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19/05 2022
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PERMANENCE DES SOINS: LES MÉDECINS LIBÉRAUX IRRITÉS PAR LES PROPOS DE FRÉDÉRIC VALLETOUX

PARIS, 19 mai 2022 (APMnews) - Les six organisations syndicales représentatives des médecins libéraux ont qualifié jeudi de "dérapages", les propos tenus mardi par le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux en faveur d'un retour de l'obligation des gardes en ville.

Dans un communiqué commun, les syndicats* ont appelé Frédéric Valletoux à "plus de modération, à s'attacher à la vérité des chiffres et à éviter ces dérapages qui nuisent profondément à la réflexion que nous devons mener de toute urgence au service de nos concitoyens".

Frédéric Valletoux, qui s'est exprimé mardi lors de l'inauguration de la 56e édition du salon Santexpo à Paris, a appelé le nouveau gouvernement à prendre des mesures "rapides, fortes, profondes et durables" sur le système de santé, et évoqué la permanence des soins ambulatoires (cf dépêche du 17/05/2022 à 12:18), avant d'être rejoint sur ce point par les présidents des conférences hospitalo-universitaires (cf dépêche du 18/05/2022 à 16:07).

"Les professionnels des hôpitaux publics doivent assumer la permanence des soins, répondre à une obligation de gardes et astreintes, et assumer un poids toujours plus grand dans les soins non programmés", avait regretté Frédéric Valletoux, notant que 60% des médecins généralistes ne participaient pas à la permanence des soins ambulatoires (PDSA).

"Compte tenu de la situation, une obligation de participation de tous les praticiens devrait être décidée en urgence. Chaque praticien devrait s’inscrire sur une ligne de garde ou d’astreinte, en ville (PDSA) ou à l’hôpital (PDSES), lorsqu’elle est jugée indispensable pour l’accès aux soins sur le territoire d’exercice", a-t-il plaidé, estimant que "nul ne devrait pouvoir s’y soustraire sauf dérogations en raison de son état de santé ou de son âge".

Dans leur communiqué commun, les six organisations syndicales accusent le président de la FHF de faire peser sur les seuls praticiens libéraux la responsabilité des maux dont souffre l'hôpital.

Elles y rappellent quelques données issues de l'enquête annuelle du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) sur la permanence des soins pour l'année 2021, rendue publique en avril, montrant notamment que le volontariat s'établissait à 38,5% en 2021 (cf dépêche du 07/04/2022 à 16:03).

La proportion des territoires effectivement couverts par une prise en charge ambulatoire atteignait 96% les week-ends et jours fériés, 95% en soirée (20 heures-minuit) mais seulement 23% en nuit profonde (minuit-6 heures), soulignent les syndicats, qui pointent la responsabilité des agences régionales de santé (ARS) dans l'arrêt de l'effection pour cette période de PDSA.

"Il en va de même pour les lignes de permanences de soins en établissement de santé privé (PDSES) qui ont fortement diminué au cours de ces dernières années par des décisions unilatérales des ARS les supprimant au profit de l'hôpital public", accusent les syndicats.

Ils entendent rappeler au président de la FHF "que le temps moyen de travail des médecins libéraux dépasse allègrement les 50 heures par semaine et que près de 9 consultations sur 10 sont assurées par un médecin libéral".

Les sept syndicats, qui se défendent de vouloir "pointer du doigt les difficultés inhérentes à l'hôpital public", soulignent que "la médecine française est malade et [appellent de leurs] voeux une refonte en profondeur du système de santé afin d'écrire tous ensemble un nouveau pacte social dont la nation a besoin".

La conférence nationale des URPS appelle à "l'unité"

Dans un communiqué distinct diffusé mercredi, la conférence nationale des unions régionales des professionnels de santé (URPS) de médecins libéraux a dénoncé une énième "sortie anti-médecine libérale" de la part du président de la FHF.

"Ces déclarations témoignent également d’un esprit systématique d’opposition indigne des enjeux auxquels le système de santé est confronté; ceux-ci imposent, dans la situation démographique actuelle, cohésion, cohérence, complémentarité, agilité et solidarité de tous les acteurs", estime la conférence nationale.

"La situation, tant des hôpitaux, que de la médecine libérale et du secteur médico-social, appelle à la responsabilité et à l’unité, et passe par la reconnaissance du travail de chacun", plaide-t-elle, réclamant une "concertation nationale" sur ces enjeux.

"Les médecins libéraux ne peuvent être tenus comptables, responsables et réduits demain à de simples supplétifs, pour sauver un hôpital public à bout de souffle. Ils ne peuvent être soumis à des stages obligatoires, à des gardes obligatoires", prévient l'association qui redoute un effondrement du système de santé, "faute de vocations et d’installations".

La mise en oeuvre de la PDSA est confrontée, depuis la levée du tour de garde obligatoire en 2002, à une érosion constante du volontariat, qui s'est accompagnée d'un regroupement progressif du nombre de secteurs depuis, passant de 3.770 en 2003 à 1.360 en 2021 pour la soirée (20 heures-minuit).

La question du rétablissement de l'obligation de garde pour les médecins libéraux revient régulièrement dans le débat public, et de manière insistante avec l'accroissement des difficultés d'accès aux soins. Ainsi France Assos Santé a réclamé le retour des gardes obligatoires à la mi-avril (cf dépêche du 13/04/2022 à 16:28).

Parallèlement, les médecins libéraux et l'ordre des médecins poussent pour une généralisation de l'extension des horaires de PDSA au samedi matin, qui est devenue une réalité dans 37 départements en 2021.

*Les six organisations syndicales représentatives signataires: MG France, le Syndicat des médecins libéraux (SML), la Fédération des médecins de France (FMF), la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), l'union syndicale Avenir Spé-Le Bloc et l'Union française pour une médecine libre (UFML-S).

vg/ab/APMnews

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PARIS, 19 mai 2022 (APMnews) - Les six organisations syndicales représentatives des médecins libéraux ont qualifié jeudi de "dérapages", les propos tenus mardi par le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux en faveur d'un retour de l'obligation des gardes en ville.

Dans un communiqué commun, les syndicats* ont appelé Frédéric Valletoux à "plus de modération, à s'attacher à la vérité des chiffres et à éviter ces dérapages qui nuisent profondément à la réflexion que nous devons mener de toute urgence au service de nos concitoyens".

Frédéric Valletoux, qui s'est exprimé mardi lors de l'inauguration de la 56e édition du salon Santexpo à Paris, a appelé le nouveau gouvernement à prendre des mesures "rapides, fortes, profondes et durables" sur le système de santé, et évoqué la permanence des soins ambulatoires (cf dépêche du 17/05/2022 à 12:18), avant d'être rejoint sur ce point par les présidents des conférences hospitalo-universitaires (cf dépêche du 18/05/2022 à 16:07).

"Les professionnels des hôpitaux publics doivent assumer la permanence des soins, répondre à une obligation de gardes et astreintes, et assumer un poids toujours plus grand dans les soins non programmés", avait regretté Frédéric Valletoux, notant que 60% des médecins généralistes ne participaient pas à la permanence des soins ambulatoires (PDSA).

"Compte tenu de la situation, une obligation de participation de tous les praticiens devrait être décidée en urgence. Chaque praticien devrait s’inscrire sur une ligne de garde ou d’astreinte, en ville (PDSA) ou à l’hôpital (PDSES), lorsqu’elle est jugée indispensable pour l’accès aux soins sur le territoire d’exercice", a-t-il plaidé, estimant que "nul ne devrait pouvoir s’y soustraire sauf dérogations en raison de son état de santé ou de son âge".

Dans leur communiqué commun, les six organisations syndicales accusent le président de la FHF de faire peser sur les seuls praticiens libéraux la responsabilité des maux dont souffre l'hôpital.

Elles y rappellent quelques données issues de l'enquête annuelle du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom) sur la permanence des soins pour l'année 2021, rendue publique en avril, montrant notamment que le volontariat s'établissait à 38,5% en 2021 (cf dépêche du 07/04/2022 à 16:03).

La proportion des territoires effectivement couverts par une prise en charge ambulatoire atteignait 96% les week-ends et jours fériés, 95% en soirée (20 heures-minuit) mais seulement 23% en nuit profonde (minuit-6 heures), soulignent les syndicats, qui pointent la responsabilité des agences régionales de santé (ARS) dans l'arrêt de l'effection pour cette période de PDSA.

"Il en va de même pour les lignes de permanences de soins en établissement de santé privé (PDSES) qui ont fortement diminué au cours de ces dernières années par des décisions unilatérales des ARS les supprimant au profit de l'hôpital public", accusent les syndicats.

Ils entendent rappeler au président de la FHF "que le temps moyen de travail des médecins libéraux dépasse allègrement les 50 heures par semaine et que près de 9 consultations sur 10 sont assurées par un médecin libéral".

Les sept syndicats, qui se défendent de vouloir "pointer du doigt les difficultés inhérentes à l'hôpital public", soulignent que "la médecine française est malade et [appellent de leurs] voeux une refonte en profondeur du système de santé afin d'écrire tous ensemble un nouveau pacte social dont la nation a besoin".

La conférence nationale des URPS appelle à "l'unité"

Dans un communiqué distinct diffusé mercredi, la conférence nationale des unions régionales des professionnels de santé (URPS) de médecins libéraux a dénoncé une énième "sortie anti-médecine libérale" de la part du président de la FHF.

"Ces déclarations témoignent également d’un esprit systématique d’opposition indigne des enjeux auxquels le système de santé est confronté; ceux-ci imposent, dans la situation démographique actuelle, cohésion, cohérence, complémentarité, agilité et solidarité de tous les acteurs", estime la conférence nationale.

"La situation, tant des hôpitaux, que de la médecine libérale et du secteur médico-social, appelle à la responsabilité et à l’unité, et passe par la reconnaissance du travail de chacun", plaide-t-elle, réclamant une "concertation nationale" sur ces enjeux.

"Les médecins libéraux ne peuvent être tenus comptables, responsables et réduits demain à de simples supplétifs, pour sauver un hôpital public à bout de souffle. Ils ne peuvent être soumis à des stages obligatoires, à des gardes obligatoires", prévient l'association qui redoute un effondrement du système de santé, "faute de vocations et d’installations".

La mise en oeuvre de la PDSA est confrontée, depuis la levée du tour de garde obligatoire en 2002, à une érosion constante du volontariat, qui s'est accompagnée d'un regroupement progressif du nombre de secteurs depuis, passant de 3.770 en 2003 à 1.360 en 2021 pour la soirée (20 heures-minuit).

La question du rétablissement de l'obligation de garde pour les médecins libéraux revient régulièrement dans le débat public, et de manière insistante avec l'accroissement des difficultés d'accès aux soins. Ainsi France Assos Santé a réclamé le retour des gardes obligatoires à la mi-avril (cf dépêche du 13/04/2022 à 16:28).

Parallèlement, les médecins libéraux et l'ordre des médecins poussent pour une généralisation de l'extension des horaires de PDSA au samedi matin, qui est devenue une réalité dans 37 départements en 2021.

*Les six organisations syndicales représentatives signataires: MG France, le Syndicat des médecins libéraux (SML), la Fédération des médecins de France (FMF), la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), l'union syndicale Avenir Spé-Le Bloc et l'Union française pour une médecine libre (UFML-S).

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