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13/03 2024
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LA PHARMACIE CLINIQUE AUX URGENCES EN LIEN AVEC LA VILLE PRÉVIENT LES RÉCIDIVES DE IATROGÉNIE MÉDICAMENTEUSE

(Par Sylvie LAPOSTOLLE, au congrès de la SFPC)

TOULOUSE, 13 mars 2024 (APMnews) - La pharmacie clinique aux urgences avec un lien ville-hôpital optimisé prévient les récidives de la iatrogénie médicamenteuse et réduit les réadmissions aux urgences à six mois, selon les résultats de l'étude Urgeim présentés lundi en plénière à Toulouse au 20e congrès de la Société française de pharmacie clinique (SFPC).

Au CHU de Montpellier, une équipe pharmaceutique a commencé à intervenir aux urgences en 2011, a rappelé Cyril Breuker, pharmacien dans cet établissement.

Cette activité a commencé par un observatoire d'événements indésirables médicamenteux (Urgeim) déployé au sein des urgences adultes par un interne en pharmacie hospitalière pour détecter les événements iatrogènes à l'arrivée des patients dans le service, puis l'activité de pharmacie clinique s'y est développée (cf dépêche du 07/04/2023 à 11:12).

"Les effets indésirables médicamenteux (EIM) ont un impact important d'un point de vue économique et clinique, avec un coût de 177 milliards de dollars par an aux Etats-Unis. Ils touchent aussi bien les soins primaires qu'hospitaliers avec 8% à 20% en ambulatoire et surtout ils représentent 10% à 20% des admissions aux urgences. Ils sont responsables de 5% des hospitalisations et en intrahospitalier, on a 10% à 20% de séjours avec EIM", a souligné le pharmacien.

"Et ce n'est que le haut de l'iceberg car c'est bien sûr minoré sachant que la détection, la traçabilité et la déclaration sont sous-estimées", a-t-il ajouté.

L'étude Urgeim est un essai contrôlé et randomisé mené au CHU de Montpellier pour évaluer l'impact d'un suivi médico-pharmaceutique et l'optimisation du lien ville-hôpital sur la réadmission aux urgences à six mois pour le même EIM. Elle a été financée dans le cadre du programme de recherche sur la performance du système de soins (Preps) 2017.

Les inclusions se sont déroulées de novembre 2018 à juillet 2021, en grande partie avant la crise du Covid, ce qui a permis d'inclure quand même 330 patients sur les 346 prévus et d'obtenir des résultats statistiquement significatifs. Ces patients étaient des adultes avec un EIM détecté aux urgences mais lié à l'activité de ville. Les patients avaient 65 ans d'âge moyen et vivaient à domicile pour plus de 95% d'entre eux.

Le bras intervention comprenait une action ville-hôpital: un courrier spécifique était adressé au médecin traitant et au pharmacien d'officine présentant la situation clinique de l'EIM et faisant des préconisations de suivi. Ces professionnels de santé étaient aussi appelés dans les 72 heures suivant la sortie du patient.

L'EIM en cause avait été détecté par le pharmacien clinicien dans 85% des cas, et dans 15% des cas, c'était le médecin urgentiste qui avait alerté le pharmacien sur une suspicion d'EIM.

"Nous sommes très satisfaits des résultats qui montrent un taux de réadmission à six mois pour un même EIM de seulement 3% dans le groupe intervention contre 22% dans le groupe contrôle, soit une différence absolue de 19 points", a rapporté Cyril Breuker.

Une diminution importante des hospitalisations en lien avec ce même EIM a aussi été observée à six mois: 2% d'hospitalisations avec l'intervention contre 18% sans, soit un résultat significatif aussi.

"Cela souligne l'importance de la récidive" dans cette iatrogénie, a-t-il insisté.

En parallèle, il a été observé une augmentation des consultations dans le bras expérimental chez le médecin traitant (56% versus 18%) et chez le médecin spécialiste (42% vs 24%). "On émet l'hypothèse que cette hausse est en lien avec nos préconisations d'avoir un suivi plus régulier ou même de demander un avis spécialisé", a-t-il avancé.

"Cela souligne que [les professionnels d]es soins primaires, quand ils ont la bonne information, peuvent mettre en place ce qu'il faut pour éviter la récidive", a-t-il commenté.

"C'est la première étude évaluant l'impact d'un lien médico-pharmaceutique en sortie des urgences en lien avec un EIM: on a un impact important de l'intervention et du lien ville-hôpital sur la récidive de l'EIM à six mois", a souligné le pharmacien.

"Cette réduction de la récidive est liée au courrier et à l'intervention de l'urgentiste et du pharmacien clinicien aux urgences, notamment dans la mise en place d'un suivi par le médecin traitant", a-t-il estimé.

En 2023, la présence du pharmacien clinicien aux urgences a pu être pérennisée puisque la pharmacienne assistante, Marion Laureau, a été nommée praticien hospitalier sur ce poste au service des urgences du CHU de Montpellier", a rappelé Cyril Breuker.

"On a élargi les activités de pharmacie clinique: en plus de la recherche de la iatrogénie médicamenteuse, nous faisons tout un panel d'activités et l'équipe comprend maintenant un pharmacien senior, un interne et quatre à cinq externes", a-t-il précisé.

Pour continuer ses travaux, l'équipe a déposé une demande de financement dans le cadre du programme de recherche médico-économique (PRME) pour mener une étude multicentrique médico-économique avec une évaluation à 12 mois. "La lettre d'intention a été acceptée et nous allons déposer le protocole la semaine prochaine", a-t-il indiqué.

Le pharmacien a remercié les médecins urgentistes "qui nous ont fait confiance et qui ne peuvent plus se passer de nous".

sl/ed/APMnews

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(Par Sylvie LAPOSTOLLE, au congrès de la SFPC)

TOULOUSE, 13 mars 2024 (APMnews) - La pharmacie clinique aux urgences avec un lien ville-hôpital optimisé prévient les récidives de la iatrogénie médicamenteuse et réduit les réadmissions aux urgences à six mois, selon les résultats de l'étude Urgeim présentés lundi en plénière à Toulouse au 20e congrès de la Société française de pharmacie clinique (SFPC).

Au CHU de Montpellier, une équipe pharmaceutique a commencé à intervenir aux urgences en 2011, a rappelé Cyril Breuker, pharmacien dans cet établissement.

Cette activité a commencé par un observatoire d'événements indésirables médicamenteux (Urgeim) déployé au sein des urgences adultes par un interne en pharmacie hospitalière pour détecter les événements iatrogènes à l'arrivée des patients dans le service, puis l'activité de pharmacie clinique s'y est développée (cf dépêche du 07/04/2023 à 11:12).

"Les effets indésirables médicamenteux (EIM) ont un impact important d'un point de vue économique et clinique, avec un coût de 177 milliards de dollars par an aux Etats-Unis. Ils touchent aussi bien les soins primaires qu'hospitaliers avec 8% à 20% en ambulatoire et surtout ils représentent 10% à 20% des admissions aux urgences. Ils sont responsables de 5% des hospitalisations et en intrahospitalier, on a 10% à 20% de séjours avec EIM", a souligné le pharmacien.

"Et ce n'est que le haut de l'iceberg car c'est bien sûr minoré sachant que la détection, la traçabilité et la déclaration sont sous-estimées", a-t-il ajouté.

L'étude Urgeim est un essai contrôlé et randomisé mené au CHU de Montpellier pour évaluer l'impact d'un suivi médico-pharmaceutique et l'optimisation du lien ville-hôpital sur la réadmission aux urgences à six mois pour le même EIM. Elle a été financée dans le cadre du programme de recherche sur la performance du système de soins (Preps) 2017.

Les inclusions se sont déroulées de novembre 2018 à juillet 2021, en grande partie avant la crise du Covid, ce qui a permis d'inclure quand même 330 patients sur les 346 prévus et d'obtenir des résultats statistiquement significatifs. Ces patients étaient des adultes avec un EIM détecté aux urgences mais lié à l'activité de ville. Les patients avaient 65 ans d'âge moyen et vivaient à domicile pour plus de 95% d'entre eux.

Le bras intervention comprenait une action ville-hôpital: un courrier spécifique était adressé au médecin traitant et au pharmacien d'officine présentant la situation clinique de l'EIM et faisant des préconisations de suivi. Ces professionnels de santé étaient aussi appelés dans les 72 heures suivant la sortie du patient.

L'EIM en cause avait été détecté par le pharmacien clinicien dans 85% des cas, et dans 15% des cas, c'était le médecin urgentiste qui avait alerté le pharmacien sur une suspicion d'EIM.

"Nous sommes très satisfaits des résultats qui montrent un taux de réadmission à six mois pour un même EIM de seulement 3% dans le groupe intervention contre 22% dans le groupe contrôle, soit une différence absolue de 19 points", a rapporté Cyril Breuker.

Une diminution importante des hospitalisations en lien avec ce même EIM a aussi été observée à six mois: 2% d'hospitalisations avec l'intervention contre 18% sans, soit un résultat significatif aussi.

"Cela souligne l'importance de la récidive" dans cette iatrogénie, a-t-il insisté.

En parallèle, il a été observé une augmentation des consultations dans le bras expérimental chez le médecin traitant (56% versus 18%) et chez le médecin spécialiste (42% vs 24%). "On émet l'hypothèse que cette hausse est en lien avec nos préconisations d'avoir un suivi plus régulier ou même de demander un avis spécialisé", a-t-il avancé.

"Cela souligne que [les professionnels d]es soins primaires, quand ils ont la bonne information, peuvent mettre en place ce qu'il faut pour éviter la récidive", a-t-il commenté.

"C'est la première étude évaluant l'impact d'un lien médico-pharmaceutique en sortie des urgences en lien avec un EIM: on a un impact important de l'intervention et du lien ville-hôpital sur la récidive de l'EIM à six mois", a souligné le pharmacien.

"Cette réduction de la récidive est liée au courrier et à l'intervention de l'urgentiste et du pharmacien clinicien aux urgences, notamment dans la mise en place d'un suivi par le médecin traitant", a-t-il estimé.

En 2023, la présence du pharmacien clinicien aux urgences a pu être pérennisée puisque la pharmacienne assistante, Marion Laureau, a été nommée praticien hospitalier sur ce poste au service des urgences du CHU de Montpellier", a rappelé Cyril Breuker.

"On a élargi les activités de pharmacie clinique: en plus de la recherche de la iatrogénie médicamenteuse, nous faisons tout un panel d'activités et l'équipe comprend maintenant un pharmacien senior, un interne et quatre à cinq externes", a-t-il précisé.

Pour continuer ses travaux, l'équipe a déposé une demande de financement dans le cadre du programme de recherche médico-économique (PRME) pour mener une étude multicentrique médico-économique avec une évaluation à 12 mois. "La lettre d'intention a été acceptée et nous allons déposer le protocole la semaine prochaine", a-t-il indiqué.

Le pharmacien a remercié les médecins urgentistes "qui nous ont fait confiance et qui ne peuvent plus se passer de nous".

sl/ed/APMnews

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