Actualités de l'Urgence - APM

24/11 2020
Retour

FORTE DIMINUTION DE LA PRÉVALENCE ET DE L'INCIDENCE DES HÉPATITES B ET C CHEZ LES DONNEURS DE SANG EN FRANCE EN 25 ANS

SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 24 novembre 2020 (APMnews) - La prévalence et l'incidence des hépatites B et C ont fortement diminué en France ces 25 dernières années parmi les donneurs de sang, ce qui reflète en partie les données en population générale, selon des données publiées mardi dans un Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) entièrement consacré aux hépatites virales.

Dans leur éditorial, Nathalie Ganne-Carrié et Marc Bourlière, respectivement secrétaire générale et président de l'Association française pour l'étude du foie (Afef) rappellent l'objectif fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) d'élimination de l'hépatite C à l'horizon 2030 (90% des patients diagnostiqués et 80% des patients traités).

Selon eux, "la route menant à l'élimination de l'hépatite B dans le monde est encore longue" alors qu'il existe une vaccination "efficace est sûre". Une des études publiées dans le BEH, centrée sur la transmission mère-enfant, montre que le dépistage prénatal avait été réalisé en France en 2016 chez 97% des femmes. Toutefois, la mise en oeuvre de la sérovaccination n'avait été rapportée que pour 70 des 110 nouveau-nés de mères porteuses de l'antigène HBs.

Dans leur éditorial, les Prs Ganne-Carrié et Bourlière estiment en revanche que les "progrès thérapeutiques spectaculaires permettent d'envisager l'élimination du virus C à l'horizon 2030".

Ils soulignent que cette élimination nécessite la mise en place de trois volets: prévention, dépistage et traitement.

L'efficacité des antiviraux d'action directe sur le virus de l'hépatite C a été démontrée pour éliminer le virus mais également réduire le risque de carcinome hépatocellulaire et la mortalité, selon des données de la cohorte française HEPATHER (rapportées dans le BEH, mais publiées auparavant, cf dépêche du 12/02/2019 à 02:00). Ils peuvent être désormais prescrits en France à tous les patients chroniquement infectés et cette prescription n'est plus réservée aux seuls spécialistes. Le nombre de patients traités entre 2014 et 2018 a été estimé par l'assurance maladie à 73.000, mais il décline depuis car les patients suivis par les spécialistes ont été traités et guéris.

Selon les études récentes, il reste environ 90.000 personnes porteuses du VHC à dépister et traiter en 2020, pointent les Prs Ganne-Carrié et Bourlière.

Alors que la Haute autorité de santé (HAS) préconise d'intensifier le dépistage ciblé sur les personnes à risques, l'Afef prône un dépistage universel. Une des études détaillées dans le BEH rapporte les résultats d'une campagne de dépistage universel menée à Montpellier qui avaient été présentés au congrès annuel de l'Afef. Sur plus de 10.000 tests réalisés, seules 9 personnes infectées ont été dépistées et prises en charge (cf dépêche du 14/10/2020 à 12:20).

Les deux représentants de l'Afef considèrent néanmoins que cette campagne de dépistage "innovante mérite d'être reproduite dans le temps et dans d'autres villes si l'on veut atteindre l'objectif de l'OMS à l'horizon 2030".

Une des études publiées dans ce BEH illustre le déclin de l'incidence et de la prévalence des hépatites B et C en France.

Josiane Pillonel de Santé publique France et ses collègues y décrivent l'épidémiologie des donneurs de sang infectés par les virus de l'hépatite B et C (VHB et VHC) en France et le risque résiduel de transmission de ces infections par transfusion sanguine en France entre 1992-1994 et 2016-2018.

Sur les 8 millions de dons de sang prélevés entre janvier 2016 et décembre 2018, 493 ont été confirmés pour le VHB et 260 pour le VHC. La prévalence du VHB était deux fois plus importante et l'incidence quatre fois plus élevée que celles du VHC.

Depuis la période 1992-1994, la prévalence a été divisée par 5 pour le VHB et par 15 pour le VHC et l'incidence par 10 et 20 respectivement. Etre originaire d'une zone endémique était le facteur de risque le plus fréquent pour le VHB. Pour le VHC, c'étaient l'exposition nosocomiale et l'usage de drogues.

Les auteurs ont estimé que, depuis la période 1992-1994, le risque résiduel de transmission d'une infection virale par transfusion avait été divisé par 30 pour le VHB et 170 pour le VHC. Dans la période 2016-2018, il était de 1/2.850.000 de dons pour le VHB et 1/34 millions de dons pour le VHC, soit une sécurité virale des produits sanguins "aujourd'hui très élevée", commentent les auteurs.

(BEH, n°31-32, p601-648)

vib/eh/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

24/11 2020
Retour

FORTE DIMINUTION DE LA PRÉVALENCE ET DE L'INCIDENCE DES HÉPATITES B ET C CHEZ LES DONNEURS DE SANG EN FRANCE EN 25 ANS

SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 24 novembre 2020 (APMnews) - La prévalence et l'incidence des hépatites B et C ont fortement diminué en France ces 25 dernières années parmi les donneurs de sang, ce qui reflète en partie les données en population générale, selon des données publiées mardi dans un Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) entièrement consacré aux hépatites virales.

Dans leur éditorial, Nathalie Ganne-Carrié et Marc Bourlière, respectivement secrétaire générale et président de l'Association française pour l'étude du foie (Afef) rappellent l'objectif fixé par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) d'élimination de l'hépatite C à l'horizon 2030 (90% des patients diagnostiqués et 80% des patients traités).

Selon eux, "la route menant à l'élimination de l'hépatite B dans le monde est encore longue" alors qu'il existe une vaccination "efficace est sûre". Une des études publiées dans le BEH, centrée sur la transmission mère-enfant, montre que le dépistage prénatal avait été réalisé en France en 2016 chez 97% des femmes. Toutefois, la mise en oeuvre de la sérovaccination n'avait été rapportée que pour 70 des 110 nouveau-nés de mères porteuses de l'antigène HBs.

Dans leur éditorial, les Prs Ganne-Carrié et Bourlière estiment en revanche que les "progrès thérapeutiques spectaculaires permettent d'envisager l'élimination du virus C à l'horizon 2030".

Ils soulignent que cette élimination nécessite la mise en place de trois volets: prévention, dépistage et traitement.

L'efficacité des antiviraux d'action directe sur le virus de l'hépatite C a été démontrée pour éliminer le virus mais également réduire le risque de carcinome hépatocellulaire et la mortalité, selon des données de la cohorte française HEPATHER (rapportées dans le BEH, mais publiées auparavant, cf dépêche du 12/02/2019 à 02:00). Ils peuvent être désormais prescrits en France à tous les patients chroniquement infectés et cette prescription n'est plus réservée aux seuls spécialistes. Le nombre de patients traités entre 2014 et 2018 a été estimé par l'assurance maladie à 73.000, mais il décline depuis car les patients suivis par les spécialistes ont été traités et guéris.

Selon les études récentes, il reste environ 90.000 personnes porteuses du VHC à dépister et traiter en 2020, pointent les Prs Ganne-Carrié et Bourlière.

Alors que la Haute autorité de santé (HAS) préconise d'intensifier le dépistage ciblé sur les personnes à risques, l'Afef prône un dépistage universel. Une des études détaillées dans le BEH rapporte les résultats d'une campagne de dépistage universel menée à Montpellier qui avaient été présentés au congrès annuel de l'Afef. Sur plus de 10.000 tests réalisés, seules 9 personnes infectées ont été dépistées et prises en charge (cf dépêche du 14/10/2020 à 12:20).

Les deux représentants de l'Afef considèrent néanmoins que cette campagne de dépistage "innovante mérite d'être reproduite dans le temps et dans d'autres villes si l'on veut atteindre l'objectif de l'OMS à l'horizon 2030".

Une des études publiées dans ce BEH illustre le déclin de l'incidence et de la prévalence des hépatites B et C en France.

Josiane Pillonel de Santé publique France et ses collègues y décrivent l'épidémiologie des donneurs de sang infectés par les virus de l'hépatite B et C (VHB et VHC) en France et le risque résiduel de transmission de ces infections par transfusion sanguine en France entre 1992-1994 et 2016-2018.

Sur les 8 millions de dons de sang prélevés entre janvier 2016 et décembre 2018, 493 ont été confirmés pour le VHB et 260 pour le VHC. La prévalence du VHB était deux fois plus importante et l'incidence quatre fois plus élevée que celles du VHC.

Depuis la période 1992-1994, la prévalence a été divisée par 5 pour le VHB et par 15 pour le VHC et l'incidence par 10 et 20 respectivement. Etre originaire d'une zone endémique était le facteur de risque le plus fréquent pour le VHB. Pour le VHC, c'étaient l'exposition nosocomiale et l'usage de drogues.

Les auteurs ont estimé que, depuis la période 1992-1994, le risque résiduel de transmission d'une infection virale par transfusion avait été divisé par 30 pour le VHB et 170 pour le VHC. Dans la période 2016-2018, il était de 1/2.850.000 de dons pour le VHB et 1/34 millions de dons pour le VHC, soit une sécurité virale des produits sanguins "aujourd'hui très élevée", commentent les auteurs.

(BEH, n°31-32, p601-648)

vib/eh/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.