Actualités de l'Urgence - APM

24/04 2018
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IL FAUT "UN HÔPITAL PLUS INTÉGRÉ AVEC LA MÉDECINE DE VILLE" (MARTIN HIRSCH)

PARIS, 24 avril 2018 (APMnews) - L'hôpital public doit se transformer en accueillant au sein de mêmes équipes des médecins travaillant à l'hôpital et en cabinet de ville, a expliqué mardi Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), invité de la matinale de France Inter, pour qui une solution doit être rapidement trouvée à la question du statut des médecins, pour permettre cette évolution.

"Avant de souffrir, l'hôpital fait bien son boulot", a répondu Martin Hirsch sur les raisons du malaise des hôpitaux, avant d'expliquer que ce dernier "vient de plusieurs choses", en premier lieu les "transformations extrêmement rapides", liées au développement de l'ambulatoire, qui "change beaucoup les organisations et le rythme de travail". Le directeur général de l'AP-HP a aussi évoqué "un système de management et de gestion" qui n'est "plus du tout adapté" et un "tâtonnement [sur les] modes de relation", ajoutant qu'"on ne sait pas encore bien travailler en équipe à l'hôpital".

Une autre raison est liée aux tensions d'ordre économique, technologique, liées à l'augmentation du nombre de patients, a-t-il poursuivi. Ces dernières années, l'hôpital est probablement le seul secteur "dont la productivité a augmenté si fort", a-t-il pointé, précisant que l'AP-HP accueille "2% de malades de plus chaque année, avec les mêmes effectifs". Cette situation "est possible si on se transforme suffisamment, si on donne plus de souplesse. Aujourd'hui, on est dans un moment où on se prépare à cela, c'est la deuxième étape de la mue", a-t-il analysé.

Interrogé sur cet autre modèle d'hôpital qu'il appelle de ses voeux, Martin Hirsch a plaidé pour un "hôpital qui soit plus intégré avec la médecine de ville", à l'instar d'autres pays où "il n'y a plus l'hôpital d'un côté avec ses murs, le cabinet de ville de l'autre, [mais où] il y a des systèmes intégrés où il y a autant de médecins dans une même équipe qui travaillent plutôt côté ville ou côté hôpital". Cette configuration "remet en question les statuts habituels des médecins", a-t-il insisté.

"On ne sait pas encore comment faire" car les "uns payés à l'acte, les autres salariés au mois, [...] ont l'impression qu'ils ont un mur entre eux, intangible", a-t-il expliqué. C'est "l'un des grands enjeux du mois qui vient de trouver la solution à cela", a-t-il considéré en rappelant les premières annonces sur la transformation du système de santé pourraient intervenir d'ici fin mai-début juin. Pour autant, ce mur "ne s'écroulera pas en une journée, je pense qu'on a quelques mois pour bâtir un espace commun", a-t-il ajouté.

"Des activités plus saisonnalisées"

Une autre transformation, pour Martin Hirsch, est liée à l'adaptation de l'hôpital aux surcharges d'activité. "On a déjà connu ça pour les hôpitaux pédiatriques, où pendant un mois on s'arrête de faire du soin programmé pour prendre en charge toutes les bronchiolites. Je pense que les hôpitaux vont avoir des activités plus saisonnalisées. Pendant les trois semaines ou le mois de la période de grippe, on fera moins d'interventions chirurgicales qui peuvent attendre un mois ou deux mois. On dépassera aussi la frontière entre les lits au sein de l'hôpital", a-t-il fait valoir.

Interrogé sur le problème de la saturation des urgences, Martin Hirsch a distingué "deux catégories de patients". La première, "assez nombreuse, [composée de] celles et ceux pour lesquels il y a un besoin d'être vu comme chez un médecin généraliste". Pour celle-ci, les réponses seront apportées "quand on aura des centres mixtes hôpital-ville", a expliqué Martin Hirsch. La deuxième catégorie est constituée de patients "qui vont aller aux urgences avant d'être hospitalisés". Quand leur afflux est important, "on a besoin de faire en sorte que l'hôpital puisse s'adapter, se mettre en position [de recevoir] moins d'autres malades pour d'autres choses, tout cela est organisable", a défendu Martin Hirsch.

Dans l'ensemble des hôpitaux de l'AP-HP, "on a vu le nombre de patients allant aux urgences augmenter de 4-5% chaque année, et pour autant on n'a pas dégradé le temps d'attente des patients, donc on y a fait face. Aujourd'hui, il faut qu'on fasse diminuer ce temps, c'est un travail sérieux à faire mais c'est un travail possible", a-t-il souligné. Interrogé sur l'étude CHARMED, réalisée dans six services d’accueil des urgences, dont cinq de l’AP-HP, montrant la diminution des erreurs médicales en cas de vérifications croisées systématiques entre les médecins, Martin Hirsch a répondu que cette pratique allait être généralisée dans tous les services (cf dépêche du 24/04/2018 à 17:02).

Sollicité pour savoir si l'hôpital public ne pâtissait pas avant tout d'un manque de moyens, le directeur général de l'AP-HP a jugé qu'"il y a bien sûr un sujet de budget". Mais "quand on n'est pas suffisamment organisés, transformés, souples, réactifs, vous rajoutez de l'argent, ça ne sera pas mieux", a-t-il répondu. Il faut une "remise en cause de nos organisations, celles qui dépendent de nous, celles qui dépendent parfois de statuts qui sont trop rigides pour fonctionner, et ensuite il faut pouvoir mettre de l'argent qui accompagne les choses qui se transforment", a-t-il fait valoir.

Interpellé par un auditeur sur le salaire des soignants, Martin Hirsch a pointé que la France "est un des seuls pays de l'OCDE où les infirmiers des hôpitaux publics ont un salaire inférieur au salaire moyen du pays". Il a dit prôner, et penser "avoir des chances d'être entendu, qu'il faut permettre à ces infirmiers et ces infirmières de pouvoir progresser dans leurs tâches, c'est-à-dire de pouvoir réaliser des actes un peu plus complexes, comme ils le demandent, avec une rémunération supplémentaire pour pouvoir le faire".

Interrogé sur l'opportunité d'une réforme de l'hôpital public selon les mêmes principes que celle de la SNCF, Martin Hirsch a d'abord rejeté la comparaison, l'hôpital étant "un service public de dernier recours, de solidarité". En outre, dans ce secteur, "la concurrence existe depuis longtemps, les cliniques privées existent, on n'est pas dans cette situation de se demander si on va être soumis à la concurrence, on est dans une situation où au contraire on a un certain nombre de missions que personne d'autre ne veut faire" et qui ont besoin d'être confortées, a-t-il assuré. "L'hôpital public restera public avec les valeurs du public et la confiance du public", a affirmé Martin Hirsch.

mlb/sl/APMnews

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PARIS, 24 avril 2018 (APMnews) - L'hôpital public doit se transformer en accueillant au sein de mêmes équipes des médecins travaillant à l'hôpital et en cabinet de ville, a expliqué mardi Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), invité de la matinale de France Inter, pour qui une solution doit être rapidement trouvée à la question du statut des médecins, pour permettre cette évolution.

"Avant de souffrir, l'hôpital fait bien son boulot", a répondu Martin Hirsch sur les raisons du malaise des hôpitaux, avant d'expliquer que ce dernier "vient de plusieurs choses", en premier lieu les "transformations extrêmement rapides", liées au développement de l'ambulatoire, qui "change beaucoup les organisations et le rythme de travail". Le directeur général de l'AP-HP a aussi évoqué "un système de management et de gestion" qui n'est "plus du tout adapté" et un "tâtonnement [sur les] modes de relation", ajoutant qu'"on ne sait pas encore bien travailler en équipe à l'hôpital".

Une autre raison est liée aux tensions d'ordre économique, technologique, liées à l'augmentation du nombre de patients, a-t-il poursuivi. Ces dernières années, l'hôpital est probablement le seul secteur "dont la productivité a augmenté si fort", a-t-il pointé, précisant que l'AP-HP accueille "2% de malades de plus chaque année, avec les mêmes effectifs". Cette situation "est possible si on se transforme suffisamment, si on donne plus de souplesse. Aujourd'hui, on est dans un moment où on se prépare à cela, c'est la deuxième étape de la mue", a-t-il analysé.

Interrogé sur cet autre modèle d'hôpital qu'il appelle de ses voeux, Martin Hirsch a plaidé pour un "hôpital qui soit plus intégré avec la médecine de ville", à l'instar d'autres pays où "il n'y a plus l'hôpital d'un côté avec ses murs, le cabinet de ville de l'autre, [mais où] il y a des systèmes intégrés où il y a autant de médecins dans une même équipe qui travaillent plutôt côté ville ou côté hôpital". Cette configuration "remet en question les statuts habituels des médecins", a-t-il insisté.

"On ne sait pas encore comment faire" car les "uns payés à l'acte, les autres salariés au mois, [...] ont l'impression qu'ils ont un mur entre eux, intangible", a-t-il expliqué. C'est "l'un des grands enjeux du mois qui vient de trouver la solution à cela", a-t-il considéré en rappelant les premières annonces sur la transformation du système de santé pourraient intervenir d'ici fin mai-début juin. Pour autant, ce mur "ne s'écroulera pas en une journée, je pense qu'on a quelques mois pour bâtir un espace commun", a-t-il ajouté.

"Des activités plus saisonnalisées"

Une autre transformation, pour Martin Hirsch, est liée à l'adaptation de l'hôpital aux surcharges d'activité. "On a déjà connu ça pour les hôpitaux pédiatriques, où pendant un mois on s'arrête de faire du soin programmé pour prendre en charge toutes les bronchiolites. Je pense que les hôpitaux vont avoir des activités plus saisonnalisées. Pendant les trois semaines ou le mois de la période de grippe, on fera moins d'interventions chirurgicales qui peuvent attendre un mois ou deux mois. On dépassera aussi la frontière entre les lits au sein de l'hôpital", a-t-il fait valoir.

Interrogé sur le problème de la saturation des urgences, Martin Hirsch a distingué "deux catégories de patients". La première, "assez nombreuse, [composée de] celles et ceux pour lesquels il y a un besoin d'être vu comme chez un médecin généraliste". Pour celle-ci, les réponses seront apportées "quand on aura des centres mixtes hôpital-ville", a expliqué Martin Hirsch. La deuxième catégorie est constituée de patients "qui vont aller aux urgences avant d'être hospitalisés". Quand leur afflux est important, "on a besoin de faire en sorte que l'hôpital puisse s'adapter, se mettre en position [de recevoir] moins d'autres malades pour d'autres choses, tout cela est organisable", a défendu Martin Hirsch.

Dans l'ensemble des hôpitaux de l'AP-HP, "on a vu le nombre de patients allant aux urgences augmenter de 4-5% chaque année, et pour autant on n'a pas dégradé le temps d'attente des patients, donc on y a fait face. Aujourd'hui, il faut qu'on fasse diminuer ce temps, c'est un travail sérieux à faire mais c'est un travail possible", a-t-il souligné. Interrogé sur l'étude CHARMED, réalisée dans six services d’accueil des urgences, dont cinq de l’AP-HP, montrant la diminution des erreurs médicales en cas de vérifications croisées systématiques entre les médecins, Martin Hirsch a répondu que cette pratique allait être généralisée dans tous les services (cf dépêche du 24/04/2018 à 17:02).

Sollicité pour savoir si l'hôpital public ne pâtissait pas avant tout d'un manque de moyens, le directeur général de l'AP-HP a jugé qu'"il y a bien sûr un sujet de budget". Mais "quand on n'est pas suffisamment organisés, transformés, souples, réactifs, vous rajoutez de l'argent, ça ne sera pas mieux", a-t-il répondu. Il faut une "remise en cause de nos organisations, celles qui dépendent de nous, celles qui dépendent parfois de statuts qui sont trop rigides pour fonctionner, et ensuite il faut pouvoir mettre de l'argent qui accompagne les choses qui se transforment", a-t-il fait valoir.

Interpellé par un auditeur sur le salaire des soignants, Martin Hirsch a pointé que la France "est un des seuls pays de l'OCDE où les infirmiers des hôpitaux publics ont un salaire inférieur au salaire moyen du pays". Il a dit prôner, et penser "avoir des chances d'être entendu, qu'il faut permettre à ces infirmiers et ces infirmières de pouvoir progresser dans leurs tâches, c'est-à-dire de pouvoir réaliser des actes un peu plus complexes, comme ils le demandent, avec une rémunération supplémentaire pour pouvoir le faire".

Interrogé sur l'opportunité d'une réforme de l'hôpital public selon les mêmes principes que celle de la SNCF, Martin Hirsch a d'abord rejeté la comparaison, l'hôpital étant "un service public de dernier recours, de solidarité". En outre, dans ce secteur, "la concurrence existe depuis longtemps, les cliniques privées existent, on n'est pas dans cette situation de se demander si on va être soumis à la concurrence, on est dans une situation où au contraire on a un certain nombre de missions que personne d'autre ne veut faire" et qui ont besoin d'être confortées, a-t-il assuré. "L'hôpital public restera public avec les valeurs du public et la confiance du public", a affirmé Martin Hirsch.

mlb/sl/APMnews

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