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MÉDECINE GÉNÉRALE: DEUX CONFÉRENCES DE PRÉSIDENTS DE CME RÉCLAMENT LE REPORT DE LA 4E ANNÉE D'INTERNAT
Le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, a dévoilé le 13 juin les contours du futur diplôme d'études spécialisées (DES) en médecine générale dont la durée passera de trois à quatre ans (cf dépêche du 12/06/2023 à 18:03), conformément à ce que prévoit la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2023.
Cet allongement des études, qui doit s'appliquer aux étudiants qui commenceront leur internat de médecine générale à compter de la rentrée de septembre, se traduisant par une quatrième année en 2026, a fait l'objet d'un rapport de préfiguration (cf dépêche du 12/06/2023 à 19:34).
Alors que les organisations syndicales d'étudiants et d'internes ont exprimé leur hostilité à sa mise en oeuvre selon ce calendrier (cf dépêche du 13/06/2023 à 15:45), les conférences de présidents de CME se rallient à cette position, réclamant davantage de temps mais aussi des éclaircissements.
Elles demandent aux tutelles "de prendre le temps de mettre en place une quatrième année de médecine générale qui assure une formation de qualité, qui aille au-delà des clivages dépassés ville-hôpital et généralistes-spécialistes, tout en répondant aux aspirations légitimes de l'ensemble des internes, sans mettre en danger le service public hospitalier".
Si elles "se félicitent de l'importance accordée à la médecine générale de premier recours, dont les difficultés doivent être traitées tant elles retentissent gravement sur celles des services hospitaliers, en particulier des urgences", elles entendent alerter les pouvoirs publics "sur les conséquences que certaines de ces annonces, si elles étaient reprises en l'état dans les textes, auraient sur le fonctionnement de nos hôpitaux et sur la prise en charge des patients les plus vulnérables".
Elles font d'abord part de leur préoccupation s'agissant de la spécialité de pédiatrie, et s'inquiètent du choix "aberrant" de réduire de six à trois mois, dans la future maquette, la durée de formation en pédiatrie.
Elles jugent par ailleurs "incompréhensible que les stages ne puissent être faits que dans des cabinets libéraux, la possibilité de les faire dans les services hospitaliers de pédiatrie générale et d'urgences pédiatriques, en maison ou en centre de santé ou en PMI, par exemple, n'existant qu'à titre tout à fait dérogatoire".
Rappelant que les médecins généralistes libéraux assurent "plus de 85% des consultations de ville des enfants de moins 16 ans", les conférences jugent au contraire "indispensable de développer la formation des généralistes à la pédiatrie", d'augmenter le nombre d'internes en pédiatrie, ainsi que le nombre de terrains de stage.
Elles font valoir que les témoignages des services de pédiatrie convergent pour montrer que là où sont organisés des stages mixtes avec seulement trois mois de pédiatrie (hors congés, journées universitaires et repos de garde), "la formation des internes est insuffisante et ne permet pas de consolider les acquis".
Rupture d'égalité avec les internes d'autres spécialités?
La deuxième inquiétude des conférences porte sur le niveau théorique de rémunération prévu pour les internes pendant leur quatrième année effectuée en cabinet de médecine générale (4.500 euros net), qui intègre une rétrocession des honoraires (20%) réalisés, dans une fourchette de 10 consultations minimum et 30 maximum.
"Ce paiement à l'acte des internes pourrait donc aller jusqu'à 30 consultations par jour (soit pas plus d'un quart d'heure par enfant!), ce qui ne peut manquer d'interroger sur la qualité des soins curatifs, préventifs et éducatifs qui seront dispensés, mais aussi sur la qualité de la formation ainsi dispensée", s'étonnent les conférences.
Elles déplorent par ailleurs le choix "de privilégier exclusivement la médecine générale en cabinet et d'exclure, sauf à titre dérogatoire, l'exercice en équipe (maisons et centres de santé, PMI, hôpitaux de proximité…)", estimant qu'il "semble aller à contre-courant du développement des pratiques pluriprofessionnelles conçues autour de la coordination du parcours de soins et de la prise en charge globale de la santé de l'enfant".
Enfin, ce niveau de rémunération pourrait faire peser une rupture d'égalité avec les internes des autres spécialités, regrettent les conférences.
"Les internes de médecine générale pourraient ainsi gagner bien plus que les internes des autres spécialités, formés essentiellement dans les hôpitaux, durant cette année de 'docteur junior'", s'inquiètent-elles, jugeant la suite "déjà écrite".
"Les internes des autres spécialités revendiqueront de pouvoir faire leur quatrième année en médecine libérale avec un intéressement à l'acte. C'est préparer le terrain à une fuite massive des internes de spécialité vers les cliniques", redoutent les conférences, tandis que l'hôpital resterait confronté aux difficultés actuelles.
vg/nc/APMnews
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MÉDECINE GÉNÉRALE: DEUX CONFÉRENCES DE PRÉSIDENTS DE CME RÉCLAMENT LE REPORT DE LA 4E ANNÉE D'INTERNAT
Le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, a dévoilé le 13 juin les contours du futur diplôme d'études spécialisées (DES) en médecine générale dont la durée passera de trois à quatre ans (cf dépêche du 12/06/2023 à 18:03), conformément à ce que prévoit la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2023.
Cet allongement des études, qui doit s'appliquer aux étudiants qui commenceront leur internat de médecine générale à compter de la rentrée de septembre, se traduisant par une quatrième année en 2026, a fait l'objet d'un rapport de préfiguration (cf dépêche du 12/06/2023 à 19:34).
Alors que les organisations syndicales d'étudiants et d'internes ont exprimé leur hostilité à sa mise en oeuvre selon ce calendrier (cf dépêche du 13/06/2023 à 15:45), les conférences de présidents de CME se rallient à cette position, réclamant davantage de temps mais aussi des éclaircissements.
Elles demandent aux tutelles "de prendre le temps de mettre en place une quatrième année de médecine générale qui assure une formation de qualité, qui aille au-delà des clivages dépassés ville-hôpital et généralistes-spécialistes, tout en répondant aux aspirations légitimes de l'ensemble des internes, sans mettre en danger le service public hospitalier".
Si elles "se félicitent de l'importance accordée à la médecine générale de premier recours, dont les difficultés doivent être traitées tant elles retentissent gravement sur celles des services hospitaliers, en particulier des urgences", elles entendent alerter les pouvoirs publics "sur les conséquences que certaines de ces annonces, si elles étaient reprises en l'état dans les textes, auraient sur le fonctionnement de nos hôpitaux et sur la prise en charge des patients les plus vulnérables".
Elles font d'abord part de leur préoccupation s'agissant de la spécialité de pédiatrie, et s'inquiètent du choix "aberrant" de réduire de six à trois mois, dans la future maquette, la durée de formation en pédiatrie.
Elles jugent par ailleurs "incompréhensible que les stages ne puissent être faits que dans des cabinets libéraux, la possibilité de les faire dans les services hospitaliers de pédiatrie générale et d'urgences pédiatriques, en maison ou en centre de santé ou en PMI, par exemple, n'existant qu'à titre tout à fait dérogatoire".
Rappelant que les médecins généralistes libéraux assurent "plus de 85% des consultations de ville des enfants de moins 16 ans", les conférences jugent au contraire "indispensable de développer la formation des généralistes à la pédiatrie", d'augmenter le nombre d'internes en pédiatrie, ainsi que le nombre de terrains de stage.
Elles font valoir que les témoignages des services de pédiatrie convergent pour montrer que là où sont organisés des stages mixtes avec seulement trois mois de pédiatrie (hors congés, journées universitaires et repos de garde), "la formation des internes est insuffisante et ne permet pas de consolider les acquis".
Rupture d'égalité avec les internes d'autres spécialités?
La deuxième inquiétude des conférences porte sur le niveau théorique de rémunération prévu pour les internes pendant leur quatrième année effectuée en cabinet de médecine générale (4.500 euros net), qui intègre une rétrocession des honoraires (20%) réalisés, dans une fourchette de 10 consultations minimum et 30 maximum.
"Ce paiement à l'acte des internes pourrait donc aller jusqu'à 30 consultations par jour (soit pas plus d'un quart d'heure par enfant!), ce qui ne peut manquer d'interroger sur la qualité des soins curatifs, préventifs et éducatifs qui seront dispensés, mais aussi sur la qualité de la formation ainsi dispensée", s'étonnent les conférences.
Elles déplorent par ailleurs le choix "de privilégier exclusivement la médecine générale en cabinet et d'exclure, sauf à titre dérogatoire, l'exercice en équipe (maisons et centres de santé, PMI, hôpitaux de proximité…)", estimant qu'il "semble aller à contre-courant du développement des pratiques pluriprofessionnelles conçues autour de la coordination du parcours de soins et de la prise en charge globale de la santé de l'enfant".
Enfin, ce niveau de rémunération pourrait faire peser une rupture d'égalité avec les internes des autres spécialités, regrettent les conférences.
"Les internes de médecine générale pourraient ainsi gagner bien plus que les internes des autres spécialités, formés essentiellement dans les hôpitaux, durant cette année de 'docteur junior'", s'inquiètent-elles, jugeant la suite "déjà écrite".
"Les internes des autres spécialités revendiqueront de pouvoir faire leur quatrième année en médecine libérale avec un intéressement à l'acte. C'est préparer le terrain à une fuite massive des internes de spécialité vers les cliniques", redoutent les conférences, tandis que l'hôpital resterait confronté aux difficultés actuelles.
vg/nc/APMnews