Actualités de l'Urgence - APM

Les deux organisations syndicales ont déposé un préavis de grève reconductible pour dénoncer "une situation extrêmement critique" au sein des urgences du CHU, ont-elles annoncé dans un communiqué diffusé mardi par les deux syndicats.

"De nombreux patients restent en zone ou sur un brancard jusqu’à 50 heures d’attente, du fait d’un manque de médecins et de lits d'aval, sans compter les personnels soignants qui ne sont pas suffisants au vu du nombre des admissions", ont illustré les syndicats dans ce communiqué.

Les syndicats ont mis en avant trois revendications principales: la création de "lits d'aval supplémentaires de médecine et de gériatrie", "des recrutements immédiats" de personnels soignants et des recrutements de personnels médicaux.

Une rencontre entre la direction du CHU et les représentants des deux syndicats s'est tenue vendredi, au cours de laquelle la direction a fait plusieurs propositions pour tenter de répondre à ces demandes.

"Nous allons mettre en place un renfort des équipes paramédicales sur les urgences pour faire face à cette situation", a indiqué le directeur général du CHU de Strasbourg, Christophe Gautier, contacté par APMnews.

Il a également annoncé qu'un "audit organisationnel" accompagnerait ce dispositif sur les urgences du Nouvel hôpital civil". Enfin, le CHU devrait ouvrir de 10 nouveaux lits d'aval en médecine pour personnes âgées polypathologiques, potentiellement au sein du Nouvel hôpital civil. Ces lits supplémentaires s'ajoutent aux lits de médecine supplémentaires déployés en février dans le cadre du dispositif hivernal des HUS.

"J'ai bon espoir que ces mesures combinées puissent permettre de revenir à une situation de flux plus maîtrisé", a déclaré Christophe Gautier, tout en reconnaissant que le pic épidémique auquel fait face son établissement avait "mis en lumière le besoin de lits supplémentaires", avec un "profil de patients qui requiert davantage d’hospitalisations".

Les syndicats saluent les propositions de la direction mais maintiennent leur préavis

Si la direction du CHU s'est engagée à pérenniser ces 24 lits supplémentaires, le CFTC et FO ont décidé de maintenir malgré tout leur mouvement de grève pour mardi 20 mars.

"Le constat est partagé, mais on estime qu'il n'y a pas eu assez d'anticipation dans la fermeture des lits d’aval", a regretté Christian Prud'homme, le secrétaire général de FO aux Hôpitaux universitaires de Strasbourg, contacté par APMnews.

"Pour les équipes, c'est intenable", a-t-il poursuivi, en rapportant que les urgences avaient enregistré samedi 10 mars près "220 passages pour 30 places en seulement 24 heures".

Christian Prud'homme a toutefois salué la volonté du CHU de recruter des personnels malgré les contraintes du contrat de retour à l'équilibre auquel sont tenus les HUS.

"Le directeur général a fait part d'un problème avec le recrutement des médecins, qui ne pourra pas intervenir avant novembre, et on recherche des infirmières", a fait remarquer Jean-Claude Matry, président du syndicat CFTC HUS.

Il a notamment mis en cause le manque d'attractivité des salaires proposés aux personnels soignants pour expliquer ces difficultés de recrutements.

Le président de la CFTC HUS a rapporté les témoignages de personnels angoissés par leurs conditions de travail, ayant "peur de perdre leur diplôme".

"On maintient la grève le 20 mars, car trop, c'est trop", a-t-il ajouté, en insistant sur l'épuisement des personnels en sous-effectif.

"Il y a eu deux morts dans d'autre urgences, mais ça aurait très bien pu arriver à Strasbourg", fait remarquer de son côté Christian Prud'homme, en faisant référence aux décès d'une patient aux urgences des CHU de Reims (cf dépêche du 15/03/2018 à 16:48) et de Rennes (cf dépêche du 14/03/2018 à 13:29).

"Depuis l'hiver dernier, les situations de saturations ne sont plus cantonnées au pics épidémiques hivernaux", fait remarquer le secrétaire général FOHUS.

Face à la saturation de ses services d'urgences, le CHU de Strasbourg est passé au 4e niveau du dispositif "hôpital en tension".

En février, FO avait levé un premier préavis de grève aux urgences du Nouvel hôpital civil après avoir obtenu de propositions satisfaisantes de la part de la direction du CHU, rappelle-t-on (cf dépêche du 12/02/2018 à 18:47).

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