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28/02 2024
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LA FHP RÉCLAME UNE HAUSSE DE L'ONDAM 2024 DE 10% POUR ÉVITER LA "PAUPÉRISATION" DU SECTEUR PRIVÉ

PARIS, 28 février 2024 (APMnews) - Si l'Etat ne compense pas correctement l'inflation, en augmentant l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) 2024 de 10%, plus de la moitié des établissements privés seront en déficit en 2024, a assuré mercredi la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), se basant sur une étude économique menée par le cabinet Roland Berger.

Lors de ce point presse, la FHP a jugé que l'Ondam actuel était "insincère" et qu'un "relèvement massif" des financements était indispensable dans le cadre de la campagne tarifaire de 2024.

Concrètement, la fédération souhaite une revalorisation de 10% des tarifs pour les activités de médecine-chirurgie-obstétrique (MCO), soit une hausse de 1,2 milliard d'euros (Md€) de l'Ondam hospitalier, dont 510 millions d'euros (M€) pour le secteur privé. Cette hausse prendrait en compte l'inflation en 2023 et 2024, dont les mesures d'alignement sur les revalorisations salariales décidées par le gouvernement pour le secteur public, ainsi que l'évolution structurelle de l'activité.

"A ce jour, on peut avoir une hausse des tarifs de 3,23%", a estimé Lamine Gharbi, président de la FHP, rappelant que l'Ondam avait augmenté de 5% en 2023 (cf dépêche du 17/04/2023 à 11:50). Mais une telle évolution est jugée très insuffisante par la FHP.

"Ce que l'on demande, c'est un Ondam rectificatif, à hauteur de 1,2 Md€, pour pouvoir passer de +3,23% à +10%", a-t-il poursuivi. "Demander 10%, ce n'est pas une incantation", cela passe par "une rectification de l'Ondam", a-t-il insisté.

"Si l'Etat ne compense pas urgemment l'inflation avec des financements supplémentaires, la situation va se répéter et s'amplifier avec de nouveau une perte estimée à 510 M€" pour le privé, a fait valoir la fédération.

53% des établissements privés pourraient être déficitaires en 2024

L'étude commandée par la FHP montre qu'en 2023, 40% des établissements privés étaient en déficit, contre 25% en 2021.

En 2024, "la baisse du coût de l'énergie sera minime (-8%) au regard de la hausse depuis 2022 (+145%) et l'inflation des autres coûts conduira à une proportion d'établissements déficitaires d'[environ] 53%", peut-on lire.

La capacité d'investissement du secteur privé pourrait de même se contracter de 75%, alors que près de 1,1 Md€ ont été investis par an entre 2021-2023.

Dans ce contexte de forte contrainte financière, "des choix seront faits sur le soin […] et des établissements vont déposer le bilan", a alarmé la déléguée générale de la FHP, Christine Schibler. En 2023, il y aurait par exemple eu une dizaine de fermetures de maternité, a-t-elle avancé. Globalement, ces établissements vont se "paupériser", a soutenu Lamine Gharbi.

"En l'absence de financements additionnels, [environ] 90 établissements privés ayant une structure d'urgences générales seraient déficitaires en 2024", selon l'étude. Ces établissements prennent en charge actuellement près de 12% du nombre total des passages aux urgences en France.

Pour les services obstétriques, ce sont 80 établissements privés qui seraient menacés, représentant là aussi 12% de la prise en charge globale sur le territoire.

L'étude évoque également 159 établissements privés disposant d'unités de surveillance continue, et qui seraient en déficit en 2024 sans revalorisation suffisante de l'Ondam. Ces établissements assurent 18% des prises en charge au niveau national.

Des interrogations sur la répartition territoriale des 500 M€

La FHP a par ailleurs déploré que l'aide exceptionnelle pour les établissements publics et privés de santé, annoncée mi-février par le ministère du travail, de la santé et des solidarités, ne soit "que" de 500 M€ (cf dépêche du 16/02/2024 à 15:31).

Christine Schibler a notamment regretté que cette aide "insuffisante" ne soit pas "pérenne".

Sur les 500 M€, "seuls 75 M€" reviennent au secteur privé, a abondé Lamine Gharbi.

Le président de la FHP a ainsi interrogé la répartition faite de cette aide au sein des régions. En Occitanie, le privé réalise 50% de l'activité, mais ne va percevoir que 9,7 M€ sur les 43,1 M€ versés à la région, soit 22,6% du total, a-t-il par exemple pointé.

Dans les Hauts-de-France, "région où les établissements privés sont particulièrement importants", ce pourcentage serait de près de 9%, soit 3,8 M€ sur les 43 M€ revenant à la région, a-t-il également observé.

mg/ab/APMnews

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LA FHP RÉCLAME UNE HAUSSE DE L'ONDAM 2024 DE 10% POUR ÉVITER LA "PAUPÉRISATION" DU SECTEUR PRIVÉ

PARIS, 28 février 2024 (APMnews) - Si l'Etat ne compense pas correctement l'inflation, en augmentant l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) 2024 de 10%, plus de la moitié des établissements privés seront en déficit en 2024, a assuré mercredi la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), se basant sur une étude économique menée par le cabinet Roland Berger.

Lors de ce point presse, la FHP a jugé que l'Ondam actuel était "insincère" et qu'un "relèvement massif" des financements était indispensable dans le cadre de la campagne tarifaire de 2024.

Concrètement, la fédération souhaite une revalorisation de 10% des tarifs pour les activités de médecine-chirurgie-obstétrique (MCO), soit une hausse de 1,2 milliard d'euros (Md€) de l'Ondam hospitalier, dont 510 millions d'euros (M€) pour le secteur privé. Cette hausse prendrait en compte l'inflation en 2023 et 2024, dont les mesures d'alignement sur les revalorisations salariales décidées par le gouvernement pour le secteur public, ainsi que l'évolution structurelle de l'activité.

"A ce jour, on peut avoir une hausse des tarifs de 3,23%", a estimé Lamine Gharbi, président de la FHP, rappelant que l'Ondam avait augmenté de 5% en 2023 (cf dépêche du 17/04/2023 à 11:50). Mais une telle évolution est jugée très insuffisante par la FHP.

"Ce que l'on demande, c'est un Ondam rectificatif, à hauteur de 1,2 Md€, pour pouvoir passer de +3,23% à +10%", a-t-il poursuivi. "Demander 10%, ce n'est pas une incantation", cela passe par "une rectification de l'Ondam", a-t-il insisté.

"Si l'Etat ne compense pas urgemment l'inflation avec des financements supplémentaires, la situation va se répéter et s'amplifier avec de nouveau une perte estimée à 510 M€" pour le privé, a fait valoir la fédération.

53% des établissements privés pourraient être déficitaires en 2024

L'étude commandée par la FHP montre qu'en 2023, 40% des établissements privés étaient en déficit, contre 25% en 2021.

En 2024, "la baisse du coût de l'énergie sera minime (-8%) au regard de la hausse depuis 2022 (+145%) et l'inflation des autres coûts conduira à une proportion d'établissements déficitaires d'[environ] 53%", peut-on lire.

La capacité d'investissement du secteur privé pourrait de même se contracter de 75%, alors que près de 1,1 Md€ ont été investis par an entre 2021-2023.

Dans ce contexte de forte contrainte financière, "des choix seront faits sur le soin […] et des établissements vont déposer le bilan", a alarmé la déléguée générale de la FHP, Christine Schibler. En 2023, il y aurait par exemple eu une dizaine de fermetures de maternité, a-t-elle avancé. Globalement, ces établissements vont se "paupériser", a soutenu Lamine Gharbi.

"En l'absence de financements additionnels, [environ] 90 établissements privés ayant une structure d'urgences générales seraient déficitaires en 2024", selon l'étude. Ces établissements prennent en charge actuellement près de 12% du nombre total des passages aux urgences en France.

Pour les services obstétriques, ce sont 80 établissements privés qui seraient menacés, représentant là aussi 12% de la prise en charge globale sur le territoire.

L'étude évoque également 159 établissements privés disposant d'unités de surveillance continue, et qui seraient en déficit en 2024 sans revalorisation suffisante de l'Ondam. Ces établissements assurent 18% des prises en charge au niveau national.

Des interrogations sur la répartition territoriale des 500 M€

La FHP a par ailleurs déploré que l'aide exceptionnelle pour les établissements publics et privés de santé, annoncée mi-février par le ministère du travail, de la santé et des solidarités, ne soit "que" de 500 M€ (cf dépêche du 16/02/2024 à 15:31).

Christine Schibler a notamment regretté que cette aide "insuffisante" ne soit pas "pérenne".

Sur les 500 M€, "seuls 75 M€" reviennent au secteur privé, a abondé Lamine Gharbi.

Le président de la FHP a ainsi interrogé la répartition faite de cette aide au sein des régions. En Occitanie, le privé réalise 50% de l'activité, mais ne va percevoir que 9,7 M€ sur les 43,1 M€ versés à la région, soit 22,6% du total, a-t-il par exemple pointé.

Dans les Hauts-de-France, "région où les établissements privés sont particulièrement importants", ce pourcentage serait de près de 9%, soit 3,8 M€ sur les 43 M€ revenant à la région, a-t-il également observé.

mg/ab/APMnews

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