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08/04 2024
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LES MÉDECINS LIBÉRAUX TIRENT À BOULETS ROUGES SUR LES ANNONCES DE GABRIEL ATTAL SUR LE PARCOURS DE SOINS (ACTUALISATION)

(Avec l'ajout des réactions du Syndicat des médecins libéraux et de Jeunes médecins)

PARIS, 8 avril 2024 (APMnews) - Les diverses mesures concernant l'organisation du parcours de soins, faites samedi dans la presse régionale par le premier ministre, Gabriel Attal, ont suscité une vive colère chez plusieurs syndicats de médecins libéraux.

Le chef du gouvernement a notamment annoncé la possibilité pour les médecins d'imposer une sanction financière de 5 euros pour tout rendez-vous non honoré par un patient sans délai de prévenance, mais aussi la possibilité de consulter un spécialiste sans adressage par le médecin traitant (cf dépêche du 08/04/2024 à 06:20), et l'application de diverses mesures de montée en compétences pour plusieurs professions de santé déjà votées par le Parlement.

Dans un communiqué diffusé dimanche, le syndicat de médecins généralistes MG France a fait part de sa "consternation" et annoncé suspendre à son tour sa participation aux négociations conventionnelles avec l'assurance maladie, dans l'attente de "clarifications et d'engagements forts sur le médecin traitant, le parcours de soins et le devenir du système conventionnel".

Echaudés par six mois de négociations difficiles avec l'assurance maladie en vue d'une nouvelle convention médicale, six des sept syndicats de médecins libéraux avaient suspendu jeudi leur participation aux discussions, pour protester contre la stagnation des tarifs des cliniques, à l'origine d'un préavis de grève à compter du 3 juin (cf dépêche du 04/04/2024 à 15:48).

MG France avait alors "pris acte" de l'ajournement de la réunion de négociation que l'assurance maladie espérait conclusive.

"Après les menaces sur les ALD [affections de longue durée] énoncées avant d'être heureusement abandonnées par le ministre de l'économie [Bruno Le Maire], c'est maintenant le premier ministre qui prend l'initiative de réformer gravement le système de santé", observe le syndicat dans son communiqué.

"Ces mesures sont le plus souvent illusoires, souvent démagogiques et parfois dangereuses", estime le syndicat. "Qui peut croire que les patients résidant dans des déserts médicaux trouveront plus facilement un endocrinologue ou un chirurgien qu'un médecin généraliste?", s'interroge le syndicat, qui tacle aussi l'accès direct au masseur-kinésithérapeute.

"Comment la taxation de 5 euros que pourra percevoir le médecin dont le patient lui aura fait faux bond va redonner du temps médical quand les dispositifs de rendez-vous en ligne continuent à proposer aux plus aisés la possibilité de réserver autant de créneaux qu'ils le souhaitent?", insiste le syndicat.

"Au moment précis où les syndicats médicaux représentatifs et l'assurance maladie cherchent désespérément par la négociation les moyens de sauver un système de santé en grand danger, dans un contexte économique qui ne permet pas l'erreur, le contournement de leurs efforts par le gouvernement compromet gravement l'édifice conventionnel", reproche MG France.

"Saboter" les négociations conventionnelles

Dans un communiqué diffusé dimanche, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) accuse le gouvernement de vouloir "saboter" les négociations conventionnelles, à travers des "tarifs indigents pour les cliniques privées" et la remise en cause du parcours de soins coordonnés institué avec la réforme de l'assurance maladie en 2004.

"En annonçant la destruction du parcours de soins et le transfert de compétences à d'autres professions de santé au mépris de la qualité et de la pertinence des soins des Français, le gouvernement fait le choix d'en finir avec le médecin traitant et avec toutes les autres spécialités médicales libérales", s'indigne le syndicat.

"En agissant ainsi, à deux séances de la fin des négociations conventionnelles, le gouvernement a fait le choix de les saboter", dénonce la CSMF qui qualifie l'attitude du gouvernement de "politiquement irresponsable" et en appelle à Emmanuel Macron.

L'Union française pour une médecine libre (UFML-S) a manifesté "surprise, étonnement et colère" dans un communiqué diffusé samedi soir.

S'il se réjouit de l'instauration d'une taxe lapin, tout en s'interrogeant sur ses modalités de mise en œuvre, l'UFML-S critique vigoureusement le principe d'une expérimentation d'un accès direct à certains spécialistes.

"Cela nie l'existence même du rôle de coordinateur du médecin généraliste, médecin de premier recours […]. Les patients rencontrent des difficultés pour obtenir des rendez-vous auprès des spécialistes et lorsqu'ils les obtiennent, ils ont des délais d'attente de six mois et parfois d'un an. Faire des entrées directes auprès des spécialistes augmenterait encore ce délai", estime l'UFML-S.

"Le gouvernement de [Gabriel] Attal mène une politique de destruction du tissu sanitaire privé par l'organisation de la fermeture de centaine de cliniques privées où exercent des milliers de médecins spécialistes", relève le syndicat qui dénonce une contradiction.

"On ne peut à la fois dire que les Français pourraient consulter directement des spécialistes et 'dans le même temps' faire disparaître l'exercice de milliers de spécialistes", dénonce le syndicat.

L'UFML-S qualifie par ailleurs de "bricolage" la possibilité pour les pharmaciens de dispenser des antibiotiques après un test rapide d'orientation diagnostique (Trod) pour les angines ou cystites aiguës simples, et critique l'idée d'envoyer "des émissaires à l'étranger pour piller les capacités médicales de pays fragilisés".

Dans un billet intitulé "le premier ministre a-t-il tué la négociation conventionnelle?", publié lundi sur le site internet de la Fédération des médecins de France (FMF), son trésorier, le Dr Richard Talbot, brocarde l'ensemble des mesures annoncées.

"En trois minutes et deux petites phrases, Gabriel Attal a fait faire un virage de 180° à la politique de parcours de soins et de médecine coordonnée mise en place depuis plus de 20 ans", écrit-il, estimant que cela revient à mettre "à la corbeille" la lettre de cadrage de la négociation conventionnelle fixée par l'ex-ministre de la santé Aurélien Rousseau, confirmée par le ministre délégué Frédéric Valletoux, "qui mettait en avant le rôle essentiel du médecin traitant et du suivi des pathologies chroniques".

Le Dr Talbot, qui tient la chronique détaillée des négociations conventionnelles sur le site de la FMF, estime que l'entaille faite au parcours de soins coordonnés vide de sa substance "la seule avancée" tarifaire proposée par l'assurance maladie pour les spécialistes qui repose sur la cotation de l'avis ponctuel de consultant (APC), tout en niant "complètement" le "rôle fondamental de suivi, d'orientation, de synthèse" des généralistes.

Pour lui, l'annonce de Gabriel Attal "règle un problème épineux: il n'y a plus besoin de trouver des médecins traitants à tous les patients en ALD qui n'en ont pas puisqu'ils peuvent s'auto-orienter tout seuls vers le spécialiste ad hoc".

"Voudrait-il précipiter les médecins libéraux vers le déconventionnement qu'il ne s'y prendrait pas autrement", insiste le médecin dont le syndicat a rallié en février l'appel en ce sens lancé un an plus tôt par l'UFML-S (cf dépêche du 19/02/2024 à 15:39).

Il s'inquiète aussi d'un éventuel retour de l'obligation de permanence des soins "alors que de nombreux départements n'ont pas assez de médecins pour les faire" ainsi que de l'obligation de participation au service d'accès aux soins (SAS).

Le regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) a protesté lundi contre des "mesures non concertées" et une "stratégie inadaptée".

"Qu'il s'agisse des menaces de rétablissement de l'obligation de garde, des transferts de tâches décrétés en dehors d'un fonctionnement d'équipe, du doublement du nombre d'étudiants en médecine sans moyens alloués pour accroître les capacités de formation ou encore de la désorganisation générale des parcours de soins, aucune de ces mesures ne saurait avoir été construite avec les représentants des médecins généralistes", écrit le syndicat.

Dans un communiqué diffusé lundi, le Syndicat des médecins libéraux (SML) s'est élevé contre des mesures prises sans concertation avec la profession, relevant d'une politique du "en même temps santé".

Il critique ainsi l'accès direct aux spécialistes décidé en parallèle de la "destruction des cliniques de proximité avec une augmentation de 0,3% […] ce qui va faire disparaître nombre de cabinets de spécialistes cliniques et de plateaux technique", et qui revient, selon le syndicat, à détruire "tout ce qu'on nous a imposé de construire comme parcours de soin depuis des années".

Le SML critique aussi la possibilité ouverte aux psychologues de facturer une séance à 50 euros dans le cadre de la refonte de Mon soutien psy (cf dépêche du 08/04/2024 à 06:30), relevant que l'assurance maladie propose en parallèle "30 euros pour la consultation du médecin généraliste (Bac+10) et 57 euros pour celle du psychiatre (Bac+12)".

"La seule mesure allant dans le bon sens est la 'taxe lapin', mais vu le montant proposé, il n'est pas sûr qu'elle dissuade les malotrus de bloquer l'accès aux soins des autres patients en ne libérant pas un rendez-vous tout en ne l'honorant pas !", déplore le SML.

De son côté, le syndicat Jeunes médecins estime que "ces annonces rendent difficiles la compréhension du 'qui fait quoi' entre Matignon, Bercy et les ministres Catherine Vautrin et Frédéric Valletoux - dont il faut nous dire quel rôle ils jouent lorsque c'est Gabriel Attal qui fait les annonces en santé".

"Tous les efforts et travaux faits ces 15 dernières années pour placer le médecin généraliste comme pivot du parcours du patient sont en train d’être réduits à néant au profit d’un accès direct aux autres professionnels de santé comme les kinés et les médecins spécialistes qui restent par ailleurs contraints par des délais d’attente très importants", estime le syndicat.

Il se dit "très dubitatif" sur l'intérêt d'une "taxe lapin" et, s'il se réjouit de la valorisation de la santé mentale via une hausse de la consultation du psychologue, il rappelle que "le tarif de base d'une consultation de psychiatrie est toujours de 42,50 euros", estimant qu'elle devrait, dans une logique similaire, atteindre 70 euros minimum.

vg/ab/APMnews

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(Avec l'ajout des réactions du Syndicat des médecins libéraux et de Jeunes médecins)

PARIS, 8 avril 2024 (APMnews) - Les diverses mesures concernant l'organisation du parcours de soins, faites samedi dans la presse régionale par le premier ministre, Gabriel Attal, ont suscité une vive colère chez plusieurs syndicats de médecins libéraux.

Le chef du gouvernement a notamment annoncé la possibilité pour les médecins d'imposer une sanction financière de 5 euros pour tout rendez-vous non honoré par un patient sans délai de prévenance, mais aussi la possibilité de consulter un spécialiste sans adressage par le médecin traitant (cf dépêche du 08/04/2024 à 06:20), et l'application de diverses mesures de montée en compétences pour plusieurs professions de santé déjà votées par le Parlement.

Dans un communiqué diffusé dimanche, le syndicat de médecins généralistes MG France a fait part de sa "consternation" et annoncé suspendre à son tour sa participation aux négociations conventionnelles avec l'assurance maladie, dans l'attente de "clarifications et d'engagements forts sur le médecin traitant, le parcours de soins et le devenir du système conventionnel".

Echaudés par six mois de négociations difficiles avec l'assurance maladie en vue d'une nouvelle convention médicale, six des sept syndicats de médecins libéraux avaient suspendu jeudi leur participation aux discussions, pour protester contre la stagnation des tarifs des cliniques, à l'origine d'un préavis de grève à compter du 3 juin (cf dépêche du 04/04/2024 à 15:48).

MG France avait alors "pris acte" de l'ajournement de la réunion de négociation que l'assurance maladie espérait conclusive.

"Après les menaces sur les ALD [affections de longue durée] énoncées avant d'être heureusement abandonnées par le ministre de l'économie [Bruno Le Maire], c'est maintenant le premier ministre qui prend l'initiative de réformer gravement le système de santé", observe le syndicat dans son communiqué.

"Ces mesures sont le plus souvent illusoires, souvent démagogiques et parfois dangereuses", estime le syndicat. "Qui peut croire que les patients résidant dans des déserts médicaux trouveront plus facilement un endocrinologue ou un chirurgien qu'un médecin généraliste?", s'interroge le syndicat, qui tacle aussi l'accès direct au masseur-kinésithérapeute.

"Comment la taxation de 5 euros que pourra percevoir le médecin dont le patient lui aura fait faux bond va redonner du temps médical quand les dispositifs de rendez-vous en ligne continuent à proposer aux plus aisés la possibilité de réserver autant de créneaux qu'ils le souhaitent?", insiste le syndicat.

"Au moment précis où les syndicats médicaux représentatifs et l'assurance maladie cherchent désespérément par la négociation les moyens de sauver un système de santé en grand danger, dans un contexte économique qui ne permet pas l'erreur, le contournement de leurs efforts par le gouvernement compromet gravement l'édifice conventionnel", reproche MG France.

"Saboter" les négociations conventionnelles

Dans un communiqué diffusé dimanche, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) accuse le gouvernement de vouloir "saboter" les négociations conventionnelles, à travers des "tarifs indigents pour les cliniques privées" et la remise en cause du parcours de soins coordonnés institué avec la réforme de l'assurance maladie en 2004.

"En annonçant la destruction du parcours de soins et le transfert de compétences à d'autres professions de santé au mépris de la qualité et de la pertinence des soins des Français, le gouvernement fait le choix d'en finir avec le médecin traitant et avec toutes les autres spécialités médicales libérales", s'indigne le syndicat.

"En agissant ainsi, à deux séances de la fin des négociations conventionnelles, le gouvernement a fait le choix de les saboter", dénonce la CSMF qui qualifie l'attitude du gouvernement de "politiquement irresponsable" et en appelle à Emmanuel Macron.

L'Union française pour une médecine libre (UFML-S) a manifesté "surprise, étonnement et colère" dans un communiqué diffusé samedi soir.

S'il se réjouit de l'instauration d'une taxe lapin, tout en s'interrogeant sur ses modalités de mise en œuvre, l'UFML-S critique vigoureusement le principe d'une expérimentation d'un accès direct à certains spécialistes.

"Cela nie l'existence même du rôle de coordinateur du médecin généraliste, médecin de premier recours […]. Les patients rencontrent des difficultés pour obtenir des rendez-vous auprès des spécialistes et lorsqu'ils les obtiennent, ils ont des délais d'attente de six mois et parfois d'un an. Faire des entrées directes auprès des spécialistes augmenterait encore ce délai", estime l'UFML-S.

"Le gouvernement de [Gabriel] Attal mène une politique de destruction du tissu sanitaire privé par l'organisation de la fermeture de centaine de cliniques privées où exercent des milliers de médecins spécialistes", relève le syndicat qui dénonce une contradiction.

"On ne peut à la fois dire que les Français pourraient consulter directement des spécialistes et 'dans le même temps' faire disparaître l'exercice de milliers de spécialistes", dénonce le syndicat.

L'UFML-S qualifie par ailleurs de "bricolage" la possibilité pour les pharmaciens de dispenser des antibiotiques après un test rapide d'orientation diagnostique (Trod) pour les angines ou cystites aiguës simples, et critique l'idée d'envoyer "des émissaires à l'étranger pour piller les capacités médicales de pays fragilisés".

Dans un billet intitulé "le premier ministre a-t-il tué la négociation conventionnelle?", publié lundi sur le site internet de la Fédération des médecins de France (FMF), son trésorier, le Dr Richard Talbot, brocarde l'ensemble des mesures annoncées.

"En trois minutes et deux petites phrases, Gabriel Attal a fait faire un virage de 180° à la politique de parcours de soins et de médecine coordonnée mise en place depuis plus de 20 ans", écrit-il, estimant que cela revient à mettre "à la corbeille" la lettre de cadrage de la négociation conventionnelle fixée par l'ex-ministre de la santé Aurélien Rousseau, confirmée par le ministre délégué Frédéric Valletoux, "qui mettait en avant le rôle essentiel du médecin traitant et du suivi des pathologies chroniques".

Le Dr Talbot, qui tient la chronique détaillée des négociations conventionnelles sur le site de la FMF, estime que l'entaille faite au parcours de soins coordonnés vide de sa substance "la seule avancée" tarifaire proposée par l'assurance maladie pour les spécialistes qui repose sur la cotation de l'avis ponctuel de consultant (APC), tout en niant "complètement" le "rôle fondamental de suivi, d'orientation, de synthèse" des généralistes.

Pour lui, l'annonce de Gabriel Attal "règle un problème épineux: il n'y a plus besoin de trouver des médecins traitants à tous les patients en ALD qui n'en ont pas puisqu'ils peuvent s'auto-orienter tout seuls vers le spécialiste ad hoc".

"Voudrait-il précipiter les médecins libéraux vers le déconventionnement qu'il ne s'y prendrait pas autrement", insiste le médecin dont le syndicat a rallié en février l'appel en ce sens lancé un an plus tôt par l'UFML-S (cf dépêche du 19/02/2024 à 15:39).

Il s'inquiète aussi d'un éventuel retour de l'obligation de permanence des soins "alors que de nombreux départements n'ont pas assez de médecins pour les faire" ainsi que de l'obligation de participation au service d'accès aux soins (SAS).

Le regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) a protesté lundi contre des "mesures non concertées" et une "stratégie inadaptée".

"Qu'il s'agisse des menaces de rétablissement de l'obligation de garde, des transferts de tâches décrétés en dehors d'un fonctionnement d'équipe, du doublement du nombre d'étudiants en médecine sans moyens alloués pour accroître les capacités de formation ou encore de la désorganisation générale des parcours de soins, aucune de ces mesures ne saurait avoir été construite avec les représentants des médecins généralistes", écrit le syndicat.

Dans un communiqué diffusé lundi, le Syndicat des médecins libéraux (SML) s'est élevé contre des mesures prises sans concertation avec la profession, relevant d'une politique du "en même temps santé".

Il critique ainsi l'accès direct aux spécialistes décidé en parallèle de la "destruction des cliniques de proximité avec une augmentation de 0,3% […] ce qui va faire disparaître nombre de cabinets de spécialistes cliniques et de plateaux technique", et qui revient, selon le syndicat, à détruire "tout ce qu'on nous a imposé de construire comme parcours de soin depuis des années".

Le SML critique aussi la possibilité ouverte aux psychologues de facturer une séance à 50 euros dans le cadre de la refonte de Mon soutien psy (cf dépêche du 08/04/2024 à 06:30), relevant que l'assurance maladie propose en parallèle "30 euros pour la consultation du médecin généraliste (Bac+10) et 57 euros pour celle du psychiatre (Bac+12)".

"La seule mesure allant dans le bon sens est la 'taxe lapin', mais vu le montant proposé, il n'est pas sûr qu'elle dissuade les malotrus de bloquer l'accès aux soins des autres patients en ne libérant pas un rendez-vous tout en ne l'honorant pas !", déplore le SML.

De son côté, le syndicat Jeunes médecins estime que "ces annonces rendent difficiles la compréhension du 'qui fait quoi' entre Matignon, Bercy et les ministres Catherine Vautrin et Frédéric Valletoux - dont il faut nous dire quel rôle ils jouent lorsque c'est Gabriel Attal qui fait les annonces en santé".

"Tous les efforts et travaux faits ces 15 dernières années pour placer le médecin généraliste comme pivot du parcours du patient sont en train d’être réduits à néant au profit d’un accès direct aux autres professionnels de santé comme les kinés et les médecins spécialistes qui restent par ailleurs contraints par des délais d’attente très importants", estime le syndicat.

Il se dit "très dubitatif" sur l'intérêt d'une "taxe lapin" et, s'il se réjouit de la valorisation de la santé mentale via une hausse de la consultation du psychologue, il rappelle que "le tarif de base d'une consultation de psychiatrie est toujours de 42,50 euros", estimant qu'elle devrait, dans une logique similaire, atteindre 70 euros minimum.

vg/ab/APMnews

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