Actualités de l'Urgence - APM

18/05 2018
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DEUX NOUVELLES PLAINTES CONTRE LES SAMU DE LA LOIRE ET DU LOT

SAINT-ETIENNE, CAHORS, 18 mai 2018 (APMnews) - Les centres de régulation du Samu de la Loire et du Lot sont visés par deux plaintes après le décès d'une patiente de 38 ans au CHU de Saint-Etienne et d'un patient de 70 ans au centre hospitalier (CH) de Cahors, a-t-on appris vendredi auprès des deux établissements.

À Saint-Etienne, les faits remontent à fin février, lorsque le compagnon d'une femme de 38 ans, enceinte de 6 mois, a appelé en fin d'après-midi le Samu 42 (Loire) en craignant que sa compagne ne fasse un malaise cardiaque car elle souffrait de tachycardie, a rapporté le quotidien local Le Progrès.

Le médecin régulateur aurait alors redirigé le couple vers SOS Médecins, mais le praticien qui serait arrivé sur place une quarantaine de minutes plus tard aurait trouvé la patiente en arrêt cardiaque et demandé son transport par le Samu, selon Le Progrès.

Après son arrivée au CHU, "vers 19 heures" selon Le Progrès, la patiente aurait été placée dans un coma artificiel avant de décéder 9 jours plus tard. Son bébé est également mort-né après une tentative d'accouchement déclenchée la veille.

Contactée vendredi par APMnews, la direction du CHU de Saint-Etienne a fait savoir qu'elle ne souhaitait pas communiquer sur cette affaire, mais elle a toutefois indiqué que les propos rapportés dans Le Progrès sur les échanges avec le Samu "ne correspondent pas à l'enregistrement [de l'appel]".

La direction du CHU a également souligné qu'une enquête interne avait été lancée dès le 26 mars, après la réception d'un premier courrier adressé par la famille de la patiente décédée.

Interrogé jeudi sur France Bleu, le Dr François Giraud, médecin responsable du Samu, a assuré que l'analyse de la prise en charge de cette patiente n'avait fait apparaître "aucun dysfonctionnement organisationnel [...] de la structure du centre 15".

"Je pense que les parallèles avec l'affaire Naomi sont un peu hâtifs et je suis gentil quand je dis hâtifs", a-t-il ajouté, en faisant référence aux révélations récentes sur le décès d'une jeune femme de 22 ans le 29 décembre 2017 à Strasbourg.

La direction du CHU de Saint-Etienne a également indiqué à APMnews qu'elle avait accompagné la famille de la victime depuis son décès et que celle-ci avait été reçue pour la dernière fois mardi par deux médecins du Samu et une représentante de la direction.

Cependant, Me André Buffard, l'avocat représentant les proches de la femme décédée, a annoncé vendredi sur France Bleu qu'il avait déposé une plainte et qu'une enquête préliminaire avait été ouverte par le Samu.

Le Samu du Lot se défend de tout dysfonctionnement

À Cahors, c'est le décès d'un homme de 70 ans dans la nuit du 31 mars au 1er avril qui a entraîné le dépôt d'une plainte par sa famille.

"Il y a un premier appel vers 20h20 pour signaler un problème de gêne respiratoire qui a été transmis au médecin par l'agent de régulation médicale. Au terme d'un interrogatoire de 10 minutes, celui-ci a donné un conseil de soins à son épouse et a dit qu'il rappellerait plus tard", a rapporté à APMnews le Dr Thierry Debreux, chef du pôle de médecine d'urgence au CH Jean-Rougier de Cahors.

Lorsque le Samu a reçu un second appel, une heure plus tard, faisant état d'une dégradation de la santé du patient, un médecin de garde a été contacté pour se rendre sur place. "Après avoir examiné le patient, le médecin a demandé son transfert en ambulance simple et un ARM [agent de régulation médicale] a dépêché une ambulance sur place", a poursuivi le Dr Debreux.

Selon ses propos, l'état du patient se serait fortement dégradé entre le départ du médecin et l'arrivée de l'ambulance une vingtaine de minutes plus tard. Malgré une tentative de réanimation, le patient a été déclaré décédé.

"Il y a eu deux contacts avec le médecin lors de la régulation et le médecin de garde qui s'est rendu sur place n'a pas demandé de Smur [service mobile d'urgence et de réanimation]", a insisté le chef de pôle urgence du CH de Cahors. Selon lui, la prise en charge de ce patient n'a donc souffert d'aucun dysfonctionnement.

La famille du patient décédé a toutefois décidé de porter plainte le 6 avril contre son service, après quoi une fiche d'évènement indésirable grave a également été réalisée et adressée à l'agence régionale de santé (ARS) Occitanie.

Depuis la médiatisation de cette plainte, son service a reçu quelques messages de menace, mais également des messages de soutien, souligne-t-il.

Le Dr Debreux a déploré que les révélations autour du décès de Naomi Musenga aient suscité un climat général de suspicion envers le Samu: "On est des soignants, pas des assassins !"

Deux décès suscitent l'émoi aux urgences de Tours

Au CHU de Tours, les décès rapprochés de deux patientes âgées ayant passé plusieurs heures sur des brancards à l'accueil des urgences ont également suscité une vive émotion au sein de cet établissement.

La première patiente, âgée de 88 ans, "qui avait été hospitalisée quelques jours auparavant, avait été adressée le 11 avril aux urgences du CHU par sa maison de retraite", a indiqué à APMnews le Pr Said Laribi, chef du service d'urgences du CHU de Tours.

Après avoir été pris en charge par une infirmière d'accueil "une dizaine de minutes" après son arrivée, son cas n'avait pas paru relever du service des urgences vitales. La patiente avait donc été installée sur un brancard où elle est décédée quatre heures plus tard.

Le 3 mai, c'est cette fois une patiente de 93 ans qui a été conduite aux urgences du CHU depuis la structure de soins de suite et de réadaptation (SSR) où elle était hospitalisée pour "une suspicion d'occlusion".

"Là encore, la patiente a été rapidement prise en charge par une infirmière d'accueil, mais il a semblé que la patiente ne relevait pas d'une urgence vitale", a rapporté le Pr Laribi. Après 6 heures d'attente sur un brancard, la patiente de 93 ans est également décédée à l'accueil des urgences.

"Au moment où les patientes sont arrivées, il y avait des lits", a par ailleurs relevé le chef du service des urgences.

Il a souligné que ces deux décès séparés d'une quinzaine de jours avaient suscité une vive émotion dans son service. Trois syndicats de personnels paramédicaux ont déposé un préavis de grève pour jeudi 24 mai pour dénoncer les conditions d'accueil des patients.

Selon lui, les urgences de son établissement ne souffrent pas d'un manque de capacité d'accueil ou de personnels, mais d'un engorgement dû à un déficit d'organisation et au vieillissement de la population.

"Il faut travailler avec nos collègues des établissements de SSR et d'Ehpad [établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes] pour favoriser des hospitalisations directes dans les services ad hoc et pour qu'ils sachent donner les informations pertinentes au Samu pour évaluer les situations", a-t-il souligné, après avoir indiqué qu'un quart des passages aux urgences du CHU concernait des personnes âgées de plus 75 ans.

Le Pr Laribi a tenu à saluer la stratégie engagée par son établissement pour s'adapter à cette nouvelle donne. La capacité de l'unité d'hospitalisation de courte durée est ainsi passée de 9 à 18 lits, tandis que la capacité de l'unité de gériatrie aiguë devrait passer de 25 lits à 42 lits d'ici 2020.

gl/sl/APMnews

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SAINT-ETIENNE, CAHORS, 18 mai 2018 (APMnews) - Les centres de régulation du Samu de la Loire et du Lot sont visés par deux plaintes après le décès d'une patiente de 38 ans au CHU de Saint-Etienne et d'un patient de 70 ans au centre hospitalier (CH) de Cahors, a-t-on appris vendredi auprès des deux établissements.

À Saint-Etienne, les faits remontent à fin février, lorsque le compagnon d'une femme de 38 ans, enceinte de 6 mois, a appelé en fin d'après-midi le Samu 42 (Loire) en craignant que sa compagne ne fasse un malaise cardiaque car elle souffrait de tachycardie, a rapporté le quotidien local Le Progrès.

Le médecin régulateur aurait alors redirigé le couple vers SOS Médecins, mais le praticien qui serait arrivé sur place une quarantaine de minutes plus tard aurait trouvé la patiente en arrêt cardiaque et demandé son transport par le Samu, selon Le Progrès.

Après son arrivée au CHU, "vers 19 heures" selon Le Progrès, la patiente aurait été placée dans un coma artificiel avant de décéder 9 jours plus tard. Son bébé est également mort-né après une tentative d'accouchement déclenchée la veille.

Contactée vendredi par APMnews, la direction du CHU de Saint-Etienne a fait savoir qu'elle ne souhaitait pas communiquer sur cette affaire, mais elle a toutefois indiqué que les propos rapportés dans Le Progrès sur les échanges avec le Samu "ne correspondent pas à l'enregistrement [de l'appel]".

La direction du CHU a également souligné qu'une enquête interne avait été lancée dès le 26 mars, après la réception d'un premier courrier adressé par la famille de la patiente décédée.

Interrogé jeudi sur France Bleu, le Dr François Giraud, médecin responsable du Samu, a assuré que l'analyse de la prise en charge de cette patiente n'avait fait apparaître "aucun dysfonctionnement organisationnel [...] de la structure du centre 15".

"Je pense que les parallèles avec l'affaire Naomi sont un peu hâtifs et je suis gentil quand je dis hâtifs", a-t-il ajouté, en faisant référence aux révélations récentes sur le décès d'une jeune femme de 22 ans le 29 décembre 2017 à Strasbourg.

La direction du CHU de Saint-Etienne a également indiqué à APMnews qu'elle avait accompagné la famille de la victime depuis son décès et que celle-ci avait été reçue pour la dernière fois mardi par deux médecins du Samu et une représentante de la direction.

Cependant, Me André Buffard, l'avocat représentant les proches de la femme décédée, a annoncé vendredi sur France Bleu qu'il avait déposé une plainte et qu'une enquête préliminaire avait été ouverte par le Samu.

Le Samu du Lot se défend de tout dysfonctionnement

À Cahors, c'est le décès d'un homme de 70 ans dans la nuit du 31 mars au 1er avril qui a entraîné le dépôt d'une plainte par sa famille.

"Il y a un premier appel vers 20h20 pour signaler un problème de gêne respiratoire qui a été transmis au médecin par l'agent de régulation médicale. Au terme d'un interrogatoire de 10 minutes, celui-ci a donné un conseil de soins à son épouse et a dit qu'il rappellerait plus tard", a rapporté à APMnews le Dr Thierry Debreux, chef du pôle de médecine d'urgence au CH Jean-Rougier de Cahors.

Lorsque le Samu a reçu un second appel, une heure plus tard, faisant état d'une dégradation de la santé du patient, un médecin de garde a été contacté pour se rendre sur place. "Après avoir examiné le patient, le médecin a demandé son transfert en ambulance simple et un ARM [agent de régulation médicale] a dépêché une ambulance sur place", a poursuivi le Dr Debreux.

Selon ses propos, l'état du patient se serait fortement dégradé entre le départ du médecin et l'arrivée de l'ambulance une vingtaine de minutes plus tard. Malgré une tentative de réanimation, le patient a été déclaré décédé.

"Il y a eu deux contacts avec le médecin lors de la régulation et le médecin de garde qui s'est rendu sur place n'a pas demandé de Smur [service mobile d'urgence et de réanimation]", a insisté le chef de pôle urgence du CH de Cahors. Selon lui, la prise en charge de ce patient n'a donc souffert d'aucun dysfonctionnement.

La famille du patient décédé a toutefois décidé de porter plainte le 6 avril contre son service, après quoi une fiche d'évènement indésirable grave a également été réalisée et adressée à l'agence régionale de santé (ARS) Occitanie.

Depuis la médiatisation de cette plainte, son service a reçu quelques messages de menace, mais également des messages de soutien, souligne-t-il.

Le Dr Debreux a déploré que les révélations autour du décès de Naomi Musenga aient suscité un climat général de suspicion envers le Samu: "On est des soignants, pas des assassins !"

Deux décès suscitent l'émoi aux urgences de Tours

Au CHU de Tours, les décès rapprochés de deux patientes âgées ayant passé plusieurs heures sur des brancards à l'accueil des urgences ont également suscité une vive émotion au sein de cet établissement.

La première patiente, âgée de 88 ans, "qui avait été hospitalisée quelques jours auparavant, avait été adressée le 11 avril aux urgences du CHU par sa maison de retraite", a indiqué à APMnews le Pr Said Laribi, chef du service d'urgences du CHU de Tours.

Après avoir été pris en charge par une infirmière d'accueil "une dizaine de minutes" après son arrivée, son cas n'avait pas paru relever du service des urgences vitales. La patiente avait donc été installée sur un brancard où elle est décédée quatre heures plus tard.

Le 3 mai, c'est cette fois une patiente de 93 ans qui a été conduite aux urgences du CHU depuis la structure de soins de suite et de réadaptation (SSR) où elle était hospitalisée pour "une suspicion d'occlusion".

"Là encore, la patiente a été rapidement prise en charge par une infirmière d'accueil, mais il a semblé que la patiente ne relevait pas d'une urgence vitale", a rapporté le Pr Laribi. Après 6 heures d'attente sur un brancard, la patiente de 93 ans est également décédée à l'accueil des urgences.

"Au moment où les patientes sont arrivées, il y avait des lits", a par ailleurs relevé le chef du service des urgences.

Il a souligné que ces deux décès séparés d'une quinzaine de jours avaient suscité une vive émotion dans son service. Trois syndicats de personnels paramédicaux ont déposé un préavis de grève pour jeudi 24 mai pour dénoncer les conditions d'accueil des patients.

Selon lui, les urgences de son établissement ne souffrent pas d'un manque de capacité d'accueil ou de personnels, mais d'un engorgement dû à un déficit d'organisation et au vieillissement de la population.

"Il faut travailler avec nos collègues des établissements de SSR et d'Ehpad [établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes] pour favoriser des hospitalisations directes dans les services ad hoc et pour qu'ils sachent donner les informations pertinentes au Samu pour évaluer les situations", a-t-il souligné, après avoir indiqué qu'un quart des passages aux urgences du CHU concernait des personnes âgées de plus 75 ans.

Le Pr Laribi a tenu à saluer la stratégie engagée par son établissement pour s'adapter à cette nouvelle donne. La capacité de l'unité d'hospitalisation de courte durée est ainsi passée de 9 à 18 lits, tandis que la capacité de l'unité de gériatrie aiguë devrait passer de 25 lits à 42 lits d'ici 2020.

gl/sl/APMnews

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