Actualités de l'Urgence - APM

"Il ne faut pas le cacher, 2017 aura été une année difficile. Faute de médecins, nous avons dû fermer des lits", a expliqué Philippe Blua lors de son discours, dont APMnews a eu une copie. Le directeur du CH de Troyes a témoigné de sa solidarité aux équipes médicales dont la charge de travail a été alourdie.

Cette restructuration s'est traduite par la fermeture "d'une trentaine de lits et places" a précisé la direction du CH de Troyes à APMnews, par manque d'activité et de personnel.

"Ces réductions de lits ont rendu plus difficile l’accueil des patients venant des urgences, alors que leur fréquentation explosait", a poursuivi le directeur. Il a pris pour exemple la fréquentation accrue des urgences au mois de décembre avec plus de 200 passages quotidiens "un jour sur trois" et des "pointes à plus de 230 passages".

"Il y a deux ans, à partir de 150 passages, c’était une grosse journée. En décembre, il n’y a jamais eu moins de 153 passages quotidiens", a souligné Philippe Blua.

"Moins de lits et plus d’urgences, cela fait également plus d’hébergés. C’est-à-dire plus de patients qui sont admis dans un service autre que celui qui traite habituellement leur pathologie", a-t-il ajouté, "cela est source de complications, de fatigues supplémentaires".

Le directeur du CH de Troyes a aussi profité de ce discours pour rendre hommage à son prédécesseur, Alain David, décédé en mai 2017 à l'âge de 69 ans (cf dépêche du 30/05/2017 à 18:43). "Si l’hôpital est fort aujourd’hui, s’il a pu faire face aux difficultés, c’est aussi le fruit de son travail", a déclaré Philippe Blua.

"Je voudrais aussi saluer l’aide des autres établissements des Hôpitaux Champagne Sud (HCS), qui ont souvent accueilli des patients quand l’hôpital de Troyes était saturé", a-t-il ajouté.

"2017 n’a pas été qu’une vallée de larmes", a-t-il indiqué, en soulignant le renforcement des coopérations avec les autres établissements des HCS. Le directeur du CH de Troyes a cité le renforcement de la coopération des deux maternités de Troyes et de Romilly, ou encore la création de trois nouveaux pôles inter-établissements pour la pharmacie, l'imagerie et les laboratoires médicaux.

Une coopération public-privé renforcée sur l'agglomération troyenne

Philippe Blua a ensuite évoqué les grands évènements qui marqueront l'année 2018 pour son établissement. Il a mentionné le rapprochement de son centre hospitalier avec la clinique de Champagne.

"Ce rapprochement va se faire par le biais d’un groupement sanitaire de coopération (GSC) de droit privé à tarification publique, ce qui permettra de financer l’opération sans peser sur le budget du centre hospitalier de Troyes", a-t-il assuré.

Ce GSC devrait "permettre de créer un grand ensemble public-privé qui garantira la pérennité du système de soins local". La volonté commune de développer une coopération entre les deux établissements de santé troyens devrait leur éviter de tomber dans l'écueil d'une "concurrence stérile".

Cette coopération a également pour objectif de rendre le bassin troyen plus attractif pour les praticiens, en permettant de choisir entre un exercice libéral, public, ou une alternance des deux, tout en bénéficiant du même plateau technique. Parmi les axes de coopération, Philippe Blua a cité le partage des équipements lourds ou la mutualisation des trois maternités pour faire "1.000 accouchements de plus que le second opérateur de Champagne-Ardenne".

Il a également mis en avant la nécessité de proposer une offre de soins attractive dans l'Aube alors que "20 et 30 % des patients aubois en médecine et chirurgie sont pris en charge dans un autre département".

Une certification commune pour l'ensemble du GHT de l'Aube et du Sézannais

Par ailleurs, il a rappelé que son établissement expérimenterait la certification par GHT en 2018, avec ses neufs établissements partenaires (Groupement Hospitalier Aube Marne, CH de Bar-sur-Aube, CH Bar-sur-Seine, Établissement public de santé mentale de l’Aube, Ehpad Cardinal de Loménie, Ehpad Pierre d’Arcis, Ehpad La Belle Verrière, Ehpad Sainte Marthe, Ehpad Les Tilleuls).

La loi de modernisation de notre système de santé impose aux GHT de se doter d'un compte qualité unique en vue d'une certification "conjointe" (cf dépêche du 14/12/2017 à 17:21). Mi-décembre 2017, la Haute autorité de santé (HAS) avait annoncé avoir signé 36 conventions avec un total de 121 établissements publics de santé pour expérimenter des certifications communes ou synchronisées dans le cadre des GHT.

Le GHT de l'Aube et du Sézannais est un des premiers à s'être engagé dans une démarche de certification conjointe incluant "la totalité de ses établissements membres" (cf dépêche du 23/05/2017 à 19:40)

Pour la direction du CH de Troyes, cette certification commune représente le meilleur moyen "de s’assurer que le dispositif est opérationnel", "d’identifier les points à améliorer" et "de trouver les réponses adaptées aux difficultés rencontrées".

Dans le cadre du passage de la certification commune V2014 pour le GHT de l'Aube et du Sézannais, l'ensemble des Hôpitaux Champagne Sud (HCS) accueilleront des experts de la HAS pour une visite de certification du 29 mai au 8 juin 2018.

gl/san/APMnews