Actualités de l'Urgence - APM

30/06 2023
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LA FAIBLE DENSITÉ DE MÉDECINS GÉNÉRALISTES N'ACCROÎT PAS FORCÉMENT LE TAUX DE RECOURS AUX URGENCES (CNAM)

PARIS, 30 juin 2023 (APMnews) - La Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) n'établit "aucun lien de corrélation" entre la densité de médecins généralistes et le taux de recours aux services des urgences "à l'échelle des territoires de vie-santé", selon le projet de rapport annuel sur ses charges et produits, qu'APMnews s'est procuré.

Dans ce document de 300 pages, qui sera examiné par son conseil jeudi 6 juillet, la Cnam entend contribuer à hauteur de 1,265 milliard d'euros (Md€) au respect de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) en vue du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 (cf dépêche du 29/06/2023 à 18:00).

Dans son rapport, elle note qu'en 2021, le nombre de passages aux urgences était de 20 millions, soit "en augmentation constante depuis 2015". Une hausse qui s'explique essentiellement par "une hausse du taux de recours". Les effets démographiques ont en revanche eu, selon elle, "un rôle mineur".

La pandémie de Covid-19 a fortement "affecté" le recours aux urgences, rappelle la Cnam. Entre 2015 et 2019, le nombre de passages a augmenté de "plus de 11%", selon ses chiffres, alors qu'il a baissé de " 7,2% entre 2019 et 2021".

Un recours plus important pour les personnes sans médecin traitant

Elle ne retrouve en revanche aucun lien de corrélation entre la hausse du recours aux urgences et la densité de médecins généralistes.

Pour parvenir à ce constat, elle s'est basée sur l'indicateur d'accessibilité potentielle localisée (APL), indicateur recouvrant "l'activité du praticien, le temps d'accès au praticien et le recours aux soins par classe d'âge". Elle s'exprime en nombre de consultations accessibles par an par habitant pour les médecins généralistes", précise la Cnam.

Après analyse des APL de 2015, 2019 ou encore de 2021, la Cnam assure que cet indicateur n'a aucun impact "sur le nombre de passages aux urgences des assurés résidant dans ce Territoire de vie-santé (TVD)". De même selon elle, l'évolution de l'APL "n'est pas corrélée avec l'évolution du nombre de passages aux urgences par territoire de vie".

En revanche, le fait d'avoir un médecin traitant semble considérablement diminuer le taux de recours aux urgences.

"Le fait d'avoir un médecin traitant diminue d'un tiers le taux de recours aux urgences, avec une consommation de soins généralistes plus importante", souligne le rapport.

La précarité, "facteur associé" à recours plus important

Il évoque par la suite plusieurs autres critères pouvant influencer le taux de recours aux urgences.

L'activité de permanence des soins ambulatoire (PDSA) "semble pertinente pour réduire le recours aux urgences", reconnaît la Cnam. Elle souligne que "l'évolution de la PDSA est assez comparable à celle des urgences, avec une forte croissance entre 2015 et 2019 puis une baisse entre 2029 et 2021".

"A l'instar des activités des urgences, on observe une augmentation de l'activité clinique de PDSA régulée particulièrement marquée entre 2015 et 2019 (+24%), puis une légère baisse entre 2019 et 2021 (-1,5%)", détaille la Cnam.

En 2021, "seuls 8% des actes de PDSA sont suivis le jour même, ou le lendemain d'un passage aux urgences", souligne-t-elle ensuite: "La PDSA semble ainsi jouer un rôle efficace dans le tri des passages aux urgences, pour les patients qui y ont recours." Elle nuance tout de même cet impact, notant qu'il reste "limité dans ses proportions".

La précarité aussi se révèle un "facteur associé" à un recours aux urgences plus important. "Parmi les personnes ayant recours à plus de cinq fois par an aux urgences en 2017, 27% résident dans une commune faisant partie des 20% des communes les plus défavorisées, contre 18% parmi les personnes n'ayant jamais recours aux urgences dans l'année."

De même, les bénéficiaires de la C2S "sont également surreprésentés parmi les personnes ayant un recours fréquent (plus de cinq fois) aux urgences: 0,4% pour les non-bénéficiaires de la C2S contre 1,2% pour les bénéficiaires de la C2S payante et 1,3% pour les bénéficiaires de la C2S gratuite", explicite la Cnam.

Outre la précarité, certaines pathologies sont "surreprésentées": "Parmi les personnes ayant des passages très fréquents aux urgences (plus de 5 fois par an), 22,9% présentent une maladie psychiatrique 20,5% une maladie cardio-neurovasculaire et 17,3% une maladie respiratoire chronique".

Projet de rapport "charges et produits" de l'assurance maladie pour 2024

jr/nc/APMnews

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LA FAIBLE DENSITÉ DE MÉDECINS GÉNÉRALISTES N'ACCROÎT PAS FORCÉMENT LE TAUX DE RECOURS AUX URGENCES (CNAM)

PARIS, 30 juin 2023 (APMnews) - La Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) n'établit "aucun lien de corrélation" entre la densité de médecins généralistes et le taux de recours aux services des urgences "à l'échelle des territoires de vie-santé", selon le projet de rapport annuel sur ses charges et produits, qu'APMnews s'est procuré.

Dans ce document de 300 pages, qui sera examiné par son conseil jeudi 6 juillet, la Cnam entend contribuer à hauteur de 1,265 milliard d'euros (Md€) au respect de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) en vue du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 (cf dépêche du 29/06/2023 à 18:00).

Dans son rapport, elle note qu'en 2021, le nombre de passages aux urgences était de 20 millions, soit "en augmentation constante depuis 2015". Une hausse qui s'explique essentiellement par "une hausse du taux de recours". Les effets démographiques ont en revanche eu, selon elle, "un rôle mineur".

La pandémie de Covid-19 a fortement "affecté" le recours aux urgences, rappelle la Cnam. Entre 2015 et 2019, le nombre de passages a augmenté de "plus de 11%", selon ses chiffres, alors qu'il a baissé de " 7,2% entre 2019 et 2021".

Un recours plus important pour les personnes sans médecin traitant

Elle ne retrouve en revanche aucun lien de corrélation entre la hausse du recours aux urgences et la densité de médecins généralistes.

Pour parvenir à ce constat, elle s'est basée sur l'indicateur d'accessibilité potentielle localisée (APL), indicateur recouvrant "l'activité du praticien, le temps d'accès au praticien et le recours aux soins par classe d'âge". Elle s'exprime en nombre de consultations accessibles par an par habitant pour les médecins généralistes", précise la Cnam.

Après analyse des APL de 2015, 2019 ou encore de 2021, la Cnam assure que cet indicateur n'a aucun impact "sur le nombre de passages aux urgences des assurés résidant dans ce Territoire de vie-santé (TVD)". De même selon elle, l'évolution de l'APL "n'est pas corrélée avec l'évolution du nombre de passages aux urgences par territoire de vie".

En revanche, le fait d'avoir un médecin traitant semble considérablement diminuer le taux de recours aux urgences.

"Le fait d'avoir un médecin traitant diminue d'un tiers le taux de recours aux urgences, avec une consommation de soins généralistes plus importante", souligne le rapport.

La précarité, "facteur associé" à recours plus important

Il évoque par la suite plusieurs autres critères pouvant influencer le taux de recours aux urgences.

L'activité de permanence des soins ambulatoire (PDSA) "semble pertinente pour réduire le recours aux urgences", reconnaît la Cnam. Elle souligne que "l'évolution de la PDSA est assez comparable à celle des urgences, avec une forte croissance entre 2015 et 2019 puis une baisse entre 2029 et 2021".

"A l'instar des activités des urgences, on observe une augmentation de l'activité clinique de PDSA régulée particulièrement marquée entre 2015 et 2019 (+24%), puis une légère baisse entre 2019 et 2021 (-1,5%)", détaille la Cnam.

En 2021, "seuls 8% des actes de PDSA sont suivis le jour même, ou le lendemain d'un passage aux urgences", souligne-t-elle ensuite: "La PDSA semble ainsi jouer un rôle efficace dans le tri des passages aux urgences, pour les patients qui y ont recours." Elle nuance tout de même cet impact, notant qu'il reste "limité dans ses proportions".

La précarité aussi se révèle un "facteur associé" à un recours aux urgences plus important. "Parmi les personnes ayant recours à plus de cinq fois par an aux urgences en 2017, 27% résident dans une commune faisant partie des 20% des communes les plus défavorisées, contre 18% parmi les personnes n'ayant jamais recours aux urgences dans l'année."

De même, les bénéficiaires de la C2S "sont également surreprésentés parmi les personnes ayant un recours fréquent (plus de cinq fois) aux urgences: 0,4% pour les non-bénéficiaires de la C2S contre 1,2% pour les bénéficiaires de la C2S payante et 1,3% pour les bénéficiaires de la C2S gratuite", explicite la Cnam.

Outre la précarité, certaines pathologies sont "surreprésentées": "Parmi les personnes ayant des passages très fréquents aux urgences (plus de 5 fois par an), 22,9% présentent une maladie psychiatrique 20,5% une maladie cardio-neurovasculaire et 17,3% une maladie respiratoire chronique".

Projet de rapport "charges et produits" de l'assurance maladie pour 2024

jr/nc/APMnews

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