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23/05 2018
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GUYANE: UNE MANIFESTATION DE SOUTIEN AUX URGENTISTES DÉMISSIONNAIRES ORGANISÉE JEUDI DEVANT L'ARS

CAYENNE, 23 mai 2018 (APMnews) - Les 17 médecins urgentistes démissionnaires du centre hospitalier (CH) de Cayenne et la section locale de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) appellent à une manifestation, jeudi après-midi, devant le siège de l'agence régionale de santé (ARS) de Guyane, ont-ils indiqué mercredi dans un communiqué.

Dix-sept urgentistes du CH de Cayenne ont déposé jeudi 3 mai des préavis de démission et de mise en disponibilité pour protester contre la pénurie chronique de personnel médical (cf dépêche du 09/05/2018 à 17:33).

Ces derniers réclament que le nombre de médecins aux urgences soit porté à 40 contre 25 actuellement, dans un service qui réalise en moyenne 50.000 passages par an (cf dépêche du 14/05/2018 à 13:05).

Dans le communiqué commun diffusé mercredi, la section guyanaise de la CSMF et les urgentistes expriment leur désarroi face à la dégradation des "conditions de prise en charge des patients". Ils exigent un changement "radical" et "immédiat" de la "politique de la direction administrative et médicale" de l’établissement.

Malgré plusieurs réunions entre les médecins démissionnaires et la direction du CH, aucune solution n'a pour l'instant été trouvée pour sortir de la crise.

Interrogé mercredi par APMnews, Pierre Chesneau, urgentiste démissionnaire et représentant local du syndicat Samu-Urgences de France, indique que "deux rencontres" ont eu lieu depuis le 3 mai avec la gouvernance.

"Au cours de la première, qui s'est tenue vendredi 11 mai, il nous a été présenté 9 'curriculum vitae' de médecins urgentistes mais nous n'avons pas accepté ces candidatures. Nous avons émis plusieurs réserves quant à leur expérience en tant qu'urgentistes. Tous n'étaient pas diplômés de l'Union européenne et certains profils nécessitaient des renseignements supplémentaires", explique-t-il.

Demande d'une mission nationale d'expertise

"Au cours de la seconde réunion, qui s'est tenue vendredi 18 mai, la direction nous a indiqué qu'elle était en train de solliciter des boîtes d'intérim pour recruter de nouveaux praticiens. Elle nous a également demandé de formaliser une de nos réclamations initiales, qui était de faire appel à une mission nationale d'expertise en médecine d'urgences, en nous indiquant qu'elle allait la faire suivre à l'ARS", poursuit Pierre Chesneau.

La demande d'une mission nationale d'expertise porte sur "deux points": le constat d'un manque d'effectifs par des experts reconnus du "monde des urgences" et la formulation par ces derniers de "propositions de sortie de crise", précise-t-il.

"La situation est actuellement catastrophique aux urgences. Nous sommes actuellement submergés par l'afflux de patients avec seulement 22 équivalents temps plein [ETP]", a indiqué mercredi à APMnews Gerd Donutil, délégué de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) de Guyane et urgentiste au CH de Cayenne.

"Nous ne pouvons plus assurer les fondamentaux et les missions primaires de soins, notre rôle se limite à l'accueil des patients", déplore-t-il.

Dans ces conditions, une "première démonstration" de la "cohésion" et de la "détermination" est organisée jeudi "devant le siège de l'ARS", est-il indiqué dans le communiqué.

Manifesteront jeudi "les représentants des médecins de Guyane, libéraux comme hospitaliers, du secteur public comme du secteur privé, unis dans un même élan sont totalement solidaires des confrères urgentistes de l’hôpital de Cayenne", est-il écrit.

"Ils ne peuvent accepter de voir la situation se dégrader à cet extrême, et c’est avec un esprit de corps sans faille, qu’ils s’impliquent dans cette démarche, dans l’intérêt de toute la population de la Guyane", conclut le communiqué.

Agnès Buzyn annonce la mobilisation de la "réserve sanitaire"

Interpellée mercredi à l'Assemblée nationale par le député Lénaïck Adam (LREM) sur la situation aux urgences de l'hôpital de Cayenne, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, a reconnu la gravité de la situation, indiquant que les démissions interviennent dans un contexte de "vacance de la chefferie de service depuis un an".

"L'ARS et le ministère se sont immédiatement saisis de cette question et ont travaillé avec l'hôpital sur un plan d'action. Les médecins libéraux ont été sollicités et participent maintenant à la régulation médicale", a-t-elle poursuivi.

"Le service de santé des armées a également apporté son concours en organisant des gardes à l'hôpital. Le ministère va mobiliser la réserve sanitaire. Les services de la préfecture se sont par ailleurs engagés, à titre expérimental et dérogatoire, à faciliter l'entrée sur le territoire de médecins étrangers", a indiqué la ministre.

De plus, "le Centre national de gestion [CNG] des praticiens a été mobilisé, ainsi que l'Assistance publique-hôpitaux de Paris [AP-HP] qui assure un partenariat" avec le CH de Cayenne (cf dépêche du 22/01/2018 à 17:21).

"Enfin, nous avons créé dans le plan Outre-mer 100 postes de spécialistes pour les Outre-mer qui seront répartis cette année", a-t-elle ajouté, en stipulant connaître "toute l'importance de ces sujets pour les Guyanais".

De nombreux soutiens

Dans un courrier adressé le 14 mai à Agnès Buzyn, le député Gabriel Serville (GDR) a exhorté la ministre à trouver des "solutions concrètes et pérennes", permettant à "très court terme de rétablir un service public de santé et hospitalier digne" en Guyane.

L'élu local a estimé que l'ARS ne semblait "pas avoir évalué la gravité de la situation", déplorant par ailleurs l'absence sur place d'une "gouvernance clairvoyante, capable d'anticiper les évolutions".

L'ARS Guyane avait appelé dès la première semaine de mai les urgentistes démissionnaires et la direction de l'hôpital à "reprendre le dialogue", rappelle-t-on.

Dans un communiqué daté de vendredi, l'Amuf a apporté "son soutien" aux urgentistes guyanais, évoquant une "crise sanitaire sans précédent" dans la région.

"Au-delà des recrutements d'urgences certes éminemment nécessaires, il est plus que temps de travailler à l'attractivité du territoire guyanais et à pérenniser les équipes déjà constituées afin de résorber cette crise majeure", écrit l'Amuf.

Le 10 mai, c'est le Collectif des internes de la Guyane qui a exprimé dans un communiqué son "total soutien" aux praticiens démissionnaires, précisant qu'il se "réserve" le droit et la "possibilité" de remettre en cause "les agréments en cours du service des urgences-Samu de Cayenne, pour le semestre prochain".

syl/ab/APMnews

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Dix-sept urgentistes du CH de Cayenne ont déposé jeudi 3 mai des préavis de démission et de mise en disponibilité pour protester contre la pénurie chronique de personnel médical (cf dépêche du 09/05/2018 à 17:33).

Ces derniers réclament que le nombre de médecins aux urgences soit porté à 40 contre 25 actuellement, dans un service qui réalise en moyenne 50.000 passages par an (cf dépêche du 14/05/2018 à 13:05).

Dans le communiqué commun diffusé mercredi, la section guyanaise de la CSMF et les urgentistes expriment leur désarroi face à la dégradation des "conditions de prise en charge des patients". Ils exigent un changement "radical" et "immédiat" de la "politique de la direction administrative et médicale" de l’établissement.

Malgré plusieurs réunions entre les médecins démissionnaires et la direction du CH, aucune solution n'a pour l'instant été trouvée pour sortir de la crise.

Interrogé mercredi par APMnews, Pierre Chesneau, urgentiste démissionnaire et représentant local du syndicat Samu-Urgences de France, indique que "deux rencontres" ont eu lieu depuis le 3 mai avec la gouvernance.

"Au cours de la première, qui s'est tenue vendredi 11 mai, il nous a été présenté 9 'curriculum vitae' de médecins urgentistes mais nous n'avons pas accepté ces candidatures. Nous avons émis plusieurs réserves quant à leur expérience en tant qu'urgentistes. Tous n'étaient pas diplômés de l'Union européenne et certains profils nécessitaient des renseignements supplémentaires", explique-t-il.

Demande d'une mission nationale d'expertise

"Au cours de la seconde réunion, qui s'est tenue vendredi 18 mai, la direction nous a indiqué qu'elle était en train de solliciter des boîtes d'intérim pour recruter de nouveaux praticiens. Elle nous a également demandé de formaliser une de nos réclamations initiales, qui était de faire appel à une mission nationale d'expertise en médecine d'urgences, en nous indiquant qu'elle allait la faire suivre à l'ARS", poursuit Pierre Chesneau.

La demande d'une mission nationale d'expertise porte sur "deux points": le constat d'un manque d'effectifs par des experts reconnus du "monde des urgences" et la formulation par ces derniers de "propositions de sortie de crise", précise-t-il.

"La situation est actuellement catastrophique aux urgences. Nous sommes actuellement submergés par l'afflux de patients avec seulement 22 équivalents temps plein [ETP]", a indiqué mercredi à APMnews Gerd Donutil, délégué de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) de Guyane et urgentiste au CH de Cayenne.

"Nous ne pouvons plus assurer les fondamentaux et les missions primaires de soins, notre rôle se limite à l'accueil des patients", déplore-t-il.

Dans ces conditions, une "première démonstration" de la "cohésion" et de la "détermination" est organisée jeudi "devant le siège de l'ARS", est-il indiqué dans le communiqué.

Manifesteront jeudi "les représentants des médecins de Guyane, libéraux comme hospitaliers, du secteur public comme du secteur privé, unis dans un même élan sont totalement solidaires des confrères urgentistes de l’hôpital de Cayenne", est-il écrit.

"Ils ne peuvent accepter de voir la situation se dégrader à cet extrême, et c’est avec un esprit de corps sans faille, qu’ils s’impliquent dans cette démarche, dans l’intérêt de toute la population de la Guyane", conclut le communiqué.

Agnès Buzyn annonce la mobilisation de la "réserve sanitaire"

Interpellée mercredi à l'Assemblée nationale par le député Lénaïck Adam (LREM) sur la situation aux urgences de l'hôpital de Cayenne, la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, a reconnu la gravité de la situation, indiquant que les démissions interviennent dans un contexte de "vacance de la chefferie de service depuis un an".

"L'ARS et le ministère se sont immédiatement saisis de cette question et ont travaillé avec l'hôpital sur un plan d'action. Les médecins libéraux ont été sollicités et participent maintenant à la régulation médicale", a-t-elle poursuivi.

"Le service de santé des armées a également apporté son concours en organisant des gardes à l'hôpital. Le ministère va mobiliser la réserve sanitaire. Les services de la préfecture se sont par ailleurs engagés, à titre expérimental et dérogatoire, à faciliter l'entrée sur le territoire de médecins étrangers", a indiqué la ministre.

De plus, "le Centre national de gestion [CNG] des praticiens a été mobilisé, ainsi que l'Assistance publique-hôpitaux de Paris [AP-HP] qui assure un partenariat" avec le CH de Cayenne (cf dépêche du 22/01/2018 à 17:21).

"Enfin, nous avons créé dans le plan Outre-mer 100 postes de spécialistes pour les Outre-mer qui seront répartis cette année", a-t-elle ajouté, en stipulant connaître "toute l'importance de ces sujets pour les Guyanais".

De nombreux soutiens

Dans un courrier adressé le 14 mai à Agnès Buzyn, le député Gabriel Serville (GDR) a exhorté la ministre à trouver des "solutions concrètes et pérennes", permettant à "très court terme de rétablir un service public de santé et hospitalier digne" en Guyane.

L'élu local a estimé que l'ARS ne semblait "pas avoir évalué la gravité de la situation", déplorant par ailleurs l'absence sur place d'une "gouvernance clairvoyante, capable d'anticiper les évolutions".

L'ARS Guyane avait appelé dès la première semaine de mai les urgentistes démissionnaires et la direction de l'hôpital à "reprendre le dialogue", rappelle-t-on.

Dans un communiqué daté de vendredi, l'Amuf a apporté "son soutien" aux urgentistes guyanais, évoquant une "crise sanitaire sans précédent" dans la région.

"Au-delà des recrutements d'urgences certes éminemment nécessaires, il est plus que temps de travailler à l'attractivité du territoire guyanais et à pérenniser les équipes déjà constituées afin de résorber cette crise majeure", écrit l'Amuf.

Le 10 mai, c'est le Collectif des internes de la Guyane qui a exprimé dans un communiqué son "total soutien" aux praticiens démissionnaires, précisant qu'il se "réserve" le droit et la "possibilité" de remettre en cause "les agréments en cours du service des urgences-Samu de Cayenne, pour le semestre prochain".

syl/ab/APMnews

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