Actualités de l'Urgence - APM

19/10 2018
Retour

LE FORFAIT DE RÉORIENTATION HÔPITAL-VILLE SUSCITE LA MÉFIANCE DE LA FHF AINSI QUE L'OPPOSITION DE LA FHP ET DES MÉDECINS LIBÉRAUX

PARIS, 19 octobre 2018 (APMnews) - Le forfait de coordination pour inciter les services d'urgence hospitaliers à réorienter des patients vers la médecine de ville introduit cette semaine au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2019 suscite la méfiance voire le rejet des fédérations hospitalières et des syndicats de médecins libéraux.

Ce forfait a été intégré cette semaine au PLFSS par voie d'amendement en commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale par le rapporteur général du texte Olivier Véran (LREM, Isère), rappelle-t-on (cf dépêche du 17/10/2018 à 12:37).

L'examen du PLFSS en commission des affaires sociales s'est achevé mercredi soir (cf dépêche du 18/10/2018 à 12:44). Son examen en séance publique doit démarrer mardi, pour un vote solennel le mardi 30 octobre.

Lors d'un échange avec la presse lundi, Olivier Véran estimait que le montant du forfait s'établirait entre 20€ et 60€, à fixer plus tard par décret.

Jeudi soir, la Fédération hospitalière de France (FHF) estimait sur Twitter qu'il s'agissait d'une "bonne idée qui cependant reste illusoire dans un contexte où la réponse de la médecine de ville est insuffisante".

"Dans de nombreux territoires, l'organisation de la permanence des soins des médecins libéraux ne permet pas de faire face à un afflux de patients supplémentaires", estime quant à elle la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) dans un communiqué transmis jeudi.

La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) évoque quant à elle une mesure "digne du pays d'Ubu", dans un communiqué transmis mercredi.

"La collectivité va financer une structure hospitalière pour qu'elle ne soigne pas complètement un patient!", s'étonne-t-elle.

"On va donner de l'argent pour ne pas soigner. C'est la négation de l'engagement médical. Cette prime pour ne pas accueillir les patients va à l'encontre des valeurs de la profession", réagit pour sa part Lamine Gharbi, président de la FHP.

Problèmes de responsabilité et de pertinence du financement

"L'hôpital concerné va engager sa responsabilité en réorientant le patient vers la prise en charge de la médecine de ville. Cette orientation sera-t-elle faite par une infirmière d'orientation, ou par un médecin urgentiste? Quelle responsabilité!", s'étonne la CSMF, alors que Lamine Gharbi mentionne des "enjeux de responsabilité médicale insoluble".

"Décider qu'il n'y a pas nécessité d'examens complémentaires avant de réorienter un patient n'est pas sans risque. Que se passera-t-il en cas de malaise durant le transport ou en salle d'attente du cabinet médical?", s'interroge le président de la FHP.

Pour la FHF, la responsabilité médico-légale de la décision de renvoyer un patient vers un médecin constitue un "point de vigilance", de même que le montant du forfait, qui doit être suffisant pour "ne pas fragiliser les urgences".

A l'inverse, la CSMF déplore que le forfait versé à l'établissement pour réorienter le patient vers la médecine de ville soit d'un montant supérieur à celui de la consultation perçue par le médecin de ville.

"Comment imaginer qu'un directeur d'établissement de soins préférerait facturer un forfait d'orientation plutôt qu'un forfait d'urgence qui lui rapporterait une somme bien supérieure ?".

Le président de l'Union française pour une médecine libre-syndicat (UFML-S), Jérôme Marty, estime quant à lui qu'il s'agit d'une "insulte aux médecins libéraux", dans un communiqué.

Il s'étonne également de la différence entre les sommes envisagées pour ce forfait et les 5€ perçus par les médecins généralistes lorsqu'ils réorientent leurs patients vers des spécialistes en urgence.

"L’UFML-S appelle les médecins généralistes et spécialistes qui recevraient un patient ré-adressé par les urgences hospitalières à pratiquer un dépassement identique au forfait perçu par l’hôpital et à adresser la copie de leur feuille de maladie à l’UFML-S qui se chargera de l’instruction du dossier si des plaintes devaient suivre", conclut-il.

La CSMF préconise quant à elle la création d'un forfait de prise en charge d'une urgence de ville "lorsque des médecins libéraux sont organisés pour répondre à ce besoin", alors que la FHP rappelle sa proposition de "créer des centres de premier recours, avec biologie et imagerie médicale" et que la FHF considère que "la régulation n'est pas du rôle de l'hôpital".

"Un autre moyen de désengorger les urgences est de mieux s'appuyer sur les urgences privées", poursuit Lamine Gharbi, qui estime que les 124 services d'urgences privées pourraient accueillir le double des 2,6 millions de patients accueillis chaque année.

bd/ab/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

19/10 2018
Retour

LE FORFAIT DE RÉORIENTATION HÔPITAL-VILLE SUSCITE LA MÉFIANCE DE LA FHF AINSI QUE L'OPPOSITION DE LA FHP ET DES MÉDECINS LIBÉRAUX

PARIS, 19 octobre 2018 (APMnews) - Le forfait de coordination pour inciter les services d'urgence hospitaliers à réorienter des patients vers la médecine de ville introduit cette semaine au projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) 2019 suscite la méfiance voire le rejet des fédérations hospitalières et des syndicats de médecins libéraux.

Ce forfait a été intégré cette semaine au PLFSS par voie d'amendement en commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale par le rapporteur général du texte Olivier Véran (LREM, Isère), rappelle-t-on (cf dépêche du 17/10/2018 à 12:37).

L'examen du PLFSS en commission des affaires sociales s'est achevé mercredi soir (cf dépêche du 18/10/2018 à 12:44). Son examen en séance publique doit démarrer mardi, pour un vote solennel le mardi 30 octobre.

Lors d'un échange avec la presse lundi, Olivier Véran estimait que le montant du forfait s'établirait entre 20€ et 60€, à fixer plus tard par décret.

Jeudi soir, la Fédération hospitalière de France (FHF) estimait sur Twitter qu'il s'agissait d'une "bonne idée qui cependant reste illusoire dans un contexte où la réponse de la médecine de ville est insuffisante".

"Dans de nombreux territoires, l'organisation de la permanence des soins des médecins libéraux ne permet pas de faire face à un afflux de patients supplémentaires", estime quant à elle la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) dans un communiqué transmis jeudi.

La Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) évoque quant à elle une mesure "digne du pays d'Ubu", dans un communiqué transmis mercredi.

"La collectivité va financer une structure hospitalière pour qu'elle ne soigne pas complètement un patient!", s'étonne-t-elle.

"On va donner de l'argent pour ne pas soigner. C'est la négation de l'engagement médical. Cette prime pour ne pas accueillir les patients va à l'encontre des valeurs de la profession", réagit pour sa part Lamine Gharbi, président de la FHP.

Problèmes de responsabilité et de pertinence du financement

"L'hôpital concerné va engager sa responsabilité en réorientant le patient vers la prise en charge de la médecine de ville. Cette orientation sera-t-elle faite par une infirmière d'orientation, ou par un médecin urgentiste? Quelle responsabilité!", s'étonne la CSMF, alors que Lamine Gharbi mentionne des "enjeux de responsabilité médicale insoluble".

"Décider qu'il n'y a pas nécessité d'examens complémentaires avant de réorienter un patient n'est pas sans risque. Que se passera-t-il en cas de malaise durant le transport ou en salle d'attente du cabinet médical?", s'interroge le président de la FHP.

Pour la FHF, la responsabilité médico-légale de la décision de renvoyer un patient vers un médecin constitue un "point de vigilance", de même que le montant du forfait, qui doit être suffisant pour "ne pas fragiliser les urgences".

A l'inverse, la CSMF déplore que le forfait versé à l'établissement pour réorienter le patient vers la médecine de ville soit d'un montant supérieur à celui de la consultation perçue par le médecin de ville.

"Comment imaginer qu'un directeur d'établissement de soins préférerait facturer un forfait d'orientation plutôt qu'un forfait d'urgence qui lui rapporterait une somme bien supérieure ?".

Le président de l'Union française pour une médecine libre-syndicat (UFML-S), Jérôme Marty, estime quant à lui qu'il s'agit d'une "insulte aux médecins libéraux", dans un communiqué.

Il s'étonne également de la différence entre les sommes envisagées pour ce forfait et les 5€ perçus par les médecins généralistes lorsqu'ils réorientent leurs patients vers des spécialistes en urgence.

"L’UFML-S appelle les médecins généralistes et spécialistes qui recevraient un patient ré-adressé par les urgences hospitalières à pratiquer un dépassement identique au forfait perçu par l’hôpital et à adresser la copie de leur feuille de maladie à l’UFML-S qui se chargera de l’instruction du dossier si des plaintes devaient suivre", conclut-il.

La CSMF préconise quant à elle la création d'un forfait de prise en charge d'une urgence de ville "lorsque des médecins libéraux sont organisés pour répondre à ce besoin", alors que la FHP rappelle sa proposition de "créer des centres de premier recours, avec biologie et imagerie médicale" et que la FHF considère que "la régulation n'est pas du rôle de l'hôpital".

"Un autre moyen de désengorger les urgences est de mieux s'appuyer sur les urgences privées", poursuit Lamine Gharbi, qui estime que les 124 services d'urgences privées pourraient accueillir le double des 2,6 millions de patients accueillis chaque année.

bd/ab/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.