lors d'une conférence de presse à paris.

Au-delà de ce thème principal sur le parcours de soins qui occupera une majeure partie du congrès, d'autres sujets seront abordés, notamment un point sur le dépistage. C'est dans ce cadre que doivent être présentées des données sur les remboursements des mammographies réalisées hors programme de dépistage, dites mammographies "individuelles" ou "sauvages" ou encore "opportunistes". Les chiffres précis ne sont pas encore disponibles mais Brigitte Seradour de l'hôpital Beauregard à Marseille, spécialiste du dépistage, en a donné la principale tendance.

La connaissance du nombre de mammographies hors programme est indispensable pour compléter les données sur le dépistage organisé afin d'avoir une vue d'ensemble de l'évolution des pratiques.

Brigitte Seradour a rappelé que la participation au dépistage organisé, qui était initialement autour de 30% au tout début du programme en 2000, a progressivement augmenté jusqu'à 53% en 2010-2012. Un chiffre modeste par rapport à des pays du Nord de l'Europe (mais auquel il faut rajouter les dépistages individuels), et qui de plus a diminué depuis, repassant juste sous la barre des 50% en 2017 (on est à 49,9%).

Cette désaffection suscite des "inquiétudes" des spécialistes. Mais qu'en était-il des dépistages individuels. Sans pouvoir dévoiler les chiffres précis qui sont encore en cours d'analyse et seront présentés à Avignon, Brigitte Seradour a indiqué que pour les dépistages individuels aussi il y avait une baisse.

Cette baisse des dépistages individuels serait plus importante que la baisse de 0,2-0,3% par an du dépistage organisé.

On se trouve donc face à une "baisse générale des mammographies".

Avant de tirer des conclusions, il conviendra d'attendre les analyses en cours, qui sont faites notamment par tranches d'âge. Est-ce que la baisse concerne les femmes dans la tranche d'âge du dépistage, ou celles plus jeunes (avant 50 ans) ?

Un impact négatif des réseaux sociaux ?

Néanmoins, les spécialistes présents à la conférence de presse de la SFSPM s'interrogent, pointant l'effet des polémiques récurrentes sur le dépistage du cancer du sein qui, revenant régulièrement, "finissent par avoir un impact" sur la population concernée.

Brigitte Seradour souligne l'importance prise par les réseaux sociaux, où "les anti-dépistage se regroupent, sont violents" dans leurs propos, et sont souvent des "anti-tout" qui sont autant contre le dépistage des cancers que contre les vaccins et "entretiennent un climat de défiance" vis-à-vis de la prévention. De plus, la presse grand public privilégie les sujets jetant une lumière négative sur le dépistage au détriment des informations plus favorables, estime-t-elle.

Face à cela, les méthodes de communication des services de l'Etat "ne sont plus adaptées: les 'anti' sont mieux organisés sur les réseaux sociaux et on n'est pas préparés à avoir une 'guerre' qui ne passe pas par les moyens classiques", ajoute-t-elle alors que le mois de prévention Octobre rose se prépare.

"On n'a pas trouvé mieux"

Les membres de la SFSPM ont souligné le fait qu'ils ne niaient pas certaines limites du dépistage actuel du cancer du sein. Il y a effectivement des faux positifs (cancers détectés -puis traités- alors qu'ils n'auraient pas évolué), un petit nombre de cas de cancers induits par l'irradiation, ainsi qu'à l'inverse des cas de cancers qui ne sont pas détectés par les techniques actuelles de mammographie.

"Le message que nous voulons faire passer est que le dépistage n'est pas parfait, mais pour le moment on n'a pas trouvé mieux".

Bruno Cutuli de la Clinique Courlancy à Reims, président de la SFSPM et Daniel Serin de l'Institut Sainte-Catherine à Avignon, organisateur du congrès, ont renchéri. Ils ont d'une part souligné le fait qu'avec les connaissances actuelles, on n'a pas la capacité de dire quel cancer in situ n'évoluera pas et lequel évoluera. Des travaux sont en cours pour identifier des marqueurs.

D'autre part, ils ont rappelé les données du Centre international de recherche sur le cancer (Circ) à Lyon montrant que quand le dépistage est fait correctement "il fait baisser de 20% la mortalité".

Et d'autres études montrent que les lésions très précoces détectées par dépistage bénéficient de traitements moins agressifs (moins de mastectomie, moins de chimiothérapie), qui permettent d'avoir moins d'effets secondaires et moins de séquelles et ont un meilleur pronostic. On ne peut pas en effet se limiter à rechercher l'effet du dépistage sur la mortalité sans regarder les effets sur les conditions de vie des patients, ont-ils plaidé.

Pour un contrôle des appareils de tomosynthèse

Par ailleurs, Brigitte Seradour a pointé une évolution des pratiques de mammographie avec l'utilisation de la tomosynthèse, technique donnant des images en 3D. Celle-ci présente des avantages en permettant de "voir des choses qu'on ne peut voir en 2D" et donc de détecter plus de lésions, mais aussi de rassurer sur des images qui étaient inquiétantes en 2D. Mais "la dose d'irradiation est doublée", a-t-elle rappelé.

Cette technique se développe rapidement. Entre 400 et 500 appareils sont actuellement en service en France et ainsi, "plus de 10% du parc de mammographie est équipé de la tomosynthèse".

Or, d'une part, les femmes ne sont généralement pas prévenues de cet examen qui est fait à la suite de la mammographie 2D alors que c'est irradiant.

D'autre part, les appareils, "vendus librement à partir du moment où ils ont obtenu leur marquage CE, sont utilisés sans protocole précis et sans contrôle qualité". De même que le contrôle qualité mis en place pour les appareils de mammographie avait permis d'écarter des appareils de mauvaise qualité, mettre en place un contrôle qualité aussi pour la tomosynthèse permettrait de s'assurer de la fiabilité de ces appareils.

La Haute autorité de santé (HAS) a entamé une réflexion sur l'utilisation de la tomosynthèse et son utilisation dans le cadre du dépistage organisé du cancer du sein, a noté Brigitte Seradour (cf dépêche du 18/05/2018 à 16:42).

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