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24/07 2020
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ETIENNE CHAMPION DÉFEND LE RÔLE DE L'ARS FACE À LA CRISE DU COVID-19 DANS L'OISE (AUDITION AU SÉNAT)

PARIS, 24 juillet 2020 (APMnews) - Étienne Champion, directeur général de l'agence régionale de santé Hauts-de-France, a défendu jeudi les actions de l'ARS pendant l'épidémie de Covid-19, notamment dans l'Oise, un département particulièrement touché.

Le directeur général était auditionné par la commission d'enquête du Sénat pour "l'évaluation des politiques publiques face aux grandes pandémies à la lumière de la crise sanitaire de la Covid-19 et de sa gestion".

L'Oise, premier département fortement touché par le Covid-19, était au coeur de l'épidémie à partir du 25 février, rappelle-t-on (cf dépêche du 26/02/2020 à 18:13).

Étienne Champion a rappelé que le premier Français décédé du virus était un enseignant de 60 ans de l'Oise (cf dépêche du 26/02/2020 à 18:13). Selon le directeur général, la gestion de la "crise n’a pas commencé dans la nuit du 25 au 26 février". "Dès le 23 janvier, nous avons commencé à préparer la crise, avec les préfets, avec les établissements, nous avons commencé à organiser régulièrement des conférences, ainsi qu'avec les professionnels de santé, de ville et le médico-social. [...] C'était une forme de conseil scientifique de l'ARS."

Etienne Champion a mentionné la mise en place fin janvier, puis en février, des réunions de pilotage national régulières avec le directeur général de la santé (DGS) ou le directeur du cabinet du ministre. Durant la crise, "une chaîne de réactivité extrêmement forte" s'est formée dans la région, avec "une cellule de crise dans chaque établissement" et une "audio [conférence] avec les établissements impliqués" quotidienne.

Ce dernier a expliqué que le virus circulait en février dans l'Oise, mais qu'il n'y avait pas moyen d'identifier les patients infectés alors. "On a passé le mois de février à faire du contact tracing", avec "42 cas possibles investigués". "On n'avait pas conscience [du fait] que le virus circulait dans l'Oise alors", a-t-il soutenu, expliquant qu'on pensait alors que l'enseignant de l'Oise décédé avait un lien avec une diffusion du virus à l'étranger.

"Aucune des caractéristiques des patients ne correspondait à la définition de cas, et ils avaient circulé dans des hôpitaux, sans que les précautions ne soient prises, ils ne pouvaient pas a priori être identifiés". "Un des enjeux était de pouvoir faire le contact tracing en ville et à l’hôpital. Cela a poussé à fermer provisoirement la réanimation à Creil pour transférer les patients et permettre la continuité de leur prise en charge" (cf dépêche du 27/02/2020 à 12:44), a-t-il complété.

Il a ajouté que le directeur adjoint de l'offre médico-sociale de l'ARS s'est installé quelques jours dans l'Oise durant la crise, dans le cadre des dépistages, sans compter un renforcement "sur place" des équipes de l'agence.

Par ailleurs, dès le 27 février, la réserve sanitaire a été sollicitée: 110 réservistes sont intervenus et il y a eu ensuite "tout un travail de dépistage en deux temps", sur les personnes susceptibles d'être contaminées et, plus largement, dans les établissements scolaires de Crépy-en-Valois.

L'ARS, une organisation "facilitatrice" qui "doit se nourrir du terrain"

Il a indiqué concevoir l'agence "avant tout comme une facilitatrice, une instance qui doit être dans la souplesse, dans le rapport entre le national et le local pour permettre un fonctionnement qui doit avoir une certaine autonomie, dans le respect des règles nationales, mais surtout qui doit se nourrir du terrain. [...] L'expertise vient tout autant du terrain que du national."

"C'est avant tout un travail de coordination [...], un pacte avec l'ensemble des pouvoirs publics d'Etat ou décentralisé," et "l'articulation avec les collectivités [territoriales] était importante", a-t-il poursuivi, expliquant "avoir essayé d'être le plus en relation possible" durant la crise.

Il a évoqué plusieurs principes appliqués dans l'Oise et la région avec l'expérience de la crise due au Covid-19: "penser et agir à 360 degrés dans la santé et le médico-social, du régional au local en lien avec le national", "mobiliser l'hôpital public et privé", la "prise en charge des Samu en lien avec les urgences", la "consolidation des passerelles ville-hôpital" et l’"accompagnement des professionnels de tous les secteurs, notamment de ville avec entre autres la mise en place de la télémédecine" ouverte à partir du 4 mars dans l'Oise aux professionnels de santé: 5.000 médecins de ville ont bénéficié de la plateforme Predice (cf dépêche du 29/04/2020 à 10:10).

Les autres principes étaient de "protéger les plus fragiles", notamment les résidents d'Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), et d’"être connecté avec les territoires en lien avec le national". Il a mentionné la tenue de conférences stratégiques régulières avec les préfets et les élus locaux. Le directeur général a assuré que le travail s'est fait en "coordination" avec les préfets et élus" et non pas dans "la dualité".

Etienne Champion a tenu à rappeler que les ARS "n'ont pas été chargées" de la logistique des masques, même si celle qu'il dirige a toutefois pu, sur la base de dons, distribuer au total 500.000 masques dans l'Oise, tandis que 4,5 millions de masques ont été répartis par le biais des groupements hospitaliers de territoire (GHT) et 2,9 millions pour les officines.

L'agence a fait en sorte que les établissements aient au moins trois jours de réserves. "Je ne crois pas que des établissements aient eu des ruptures de stock", a-t-il déclaré, citant en cas de tensions des "dépannages interhospitaliers", par exemple.

Etienne Champion, qui s'apprête à quitter ses fonctions (cf dépêche du 21/07/2020 à 16:12), a salué "une mobilisation extraordinaire" et le "professionnalisme" des "équipes soignantes et plus largement des professionnels, qui a permis de faire front", faisant référence notamment à l'engagement dans les Ehpad, les établissements de santé et en médecine de ville.

Face aux critiques de libéraux déplorant un manque de présence de l'ARS sur le terrain, Etienne Champion a répondu que la première conférence avec l'union régionale des professionnels de santé (URPS) libéraux a eu lieu le 28 février, et qu'à partir du 3 mars se sont tenues des conférences téléphoniques avec l'ensemble des URPS des Hauts-de-France, plusieurs fois par semaine, ainsi qu'avec l'ordre des médecins et l'assurance maladie.

Selon lui, il y a "une part de malentendu avec les ARS" car "ce sont des structures dont la taille ne leur permet pas d’être au contact direct". Il a chiffré à 100.000 le nombre d'hospitaliers dans la région et à 600 le nombre de généralistes dans l'Oise.

Une centaine de personnels de l'ARS s'occupent de l'hôpital et une quarantaine de l'ambulatoire, a-t-il fait valoir. "Pour moi, l'ARS ne peut pas avoir toute l'expertise, elle est là pour articuler des réseaux notamment."

Interrogé sur le rôle de l'ARS dans la gestion de l'épidémie dans les Ehpad, il a rappelé qu'elle a pris en charge les temps pleins de médecins coordonnateurs et le renforcement de leurs effectifs (cf dépêche du 30/04/2020 à 16:36).

Le département de l'Oise regrette la cotutelle sur les Ehpad

La présidente du conseil départemental de l'Oise Nadège Lefebvre (LR), auditionnée concomitamment par la commission d'enquête, a insisté sur les difficultés rencontrées par sa collectivité territoriale dans l'appui aux Ehpad.

Elle a émis le constat que la double tutelle conseil départemental/ARS pour ces établissements rendait la situation complexe, les directeurs de maison de retraite devant "jongler" avec les interlocuteurs selon les besoins, et pour obtenir des masques de protection.

"Les départements financent", a-t-elle résumé, déplorant un manque de lien avec les ARS alors que le département, en lien quotidien avec les Ehpad, pourrait mieux les partager avec l'agence régionale, pour éviter les dispositifs "copiés-collés" ne prenant pas en compte les spécificités locales.

"Il faut impérativement revoir cette cotutelle" pour une "meilleure collaboration, moins technocratique, plus liée au terrain", revendique-t-elle.

Etienne Champion a reconnu que la "double tutelle" ARS-départements a introduit "une complexité", tout en marquant "un ancrage local".

Nadège Lefebvre a par ailleurs mis en question l'organisation régionalisée de l'Etat, qui a d'après elle "montré ses limites".

Elle estime que beaucoup de temps a été perdu en échanges au niveau régional au début de l'épidémie, lorsque seul le département de l'Oise était touché dans les Hauts-de-France, mais que la parole était donnée à temps égal aux 5 départements, plutôt que de faire un focus spécifique sur la situation isarienne.

L'élue considère que l'éloignement géographique de l'Oise de la capitale régionale (Lille) n'a pas joué en sa faveur.

jyp-bd/nc/APMnews

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ETIENNE CHAMPION DÉFEND LE RÔLE DE L'ARS FACE À LA CRISE DU COVID-19 DANS L'OISE (AUDITION AU SÉNAT)

PARIS, 24 juillet 2020 (APMnews) - Étienne Champion, directeur général de l'agence régionale de santé Hauts-de-France, a défendu jeudi les actions de l'ARS pendant l'épidémie de Covid-19, notamment dans l'Oise, un département particulièrement touché.

Le directeur général était auditionné par la commission d'enquête du Sénat pour "l'évaluation des politiques publiques face aux grandes pandémies à la lumière de la crise sanitaire de la Covid-19 et de sa gestion".

L'Oise, premier département fortement touché par le Covid-19, était au coeur de l'épidémie à partir du 25 février, rappelle-t-on (cf dépêche du 26/02/2020 à 18:13).

Étienne Champion a rappelé que le premier Français décédé du virus était un enseignant de 60 ans de l'Oise (cf dépêche du 26/02/2020 à 18:13). Selon le directeur général, la gestion de la "crise n’a pas commencé dans la nuit du 25 au 26 février". "Dès le 23 janvier, nous avons commencé à préparer la crise, avec les préfets, avec les établissements, nous avons commencé à organiser régulièrement des conférences, ainsi qu'avec les professionnels de santé, de ville et le médico-social. [...] C'était une forme de conseil scientifique de l'ARS."

Etienne Champion a mentionné la mise en place fin janvier, puis en février, des réunions de pilotage national régulières avec le directeur général de la santé (DGS) ou le directeur du cabinet du ministre. Durant la crise, "une chaîne de réactivité extrêmement forte" s'est formée dans la région, avec "une cellule de crise dans chaque établissement" et une "audio [conférence] avec les établissements impliqués" quotidienne.

Ce dernier a expliqué que le virus circulait en février dans l'Oise, mais qu'il n'y avait pas moyen d'identifier les patients infectés alors. "On a passé le mois de février à faire du contact tracing", avec "42 cas possibles investigués". "On n'avait pas conscience [du fait] que le virus circulait dans l'Oise alors", a-t-il soutenu, expliquant qu'on pensait alors que l'enseignant de l'Oise décédé avait un lien avec une diffusion du virus à l'étranger.

"Aucune des caractéristiques des patients ne correspondait à la définition de cas, et ils avaient circulé dans des hôpitaux, sans que les précautions ne soient prises, ils ne pouvaient pas a priori être identifiés". "Un des enjeux était de pouvoir faire le contact tracing en ville et à l’hôpital. Cela a poussé à fermer provisoirement la réanimation à Creil pour transférer les patients et permettre la continuité de leur prise en charge" (cf dépêche du 27/02/2020 à 12:44), a-t-il complété.

Il a ajouté que le directeur adjoint de l'offre médico-sociale de l'ARS s'est installé quelques jours dans l'Oise durant la crise, dans le cadre des dépistages, sans compter un renforcement "sur place" des équipes de l'agence.

Par ailleurs, dès le 27 février, la réserve sanitaire a été sollicitée: 110 réservistes sont intervenus et il y a eu ensuite "tout un travail de dépistage en deux temps", sur les personnes susceptibles d'être contaminées et, plus largement, dans les établissements scolaires de Crépy-en-Valois.

L'ARS, une organisation "facilitatrice" qui "doit se nourrir du terrain"

Il a indiqué concevoir l'agence "avant tout comme une facilitatrice, une instance qui doit être dans la souplesse, dans le rapport entre le national et le local pour permettre un fonctionnement qui doit avoir une certaine autonomie, dans le respect des règles nationales, mais surtout qui doit se nourrir du terrain. [...] L'expertise vient tout autant du terrain que du national."

"C'est avant tout un travail de coordination [...], un pacte avec l'ensemble des pouvoirs publics d'Etat ou décentralisé," et "l'articulation avec les collectivités [territoriales] était importante", a-t-il poursuivi, expliquant "avoir essayé d'être le plus en relation possible" durant la crise.

Il a évoqué plusieurs principes appliqués dans l'Oise et la région avec l'expérience de la crise due au Covid-19: "penser et agir à 360 degrés dans la santé et le médico-social, du régional au local en lien avec le national", "mobiliser l'hôpital public et privé", la "prise en charge des Samu en lien avec les urgences", la "consolidation des passerelles ville-hôpital" et l’"accompagnement des professionnels de tous les secteurs, notamment de ville avec entre autres la mise en place de la télémédecine" ouverte à partir du 4 mars dans l'Oise aux professionnels de santé: 5.000 médecins de ville ont bénéficié de la plateforme Predice (cf dépêche du 29/04/2020 à 10:10).

Les autres principes étaient de "protéger les plus fragiles", notamment les résidents d'Ehpad (établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), et d’"être connecté avec les territoires en lien avec le national". Il a mentionné la tenue de conférences stratégiques régulières avec les préfets et les élus locaux. Le directeur général a assuré que le travail s'est fait en "coordination" avec les préfets et élus" et non pas dans "la dualité".

Etienne Champion a tenu à rappeler que les ARS "n'ont pas été chargées" de la logistique des masques, même si celle qu'il dirige a toutefois pu, sur la base de dons, distribuer au total 500.000 masques dans l'Oise, tandis que 4,5 millions de masques ont été répartis par le biais des groupements hospitaliers de territoire (GHT) et 2,9 millions pour les officines.

L'agence a fait en sorte que les établissements aient au moins trois jours de réserves. "Je ne crois pas que des établissements aient eu des ruptures de stock", a-t-il déclaré, citant en cas de tensions des "dépannages interhospitaliers", par exemple.

Etienne Champion, qui s'apprête à quitter ses fonctions (cf dépêche du 21/07/2020 à 16:12), a salué "une mobilisation extraordinaire" et le "professionnalisme" des "équipes soignantes et plus largement des professionnels, qui a permis de faire front", faisant référence notamment à l'engagement dans les Ehpad, les établissements de santé et en médecine de ville.

Face aux critiques de libéraux déplorant un manque de présence de l'ARS sur le terrain, Etienne Champion a répondu que la première conférence avec l'union régionale des professionnels de santé (URPS) libéraux a eu lieu le 28 février, et qu'à partir du 3 mars se sont tenues des conférences téléphoniques avec l'ensemble des URPS des Hauts-de-France, plusieurs fois par semaine, ainsi qu'avec l'ordre des médecins et l'assurance maladie.

Selon lui, il y a "une part de malentendu avec les ARS" car "ce sont des structures dont la taille ne leur permet pas d’être au contact direct". Il a chiffré à 100.000 le nombre d'hospitaliers dans la région et à 600 le nombre de généralistes dans l'Oise.

Une centaine de personnels de l'ARS s'occupent de l'hôpital et une quarantaine de l'ambulatoire, a-t-il fait valoir. "Pour moi, l'ARS ne peut pas avoir toute l'expertise, elle est là pour articuler des réseaux notamment."

Interrogé sur le rôle de l'ARS dans la gestion de l'épidémie dans les Ehpad, il a rappelé qu'elle a pris en charge les temps pleins de médecins coordonnateurs et le renforcement de leurs effectifs (cf dépêche du 30/04/2020 à 16:36).

Le département de l'Oise regrette la cotutelle sur les Ehpad

La présidente du conseil départemental de l'Oise Nadège Lefebvre (LR), auditionnée concomitamment par la commission d'enquête, a insisté sur les difficultés rencontrées par sa collectivité territoriale dans l'appui aux Ehpad.

Elle a émis le constat que la double tutelle conseil départemental/ARS pour ces établissements rendait la situation complexe, les directeurs de maison de retraite devant "jongler" avec les interlocuteurs selon les besoins, et pour obtenir des masques de protection.

"Les départements financent", a-t-elle résumé, déplorant un manque de lien avec les ARS alors que le département, en lien quotidien avec les Ehpad, pourrait mieux les partager avec l'agence régionale, pour éviter les dispositifs "copiés-collés" ne prenant pas en compte les spécificités locales.

"Il faut impérativement revoir cette cotutelle" pour une "meilleure collaboration, moins technocratique, plus liée au terrain", revendique-t-elle.

Etienne Champion a reconnu que la "double tutelle" ARS-départements a introduit "une complexité", tout en marquant "un ancrage local".

Nadège Lefebvre a par ailleurs mis en question l'organisation régionalisée de l'Etat, qui a d'après elle "montré ses limites".

Elle estime que beaucoup de temps a été perdu en échanges au niveau régional au début de l'épidémie, lorsque seul le département de l'Oise était touché dans les Hauts-de-France, mais que la parole était donnée à temps égal aux 5 départements, plutôt que de faire un focus spécifique sur la situation isarienne.

L'élue considère que l'éloignement géographique de l'Oise de la capitale régionale (Lille) n'a pas joué en sa faveur.

jyp-bd/nc/APMnews

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