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18/02 2022
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ELECTION PRÉSIDENTIELLE: LA QUESTION DE LA DÉCENTRALISATION DE LA SANTÉ TRANSCENDE LE CLIVAGE GAUCHE-DROITE

PARIS, 18 février 2022 (APMnews) - Les conseillers santé de sept candidats ont échangé mardi leurs points de vue sur la gouvernance du système de santé et laissé transparaître des convergences et des divergences dépassant les clivages politiques traditionnels, lors d'un débat organisé par l'association Coopération Santé et le journal L'opinion.

Y participaient la députée Caroline Fiat (La France insoumise, Meurthe-et-Moselle) pour représenter Jean-Luc Mélenchon, Marine Tondelier (membre de la direction d'Europe-Ecologie Les Verts, EELV) en soutien à Yannick Jadot, le député Boris Vallaud (PS, Landes) au nom d'Anne Hidalgo, François Braun, médecin urgentiste, président du syndicat Samu-Urgences de France (SUdF) et chef de service et de pôle des urgences du CHR de Metz-Thionville, pour La République en marche (LREM), Philippe Juvin conseiller "santé globale" de Valérie Pécresse (LR), le Dr Patrick Barriot, conseiller santé de Marine le Pen (Rassemblement national, RN) et le Dr Alain Durand, chirurgien-dentiste et soutien d'Eric Zemmour (Reconquête).

Intitulé "Un quinquennat pour la santé, cinq ans pour agir!", ce débat a aussi évoqué les questions de la démographie médicale, du financement des hôpitaux ou encore de l'organisation de la recherche et de l'innovation.

Concernant une éventuelle régionalisation de la compétence sanitaire, Caroline Fiat a fait montre de prudence, de peur que celle-ci renforce les inégalités entre les régions, comme elle le constate dans le secteur de la dépendance, qui relève des départements.

"La nation est belle, il ne faut pas diviser pour moins bien soigner après", argue-t-elle, tout en plaidant pour un renforcement de la démocratie sanitaire au niveau des établissements.

"La santé est une compétence nationale, avec un financement national, et c'est la seule façon de garantir l'égalité de l'accès aux soins, dont on voit qu'elle est déjà relative", a ajouté Boris Vallaud.

Le représentant socialiste est toutefois favorable à une "déconcentration effective, des déclinaisons territoriales des politiques de santé qui partent des besoins des territoires", associant patients, professionnels et collectivités territoriales.

"Les ARS [agences régionales de santé] ont perdu au fond peut-être l'identité qui était la leur et sont devenus à bien des égards essentiellement -pour ne pas dire exclusivement- des appendices des administrations centrales, là où elles auraient dû être authentiquement des administrations déconcentrées", estime-t-il. Il plaide pour une plus forte association des départements aux politiques de santé et les verrait bien présider les conseils territoriaux de santé (CTS) afin de développer une "connaissance plus fine des territoires" et une meilleure articulation entre secteurs sanitaire, social et médico-social.

"La santé doit rester une compétence de l'Etat. C'est l'Etat qui doit donner les grands axes de la politique de santé", adhère François Braun, même si "sa mise en application, sa déclinaison doit être plus la proche du terrain possible".

Il considère les régions trop grosses pour marquer une réelle déconcentration. "Il faut aller plus bas, jusqu'aux CPTS [communautés professionnelles territoriales de santé], jusque dans les MSP [maisons de santé pluridisciplinaires]".

Si la région a "beaucoup de choses à faire en santé environnementale" et dans l'application des politiques nationales, il leur reproche de mal gérer les instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) au point de provoquer 10% des départs en cours de cursus, et milite pour l'universitarisation de cette filière.

Un pilotage au plus près des territoires

A l'inverse, Marine Tondelier considère que si l'"Etat doit être dans ce rôle de garant de l'équité d'accès aux soins", il faut "donner une compétence santé officielle aux régions", et de ce fait ôter aux ARS leur rôle de coordination pour leur laisser uniquement leur rôle de contrôle.

"La région établirait le plan de santé et irait discuter avec l'Etat des moyens" envisage-t-elle.

"Il y a une masse critique pour le faire, mais évidemment 'tâter le terrain' doit se faire à un niveau plus proche des gens. Et donc, on est pour la création de collectivités de santé qui seraient sur des territoires […] entre 50.000 et 150.000 habitants pour agréger tous les acteurs de la santé […]. Ce serait le lieu de la démocratie sanitaire", poursuit-elle.

Dans le même ordre d'idées, Philippe Juvin rappelle que les inégalités sanitaires existent déjà au niveau infrarégional pour réfuter l'idée qu'une décentralisation entraîne leur accroissement, pourvu que l'Etat reste stratège quant aux objectifs de santé publique et que la péréquation interrégionale est maintenue. La décentralisation a le mérite d'exposer les décideurs aux récriminations des intéressés, juge-t-il.

Alors que François Braun juge que les transferts interrégionaux de patients au plus fort de la crise sanitaire ont été rendus possibles grâce au pilotage national de la santé, Philippe Juvin estime au contraire que l'attente du feu vert ministériel a freiné ces transferts, ou encore que les régions et communes ont joué un rôle clé dans l'approvisionnement en masques lorsque l'Etat était lui-même dépassé.

Plus radicaux contre les ARS sans remettre en cause le rôle de l'Etat, les représentants des candidats d'extrême droite insistent sur la nécessité de supprimer ces agences et de confier la tutelle aux préfets, accompagnés de représentants les acteurs locaux du secteur.

"La région, c'est encore trop haut", juge Patrick Barriot, qui propose de donner la tutelle aux préfets accompagnés de comités de coordination qui associeraient tous les acteurs locaux avec pour niveau de travail le "bassin de vie, au plus près de la population", à rebours de la "métropolisation" en cours.

bd/nc/APMnews

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PARIS, 18 février 2022 (APMnews) - Les conseillers santé de sept candidats ont échangé mardi leurs points de vue sur la gouvernance du système de santé et laissé transparaître des convergences et des divergences dépassant les clivages politiques traditionnels, lors d'un débat organisé par l'association Coopération Santé et le journal L'opinion.

Y participaient la députée Caroline Fiat (La France insoumise, Meurthe-et-Moselle) pour représenter Jean-Luc Mélenchon, Marine Tondelier (membre de la direction d'Europe-Ecologie Les Verts, EELV) en soutien à Yannick Jadot, le député Boris Vallaud (PS, Landes) au nom d'Anne Hidalgo, François Braun, médecin urgentiste, président du syndicat Samu-Urgences de France (SUdF) et chef de service et de pôle des urgences du CHR de Metz-Thionville, pour La République en marche (LREM), Philippe Juvin conseiller "santé globale" de Valérie Pécresse (LR), le Dr Patrick Barriot, conseiller santé de Marine le Pen (Rassemblement national, RN) et le Dr Alain Durand, chirurgien-dentiste et soutien d'Eric Zemmour (Reconquête).

Intitulé "Un quinquennat pour la santé, cinq ans pour agir!", ce débat a aussi évoqué les questions de la démographie médicale, du financement des hôpitaux ou encore de l'organisation de la recherche et de l'innovation.

Concernant une éventuelle régionalisation de la compétence sanitaire, Caroline Fiat a fait montre de prudence, de peur que celle-ci renforce les inégalités entre les régions, comme elle le constate dans le secteur de la dépendance, qui relève des départements.

"La nation est belle, il ne faut pas diviser pour moins bien soigner après", argue-t-elle, tout en plaidant pour un renforcement de la démocratie sanitaire au niveau des établissements.

"La santé est une compétence nationale, avec un financement national, et c'est la seule façon de garantir l'égalité de l'accès aux soins, dont on voit qu'elle est déjà relative", a ajouté Boris Vallaud.

Le représentant socialiste est toutefois favorable à une "déconcentration effective, des déclinaisons territoriales des politiques de santé qui partent des besoins des territoires", associant patients, professionnels et collectivités territoriales.

"Les ARS [agences régionales de santé] ont perdu au fond peut-être l'identité qui était la leur et sont devenus à bien des égards essentiellement -pour ne pas dire exclusivement- des appendices des administrations centrales, là où elles auraient dû être authentiquement des administrations déconcentrées", estime-t-il. Il plaide pour une plus forte association des départements aux politiques de santé et les verrait bien présider les conseils territoriaux de santé (CTS) afin de développer une "connaissance plus fine des territoires" et une meilleure articulation entre secteurs sanitaire, social et médico-social.

"La santé doit rester une compétence de l'Etat. C'est l'Etat qui doit donner les grands axes de la politique de santé", adhère François Braun, même si "sa mise en application, sa déclinaison doit être plus la proche du terrain possible".

Il considère les régions trop grosses pour marquer une réelle déconcentration. "Il faut aller plus bas, jusqu'aux CPTS [communautés professionnelles territoriales de santé], jusque dans les MSP [maisons de santé pluridisciplinaires]".

Si la région a "beaucoup de choses à faire en santé environnementale" et dans l'application des politiques nationales, il leur reproche de mal gérer les instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi) au point de provoquer 10% des départs en cours de cursus, et milite pour l'universitarisation de cette filière.

Un pilotage au plus près des territoires

A l'inverse, Marine Tondelier considère que si l'"Etat doit être dans ce rôle de garant de l'équité d'accès aux soins", il faut "donner une compétence santé officielle aux régions", et de ce fait ôter aux ARS leur rôle de coordination pour leur laisser uniquement leur rôle de contrôle.

"La région établirait le plan de santé et irait discuter avec l'Etat des moyens" envisage-t-elle.

"Il y a une masse critique pour le faire, mais évidemment 'tâter le terrain' doit se faire à un niveau plus proche des gens. Et donc, on est pour la création de collectivités de santé qui seraient sur des territoires […] entre 50.000 et 150.000 habitants pour agréger tous les acteurs de la santé […]. Ce serait le lieu de la démocratie sanitaire", poursuit-elle.

Dans le même ordre d'idées, Philippe Juvin rappelle que les inégalités sanitaires existent déjà au niveau infrarégional pour réfuter l'idée qu'une décentralisation entraîne leur accroissement, pourvu que l'Etat reste stratège quant aux objectifs de santé publique et que la péréquation interrégionale est maintenue. La décentralisation a le mérite d'exposer les décideurs aux récriminations des intéressés, juge-t-il.

Alors que François Braun juge que les transferts interrégionaux de patients au plus fort de la crise sanitaire ont été rendus possibles grâce au pilotage national de la santé, Philippe Juvin estime au contraire que l'attente du feu vert ministériel a freiné ces transferts, ou encore que les régions et communes ont joué un rôle clé dans l'approvisionnement en masques lorsque l'Etat était lui-même dépassé.

Plus radicaux contre les ARS sans remettre en cause le rôle de l'Etat, les représentants des candidats d'extrême droite insistent sur la nécessité de supprimer ces agences et de confier la tutelle aux préfets, accompagnés de représentants les acteurs locaux du secteur.

"La région, c'est encore trop haut", juge Patrick Barriot, qui propose de donner la tutelle aux préfets accompagnés de comités de coordination qui associeraient tous les acteurs locaux avec pour niveau de travail le "bassin de vie, au plus près de la population", à rebours de la "métropolisation" en cours.

bd/nc/APMnews

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