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08/04 2024
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LES ACCIDENTS DE LA ROUTE RESPONSABLES DE 100.000 HOSPITALISATIONS CHAQUE ANNÉE EN FRANCE

LILLE, 8 avril 2024 (APMnews) - Environ 100.000 personnes sont hospitalisées chaque année en France à la suite d'un accident de la circulation routière, dont 18.000 "gravement blessées", selon une étude française présentée la semaine dernière au congrès Emois (Evaluation, management, organisation, information, santé), à Lille.

Ces estimations du nombre de blessés graves à la suite d'un accident de la route, produites par Mélanie Yvroud de l'université Gustave Eiffel à Lyon et ses collègues, reposent sur les données d'hospitalisation du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) pour la période 2010-2019.

Ils pointent, dans le résumé de leur présentation orale, que si "de nombreux pays utilisent les données d'hospitalisation pour estimer le nombre d'usagers de la route hospitalisés", la tâche est rendue complexe en France du fait que dans 70% des cas, il n'y a pas d'information sur "la cause externe de la CIM-10, qui permet de distinguer les blessures suite à un accident de la route de celles liées au sport ou aux accidents de la vie courante ou à de l'intentionnel".

Ils expliquent que "pour pallier ce problème", ils ont utilisé "la méthode de pondération par la probabilité inverse". Ils ont pour cela, grâce à un modèle logistique multinomial, "modélisé la probabilité que la cause externe soit renseignée" parmi tous les patients hospitalisés avec une lésion traumatique, puis "le nombre de patients hospitalisés suite à un accident de la circulation [a été] estimé en utilisant comme poids l'inverse de ces probabilités estimées".

Leurs analyses ont ainsi permis d'estimer qu'entre 2010 et 2019 en France, il y avait eu environ 100.000 blessés par an hospitalisés à la suite d'un accident de la route.

Parmi eux, environ 18.000 étaient gravement blessés, c'est-à-dire qu'ils souffraient d'au moins une lésion dont le score AIS (Abbreviated Injury Scale) était supérieur ou égal à 3 (MAIS3+), selon une estimation réalisée grâce à une "matrice de conversion fournie par l'Association for the Advancement of Automotive Medicine entre les codes CIM-10 et le MAIS3+".

Les chercheurs ont par ailleurs constaté une "tendance à l'augmentation du nombre de blessés graves" au fil des ans.

Les blessés graves étaient le plus souvent des usagers motorisés, de deux-roues (5.800 par an en moyenne), des automobilistes (5.500 par an), et des cyclistes (4.000 par an). Venaient ensuite les piétons (2.300 par an) et les occupants de vans ou de véhicules lourds (200 par an).

"L'utilisation des données du PMSI nous a permis d'estimer le nombre de blessés de la route hospitalisés, et parmi eux du nombre de blessés graves", concluent les chercheurs, notant que "le nombre d'hospitalisés par accident de la route stagne malgré les nombreux messages de prévention".

Les accidents de trottinette le plus souvent sans collision

Dans une autre étude également présentée en session orale, ils se sont intéressés aux "circonstances accidentelles chez les blessés en trottinette électrique dans le département du Rhône" sur la période 2017-2021.

Ils ont pour cela mené une enquête par questionnaire auto-administré auprès des blessés en "engin de déplacement personnel" (EDP, qui inclut la trottinette électrique) recensés par le registre hospitalier du Rhône, qui "recueille de façon quasi exhaustive les blessés de la circulation routière du département et fournit un bilan lésionnel complet".

Pour être inclus, il fallait être le conducteur ou le passager d'un EDP ou encore un piéton percuté par un EDP, avoir été accidenté entre 2017 et 2021, être âgé d'au moins 10 ans lors de l'accident, ne pas être décédé et avoir une adresse postale connue en métropole.

Les chercheurs ont identifié 2.429 victimes éligibles, parmi lesquelles 322 (soit 13%) ont répondu à l'enquête et 173 étaient des usagers de trottinette électrique.

Les résultats montrent que 81% des blessés n'avaient aucun équipement de protection, 60% n'avaient pas de visibilité et 42% effectuaient un déplacement de la vie courante.

Les accidents étaient survenus le plus souvent sans collision (63%), avec "notamment des difficultés au niveau des montées de trottoir", et quand il y avait collision (35%) c'était le plus souvent contre des véhicules (60%) et des obstacles fixes (32%).

Les données montrent également que "47% des conducteurs déclaraient avoir pris des risques, 20% avoir conduit sous l'effet de l'alcool et 6% à une vitesse inadaptée (alors que 11% déclaraient rouler à plus de 25 km/h)".

Dans 52% des cas, les blessés ont arrêté d'utiliser une trottinette électrique après l'accident.

"Cette enquête a permis de caractériser des problématiques liées aux accidents de trottinette électrique, telles que la montée de trottoirs, un fréquent non-respect des règles de circulation ou encore un défaut de perception de la dangerosité de ces engins", concluent les chercheurs.

Une autre étude française publiée en 2023 avait révélé que les accidents liés aux engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) comme la trottinette électrique conduisaient à des blessures aussi graves, voire plus souvent mortelles, que les accidents à moto ou à vélo (cf dépêche du 07/07/2023 à 17:47).

sb/ab/APMnews

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LES ACCIDENTS DE LA ROUTE RESPONSABLES DE 100.000 HOSPITALISATIONS CHAQUE ANNÉE EN FRANCE

LILLE, 8 avril 2024 (APMnews) - Environ 100.000 personnes sont hospitalisées chaque année en France à la suite d'un accident de la circulation routière, dont 18.000 "gravement blessées", selon une étude française présentée la semaine dernière au congrès Emois (Evaluation, management, organisation, information, santé), à Lille.

Ces estimations du nombre de blessés graves à la suite d'un accident de la route, produites par Mélanie Yvroud de l'université Gustave Eiffel à Lyon et ses collègues, reposent sur les données d'hospitalisation du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) pour la période 2010-2019.

Ils pointent, dans le résumé de leur présentation orale, que si "de nombreux pays utilisent les données d'hospitalisation pour estimer le nombre d'usagers de la route hospitalisés", la tâche est rendue complexe en France du fait que dans 70% des cas, il n'y a pas d'information sur "la cause externe de la CIM-10, qui permet de distinguer les blessures suite à un accident de la route de celles liées au sport ou aux accidents de la vie courante ou à de l'intentionnel".

Ils expliquent que "pour pallier ce problème", ils ont utilisé "la méthode de pondération par la probabilité inverse". Ils ont pour cela, grâce à un modèle logistique multinomial, "modélisé la probabilité que la cause externe soit renseignée" parmi tous les patients hospitalisés avec une lésion traumatique, puis "le nombre de patients hospitalisés suite à un accident de la circulation [a été] estimé en utilisant comme poids l'inverse de ces probabilités estimées".

Leurs analyses ont ainsi permis d'estimer qu'entre 2010 et 2019 en France, il y avait eu environ 100.000 blessés par an hospitalisés à la suite d'un accident de la route.

Parmi eux, environ 18.000 étaient gravement blessés, c'est-à-dire qu'ils souffraient d'au moins une lésion dont le score AIS (Abbreviated Injury Scale) était supérieur ou égal à 3 (MAIS3+), selon une estimation réalisée grâce à une "matrice de conversion fournie par l'Association for the Advancement of Automotive Medicine entre les codes CIM-10 et le MAIS3+".

Les chercheurs ont par ailleurs constaté une "tendance à l'augmentation du nombre de blessés graves" au fil des ans.

Les blessés graves étaient le plus souvent des usagers motorisés, de deux-roues (5.800 par an en moyenne), des automobilistes (5.500 par an), et des cyclistes (4.000 par an). Venaient ensuite les piétons (2.300 par an) et les occupants de vans ou de véhicules lourds (200 par an).

"L'utilisation des données du PMSI nous a permis d'estimer le nombre de blessés de la route hospitalisés, et parmi eux du nombre de blessés graves", concluent les chercheurs, notant que "le nombre d'hospitalisés par accident de la route stagne malgré les nombreux messages de prévention".

Les accidents de trottinette le plus souvent sans collision

Dans une autre étude également présentée en session orale, ils se sont intéressés aux "circonstances accidentelles chez les blessés en trottinette électrique dans le département du Rhône" sur la période 2017-2021.

Ils ont pour cela mené une enquête par questionnaire auto-administré auprès des blessés en "engin de déplacement personnel" (EDP, qui inclut la trottinette électrique) recensés par le registre hospitalier du Rhône, qui "recueille de façon quasi exhaustive les blessés de la circulation routière du département et fournit un bilan lésionnel complet".

Pour être inclus, il fallait être le conducteur ou le passager d'un EDP ou encore un piéton percuté par un EDP, avoir été accidenté entre 2017 et 2021, être âgé d'au moins 10 ans lors de l'accident, ne pas être décédé et avoir une adresse postale connue en métropole.

Les chercheurs ont identifié 2.429 victimes éligibles, parmi lesquelles 322 (soit 13%) ont répondu à l'enquête et 173 étaient des usagers de trottinette électrique.

Les résultats montrent que 81% des blessés n'avaient aucun équipement de protection, 60% n'avaient pas de visibilité et 42% effectuaient un déplacement de la vie courante.

Les accidents étaient survenus le plus souvent sans collision (63%), avec "notamment des difficultés au niveau des montées de trottoir", et quand il y avait collision (35%) c'était le plus souvent contre des véhicules (60%) et des obstacles fixes (32%).

Les données montrent également que "47% des conducteurs déclaraient avoir pris des risques, 20% avoir conduit sous l'effet de l'alcool et 6% à une vitesse inadaptée (alors que 11% déclaraient rouler à plus de 25 km/h)".

Dans 52% des cas, les blessés ont arrêté d'utiliser une trottinette électrique après l'accident.

"Cette enquête a permis de caractériser des problématiques liées aux accidents de trottinette électrique, telles que la montée de trottoirs, un fréquent non-respect des règles de circulation ou encore un défaut de perception de la dangerosité de ces engins", concluent les chercheurs.

Une autre étude française publiée en 2023 avait révélé que les accidents liés aux engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) comme la trottinette électrique conduisaient à des blessures aussi graves, voire plus souvent mortelles, que les accidents à moto ou à vélo (cf dépêche du 07/07/2023 à 17:47).

sb/ab/APMnews

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