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12/03 2018
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HÔPITAL DE SACLAY: LE COPERMO RECOMMANDE DE REVOIR LES DIMENSIONNEMENTS À LA HAUSSE ET REPORTE SA DÉCISION À FIN MAI

PARIS, 12 mars 2018 (APMnews) - Le Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins hospitaliers (Copermo) a jugé "incontournable" le projet de l'hôpital du plateau de Saclay (Essonne), mais a reporté à fin mai sa décision définitive comportant le montant de l'aide accordée, appelant à augmenter les effectifs et les surfaces prévus, a-t-on appris auprès de l'agence régionale de santé Ile-de-France.

Le projet de nouvel hôpital du groupe hospitalier Nord Essonne (GHNE, issu de la fusion du CH d'Orsay et du CH des Deux Vallées, lui-même issu de la fusion des CH de Longjumeau et Juvisy), avait été déclaré éligible au processus du Copermo il y a un an. Notamment motivé par des évolutions d'ordre démographique, la vétusté des sites existants et des problèmes d'attractivité pour la population et les professionnels, il vise à regrouper à la fin 2023 sur le plateau de Saclay les activités de médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) des trois établissements (cf dépêche du 20/03/2017 à 19:04). Le coût de l'opération a été estimé à moins de 200 millions € (valeur d'exécution à 2024).

La construction du nouvel hôpital s'articule avec la création de trois centres de consultation et de soins urgents (CCSU), dont l'un à Longjumeau, déjà ouvert en décembre 2017, et deux autres annoncés à Sainte-Geneviève-des-Bois et Juvisy, ce qui n'a d'ailleurs pas enrayé la contestation d'un "comité de défense des hôpitaux du Nord-Essonne", qui craint notamment la disparition d'une offre hospitalière de proximité. Tel que présenté au Copermo, le projet prévoit une réduction de la capacité totale à 686 lits et places en 2023, soit une baisse de 30% (le nouvel hôpital, orienté vers l'ambulatoire, hébergeant 416 lits et places de MCO), et la suppression de plus de 500 emplois en équivalents temps plein (ETP) sur un total de 2.800 ETP (non médicaux et médicaux).

L'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France s'est félicitée, dans un communiqué vendredi, que le Copermo ait jugé le projet "comme étant incontournable, innovant et devant être soutenu par les pouvoirs publics", dans ses conclusions rendues le 27 février. Après la phase d’instruction et la contre-expertise du secrétariat général pour l'investissement (SGI), le comité a indiqué "avant de se prononcer sur le montant de l’aide financière allouée, la nécessité de disposer d’éléments complémentaires, notamment à fournir par l’ARS quant au fonctionnement des centres de consultation et de soins urgents et à leur modalité de financement", a fait savoir l'agence.

Le Copermo a "également autorisé le GH Nord-Essonne à fournir des chiffrages complémentaires liés à des effectifs plus nombreux et des surfaces plus importantes, qui rendront possible une plus grande évolutivité du bâtiment", ajoute l'ARS.

"L’avis est favorable, simplement on nous demande de garantir l’existence des CCSU et de bien s’assurer que le projet soit un peu flexible dans le cas où il y aurait plus de population à prendre en charge qu’on ne le prévoit aujourd’hui", a expliqué à APMnews Didier Jaffre, directeur de l'offre de soins de l'ARS Ile-de-France.

Des centres de consultation "haut de gamme" envisagés

Il a précisé que le CCSU de Longjumeau ouvert fin 2017 "n'est pas le modèle de CCSU qui existera à l’arrivée", car il s'appuie sur l'hôpital existant, alors que les prochains centres correspondront à ce "qu’on pourrait appeler un hôpital ambulatoire, avec des consultations, des moyens de diagnostic (radiologie, biologie médicale), des consultations de spécialistes, la prise en charge de soins urgents et non programmés".

Les trois centres ont vocation à être des "centres de consultation très haut de gamme [au regard du] nombre de professionnels présents pour répondre aux besoins de la population, fonctionnant sur une durée très longue, au moins en première partie de nuit, le week-end et les jours fériés, et devant associer des médecins libéraux et d’autres professionnels libéraux, des médecins et professionnels hospitaliers", a-t-il poursuivi.

Pour ce qui concerne la surface du nouvel hôpital, l'agence est "prête à regarder pour quelques milliers de m² en plus", a-t-il répondu, précisant que la surface consacrée aux urgences pourrait être révisée. Cependant, celle-ci est inférieure à la capacité actuellement disponible sur les trois sites du fait que les activités non programmées de médecine générale "vont rester sur les CCSU de Longjumeau, Juvisy et Sainte-Geneviève-des-Bois et que l’activité d’urgence vitale va pour partie être prise en charge par le Sud Francilien et Villeneuve-Saint-Georges", a-t-il détaillé.

Ce projet est pour l'ARS un "dossier majeur, très novateur, exemplaire, le Copermo l’a validé et confirmé. Il est normal, sur un projet de cette envergure, qu’on nous demande de prendre des assurances sur deux ou trois points, il faut voir cette décision comme une décision très positive de nous donner encore un mois pour challenger notre projet", s'est félicité Didier Jaffre. Et dès lors qu'il est prévu des surfaces et des effectifs supplémentaires, "le montant des économies pourrait être moindre que ce qui était prévu auparavant. Ce qui montre aussi l’engagement des pouvoirs publics sur ce dossier", a-t-il conclu.

"Attendre deux mois de plus pour que cela se traduise par des m² et des effectifs supplémentaires, on ne pourra que s'en réjouir", a pour sa part commenté Guillaume Wasmer, directeur du GHNE, joint par APMnews. Le Copermo attend la finalisation du dossier pour mi-avril, c'est-à-dire dans un délai très court, ce qui "signifie que les éléments attendus, certes importants, ne remettent pas en cause le projet. Il n' y a pas du tout de solutions alternatives, comme le portent certains opposants de maintenir trois sites", s'est également réjoui David Ros, maire d'Orsay (PS), joint par APMnews. "Comme nous savions que le plateau de Saclay allait se densifier, nous avions prévu des réserves foncières pour le cas échéant agrandir l'hôpital. L'idée est de commencer à l'utiliser pour augmenter la capacité" du site, a-t-il précisé.

Le secrétariat général à l'investissement demande de réévaluer le coût du projet

Dans son rapport de contre-expertise (obligatoire au-delà d'un certain niveau de financement public) rendu en janvier, transmis au Parlement et auquel APMnews a accédé, le SGI souligne que le projet de l'hôpital de Saclay est "étayé et porté par une volonté forte de la communauté médicale qui souhaite développer un projet médical ambitieux et qui rencontre un soutien politique local clairement affiché". Il relève cependant que son programme capacitaire "impose le succès des CCSU". Il demande donc de lever les "incertitudes" sur leur fonctionnement et sur "leurs conséquences sur la réduction du nombre d'urgences dans le futur GHNE". Concernant les effectifs, il soulève un "dilemme entre optimisation budgétaire et moyens nécessaires à une ambition clairement affichée".

Faisant apparaître dans son analyse un déficit de surfaces pour certaines activités, il estime que le coût du projet "doit être réévalué de 30 M€ (+15%)", sur la base de 5.000 m² supplémentaires. Les contre-experts recommandent aux acteurs de disposer "d'une vision réaliste du coût du projet, sans chercher à entrer à tout prix dans une 'doctrine Copermo' très contraignante". Ils estiment que "la vérification des coûts en investissement et en exploitation vont fragiliser la trajectoire et donc la soutenabilité financière [du projet], même avec une aide, importante, de 50 M €".

mlb/sl/APMnews

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PARIS, 12 mars 2018 (APMnews) - Le Comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins hospitaliers (Copermo) a jugé "incontournable" le projet de l'hôpital du plateau de Saclay (Essonne), mais a reporté à fin mai sa décision définitive comportant le montant de l'aide accordée, appelant à augmenter les effectifs et les surfaces prévus, a-t-on appris auprès de l'agence régionale de santé Ile-de-France.

Le projet de nouvel hôpital du groupe hospitalier Nord Essonne (GHNE, issu de la fusion du CH d'Orsay et du CH des Deux Vallées, lui-même issu de la fusion des CH de Longjumeau et Juvisy), avait été déclaré éligible au processus du Copermo il y a un an. Notamment motivé par des évolutions d'ordre démographique, la vétusté des sites existants et des problèmes d'attractivité pour la population et les professionnels, il vise à regrouper à la fin 2023 sur le plateau de Saclay les activités de médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) des trois établissements (cf dépêche du 20/03/2017 à 19:04). Le coût de l'opération a été estimé à moins de 200 millions € (valeur d'exécution à 2024).

La construction du nouvel hôpital s'articule avec la création de trois centres de consultation et de soins urgents (CCSU), dont l'un à Longjumeau, déjà ouvert en décembre 2017, et deux autres annoncés à Sainte-Geneviève-des-Bois et Juvisy, ce qui n'a d'ailleurs pas enrayé la contestation d'un "comité de défense des hôpitaux du Nord-Essonne", qui craint notamment la disparition d'une offre hospitalière de proximité. Tel que présenté au Copermo, le projet prévoit une réduction de la capacité totale à 686 lits et places en 2023, soit une baisse de 30% (le nouvel hôpital, orienté vers l'ambulatoire, hébergeant 416 lits et places de MCO), et la suppression de plus de 500 emplois en équivalents temps plein (ETP) sur un total de 2.800 ETP (non médicaux et médicaux).

L'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France s'est félicitée, dans un communiqué vendredi, que le Copermo ait jugé le projet "comme étant incontournable, innovant et devant être soutenu par les pouvoirs publics", dans ses conclusions rendues le 27 février. Après la phase d’instruction et la contre-expertise du secrétariat général pour l'investissement (SGI), le comité a indiqué "avant de se prononcer sur le montant de l’aide financière allouée, la nécessité de disposer d’éléments complémentaires, notamment à fournir par l’ARS quant au fonctionnement des centres de consultation et de soins urgents et à leur modalité de financement", a fait savoir l'agence.

Le Copermo a "également autorisé le GH Nord-Essonne à fournir des chiffrages complémentaires liés à des effectifs plus nombreux et des surfaces plus importantes, qui rendront possible une plus grande évolutivité du bâtiment", ajoute l'ARS.

"L’avis est favorable, simplement on nous demande de garantir l’existence des CCSU et de bien s’assurer que le projet soit un peu flexible dans le cas où il y aurait plus de population à prendre en charge qu’on ne le prévoit aujourd’hui", a expliqué à APMnews Didier Jaffre, directeur de l'offre de soins de l'ARS Ile-de-France.

Des centres de consultation "haut de gamme" envisagés

Il a précisé que le CCSU de Longjumeau ouvert fin 2017 "n'est pas le modèle de CCSU qui existera à l’arrivée", car il s'appuie sur l'hôpital existant, alors que les prochains centres correspondront à ce "qu’on pourrait appeler un hôpital ambulatoire, avec des consultations, des moyens de diagnostic (radiologie, biologie médicale), des consultations de spécialistes, la prise en charge de soins urgents et non programmés".

Les trois centres ont vocation à être des "centres de consultation très haut de gamme [au regard du] nombre de professionnels présents pour répondre aux besoins de la population, fonctionnant sur une durée très longue, au moins en première partie de nuit, le week-end et les jours fériés, et devant associer des médecins libéraux et d’autres professionnels libéraux, des médecins et professionnels hospitaliers", a-t-il poursuivi.

Pour ce qui concerne la surface du nouvel hôpital, l'agence est "prête à regarder pour quelques milliers de m² en plus", a-t-il répondu, précisant que la surface consacrée aux urgences pourrait être révisée. Cependant, celle-ci est inférieure à la capacité actuellement disponible sur les trois sites du fait que les activités non programmées de médecine générale "vont rester sur les CCSU de Longjumeau, Juvisy et Sainte-Geneviève-des-Bois et que l’activité d’urgence vitale va pour partie être prise en charge par le Sud Francilien et Villeneuve-Saint-Georges", a-t-il détaillé.

Ce projet est pour l'ARS un "dossier majeur, très novateur, exemplaire, le Copermo l’a validé et confirmé. Il est normal, sur un projet de cette envergure, qu’on nous demande de prendre des assurances sur deux ou trois points, il faut voir cette décision comme une décision très positive de nous donner encore un mois pour challenger notre projet", s'est félicité Didier Jaffre. Et dès lors qu'il est prévu des surfaces et des effectifs supplémentaires, "le montant des économies pourrait être moindre que ce qui était prévu auparavant. Ce qui montre aussi l’engagement des pouvoirs publics sur ce dossier", a-t-il conclu.

"Attendre deux mois de plus pour que cela se traduise par des m² et des effectifs supplémentaires, on ne pourra que s'en réjouir", a pour sa part commenté Guillaume Wasmer, directeur du GHNE, joint par APMnews. Le Copermo attend la finalisation du dossier pour mi-avril, c'est-à-dire dans un délai très court, ce qui "signifie que les éléments attendus, certes importants, ne remettent pas en cause le projet. Il n' y a pas du tout de solutions alternatives, comme le portent certains opposants de maintenir trois sites", s'est également réjoui David Ros, maire d'Orsay (PS), joint par APMnews. "Comme nous savions que le plateau de Saclay allait se densifier, nous avions prévu des réserves foncières pour le cas échéant agrandir l'hôpital. L'idée est de commencer à l'utiliser pour augmenter la capacité" du site, a-t-il précisé.

Le secrétariat général à l'investissement demande de réévaluer le coût du projet

Dans son rapport de contre-expertise (obligatoire au-delà d'un certain niveau de financement public) rendu en janvier, transmis au Parlement et auquel APMnews a accédé, le SGI souligne que le projet de l'hôpital de Saclay est "étayé et porté par une volonté forte de la communauté médicale qui souhaite développer un projet médical ambitieux et qui rencontre un soutien politique local clairement affiché". Il relève cependant que son programme capacitaire "impose le succès des CCSU". Il demande donc de lever les "incertitudes" sur leur fonctionnement et sur "leurs conséquences sur la réduction du nombre d'urgences dans le futur GHNE". Concernant les effectifs, il soulève un "dilemme entre optimisation budgétaire et moyens nécessaires à une ambition clairement affichée".

Faisant apparaître dans son analyse un déficit de surfaces pour certaines activités, il estime que le coût du projet "doit être réévalué de 30 M€ (+15%)", sur la base de 5.000 m² supplémentaires. Les contre-experts recommandent aux acteurs de disposer "d'une vision réaliste du coût du projet, sans chercher à entrer à tout prix dans une 'doctrine Copermo' très contraignante". Ils estiment que "la vérification des coûts en investissement et en exploitation vont fragiliser la trajectoire et donc la soutenabilité financière [du projet], même avec une aide, importante, de 50 M €".

mlb/sl/APMnews

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