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11/01 2022
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FORTE HAUSSE DES ADMISSIONS AUX URGENCES POUR GESTES SUICIDAIRES CHEZ LES ADOLESCENTES ET JEUNES FEMMES (PRESSE)

PARIS, 11 janvier 2022 (APMnews) - Les admissions aux urgences pour gestes suicidaires ont fortement augmenté en 2021 chez les adolescentes et les jeunes femmes par rapport à 2018-2020, alors qu'elles restent globalement stables dans la population masculine, selon des données de Santé publique France (SPF) dévoilées par Libération, mardi.

Le quotidien indique avoir obtenu, auprès de SPF, ces données qui sont intermédiaires, jusqu'à la semaine 43 (fin octobre), et à établissements constants, mais suffisamment "frappantes" pour placer cette "hausse alarmante" en Une.

Chez les filles de moins de 15 ans, les admissions aux urgences pour gestes suicidaires ont progressé sur les 43 premières semaines de 2021 "de plus de 40% par rapport à la moyenne des admissions sur la même période lors des trois années précédentes", de 3.300 à 4.000 par an entre 2018 et 2020.

Or, chez les garçons de moins de 15 ans, ce nombre reste "parfaitement stable" en 2021 par rapport à 2018-2020, entre 2.000 et 2.500 admissions.

Libération décrit le "même phénomène" chez les 15-29 ans, avec une hausse cette fois de 22% en 2021 par rapport aux trois années précédentes (entre 13.000 et 15.000), contre une quasi-stabilité (+1 %) pour le sexe masculin (entre 7.000 et 8.000 sur 2018-2020). Il ajoute ne pas avoir eu de données plus précises au sein de cette classe d'âge.

Habituellement, à l'adolescence, les tentatives de suicide sont plus fréquentes chez les filles que chez les garçons. "Les filles ont davantage, dans l'expression de leur souffrance psychique ou de leur détresse, recours aux tentatives de suicide, avec souvent des moyens qui engagent moins le pronostic vital, des prises médicamenteuses", explique le Pr Angèle Consoli de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP), membre du conseil scientifique Covid-19 (cf dépêche du 18/02/2021 à 19:10), citée par le quotidien.

Il donne aussi la parole au Pr Fabrice Jollant du GHU Paris psychiatrie et neurosciences, qui rapporte des résultats montrant "une augmentation des tentatives de suicide chez les adolescentes, mais pas chez les adolescents ni dans les autres classes d'âge, ceci uniquement depuis la rentrée 2020", à partir, d'une part, des appels aux centres antipoison pour tentative de suicide jusqu'en novembre 2021 et, d'autre part, des hospitalisations pour tentative de suicide jusqu'en août 2021 inclus.

Selon ces données soumises à publication, les appels pour tentatives de suicide dans les huit centres antipoison (CAP) français ont augmenté chez les 12-24 ans depuis septembre 2020, alors qu'ils baissaient lentement mais régulièrement, "de l'ordre de 3% par an", précise le Dr Dominique Vodovar du CAP de Paris à Libération.

En 2021, ces appels ont augmenté "de près de 45% chez les 12-24 ans par rapport aux trois années précédentes, avec un total de gestes suicidaires et tentatives de suicides qui est passé d’un peu plus de 6.000 à presque 9.000". "Cette augmentation semble croissante jusqu'à mars 2021 avant l'installation d'un plateau haut", portée essentiellement par les femmes, précise-t-il encore au quotidien.

"Le sexe-ratio était ainsi de 3,5 sur les années 2018-2020 et est monté à 4,8 en 2021", calcule Libération.

Pour le Pr Bruno Falissard, directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Cest), que le quotidien a également interrogé, "il s'agirait plutôt de nouvelles patientes […] qui n'étaient pas suivies par les services hospitaliers mais qui ont pu décompenser à l'occasion d'un stress ou d'une déscolarisation".

Globalement, les autres psychiatres interrogés ont encore des difficultés à bien expliquer ce phénomène en lien avec la crise sanitaire de Covid-19, estimant que des études sont nécessaires, notamment l'analyse par sexe de la dépression et la détresse psychique.

Selon une infirmière scolaire, la situation peut s'expliquer en partie par la présence accrue des jeunes sur les réseaux sociaux depuis le début de la pandémie. "Les jeunes sont beaucoup plus présents sur les réseaux sociaux, en raison de l'isolement" et "le cyberharcèlement sexiste est de plus en plus fréquent et ce sont les filles qui en sont victimes", a estimé Gwenaëlle Durand, secrétaire générale du Syndicat national des infirmiers et infirmières éducateurs de santé (Snies-Unsa), auprès de Libération.

Des gestes plus violents, des moyens insuffisants

Outre cette forte progression dans la population jeune féminine, le Pr Nicolas Georgieff de l'hôpital psychiatrique Le Vinatier à Bron (Métropole de Lyon), rapporte au quotidien avoir constaté "des tentatives de suicide graves et des suicides avérés avec des modalités très violentes que l'on n'observait jusque-là pas chez les filles, comme la pendaison et la défenestration".

Face à cette situation, l'établissement a revu ses dispositifs d'accueil d’urgence et de post-urgence, poursuit-il. "Nous avons imaginé un dispositif de crise en mettant en place un hôpital de jour pour répondre de manière intensive sur une courte durée. Ça fonctionne à ce jour, ça évite les hospitalisations de plus longue durée. Mais la pédopsychiatrie n'a jamais été autant sollicitée depuis le début de la crise et, en même temps, le nombre de pédopsychiatres s'est effondré."

Dans un reportage, Libération observe que les urgences pédiatriques de l'hôpital Robert-Debré à Paris (AP-HP) sont "débordées par la forte hausse des tentatives de suicide chez les adolescentes". Lundi matin, 12 patients étaient accueillis dont 11 étaient des filles de 12 à 15 ans, contre habituellement deux ou trois cas dans une journée. L'établissement pédiatrique, "déjà habitué à travailler à flux tendu, est également confronté à un manque de lits.

ld/nc/APMnews

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PARIS, 11 janvier 2022 (APMnews) - Les admissions aux urgences pour gestes suicidaires ont fortement augmenté en 2021 chez les adolescentes et les jeunes femmes par rapport à 2018-2020, alors qu'elles restent globalement stables dans la population masculine, selon des données de Santé publique France (SPF) dévoilées par Libération, mardi.

Le quotidien indique avoir obtenu, auprès de SPF, ces données qui sont intermédiaires, jusqu'à la semaine 43 (fin octobre), et à établissements constants, mais suffisamment "frappantes" pour placer cette "hausse alarmante" en Une.

Chez les filles de moins de 15 ans, les admissions aux urgences pour gestes suicidaires ont progressé sur les 43 premières semaines de 2021 "de plus de 40% par rapport à la moyenne des admissions sur la même période lors des trois années précédentes", de 3.300 à 4.000 par an entre 2018 et 2020.

Or, chez les garçons de moins de 15 ans, ce nombre reste "parfaitement stable" en 2021 par rapport à 2018-2020, entre 2.000 et 2.500 admissions.

Libération décrit le "même phénomène" chez les 15-29 ans, avec une hausse cette fois de 22% en 2021 par rapport aux trois années précédentes (entre 13.000 et 15.000), contre une quasi-stabilité (+1 %) pour le sexe masculin (entre 7.000 et 8.000 sur 2018-2020). Il ajoute ne pas avoir eu de données plus précises au sein de cette classe d'âge.

Habituellement, à l'adolescence, les tentatives de suicide sont plus fréquentes chez les filles que chez les garçons. "Les filles ont davantage, dans l'expression de leur souffrance psychique ou de leur détresse, recours aux tentatives de suicide, avec souvent des moyens qui engagent moins le pronostic vital, des prises médicamenteuses", explique le Pr Angèle Consoli de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP), membre du conseil scientifique Covid-19 (cf dépêche du 18/02/2021 à 19:10), citée par le quotidien.

Il donne aussi la parole au Pr Fabrice Jollant du GHU Paris psychiatrie et neurosciences, qui rapporte des résultats montrant "une augmentation des tentatives de suicide chez les adolescentes, mais pas chez les adolescents ni dans les autres classes d'âge, ceci uniquement depuis la rentrée 2020", à partir, d'une part, des appels aux centres antipoison pour tentative de suicide jusqu'en novembre 2021 et, d'autre part, des hospitalisations pour tentative de suicide jusqu'en août 2021 inclus.

Selon ces données soumises à publication, les appels pour tentatives de suicide dans les huit centres antipoison (CAP) français ont augmenté chez les 12-24 ans depuis septembre 2020, alors qu'ils baissaient lentement mais régulièrement, "de l'ordre de 3% par an", précise le Dr Dominique Vodovar du CAP de Paris à Libération.

En 2021, ces appels ont augmenté "de près de 45% chez les 12-24 ans par rapport aux trois années précédentes, avec un total de gestes suicidaires et tentatives de suicides qui est passé d’un peu plus de 6.000 à presque 9.000". "Cette augmentation semble croissante jusqu'à mars 2021 avant l'installation d'un plateau haut", portée essentiellement par les femmes, précise-t-il encore au quotidien.

"Le sexe-ratio était ainsi de 3,5 sur les années 2018-2020 et est monté à 4,8 en 2021", calcule Libération.

Pour le Pr Bruno Falissard, directeur du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Cest), que le quotidien a également interrogé, "il s'agirait plutôt de nouvelles patientes […] qui n'étaient pas suivies par les services hospitaliers mais qui ont pu décompenser à l'occasion d'un stress ou d'une déscolarisation".

Globalement, les autres psychiatres interrogés ont encore des difficultés à bien expliquer ce phénomène en lien avec la crise sanitaire de Covid-19, estimant que des études sont nécessaires, notamment l'analyse par sexe de la dépression et la détresse psychique.

Selon une infirmière scolaire, la situation peut s'expliquer en partie par la présence accrue des jeunes sur les réseaux sociaux depuis le début de la pandémie. "Les jeunes sont beaucoup plus présents sur les réseaux sociaux, en raison de l'isolement" et "le cyberharcèlement sexiste est de plus en plus fréquent et ce sont les filles qui en sont victimes", a estimé Gwenaëlle Durand, secrétaire générale du Syndicat national des infirmiers et infirmières éducateurs de santé (Snies-Unsa), auprès de Libération.

Des gestes plus violents, des moyens insuffisants

Outre cette forte progression dans la population jeune féminine, le Pr Nicolas Georgieff de l'hôpital psychiatrique Le Vinatier à Bron (Métropole de Lyon), rapporte au quotidien avoir constaté "des tentatives de suicide graves et des suicides avérés avec des modalités très violentes que l'on n'observait jusque-là pas chez les filles, comme la pendaison et la défenestration".

Face à cette situation, l'établissement a revu ses dispositifs d'accueil d’urgence et de post-urgence, poursuit-il. "Nous avons imaginé un dispositif de crise en mettant en place un hôpital de jour pour répondre de manière intensive sur une courte durée. Ça fonctionne à ce jour, ça évite les hospitalisations de plus longue durée. Mais la pédopsychiatrie n'a jamais été autant sollicitée depuis le début de la crise et, en même temps, le nombre de pédopsychiatres s'est effondré."

Dans un reportage, Libération observe que les urgences pédiatriques de l'hôpital Robert-Debré à Paris (AP-HP) sont "débordées par la forte hausse des tentatives de suicide chez les adolescentes". Lundi matin, 12 patients étaient accueillis dont 11 étaient des filles de 12 à 15 ans, contre habituellement deux ou trois cas dans une journée. L'établissement pédiatrique, "déjà habitué à travailler à flux tendu, est également confronté à un manque de lits.

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