Actualités de l'Urgence - APM
LE SECTEUR AMBULATOIRE A MIS EN PLACE UN PLAN BLANC "DE FAÇON SPONTANÉE" (CLAUDE LEICHER, FÉDÉRATION DES CPTS)
PARIS, 3 avril 2020 (APMnews) - "Il y a un plan blanc ambulatoire qui a été mis en place de façon spontanée", a expliqué Claude Leicher, président de la Fédération des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), lors d'une interview accordée à APMnews mardi.
Ces centres ambulatoires Covid fonctionnent sur un double pilier: la réception et la gestion d'appels de patients et, si besoin, des consultations dans un lieu spécifique.
APMnews: Qu'est ce qui est prêt sur le territoire de votre CPTS, dans la Drôme, pour accueillir les patients de Covid en cas de débordement?
Claude Leicher: Ce qui est prêt, c'est un lieu où on peut à la fois recevoir les patients, les évaluer, les examiner cliniquement si c'est nécessaire. Les inscrire deuxièmement dans un registre qui permet de garantir derrière qu'il y a un suivi, adapté à la situation du patient. Et troisièmement, qui permet de faire du lien avec les structures extérieures, notamment l'hôpital, pour l'aider, à la fois à recevoir les patients en temps utile et à commencer à préparer la suite, c’est-à-dire les retours d'hospitalisation.
Une gestion téléphonique est aussi prête, avec un numéro de téléphone centralisant les choses. Elle sera utilisée au cas où vous n'arriviez pas à joindre votre médecin traitant ou que vous ne puissiez pas être vu par un médecin dans un délai raisonnable. Vous nous appelez, et on retransmet votre appel au centre qui va vous garantir qu'un professionnel de santé vous rappelle dans la journée. On a même prévu, si jamais ça déborde vraiment, de demander aux mairies de notre secteur, de nous aider à gérer les appels.
Je n'ai aucun exemple en France de centre qui ne fonctionne pas sur ces deux piliers qui sont la réception et la gestion des appels et deuxièmement, des éventuelles consultations.
Combien de ces centres Covid sont en capacité d'ouvrir?
Pour la Drôme, on a 19 sectorisations prévues. Ces sectorisations ont déjà un lieu d'implantation préparé et prêt à ouvrir. Pour l'instant, on a ouvert deux lieux. Non pas qu'il y ait une nécessité absolue de le faire mais cela simplifiait la gestion des doubles flux, Covid/ pas Covid pour les médecins de ces secteurs. Ces deux lieux, ouverts depuis lundi dernier, sont dans le Royan, au pied du Vercors, et, au nord du département, à Saint-Vallier. Ils ont une activité en croissance raisonnable. L'activité est pour l'instant complètement absorbée, sachant qu'à Saint-Vallier, les professionnels voient une soixantaine de patients par jour. Dans le Royan, ils ouvrent uniquement l'après-midi.
Partout ailleurs dans le département, les lieux sont prêts, mais ne sont pas activés. L'activation se fait à la demande des médecins ou alors par exemple, parce que beaucoup de personnes ne trouvent pas de réponses auprès de leur médecin traitant. Ces endroits sont prêts à fonctionner, à la demande conjointe des médecins sur le terrain et de l'ARS.
Dans votre CPTS, à quoi ressemble le lieu dans lequel vous installerez le centre Covid ?
Chez nous, une salle polyvalente est implantée dans le village d'Etoile-sur-Rhône. La salle est adaptée, avec une capacité d'accueil importante. Il y a un parking à côté et une pharmacie pas très loin. Il y a des salles de consultation qui sont prévues et une salle est équipée pour faire du secrétariat téléphonique. On a même mis en place un registre partagé, avec un tableur, pour que plusieurs personnes remplissent, lisent et utilisent ce tableur, avec la liste des patients à recontacter et les décisions qui ont été prises les concernant.
Est-ce déjà ouvert?
C'est prêt à ouvrir. On attend de voir comment les choses évoluent sur le terrain. Il y a un plan blanc ambulatoire qui a été mis en place de façon spontanée, et qui n'a pas été exprimé dans les médias, ni au niveau des autorités sanitaires. C'est exactement pareil qu'à l'hôpital, c'est-à-dire qu'on a dégagé les plages de consultations dans les cabinets de façon à être totalement disponibles pour ne gérer que des patients Covid. Comme il reste tout un tas de patient ayant besoin d'être vus, il fallait maintenir une partie des consultations en cabinet pour ces personnes, de façon sécurisée. Aujourd'hui, dans les zones qui ne sont pas encore en explosion, l'ensemble des médecins nous disent être plutôt en sous-activité, disponibles (cf dépêche du 02/04/2020 à 12:28).
Est-ce que ces centres sont uniquement portés par des CPTS?
C'est porté soit par des CPTS, qui existent, ou qui sont en projet, comme à Montélimar, Crest, Die ou Chabeuil. Cela peut aussi être dans des endroits où il n'y avait pas du tout de projet, comme Valence. Et dans ce cadre, c'est porté, sur décision de l'ARS, par les secteurs de garde des médecins généralistes. Cela a l'avantage de permettre un échange déjà existant entre les médecins du secteur.
Est-ce que l'installation de beaucoup de ces centres sont prévus sur toute la France?
Toutes les CPTS en projet ont mis en place des coordinations, et ont préparé ou déjà ouvert des centres Covid. Et comme on est sur 550 projets de CPTS aujourd'hui, dont un certain nombre sont déjà en fonctionnement, ça donne à peu près les dimensions. Quand il y a une CPTS, cela s'ouvre assez facilement et assez rapidement.
On s'est d'ailleurs aperçus que quand on met en place un centre Covid, une conséquence n'était pas prévisible, c'est qu'on a un retour de demande de soins dans les cabinets. Sachant que les patients essayent aujourd'hui d'éviter de fréquenter les cabinets, il y a donc une vraie tension de la demande de soins, qui j'espère n'aura pas de conséquences ultérieures.
Pensez-vous ouvrir bientôt votre centre Covid?
C'est ça la bonne question. Pour l'instant, il n'y a pas l'explosion qui a été vécue à Mulhouse. Et donc on est assez loin du démarrage du Grand Est et de la problématique très particulière de l'Ile-de-France. Chez nous, le confinement est assez bien, voire très bien respecté. Notre espoir c'est que le confinement atténue la vague. Mais on voit arriver tout doucement l'augmentation du nombre de patients. Pour l'instant on n'est pas dans une évolution qui nous déclencherait une ouverture, probablement rien avant la fin de la semaine.
Mais cela va dépendre de ce qui va se passer dans les grandes agglomérations, comme Valence, Roman, Montélimar. C'est probablement dans ces grandes agglomérations que l'explosion risque de se produire, avec une rapidité dont on a du mal aujourd'hui à déceler l'arrivée. Pour l'instant, dans les 48h on ne va pas ouvrir. Est-ce qu'on va ouvrir avant le weekend? Je ne sais pas.
Et est-ce que vous pensez l'ouvrir tout court?
Je pense qu'il y a des endroits où les patients sont très bien confinés, et ne sont pas en proximité les uns des autres. Il est possible qu'on ait préparé des choses qui n'ouvriront pas. Ça me parait assez peu probable pour les grosses agglomérations, puisqu'on voit déjà que l'hôpital est en tension.
On est dans ce double phénomène où du côté des libéraux, c'est très structuré, très organisé, il n'y a aucun débordement, voire une activité plutôt diminuée. Du côté de l'hôpital, il y a une saturation des capacités d'hospitalisation et on commence à transférer des patients de réanimation à Nîmes. Alors on essaye de voir comment on peut aider l'hôpital. Il y a un sujet sur lequel on va essayer de les aider de façon immédiate, ce sont les sorties d'hospitalisation pour leur dégager des lits. Et notamment le fait qu'on va reprendre à domicile, des patients sous oxygène. On va mettre en place une coordination départementale pour les aider là-dessus.
Le Centre national des professions de santé (CNPS) et la Fédération française des praticiens de santé (FFPS) ont demandé des recommandations pour les "centres ambulatoires dédiés à la prise en charge des patients Covid-19" (cf dépêche du 30/03/2020 à 19:02). Qu'en pensez-vous?
Pour nous, tout ça est déjà derrière nous. En fait, les recommandations se sont créées en partant du terrain avec l'expérience de la coordination. C'est plutôt nous qui avons dit aux ARS: voilà ce que nous pouvons faire, et voilà ce que nous allons faire. Et les ARS ont répondu qu'elles allaient se saisir de nos expériences pour généraliser la coordination des équipes en ambulatoire.
af/san/APMnews
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LE SECTEUR AMBULATOIRE A MIS EN PLACE UN PLAN BLANC "DE FAÇON SPONTANÉE" (CLAUDE LEICHER, FÉDÉRATION DES CPTS)
PARIS, 3 avril 2020 (APMnews) - "Il y a un plan blanc ambulatoire qui a été mis en place de façon spontanée", a expliqué Claude Leicher, président de la Fédération des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), lors d'une interview accordée à APMnews mardi.
Ces centres ambulatoires Covid fonctionnent sur un double pilier: la réception et la gestion d'appels de patients et, si besoin, des consultations dans un lieu spécifique.
APMnews: Qu'est ce qui est prêt sur le territoire de votre CPTS, dans la Drôme, pour accueillir les patients de Covid en cas de débordement?
Claude Leicher: Ce qui est prêt, c'est un lieu où on peut à la fois recevoir les patients, les évaluer, les examiner cliniquement si c'est nécessaire. Les inscrire deuxièmement dans un registre qui permet de garantir derrière qu'il y a un suivi, adapté à la situation du patient. Et troisièmement, qui permet de faire du lien avec les structures extérieures, notamment l'hôpital, pour l'aider, à la fois à recevoir les patients en temps utile et à commencer à préparer la suite, c’est-à-dire les retours d'hospitalisation.
Une gestion téléphonique est aussi prête, avec un numéro de téléphone centralisant les choses. Elle sera utilisée au cas où vous n'arriviez pas à joindre votre médecin traitant ou que vous ne puissiez pas être vu par un médecin dans un délai raisonnable. Vous nous appelez, et on retransmet votre appel au centre qui va vous garantir qu'un professionnel de santé vous rappelle dans la journée. On a même prévu, si jamais ça déborde vraiment, de demander aux mairies de notre secteur, de nous aider à gérer les appels.
Je n'ai aucun exemple en France de centre qui ne fonctionne pas sur ces deux piliers qui sont la réception et la gestion des appels et deuxièmement, des éventuelles consultations.
Combien de ces centres Covid sont en capacité d'ouvrir?
Pour la Drôme, on a 19 sectorisations prévues. Ces sectorisations ont déjà un lieu d'implantation préparé et prêt à ouvrir. Pour l'instant, on a ouvert deux lieux. Non pas qu'il y ait une nécessité absolue de le faire mais cela simplifiait la gestion des doubles flux, Covid/ pas Covid pour les médecins de ces secteurs. Ces deux lieux, ouverts depuis lundi dernier, sont dans le Royan, au pied du Vercors, et, au nord du département, à Saint-Vallier. Ils ont une activité en croissance raisonnable. L'activité est pour l'instant complètement absorbée, sachant qu'à Saint-Vallier, les professionnels voient une soixantaine de patients par jour. Dans le Royan, ils ouvrent uniquement l'après-midi.
Partout ailleurs dans le département, les lieux sont prêts, mais ne sont pas activés. L'activation se fait à la demande des médecins ou alors par exemple, parce que beaucoup de personnes ne trouvent pas de réponses auprès de leur médecin traitant. Ces endroits sont prêts à fonctionner, à la demande conjointe des médecins sur le terrain et de l'ARS.
Dans votre CPTS, à quoi ressemble le lieu dans lequel vous installerez le centre Covid ?
Chez nous, une salle polyvalente est implantée dans le village d'Etoile-sur-Rhône. La salle est adaptée, avec une capacité d'accueil importante. Il y a un parking à côté et une pharmacie pas très loin. Il y a des salles de consultation qui sont prévues et une salle est équipée pour faire du secrétariat téléphonique. On a même mis en place un registre partagé, avec un tableur, pour que plusieurs personnes remplissent, lisent et utilisent ce tableur, avec la liste des patients à recontacter et les décisions qui ont été prises les concernant.
Est-ce déjà ouvert?
C'est prêt à ouvrir. On attend de voir comment les choses évoluent sur le terrain. Il y a un plan blanc ambulatoire qui a été mis en place de façon spontanée, et qui n'a pas été exprimé dans les médias, ni au niveau des autorités sanitaires. C'est exactement pareil qu'à l'hôpital, c'est-à-dire qu'on a dégagé les plages de consultations dans les cabinets de façon à être totalement disponibles pour ne gérer que des patients Covid. Comme il reste tout un tas de patient ayant besoin d'être vus, il fallait maintenir une partie des consultations en cabinet pour ces personnes, de façon sécurisée. Aujourd'hui, dans les zones qui ne sont pas encore en explosion, l'ensemble des médecins nous disent être plutôt en sous-activité, disponibles (cf dépêche du 02/04/2020 à 12:28).
Est-ce que ces centres sont uniquement portés par des CPTS?
C'est porté soit par des CPTS, qui existent, ou qui sont en projet, comme à Montélimar, Crest, Die ou Chabeuil. Cela peut aussi être dans des endroits où il n'y avait pas du tout de projet, comme Valence. Et dans ce cadre, c'est porté, sur décision de l'ARS, par les secteurs de garde des médecins généralistes. Cela a l'avantage de permettre un échange déjà existant entre les médecins du secteur.
Est-ce que l'installation de beaucoup de ces centres sont prévus sur toute la France?
Toutes les CPTS en projet ont mis en place des coordinations, et ont préparé ou déjà ouvert des centres Covid. Et comme on est sur 550 projets de CPTS aujourd'hui, dont un certain nombre sont déjà en fonctionnement, ça donne à peu près les dimensions. Quand il y a une CPTS, cela s'ouvre assez facilement et assez rapidement.
On s'est d'ailleurs aperçus que quand on met en place un centre Covid, une conséquence n'était pas prévisible, c'est qu'on a un retour de demande de soins dans les cabinets. Sachant que les patients essayent aujourd'hui d'éviter de fréquenter les cabinets, il y a donc une vraie tension de la demande de soins, qui j'espère n'aura pas de conséquences ultérieures.
Pensez-vous ouvrir bientôt votre centre Covid?
C'est ça la bonne question. Pour l'instant, il n'y a pas l'explosion qui a été vécue à Mulhouse. Et donc on est assez loin du démarrage du Grand Est et de la problématique très particulière de l'Ile-de-France. Chez nous, le confinement est assez bien, voire très bien respecté. Notre espoir c'est que le confinement atténue la vague. Mais on voit arriver tout doucement l'augmentation du nombre de patients. Pour l'instant on n'est pas dans une évolution qui nous déclencherait une ouverture, probablement rien avant la fin de la semaine.
Mais cela va dépendre de ce qui va se passer dans les grandes agglomérations, comme Valence, Roman, Montélimar. C'est probablement dans ces grandes agglomérations que l'explosion risque de se produire, avec une rapidité dont on a du mal aujourd'hui à déceler l'arrivée. Pour l'instant, dans les 48h on ne va pas ouvrir. Est-ce qu'on va ouvrir avant le weekend? Je ne sais pas.
Et est-ce que vous pensez l'ouvrir tout court?
Je pense qu'il y a des endroits où les patients sont très bien confinés, et ne sont pas en proximité les uns des autres. Il est possible qu'on ait préparé des choses qui n'ouvriront pas. Ça me parait assez peu probable pour les grosses agglomérations, puisqu'on voit déjà que l'hôpital est en tension.
On est dans ce double phénomène où du côté des libéraux, c'est très structuré, très organisé, il n'y a aucun débordement, voire une activité plutôt diminuée. Du côté de l'hôpital, il y a une saturation des capacités d'hospitalisation et on commence à transférer des patients de réanimation à Nîmes. Alors on essaye de voir comment on peut aider l'hôpital. Il y a un sujet sur lequel on va essayer de les aider de façon immédiate, ce sont les sorties d'hospitalisation pour leur dégager des lits. Et notamment le fait qu'on va reprendre à domicile, des patients sous oxygène. On va mettre en place une coordination départementale pour les aider là-dessus.
Le Centre national des professions de santé (CNPS) et la Fédération française des praticiens de santé (FFPS) ont demandé des recommandations pour les "centres ambulatoires dédiés à la prise en charge des patients Covid-19" (cf dépêche du 30/03/2020 à 19:02). Qu'en pensez-vous?
Pour nous, tout ça est déjà derrière nous. En fait, les recommandations se sont créées en partant du terrain avec l'expérience de la coordination. C'est plutôt nous qui avons dit aux ARS: voilà ce que nous pouvons faire, et voilà ce que nous allons faire. Et les ARS ont répondu qu'elles allaient se saisir de nos expériences pour généraliser la coordination des équipes en ambulatoire.
af/san/APMnews