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19/04 2023
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GRENOBLE: LES URGENCES DU CHU EN EXTRÊME TENSION

GRENOBLE, 19 avril 2023 (APMnews) - L'extrême tension qui touche le service d'urgence de l'hôpital Michallon du CHU de Grenoble a été marquée, le 12 avril, par le décès d'un patient de 91 ans, lors de sa prise en charge, sans que sa famille ne puisse être présente, a confirmé le CHU dans un communiqué.

A la suite d'informations diffusées par France Bleu, le CHU Grenoble Alpes a confirmé mercredi qu'il "déplor[ait] le décès d’un patient âgé de 91 ans lors de sa prise en charge au sein du service des urgences, le mercredi 12 avril au matin".

"La famille de ce patient n’a malheureusement pas pu être présente à ses côtés, comme cela se fait habituellement en cas de fin de vie", souligne le CHU.

"En effet, au regard de la forte activité du service des urgences, les équipes ne sont pas en mesure de faire entrer les proches des patients pris en charge en dehors des décès", ajoute-t-il.

Comme pour chaque événement indésirable grave et quel que soit le service, qu’il s’agisse d’un décès ou d’un dommage important pour les personnes, "cet événement fait l’objet d’une instruction détaillée et d’une analyse complète en cours", précise-t-il.

La confirmation de ce décès est intervenue alors que, selon le syndicat des médecins hospitaliers Force ouvrière (SMNH-FO), "la semaine dernière, les équipes des urgences de Grenoble ont 'transféré' des patients devant la cafétéria du rez-de-chaussée haut du CHU Michallon pour protester contre l’impossibilité d’hospitaliser les patients qui en ont besoin". "Ils réclament des bras, des lits pour l’hôpital", a-t-il ajouté dans un communiqué.

Dans un autre communiqué diffusé mercredi, le parquet de Grenoble a annoncé avoir reçu le 11 avril un signalement des syndicats CGT, SMNH-FO et SUD du CHU pour "mise en danger de la santé d'autrui" à la suite de deux autres décès aux urgences. La lettre relative au signalement datait du 5 avril, précise Eric Vaillant, procureur de la République.

Ce signalement a fait suite à deux premiers décès, celui d'une patiente de 47 ans en décembre 2022 et d'un autre homme dans les semaines suivantes, selon la presse locale.

"Le signalement reçu dénonce une inaction des pouvoirs publics qui ne justifie pas l’ouverture d’une enquête pénale et me conduit à le classer sans suite ce jour pour absence d’infraction pénale", a indiqué le procureur.

Soulignant que la loi pénale est "d’application stricte", le procureur explique que pour qu’il y ait pénalement mise en danger de la vie d’autrui, "il faut quatre conditions cumulatives qui ne sont pas réunies en l’espèce".

Ces conditions sont: "l’existence d’une obligation particulière de prudence ou imposée par la loi ou un règlement; une violation manifestement délibérée de cette obligation de prudence ou de sécurité (par exemple le défaut d’application de la loi ou du règlement en vigueur); l’exposition directe d’une personne au danger avec un lien de causalité direct entre la violation de l’obligation de sécurité et le dommage; un risque immédiat de mort ou de blessures graves pour autrui".

Les urgences de Michallon face à "trois difficultés majeures concomitantes"

La gouvernance du CHU de Grenoble assure qu'elle "reconnaît et ne sous-estime pas les difficultés réelles rencontrées par le service des urgences de l’hôpital Michallon et par l’ensemble des services d’hospitalisations face à la pénurie importante de ressources humaines médicales et soignantes aux urgences mais aussi dans les autres services".

Le service d'urgence de l'hôpital Michallon fait face à "trois difficultés majeures concomitantes", explique-t-elle.

Tout d'abord, alors que "50% de postes d’urgentistes sont vacants depuis plus d’un an et demi", "nous déplorons depuis le 3 avril, le désengagement d’une grande majorité de médecins intérimaires urgentistes qui ne souhaitent plus venir exercer au sein du service des urgences de l’hôpital Michallon, estimant insuffisants les tarifs réglementaires proposés dans le cadre de l’application de la loi Rist", déplore l'établissement.

Par ailleurs, "le SAU Michallon assume avec courage, depuis novembre 2021, le report d’activité nocturne des deux autres SAU les plus importants du territoire, qui ont été contraints de fermer la nuit pour manque de ressources médicales".

"Seul un autre SAU de taille plus modeste continue de fonctionner la nuit (hors patients régulés par le Samu)", ajoute le CHU qui rappelle qu'un "plan blanc territorial est en cours depuis cette date".

"Dès lors, le SAU Michallon subit une activité identique tant le jour que la nuit, faisant à nouveau peser aux équipes une charge extrêmement lourde notamment sur les nuits", insiste-t-il.

La troisième difficulté porte sur le "nombre important de lits fermés pour manque de personnels faute de candidats", sur l’ensemble du territoire Sud Isère.

"Depuis la crise Covid, le CHU n’a pu retrouver le niveau d’activité d’avant le Covid" et "plus de 200 lits restent à ce jour fermés", alerte le CHU qui évoque un nombre "particulièrement important" de lits fermés en psychiatrie sur le reste du territoire.

"De fait, les patients en attente d’hospitalisation restent plus longtemps présents aux urgences avant de trouver une solution de sortie, faisant peser aux équipes une charge de travail plus importante alors même que les effectifs médicaux sont restreints".

Le service des urgences de l’hôpital Michallon reçoit, en moyenne, 142 passages par 24h, dont "70 à 90" qui "sont présents en même temps dont environ 30 patients en attente d’une hospitalisation".

"Près de la moitié de ces patients concernent la filière psychiatrique qui connaît les plus grandes difficultés face à un nombre très insuffisant de psychiatres au sein des structures d’hospitalisation", ajoute la gouvernance du CHU qui affirme être "totalement mobilisée depuis deux ans".

Elle assure avoir mis en oeuvre ou planifié "plusieurs initiatives" "tant pour maintenir le maximum de lits ouverts et disponibles pour l’aval des urgences que pour organiser des renforts médicaux d’autres spécialités venant aider l’équipe des urgences". Figure par exemple la création d’une deuxième unité post-urgences de 20 lits en octobre 2022.

Le CHU indique qu'il agit par ailleurs, avec l’ensemble des acteurs de santé du territoire Sud-Isère, "pour fluidifier les parcours des patients, accélérer les retours à domicile et éviter les hospitalisations par des actions en amont de l’hôpital (recours au service d’accès aux soins -SAS- notamment)".

Se déclarant "pleinement consciente du besoin de recrutement", sa gouvernance "dynamise sa politique d’attractivité et ambitionne de recruter les personnels soignants nécessaires, dès les sorties d’école en septembre, et plus tôt si des candidats sont disponibles, pour réouvrir un maximum de lits en médecine et chirurgie".

Le CHU recrute chaque année, 250 à 300 infirmiers sur de nouveaux postes et pour remplacer les départs.

san/sl/APMnews

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GRENOBLE, 19 avril 2023 (APMnews) - L'extrême tension qui touche le service d'urgence de l'hôpital Michallon du CHU de Grenoble a été marquée, le 12 avril, par le décès d'un patient de 91 ans, lors de sa prise en charge, sans que sa famille ne puisse être présente, a confirmé le CHU dans un communiqué.

A la suite d'informations diffusées par France Bleu, le CHU Grenoble Alpes a confirmé mercredi qu'il "déplor[ait] le décès d’un patient âgé de 91 ans lors de sa prise en charge au sein du service des urgences, le mercredi 12 avril au matin".

"La famille de ce patient n’a malheureusement pas pu être présente à ses côtés, comme cela se fait habituellement en cas de fin de vie", souligne le CHU.

"En effet, au regard de la forte activité du service des urgences, les équipes ne sont pas en mesure de faire entrer les proches des patients pris en charge en dehors des décès", ajoute-t-il.

Comme pour chaque événement indésirable grave et quel que soit le service, qu’il s’agisse d’un décès ou d’un dommage important pour les personnes, "cet événement fait l’objet d’une instruction détaillée et d’une analyse complète en cours", précise-t-il.

La confirmation de ce décès est intervenue alors que, selon le syndicat des médecins hospitaliers Force ouvrière (SMNH-FO), "la semaine dernière, les équipes des urgences de Grenoble ont 'transféré' des patients devant la cafétéria du rez-de-chaussée haut du CHU Michallon pour protester contre l’impossibilité d’hospitaliser les patients qui en ont besoin". "Ils réclament des bras, des lits pour l’hôpital", a-t-il ajouté dans un communiqué.

Dans un autre communiqué diffusé mercredi, le parquet de Grenoble a annoncé avoir reçu le 11 avril un signalement des syndicats CGT, SMNH-FO et SUD du CHU pour "mise en danger de la santé d'autrui" à la suite de deux autres décès aux urgences. La lettre relative au signalement datait du 5 avril, précise Eric Vaillant, procureur de la République.

Ce signalement a fait suite à deux premiers décès, celui d'une patiente de 47 ans en décembre 2022 et d'un autre homme dans les semaines suivantes, selon la presse locale.

"Le signalement reçu dénonce une inaction des pouvoirs publics qui ne justifie pas l’ouverture d’une enquête pénale et me conduit à le classer sans suite ce jour pour absence d’infraction pénale", a indiqué le procureur.

Soulignant que la loi pénale est "d’application stricte", le procureur explique que pour qu’il y ait pénalement mise en danger de la vie d’autrui, "il faut quatre conditions cumulatives qui ne sont pas réunies en l’espèce".

Ces conditions sont: "l’existence d’une obligation particulière de prudence ou imposée par la loi ou un règlement; une violation manifestement délibérée de cette obligation de prudence ou de sécurité (par exemple le défaut d’application de la loi ou du règlement en vigueur); l’exposition directe d’une personne au danger avec un lien de causalité direct entre la violation de l’obligation de sécurité et le dommage; un risque immédiat de mort ou de blessures graves pour autrui".

Les urgences de Michallon face à "trois difficultés majeures concomitantes"

La gouvernance du CHU de Grenoble assure qu'elle "reconnaît et ne sous-estime pas les difficultés réelles rencontrées par le service des urgences de l’hôpital Michallon et par l’ensemble des services d’hospitalisations face à la pénurie importante de ressources humaines médicales et soignantes aux urgences mais aussi dans les autres services".

Le service d'urgence de l'hôpital Michallon fait face à "trois difficultés majeures concomitantes", explique-t-elle.

Tout d'abord, alors que "50% de postes d’urgentistes sont vacants depuis plus d’un an et demi", "nous déplorons depuis le 3 avril, le désengagement d’une grande majorité de médecins intérimaires urgentistes qui ne souhaitent plus venir exercer au sein du service des urgences de l’hôpital Michallon, estimant insuffisants les tarifs réglementaires proposés dans le cadre de l’application de la loi Rist", déplore l'établissement.

Par ailleurs, "le SAU Michallon assume avec courage, depuis novembre 2021, le report d’activité nocturne des deux autres SAU les plus importants du territoire, qui ont été contraints de fermer la nuit pour manque de ressources médicales".

"Seul un autre SAU de taille plus modeste continue de fonctionner la nuit (hors patients régulés par le Samu)", ajoute le CHU qui rappelle qu'un "plan blanc territorial est en cours depuis cette date".

"Dès lors, le SAU Michallon subit une activité identique tant le jour que la nuit, faisant à nouveau peser aux équipes une charge extrêmement lourde notamment sur les nuits", insiste-t-il.

La troisième difficulté porte sur le "nombre important de lits fermés pour manque de personnels faute de candidats", sur l’ensemble du territoire Sud Isère.

"Depuis la crise Covid, le CHU n’a pu retrouver le niveau d’activité d’avant le Covid" et "plus de 200 lits restent à ce jour fermés", alerte le CHU qui évoque un nombre "particulièrement important" de lits fermés en psychiatrie sur le reste du territoire.

"De fait, les patients en attente d’hospitalisation restent plus longtemps présents aux urgences avant de trouver une solution de sortie, faisant peser aux équipes une charge de travail plus importante alors même que les effectifs médicaux sont restreints".

Le service des urgences de l’hôpital Michallon reçoit, en moyenne, 142 passages par 24h, dont "70 à 90" qui "sont présents en même temps dont environ 30 patients en attente d’une hospitalisation".

"Près de la moitié de ces patients concernent la filière psychiatrique qui connaît les plus grandes difficultés face à un nombre très insuffisant de psychiatres au sein des structures d’hospitalisation", ajoute la gouvernance du CHU qui affirme être "totalement mobilisée depuis deux ans".

Elle assure avoir mis en oeuvre ou planifié "plusieurs initiatives" "tant pour maintenir le maximum de lits ouverts et disponibles pour l’aval des urgences que pour organiser des renforts médicaux d’autres spécialités venant aider l’équipe des urgences". Figure par exemple la création d’une deuxième unité post-urgences de 20 lits en octobre 2022.

Le CHU indique qu'il agit par ailleurs, avec l’ensemble des acteurs de santé du territoire Sud-Isère, "pour fluidifier les parcours des patients, accélérer les retours à domicile et éviter les hospitalisations par des actions en amont de l’hôpital (recours au service d’accès aux soins -SAS- notamment)".

Se déclarant "pleinement consciente du besoin de recrutement", sa gouvernance "dynamise sa politique d’attractivité et ambitionne de recruter les personnels soignants nécessaires, dès les sorties d’école en septembre, et plus tôt si des candidats sont disponibles, pour réouvrir un maximum de lits en médecine et chirurgie".

Le CHU recrute chaque année, 250 à 300 infirmiers sur de nouveaux postes et pour remplacer les départs.

san/sl/APMnews

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