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LES INFECTIONS RESPIRATOIRES PANDÉMIQUES, PRINCIPAL RISQUE DE SITUATION SANITAIRE EXCEPTIONNELLE EN FRANCE D'ICI 2030 (COVARS)
Le comité, présidé par la Pr Brigitte Autran, a conduit ce travail d'évaluation des risques de situation sanitaire exceptionnelle en France métropolitaine et en outre-mer à la suite d'une saisine des ministères chargés de la santé et de la recherche datée du 7 décembre 2023. Le rapport en découlant a été transmis au gouvernement mardi.
Ce travail, qui porte sur l'étude des risques infectieux et environnementaux -mais pas des risques nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques (NRBC) ou liés au bioterrorisme- est "gigantesque et demande un nombre très important d'experts", ce qui a conduit le Covars à "se baser sur des avis préexistants émis par des organismes français et internationaux", a expliqué Brigitte Autran. Une "cinquantaine" de documents publiés au cours des 10-15 dernières années ont ainsi été analysés.
Le Covars s'est ici focalisé sur les risques sanitaires pour la France, "dans le contexte du système sanitaire de notre pays, qui est un excellent système de santé mais avec les défauts que l'on connaît, notamment liés au faible nombre de personnels soignants", a noté la présidente du comité.
Plusieurs paramètres ont été pris en compte: les aspects démographiques (en particulier le vieillissement de la population), l'accroissement de la population porteuse de facteurs de risque de gravité des maladies, l'inégalité des territoires et les spécificités ultramarines, l'état de santé mentale de la population (en particulier au décours de la crise Covid), l'infodémie, et les facteurs environnementaux qui exposent l'ensemble de la population à des risques.
Le Covars a analysé 35 maladies infectieuses selon 16 critères (portant sur l'épidémiologie, la clinique, les contre-mesures disponibles en France, et les impacts sanitaires, psychosociaux, économiques et sur les écosystèmes) et les a classées en trois catégories selon le niveau de risque, a expliqué le virologue Bruno Lina.
Ainsi, le risque de situation sanitaire exceptionnelle majeure est "essentiellement porté par les infections respiratoires pandémiques" comme la grippe zoonotique et les coronavirus émergents, suivies des arboviroses -dengue et infections à virus West-Nile- avec une répartition différente entre métropole et outre-mer, a-t-il résumé.
Les infections respiratoires aiguës hivernales, "dont le fardeau reste encore majeur", figurent également dans cette catégorie, ainsi que la survenue possible d'une maladie X (qui est définie par l'Organisation mondiale de la santé -OMS- comme une "affection épidémique hypothétique due à un agent pathogène inconnu").
La deuxième catégorie, qui concerne les maladies pour lesquelles les risques sont "significatifs mais moindres", comprend deux arboviroses (Zika et chikungunya) et la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC), "dont les vecteurs et les virus sont déjà présents en France", ainsi que les infections à bactéries multirésistantes.
Dans la troisième catégorie, on retrouve des maladies à transmission sexuelle ou vectorielle réparties différemment selon les territoires (VIH/sida et autres infections sexuellement transmissibles -IST-, tuberculose ultrarésistante, encéphalite à tiques, fièvre de la vallée du Rift, rage, gastro-entérites), qui sont considérées comme étant de "moindre risque" mais dont le risque est "fortement modulé" par des facteurs environnementaux -notamment climatiques- et géopolitiques.
Des risques accentués par le changement climatique
Concernant les facteurs environnementaux, le Covars a conclu que les risques de situation sanitaire exceptionnelle majeure étaient "principalement liés ou favorisés par le changement climatique".
"Les autres facteurs environnementaux au sens large auront un impact sanitaire aussi, voire plus important, mais cet impact, généralement chronique et réparti de façon plus homogène dans le temps, est plus diffus", explique-t-il dans son avis, évoquant la pollution atmosphérique ou encore l'exposition aux agents chimiques.
"Les dangers de ces risques environnementaux sont identifiés pour beaucoup (survenue de cancers, maladies cardiovasculaires, métaboliques, endocriniennes ou neurodégénératives) et les études de biosurveillance documentent une exposition généralisée dont les effets cumulés pourraient être importants", poursuit-il. "Par ailleurs, en cas de situation sanitaire exceptionnelle d'origine infectieuse, ces facteurs et leurs conséquences sur la survenue de maladies chroniques favorisent la survenue de pathologies infectieuses et en accroissent la gravité."
"D'une manière générale, nous ne crions pas au feu, nous ne voulons pas être alarmistes mais simplement réalistes: ces risques existent, et s'il n'est pas possible de dire quand ils vont arriver, on sait qu'ils vont arriver", a déclaré Brigitte Autran.
"Les recommandations que nous faisons au gouvernement reposent sur trois piliers", a-t-elle exposé: "La préparation aux événements infectieux -avec une partie extrêmement importante dédiée à la recherche pour mieux préparer la réponse à ces évènements infectieux-, [le recours] aux sciences humaines et sociales pour aider la population à mieux se prendre en main et à mieux comprendre les recommandations sanitaires faites par le gouvernement, et la recherche, pour combler les trous de connaissance -qui est encore très imparfaite dans le domaine de la pollution en particulier."
Elle a conclu sur une "note positive", rappelant que "grâce à l'établissement de règles internationales et en particulier européennes, la France est arrivée à diminuer son niveau de pollution atmosphérique". "Cela montre l'importance des décisions des politiques publiques de santé, qui, d'autant plus lorsqu'elles sont prises au niveau international, permettent un engagement des pays et des populations qui permet d'avancer et de réduire ces risques."
sb/ab/APMnews
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LES INFECTIONS RESPIRATOIRES PANDÉMIQUES, PRINCIPAL RISQUE DE SITUATION SANITAIRE EXCEPTIONNELLE EN FRANCE D'ICI 2030 (COVARS)
Le comité, présidé par la Pr Brigitte Autran, a conduit ce travail d'évaluation des risques de situation sanitaire exceptionnelle en France métropolitaine et en outre-mer à la suite d'une saisine des ministères chargés de la santé et de la recherche datée du 7 décembre 2023. Le rapport en découlant a été transmis au gouvernement mardi.
Ce travail, qui porte sur l'étude des risques infectieux et environnementaux -mais pas des risques nucléaires, radiologiques, biologiques ou chimiques (NRBC) ou liés au bioterrorisme- est "gigantesque et demande un nombre très important d'experts", ce qui a conduit le Covars à "se baser sur des avis préexistants émis par des organismes français et internationaux", a expliqué Brigitte Autran. Une "cinquantaine" de documents publiés au cours des 10-15 dernières années ont ainsi été analysés.
Le Covars s'est ici focalisé sur les risques sanitaires pour la France, "dans le contexte du système sanitaire de notre pays, qui est un excellent système de santé mais avec les défauts que l'on connaît, notamment liés au faible nombre de personnels soignants", a noté la présidente du comité.
Plusieurs paramètres ont été pris en compte: les aspects démographiques (en particulier le vieillissement de la population), l'accroissement de la population porteuse de facteurs de risque de gravité des maladies, l'inégalité des territoires et les spécificités ultramarines, l'état de santé mentale de la population (en particulier au décours de la crise Covid), l'infodémie, et les facteurs environnementaux qui exposent l'ensemble de la population à des risques.
Le Covars a analysé 35 maladies infectieuses selon 16 critères (portant sur l'épidémiologie, la clinique, les contre-mesures disponibles en France, et les impacts sanitaires, psychosociaux, économiques et sur les écosystèmes) et les a classées en trois catégories selon le niveau de risque, a expliqué le virologue Bruno Lina.
Ainsi, le risque de situation sanitaire exceptionnelle majeure est "essentiellement porté par les infections respiratoires pandémiques" comme la grippe zoonotique et les coronavirus émergents, suivies des arboviroses -dengue et infections à virus West-Nile- avec une répartition différente entre métropole et outre-mer, a-t-il résumé.
Les infections respiratoires aiguës hivernales, "dont le fardeau reste encore majeur", figurent également dans cette catégorie, ainsi que la survenue possible d'une maladie X (qui est définie par l'Organisation mondiale de la santé -OMS- comme une "affection épidémique hypothétique due à un agent pathogène inconnu").
La deuxième catégorie, qui concerne les maladies pour lesquelles les risques sont "significatifs mais moindres", comprend deux arboviroses (Zika et chikungunya) et la fièvre hémorragique de Crimée-Congo (FHCC), "dont les vecteurs et les virus sont déjà présents en France", ainsi que les infections à bactéries multirésistantes.
Dans la troisième catégorie, on retrouve des maladies à transmission sexuelle ou vectorielle réparties différemment selon les territoires (VIH/sida et autres infections sexuellement transmissibles -IST-, tuberculose ultrarésistante, encéphalite à tiques, fièvre de la vallée du Rift, rage, gastro-entérites), qui sont considérées comme étant de "moindre risque" mais dont le risque est "fortement modulé" par des facteurs environnementaux -notamment climatiques- et géopolitiques.
Des risques accentués par le changement climatique
Concernant les facteurs environnementaux, le Covars a conclu que les risques de situation sanitaire exceptionnelle majeure étaient "principalement liés ou favorisés par le changement climatique".
"Les autres facteurs environnementaux au sens large auront un impact sanitaire aussi, voire plus important, mais cet impact, généralement chronique et réparti de façon plus homogène dans le temps, est plus diffus", explique-t-il dans son avis, évoquant la pollution atmosphérique ou encore l'exposition aux agents chimiques.
"Les dangers de ces risques environnementaux sont identifiés pour beaucoup (survenue de cancers, maladies cardiovasculaires, métaboliques, endocriniennes ou neurodégénératives) et les études de biosurveillance documentent une exposition généralisée dont les effets cumulés pourraient être importants", poursuit-il. "Par ailleurs, en cas de situation sanitaire exceptionnelle d'origine infectieuse, ces facteurs et leurs conséquences sur la survenue de maladies chroniques favorisent la survenue de pathologies infectieuses et en accroissent la gravité."
"D'une manière générale, nous ne crions pas au feu, nous ne voulons pas être alarmistes mais simplement réalistes: ces risques existent, et s'il n'est pas possible de dire quand ils vont arriver, on sait qu'ils vont arriver", a déclaré Brigitte Autran.
"Les recommandations que nous faisons au gouvernement reposent sur trois piliers", a-t-elle exposé: "La préparation aux événements infectieux -avec une partie extrêmement importante dédiée à la recherche pour mieux préparer la réponse à ces évènements infectieux-, [le recours] aux sciences humaines et sociales pour aider la population à mieux se prendre en main et à mieux comprendre les recommandations sanitaires faites par le gouvernement, et la recherche, pour combler les trous de connaissance -qui est encore très imparfaite dans le domaine de la pollution en particulier."
Elle a conclu sur une "note positive", rappelant que "grâce à l'établissement de règles internationales et en particulier européennes, la France est arrivée à diminuer son niveau de pollution atmosphérique". "Cela montre l'importance des décisions des politiques publiques de santé, qui, d'autant plus lorsqu'elles sont prises au niveau international, permettent un engagement des pays et des populations qui permet d'avancer et de réduire ces risques."
sb/ab/APMnews