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09/02 2022
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LE GHU PARIS PSYCHIATRIE & NEUROSCIENCES PRÉOCCUPÉ PAR LA "FORTE TENSION" RH

(Propos recueillis par Aurélie FRANC et Valérie LESPEZ)

PARIS, 9 février 2022 (APMnews) - La "forte" tension sur les ressources humaines (RH), notamment infirmières, est au centre des préoccupations du GHU Paris psychiatrie & neurosciences, ont expliqué le directeur du GHU, Guillaume Couillard, et la présidente de la commission médicale d'établissement (CME), Béatrice Aubriot, lors d'un entretien à APMnews fin janvier.

Le GHU regroupe, depuis le 1er janvier 2019, les hôpitaux franciliens spécialisés en psychiatrie et neurosciences de Sainte-Anne, Perray-Vaucluse (Essonne) et Maison Blanche, rappelle-t-on (cf dépêche du 08/10/2018 à 18:25).

Guillaume Couillard et Béatrice Aubriot - Photo: GHU Paris Psychiatrie & neurosciences
Guillaume Couillard et Béatrice Aubriot - Photo: GHU Paris Psychiatrie & neurosciences

Béatrice Aubriot a été élue présidente de la CME en décembre 2018 (cf dépêche du 27/12/2018 à 17:29), et Guillaume Couillard a été nommé directeur en septembre 2020 (cf dépêche du 24/09/2020 à 06:01), en remplacement de Jean-Luc Chassaniol (cf dépêche du 01/07/2020 à 16:00).

APMnews: Quel a été le rôle du GHU dans la gestion de la crise sanitaire?

Guillaume Couillard: L'établissement a été concerné de plusieurs façons. Nous avons été concernés évidemment par des patients hospitalisés pour Covid, en distinguant la partie neurosciences, avec 275 patients en soins critiques accueillis depuis le début de la crise, de celle des patients psychiatriques avec le Covid -donc bien souvent hospitalisés pour des raisons psychiatriques- soit 630 patients.

Des unités dédiées pour des patients psychiatriques ayant le Covid (cf dépêche du 30/04/2020 à 18:29), parfois à vocation régionale, ont été ouvertes à plusieurs moments dans l'établissement. [...] Aujourd'hui, il n'y a plus d'unité dédiée ouverte et nous gérons les patients là où ils sont, les équipes étant désormais plus rodées à la gestion du risque infectieux.

Une petite centaine de patients ont aussi été concernés par le Covid dans les structures médico-sociales et sanitaires - USLD [unités de soins de longue durée], Ehpad [établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes], MAS [maisons d'accueil spécialisé], etc.

Nous avons eu aussi une activité importante de vaccination. À la fois parce que, d'un côté, nous avons été centre de vaccination, avec environ 38.000 vaccinations réalisées à destination des professionnels, des patients, et à certains moments pour le grand public, et de l'autre, parce que nous avons été -et nous sommes toujours- 'établissement congéloporteur', c'est-à-dire un établissement qui distribue les doses de vaccins pour d'autres établissements.

Le GHU a ainsi distribué depuis le début de la crise sanitaire plus de 2 millions de doses de vaccins à des établissements -essentiellement des hôpitaux mais aussi des centres de vaccination ou des cliniques- du Val-de-Marne et de Paris. Cette activité se poursuit, même si elle est moins intense aujourd'hui, puisqu'il y a désormais d'autres circuits de distribution.

L'établissement a aussi réalisé un peu plus de 38.500 tests PCR, une activité très importante pour le laboratoire.

Des organisations nées de la crise sanitaire sont-elles devenues pérennes?

G.C.: [La question se pose en termes] un peu plus diffus et immatériels que cela. Par exemple, lorsque la vaccination a démarré dans le centre de vaccination de l'établissement, il a fallu monter toute une infrastructure dans un temps très court. Ce genre de projet, conduit avec une exigence de délai et de qualité, nécessite de mobiliser beaucoup de ressources, à la fois administratives, médicales, soignantes, créant des modes de fonctionnement et des synergies très positifs.

Le groupe de travail sur la vaccination se réunit encore toutes les semaines -éventuellement rapidement s'il n'y a pas d'actualité particulière- et cela crée des fonctionnements, des circuits courts que nous sommes capables d'activer maintenant beaucoup plus facilement.

Béatrice Aubriot: Cela a vraiment participé à fédérer le Nord (Maison-Blanche, NDLR) et le Sud (Sainte-Anne, NDLR) et […] cela a beaucoup rapproché les équipes des neurosciences et de la psychiatrie.

G.C.: [La crise sanitaire] a permis que les gens se connaissent mieux, se comprennent mieux aussi, c'est-à-dire comprennent mieux les contraintes des uns et des autres, et donc, créent des modes de fonctionnement plus rapides et plus simples. Cela fait tomber un peu les silos, quand on a des objectifs clairs, tout le monde contribue de façon assez naturelle, assez simple, assez directe. C'est peut-être ça qu'on va essayer de garder de la crise.

Quelles sont aujourd'hui les conséquences de la crise Covid sur l'établissement?

G.C.: Actuellement, la difficulté est moins la question de la prise en charge des patients avec le Covid, que l'impact du Covid sur la présence du personnel, beaucoup de professionnels étant malades ou absents, notamment du fait de garde d'enfants.

B.A.: Sur le site où je travaille, à Henry Ey, nous nous sommes retrouvés ces derniers mois, notamment avec le variant omicron, une dizaine de fois avec des médecins de garde qui ont le Covid. Le jour même, il faut donc trouver quelqu'un d'autre. C'est très désorganisant et, dans le contexte actuel d'urgence, de contraintes RH et de nouvelles contraintes législatives [cf dépêche du 24/01/2022 à 11:41], cela peut devenir conflictuel dans l'équipe. Cela me soucie. [...]

G.C.: Autour du Jour de l'an, le taux d'absentéisme est monté très haut, avec plus de 100 professionnels positifs.

Rencontrez-vous, à l'instar d'autres hôpitaux [cf dépêche du 28/01/2022 à 18:37], une pénurie de soignants?

G.C.: Il y a effectivement un sujet de ressources humaines. [...] Comme beaucoup d'autres hôpitaux, mais peut-être plus encore à Paris, nous sommes confrontés à une difficulté de recrutement, notamment de personnels infirmiers. Cette situation n'est pas très atypique, par rapport ni à nos voisins immédiats, ni à la situation d'Ile-de-France. [...]

[Le problème] n'est pas tellement celui d'une forte augmentation du nombre d'[infirmiers] qui s'en vont, mais c'est plutôt un effondrement du nombre de professionnels que nous pouvons recruter. Nous avons une baisse d'environ 20-25% des recrutements en 2021 par rapport aux années précédentes, 2019 et 2020. Nous avons -ce que je n'explique pas- extrêmement peu de candidats. […]

B.A.: Le Covid a dû précipiter un peu les choses, mais il y a aussi un vrai problème structurel.
À Paris, s'agissant des infirmiers, je me demande si nous ne sommes pas davantage impactés qu'en région parisienne, car le coût de la vie est plus cher. Ces difficultés s'inversent probablement s'agissant des médecins, même si nous observons une grande différence par rapport à il y a quelques années. Nous avons par exemple désormais des postes médicaux vacants, ce qui n'existait pas avant.

En tant que déléguée régionale de la conférence des présidents de CME de CHS [cf dépêche du 26/01/2022 à 19:25], je constate que tous les établissements sont confrontés à un grave problème concernant les ressources humaines infirmières. [...] Cela engendre d'énormes problèmes, avec des fermetures de lits, voire de services [cf dépêche du 21/06/2021 à 17:47]. Chacun cherche ainsi des lits dans des hôpitaux d'à côté, mais personne n'en a, donc nous nous retrouvons dans un entonnoir très problématique. Nous sommes très inquiets pour la suite.

G.C.: Ce qui est assez frappant, c'est que la situation évolue vite, avec une forte augmentation de cette tension sur le recrutement depuis six mois. Alors que nous partions d'une situation qui n'était déjà objectivement pas très simple -même si nous parvenions bon gré mal gré à recruter des professionnels- nous avons senti un basculement à l'été, avec une dégradation vraiment très forte de la situation, ce que nous n'expliquons pas complètement.

Nous essayons de mettre en avant tout ce que nous pouvons pour répondre à cette problématique. Nous nous interrogeons évidemment sur la façon dont les choses vont évoluer dans les mois qui viennent.

Au GHU, cette problématique de recrutement vous a-t-elle obligé à fermer des lits?

G.C.: Oui, en ce moment, environ 10% des lits sont fermés, et cela est quasiment exclusivement lié [à des problématiques de pénurie d'infirmiers].

Quelles sont les actions du GHU pour améliorer son attractivité?

G.C.: Pour répondre à cette problématique, le GHU met en place un certain nombre de dispositifs.

Une campagne de communication intitulée "Je choisis le GHU Paris" a été lancée: nous essayons d'aller à la rencontre des étudiants en soins infirmiers, d'organiser des portes ouvertes ou encore des jobs dating, afin de mettre en avant les atouts du GHU auprès de candidats potentiels.

Nous faisons valoir que le GHU permet d'avoir des modes d'exercices variés, un parcours, une carrière. Nous mettons l'accent sur la notion de promotion professionnelle. Le GHU est un établissement qui investit beaucoup, à la fois sur la formation, puisque chaque professionnel bénéficie de 4 jours de formation en moyenne [par an], et sur la promotion professionnelle. Par exemple, l'établissement dispose de 14 infirmiers en pratique avancée [IPA].

L'ARS Ile-de-France a lancé un dispositif de CDD non renouvelables avec des primes conséquentes pour des infirmiers intérimaires [cf dépêche du 24/01/2022 à 17:39]. Allez-vous vous en emparer?

G.C.: Pour le moment, nous ne nous inscrivons pas dans ce dispositif. [...] Nous ne sommes pas sûrs que cela réponde à notre problématique, à notre situation. [...] Ce dispositif, qui est à la main de chaque établissement, propose des contrats à durée déterminée, non renouvelables. Il faut que chaque établissement apprécie par rapport à sa situation, et ensuite, il faut se projeter un peu dans la durée.

B.A.: Ce dispositif risque aussi d'empêcher du recours à l'intérim classique.

Ces difficultés RH sont-elles votre principale préoccupation?

G.C.: En ce moment, cela prend une grande part dans notre activité quotidienne.

B.A.: C'est le problème n°1. Il y a un vrai effort du GHU pour essayer de se rendre attractif, mais le problème est tellement structurel que je crains qu'on aille malgré tout vers de graves difficultés. C'est vraiment préoccupant.

af-vl/ab/APMnews

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LE GHU PARIS PSYCHIATRIE & NEUROSCIENCES PRÉOCCUPÉ PAR LA "FORTE TENSION" RH

(Propos recueillis par Aurélie FRANC et Valérie LESPEZ)

PARIS, 9 février 2022 (APMnews) - La "forte" tension sur les ressources humaines (RH), notamment infirmières, est au centre des préoccupations du GHU Paris psychiatrie & neurosciences, ont expliqué le directeur du GHU, Guillaume Couillard, et la présidente de la commission médicale d'établissement (CME), Béatrice Aubriot, lors d'un entretien à APMnews fin janvier.

Le GHU regroupe, depuis le 1er janvier 2019, les hôpitaux franciliens spécialisés en psychiatrie et neurosciences de Sainte-Anne, Perray-Vaucluse (Essonne) et Maison Blanche, rappelle-t-on (cf dépêche du 08/10/2018 à 18:25).

Guillaume Couillard et Béatrice Aubriot - Photo: GHU Paris Psychiatrie & neurosciences
Guillaume Couillard et Béatrice Aubriot - Photo: GHU Paris Psychiatrie & neurosciences

Béatrice Aubriot a été élue présidente de la CME en décembre 2018 (cf dépêche du 27/12/2018 à 17:29), et Guillaume Couillard a été nommé directeur en septembre 2020 (cf dépêche du 24/09/2020 à 06:01), en remplacement de Jean-Luc Chassaniol (cf dépêche du 01/07/2020 à 16:00).

APMnews: Quel a été le rôle du GHU dans la gestion de la crise sanitaire?

Guillaume Couillard: L'établissement a été concerné de plusieurs façons. Nous avons été concernés évidemment par des patients hospitalisés pour Covid, en distinguant la partie neurosciences, avec 275 patients en soins critiques accueillis depuis le début de la crise, de celle des patients psychiatriques avec le Covid -donc bien souvent hospitalisés pour des raisons psychiatriques- soit 630 patients.

Des unités dédiées pour des patients psychiatriques ayant le Covid (cf dépêche du 30/04/2020 à 18:29), parfois à vocation régionale, ont été ouvertes à plusieurs moments dans l'établissement. [...] Aujourd'hui, il n'y a plus d'unité dédiée ouverte et nous gérons les patients là où ils sont, les équipes étant désormais plus rodées à la gestion du risque infectieux.

Une petite centaine de patients ont aussi été concernés par le Covid dans les structures médico-sociales et sanitaires - USLD [unités de soins de longue durée], Ehpad [établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes], MAS [maisons d'accueil spécialisé], etc.

Nous avons eu aussi une activité importante de vaccination. À la fois parce que, d'un côté, nous avons été centre de vaccination, avec environ 38.000 vaccinations réalisées à destination des professionnels, des patients, et à certains moments pour le grand public, et de l'autre, parce que nous avons été -et nous sommes toujours- 'établissement congéloporteur', c'est-à-dire un établissement qui distribue les doses de vaccins pour d'autres établissements.

Le GHU a ainsi distribué depuis le début de la crise sanitaire plus de 2 millions de doses de vaccins à des établissements -essentiellement des hôpitaux mais aussi des centres de vaccination ou des cliniques- du Val-de-Marne et de Paris. Cette activité se poursuit, même si elle est moins intense aujourd'hui, puisqu'il y a désormais d'autres circuits de distribution.

L'établissement a aussi réalisé un peu plus de 38.500 tests PCR, une activité très importante pour le laboratoire.

Des organisations nées de la crise sanitaire sont-elles devenues pérennes?

G.C.: [La question se pose en termes] un peu plus diffus et immatériels que cela. Par exemple, lorsque la vaccination a démarré dans le centre de vaccination de l'établissement, il a fallu monter toute une infrastructure dans un temps très court. Ce genre de projet, conduit avec une exigence de délai et de qualité, nécessite de mobiliser beaucoup de ressources, à la fois administratives, médicales, soignantes, créant des modes de fonctionnement et des synergies très positifs.

Le groupe de travail sur la vaccination se réunit encore toutes les semaines -éventuellement rapidement s'il n'y a pas d'actualité particulière- et cela crée des fonctionnements, des circuits courts que nous sommes capables d'activer maintenant beaucoup plus facilement.

Béatrice Aubriot: Cela a vraiment participé à fédérer le Nord (Maison-Blanche, NDLR) et le Sud (Sainte-Anne, NDLR) et […] cela a beaucoup rapproché les équipes des neurosciences et de la psychiatrie.

G.C.: [La crise sanitaire] a permis que les gens se connaissent mieux, se comprennent mieux aussi, c'est-à-dire comprennent mieux les contraintes des uns et des autres, et donc, créent des modes de fonctionnement plus rapides et plus simples. Cela fait tomber un peu les silos, quand on a des objectifs clairs, tout le monde contribue de façon assez naturelle, assez simple, assez directe. C'est peut-être ça qu'on va essayer de garder de la crise.

Quelles sont aujourd'hui les conséquences de la crise Covid sur l'établissement?

G.C.: Actuellement, la difficulté est moins la question de la prise en charge des patients avec le Covid, que l'impact du Covid sur la présence du personnel, beaucoup de professionnels étant malades ou absents, notamment du fait de garde d'enfants.

B.A.: Sur le site où je travaille, à Henry Ey, nous nous sommes retrouvés ces derniers mois, notamment avec le variant omicron, une dizaine de fois avec des médecins de garde qui ont le Covid. Le jour même, il faut donc trouver quelqu'un d'autre. C'est très désorganisant et, dans le contexte actuel d'urgence, de contraintes RH et de nouvelles contraintes législatives [cf dépêche du 24/01/2022 à 11:41], cela peut devenir conflictuel dans l'équipe. Cela me soucie. [...]

G.C.: Autour du Jour de l'an, le taux d'absentéisme est monté très haut, avec plus de 100 professionnels positifs.

Rencontrez-vous, à l'instar d'autres hôpitaux [cf dépêche du 28/01/2022 à 18:37], une pénurie de soignants?

G.C.: Il y a effectivement un sujet de ressources humaines. [...] Comme beaucoup d'autres hôpitaux, mais peut-être plus encore à Paris, nous sommes confrontés à une difficulté de recrutement, notamment de personnels infirmiers. Cette situation n'est pas très atypique, par rapport ni à nos voisins immédiats, ni à la situation d'Ile-de-France. [...]

[Le problème] n'est pas tellement celui d'une forte augmentation du nombre d'[infirmiers] qui s'en vont, mais c'est plutôt un effondrement du nombre de professionnels que nous pouvons recruter. Nous avons une baisse d'environ 20-25% des recrutements en 2021 par rapport aux années précédentes, 2019 et 2020. Nous avons -ce que je n'explique pas- extrêmement peu de candidats. […]

B.A.: Le Covid a dû précipiter un peu les choses, mais il y a aussi un vrai problème structurel.
À Paris, s'agissant des infirmiers, je me demande si nous ne sommes pas davantage impactés qu'en région parisienne, car le coût de la vie est plus cher. Ces difficultés s'inversent probablement s'agissant des médecins, même si nous observons une grande différence par rapport à il y a quelques années. Nous avons par exemple désormais des postes médicaux vacants, ce qui n'existait pas avant.

En tant que déléguée régionale de la conférence des présidents de CME de CHS [cf dépêche du 26/01/2022 à 19:25], je constate que tous les établissements sont confrontés à un grave problème concernant les ressources humaines infirmières. [...] Cela engendre d'énormes problèmes, avec des fermetures de lits, voire de services [cf dépêche du 21/06/2021 à 17:47]. Chacun cherche ainsi des lits dans des hôpitaux d'à côté, mais personne n'en a, donc nous nous retrouvons dans un entonnoir très problématique. Nous sommes très inquiets pour la suite.

G.C.: Ce qui est assez frappant, c'est que la situation évolue vite, avec une forte augmentation de cette tension sur le recrutement depuis six mois. Alors que nous partions d'une situation qui n'était déjà objectivement pas très simple -même si nous parvenions bon gré mal gré à recruter des professionnels- nous avons senti un basculement à l'été, avec une dégradation vraiment très forte de la situation, ce que nous n'expliquons pas complètement.

Nous essayons de mettre en avant tout ce que nous pouvons pour répondre à cette problématique. Nous nous interrogeons évidemment sur la façon dont les choses vont évoluer dans les mois qui viennent.

Au GHU, cette problématique de recrutement vous a-t-elle obligé à fermer des lits?

G.C.: Oui, en ce moment, environ 10% des lits sont fermés, et cela est quasiment exclusivement lié [à des problématiques de pénurie d'infirmiers].

Quelles sont les actions du GHU pour améliorer son attractivité?

G.C.: Pour répondre à cette problématique, le GHU met en place un certain nombre de dispositifs.

Une campagne de communication intitulée "Je choisis le GHU Paris" a été lancée: nous essayons d'aller à la rencontre des étudiants en soins infirmiers, d'organiser des portes ouvertes ou encore des jobs dating, afin de mettre en avant les atouts du GHU auprès de candidats potentiels.

Nous faisons valoir que le GHU permet d'avoir des modes d'exercices variés, un parcours, une carrière. Nous mettons l'accent sur la notion de promotion professionnelle. Le GHU est un établissement qui investit beaucoup, à la fois sur la formation, puisque chaque professionnel bénéficie de 4 jours de formation en moyenne [par an], et sur la promotion professionnelle. Par exemple, l'établissement dispose de 14 infirmiers en pratique avancée [IPA].

L'ARS Ile-de-France a lancé un dispositif de CDD non renouvelables avec des primes conséquentes pour des infirmiers intérimaires [cf dépêche du 24/01/2022 à 17:39]. Allez-vous vous en emparer?

G.C.: Pour le moment, nous ne nous inscrivons pas dans ce dispositif. [...] Nous ne sommes pas sûrs que cela réponde à notre problématique, à notre situation. [...] Ce dispositif, qui est à la main de chaque établissement, propose des contrats à durée déterminée, non renouvelables. Il faut que chaque établissement apprécie par rapport à sa situation, et ensuite, il faut se projeter un peu dans la durée.

B.A.: Ce dispositif risque aussi d'empêcher du recours à l'intérim classique.

Ces difficultés RH sont-elles votre principale préoccupation?

G.C.: En ce moment, cela prend une grande part dans notre activité quotidienne.

B.A.: C'est le problème n°1. Il y a un vrai effort du GHU pour essayer de se rendre attractif, mais le problème est tellement structurel que je crains qu'on aille malgré tout vers de graves difficultés. C'est vraiment préoccupant.

af-vl/ab/APMnews

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