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07/03 2024
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LA DIRECTION PROVISOIRE ET L'ARS SE VEULENT RASSURANTES SUR LA NON-CERTIFICATION DU CH DE NEVERS

NEVERS, 7 mars 2024 (APMnews) - Les deux administratrices provisoires du centre hospitalier de l'agglomération de Nevers (Chan), Danielle Portal et Martine Ladoucette, et le directeur général adjoint de l'ARS Bourgogne-Franche-Comté, le Dr Mohamed Si Abdallah, ont fait état mercredi en conférence de presse des avancées de l'établissement depuis les constats alarmants de la Haute autorité de santé (HAS) qui avaient conduit à sa mise sous administration provisoire.

Début octobre 2023, l'agence régionale de santé avait annoncé le placement sous administration provisoire du Chan en raison des "grandes difficultés" auxquelles il était confronté, à la suite des constats remontés par les experts visiteurs de la HAS (cf dépêche du 09/10/2023 à 16:49).

"La non-certification, c'est peut-être un élément qu'il faut prendre comme un élément positif qui nous requestionne sur notre organisation et qui nous permet d'aller de l'avant et d'améliorer encore les prises en charge", a assuré le directeur général adjoint de l'ARS, le Dr Mohamed Si Abdallah, au surlendemain de la parution du rapport de la HAS faisant état de la non-certification du Chan.

La haute autorité y soulignait tout particulièrement les "difficultés de recrutement, en particulier médicales, [qui] impactent fortement l'activité, l'offre de soins et la sécurité dans certains secteurs", en particulier le service d'urgence du Chan (cf dépêche du 05/03/2024 à 17:24).

L'ancienne directrice générale du CHU de Nîmes et de l'ARS La Réunion, Martine Ladoucette, a indiqué qu'une des premières mesures mises en place par l'administration provisoire à cet endroit avait été la création d'un "comité qualité ad hoc, adapté au contexte exceptionnel […] donc restreint mais opérationnel".

Un comité pour les problématiques prioritaires ciblées par la HAS

Ce comité conduit un suivi hebdomadaire, voire plurihebdomadaire, "des 11 thématiques considérées comme ultra-prioritaires par la HAS", dont plusieurs "en rapport avec la gestion des urgences au sein de l'établissement", a-t-elle poursuivi en citant le "protocole de prise en charge des urgences vitales", le "fait de réactualiser la composition et de compléter l'équipement des chariots d'urgence dans l'ensemble des services", "de former les personnels paramédicaux à l'ensemble des gestes d'urgence".

"On a besoin de remettre en place un programme de formation assez global qui concerne les médecins, non pas du service des urgences, mais des services hospitaliers pour que tout médecin soit évidemment au fait du protocole des urgences vitales", a-t-elle enchaîné. Elle a également cité l'importance des aspects de prescription et de dispensation des médicaments.

"Il y a des choses très concrètes qui ont été déployées dans l'hôpital depuis la visite de la HAS", a-t-elle argué. "Les chariots d'urgence, la fermeture des armoires de pharmacie, des protocoles d'urgence qui ont été passés en CME [commission médicale d'établissement], les programmes de formation qui ont démarré, tout ça est très concret, très opérationnel."

De son côté, Danielle Portal, ex-directrice générale du CHU d'Amiens et administratrice provisoire, a concédé que la non-certification aurait cependant des conséquences en privant le Chan de tout financement à la qualité: "On ne doit pas être loin du million d'euros."

Les premières mesures prises par l'administration ont été suivies du lancement de la mission d'appui sur les urgences et les parcours de soins, confiée au Pr Pierre Carli, ancien chef du Samu de Paris et président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), et au Dr Sylvain Gibey, chef de service et de pôle, président de la commission médicale d'établissement (CME) du CH de Dole, actuellement en détachement après sa condamnation pour "escroquerie" en première instance pour avoir été à l'origine d'un préjudice de 214.000 euros à l'hôpital de Dole entre 2017 et 2021 (une condamnation pour laquelle un jugement un appel est attendu, comme le rapporte Le Journal du Centre, NDLR).

Une mission spécifique sur les urgences et les parcours de soins

Le Pr Carli, également présent à la conférence de presse, a affiché sa volonté "de prendre ce sujet sur le fond, dans la durée, dans la construction et d'essayer de trouver des parcours de soins permettant à la population du département d'accéder aux soins qui, dans ce département, sont limités".

Danielle Portal n'a pas manqué de rappeler que les difficultés du Chan relevaient en premier lieu d'un "problème de démographie médicale aiguë" auquel s'ajoutait également un problème paramédical: "Nous avons un certain nombre de structures qui ne fonctionnent pas au plein de leur capacité, notamment des structures d'aval."

"Nous avons une difficulté, un hiatus, entre ce que nous sommes capables de faire aujourd'hui, ce qui est inférieur à ce que nous faisions il y a trois ans, et un besoin de santé de la population qui, lui, n'a pas varié", a-t-elle résumé.

De premières améliorations aux urgences

"Avec le soutien des professionnels de l'établissement, nous avons mis en place des aides au niveau du service des urgences", a rapporté l'ancienne directrice du CHU d'Amiens. "Nous y avons déployé une ligne de traumatologie qui fonctionne aujourd'hui tous les jours de 8 heures à minuit et qui permet donc de prendre en charge la traumatologie", laquelle "représente, en général, 30% des urgences".

Une unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD) de 10 lits a également été ouverte et 10 lits post urgences ont été créés au sein du service de gastro-entérologie, tandis que la mobilisation des équipes médicales du Chan, mais aussi le recours à des médecins remplaçants et intérimaires, ont permis de remplir en moyenne 3,6 des quatre lignes de garde prévues pour les urgences de l'hôpital nivernais depuis début 2024.

On n'est donc plus dans "la situation d'avant Noël, qui a été vraiment très critique puisque, compte tenu des postes vacants mais aussi des arrêts de travail simultané, nous n'avions plus qu'un seul médecin urgentiste ou deux au maximum par jour", a illustré Danielle Portal.

Martine Ladoucette a mis en exergue de son côté la mise en place depuis début février d'une équipe de gériatres aux urgences "tous les jours pour assurer l'orientation des patients de plus de 75 ans" et éviter au maximum leur hospitalisation.

Les deux administratrices ont également évoqué le rôle de la cellule de gestion des lits du Chan, qui a vocation à être renforcé, pour éviter des hébergements de patients de médecine en chirurgie et inversement.

Martinie Ladoucette a ensuite mentionné la nécessité de développer la chirurgie ambulatoire au Chan, de travailler sur les durées de séjour, ou encore de renforcer le lien avec l'hospitalisation à domicile (HAD) pour laquelle une convention doit être prochainement signée.

Le développement de temps partagés avec le CHU de Dijon apparaît comme un des leviers pour renforcer et consolider les équipes du Chan, alors que deux professeurs des universités-praticiens hospitaliers (PU-PH) du CHU interviennent déjà à Nevers en réanimation et en gynécologie-obstétrique, comme l'a expliqué Danielle Portal: "Ils contribuent à permettre à de jeunes professionnels de découvrir le Chan et peut-être de faire ensuite leur carrière, leur carrière médicale."

"Sur le personnel non médical", elle a observé "qu'aujourd'hui, la situation est plus dégradée du fait des absences au travail -avec des congés maternité ou des congés longue maladie- que des postes vacants en eux-mêmes".

L'administration provisoire prépare donc un plan d'attractivité et de fidélisation pour les professionnels non médicaux qu'elle espère pouvoir présenter fin mars alors que son mandat s'achèvera avant l'arrivée du futur directeur, Florent Foucard (cf dépêche du 23/02/2024 à 11:38), qui prendra ses fonctions le 16 avril.

Après une première phase de diagnostic, la mission conduite par le Pr Carli devrait quant à elle rendre ses conclusions opérationnelles en juin.

"Nous avons vraiment souhaité un très haut niveau de compétence par rapport à la situation. Nous n'abandonnerons jamais cet hôpital, parce que c'est un hôpital important dans son territoire", a fait valoir de son côté le Dr Si Abdallah pour l'ARS Bourgogne-Franche-Comté.

gl/nc/APMnews

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NEVERS, 7 mars 2024 (APMnews) - Les deux administratrices provisoires du centre hospitalier de l'agglomération de Nevers (Chan), Danielle Portal et Martine Ladoucette, et le directeur général adjoint de l'ARS Bourgogne-Franche-Comté, le Dr Mohamed Si Abdallah, ont fait état mercredi en conférence de presse des avancées de l'établissement depuis les constats alarmants de la Haute autorité de santé (HAS) qui avaient conduit à sa mise sous administration provisoire.

Début octobre 2023, l'agence régionale de santé avait annoncé le placement sous administration provisoire du Chan en raison des "grandes difficultés" auxquelles il était confronté, à la suite des constats remontés par les experts visiteurs de la HAS (cf dépêche du 09/10/2023 à 16:49).

"La non-certification, c'est peut-être un élément qu'il faut prendre comme un élément positif qui nous requestionne sur notre organisation et qui nous permet d'aller de l'avant et d'améliorer encore les prises en charge", a assuré le directeur général adjoint de l'ARS, le Dr Mohamed Si Abdallah, au surlendemain de la parution du rapport de la HAS faisant état de la non-certification du Chan.

La haute autorité y soulignait tout particulièrement les "difficultés de recrutement, en particulier médicales, [qui] impactent fortement l'activité, l'offre de soins et la sécurité dans certains secteurs", en particulier le service d'urgence du Chan (cf dépêche du 05/03/2024 à 17:24).

L'ancienne directrice générale du CHU de Nîmes et de l'ARS La Réunion, Martine Ladoucette, a indiqué qu'une des premières mesures mises en place par l'administration provisoire à cet endroit avait été la création d'un "comité qualité ad hoc, adapté au contexte exceptionnel […] donc restreint mais opérationnel".

Un comité pour les problématiques prioritaires ciblées par la HAS

Ce comité conduit un suivi hebdomadaire, voire plurihebdomadaire, "des 11 thématiques considérées comme ultra-prioritaires par la HAS", dont plusieurs "en rapport avec la gestion des urgences au sein de l'établissement", a-t-elle poursuivi en citant le "protocole de prise en charge des urgences vitales", le "fait de réactualiser la composition et de compléter l'équipement des chariots d'urgence dans l'ensemble des services", "de former les personnels paramédicaux à l'ensemble des gestes d'urgence".

"On a besoin de remettre en place un programme de formation assez global qui concerne les médecins, non pas du service des urgences, mais des services hospitaliers pour que tout médecin soit évidemment au fait du protocole des urgences vitales", a-t-elle enchaîné. Elle a également cité l'importance des aspects de prescription et de dispensation des médicaments.

"Il y a des choses très concrètes qui ont été déployées dans l'hôpital depuis la visite de la HAS", a-t-elle argué. "Les chariots d'urgence, la fermeture des armoires de pharmacie, des protocoles d'urgence qui ont été passés en CME [commission médicale d'établissement], les programmes de formation qui ont démarré, tout ça est très concret, très opérationnel."

De son côté, Danielle Portal, ex-directrice générale du CHU d'Amiens et administratrice provisoire, a concédé que la non-certification aurait cependant des conséquences en privant le Chan de tout financement à la qualité: "On ne doit pas être loin du million d'euros."

Les premières mesures prises par l'administration ont été suivies du lancement de la mission d'appui sur les urgences et les parcours de soins, confiée au Pr Pierre Carli, ancien chef du Samu de Paris et président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), et au Dr Sylvain Gibey, chef de service et de pôle, président de la commission médicale d'établissement (CME) du CH de Dole, actuellement en détachement après sa condamnation pour "escroquerie" en première instance pour avoir été à l'origine d'un préjudice de 214.000 euros à l'hôpital de Dole entre 2017 et 2021 (une condamnation pour laquelle un jugement un appel est attendu, comme le rapporte Le Journal du Centre, NDLR).

Une mission spécifique sur les urgences et les parcours de soins

Le Pr Carli, également présent à la conférence de presse, a affiché sa volonté "de prendre ce sujet sur le fond, dans la durée, dans la construction et d'essayer de trouver des parcours de soins permettant à la population du département d'accéder aux soins qui, dans ce département, sont limités".

Danielle Portal n'a pas manqué de rappeler que les difficultés du Chan relevaient en premier lieu d'un "problème de démographie médicale aiguë" auquel s'ajoutait également un problème paramédical: "Nous avons un certain nombre de structures qui ne fonctionnent pas au plein de leur capacité, notamment des structures d'aval."

"Nous avons une difficulté, un hiatus, entre ce que nous sommes capables de faire aujourd'hui, ce qui est inférieur à ce que nous faisions il y a trois ans, et un besoin de santé de la population qui, lui, n'a pas varié", a-t-elle résumé.

De premières améliorations aux urgences

"Avec le soutien des professionnels de l'établissement, nous avons mis en place des aides au niveau du service des urgences", a rapporté l'ancienne directrice du CHU d'Amiens. "Nous y avons déployé une ligne de traumatologie qui fonctionne aujourd'hui tous les jours de 8 heures à minuit et qui permet donc de prendre en charge la traumatologie", laquelle "représente, en général, 30% des urgences".

Une unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD) de 10 lits a également été ouverte et 10 lits post urgences ont été créés au sein du service de gastro-entérologie, tandis que la mobilisation des équipes médicales du Chan, mais aussi le recours à des médecins remplaçants et intérimaires, ont permis de remplir en moyenne 3,6 des quatre lignes de garde prévues pour les urgences de l'hôpital nivernais depuis début 2024.

On n'est donc plus dans "la situation d'avant Noël, qui a été vraiment très critique puisque, compte tenu des postes vacants mais aussi des arrêts de travail simultané, nous n'avions plus qu'un seul médecin urgentiste ou deux au maximum par jour", a illustré Danielle Portal.

Martine Ladoucette a mis en exergue de son côté la mise en place depuis début février d'une équipe de gériatres aux urgences "tous les jours pour assurer l'orientation des patients de plus de 75 ans" et éviter au maximum leur hospitalisation.

Les deux administratrices ont également évoqué le rôle de la cellule de gestion des lits du Chan, qui a vocation à être renforcé, pour éviter des hébergements de patients de médecine en chirurgie et inversement.

Martinie Ladoucette a ensuite mentionné la nécessité de développer la chirurgie ambulatoire au Chan, de travailler sur les durées de séjour, ou encore de renforcer le lien avec l'hospitalisation à domicile (HAD) pour laquelle une convention doit être prochainement signée.

Le développement de temps partagés avec le CHU de Dijon apparaît comme un des leviers pour renforcer et consolider les équipes du Chan, alors que deux professeurs des universités-praticiens hospitaliers (PU-PH) du CHU interviennent déjà à Nevers en réanimation et en gynécologie-obstétrique, comme l'a expliqué Danielle Portal: "Ils contribuent à permettre à de jeunes professionnels de découvrir le Chan et peut-être de faire ensuite leur carrière, leur carrière médicale."

"Sur le personnel non médical", elle a observé "qu'aujourd'hui, la situation est plus dégradée du fait des absences au travail -avec des congés maternité ou des congés longue maladie- que des postes vacants en eux-mêmes".

L'administration provisoire prépare donc un plan d'attractivité et de fidélisation pour les professionnels non médicaux qu'elle espère pouvoir présenter fin mars alors que son mandat s'achèvera avant l'arrivée du futur directeur, Florent Foucard (cf dépêche du 23/02/2024 à 11:38), qui prendra ses fonctions le 16 avril.

Après une première phase de diagnostic, la mission conduite par le Pr Carli devrait quant à elle rendre ses conclusions opérationnelles en juin.

"Nous avons vraiment souhaité un très haut niveau de compétence par rapport à la situation. Nous n'abandonnerons jamais cet hôpital, parce que c'est un hôpital important dans son territoire", a fait valoir de son côté le Dr Si Abdallah pour l'ARS Bourgogne-Franche-Comté.

gl/nc/APMnews

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