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03/06 2016
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PLUS D'ADMISSIONS INAPPROPRIÉES AUX URGENCES DES RÉSIDENTS D'EHPAD EN L'ABSENCE D'AVIS GÉRIATRIQUE

WASHINGTON, 2 juin 2016 (APM) - Les admissions aux urgences des résidents d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont davantage inappropriées en l'absence d'un avis gériatrique notamment, montre une étude menée en Bourgogne, à paraître dans le Journal of the American Medical Directors Association (JAMDA).

En France, selon les études, entre 9% et 38% des personnes admises dans les services d'accueil des urgences (SAU) proviennent des Ehpad, contre seulement 2% aux Etats-Unis, probablement en lien avec des problèmes d'organisation dans la permanence des soins, des insuffisances en moyens matériels et humains. Mais pour les personnes âgées fragiles, un passage aux urgences ou une hospitalisation peut avoir des effets délétères, rappellent le Dr Patrick Manckoundia du pôle de gérontologie interrégional de Bourgogne-Franche Comté à Besançon et ses collègues.

Pour mieux mesurer et comprendre ce phénomène, ils ont mené une étude prospective multicentrique auprès de l'ensemble des 21 SAU et 282 Ehpad de Bourgogne entre avril et juin 2013. Sur cette période de deux mois, ils ont étudié 1.000 patients admis de manière consécutive aux urgences, provenant de 91,5% des Ehpad de la région.

Les patients avaient 87 ans en moyenne (plus de 85 ans pour 70,8%), étaient en majorité des femmes (70,6%). Ils étaient adressés aux urgences par un médecin, leur médecin généraliste (43%), le médecin coordonnateur de l'Ehpad (12%) ou le médecin de garde de nuit (11%), ou par une infirmière (23%) ou un autre professionnel de santé (11%).

Les motifs d'admission étaient le plus souvent (39%) des symptômes, signes, anomalies cliniques ou biologiques "non classées" alors que le principal diagnostic concernait le groupe de "lésions traumatiques, empoisonnement et autres conséquences certaines de causes extérieures" pour 27,9% des patients. Au final, les motifs d'admission et le diagnostic posé aux urgences divergeaient dans 60% des cas.

Au total, selon la grille AEPf (Appropriateness Evaluation Protocole français) d'évaluation de la pertinence des admissions et un comité d'experts, 18,1% des admissions aux urgences des résidents d'Ehpad étaient considérées comme inappropriées. Parmi ces 181 cas, la moitié aurait pu être gérée directement par le généraliste, pour poser le diagnostic ou prescrire le traitement, un quart aurait pu être géré par le service d'hospitalisation à domicile, 21% auraient pu être hospitalisés directement et pour 3,9%, il n'y avait pas de motif médical justifiant une admission aux urgences.

L'analyse des données fait émerger plusieurs facteurs associés au risque d'admission inappropriée: il était significativement plus fréquent au plan statistique chez les femmes que chez les hommes (19,9% vs 13,6%), en l'absence d'avis gériatrique (21,2% vs 16,2%), en cas de transport non médicalisé (19,2% vs 5,7%) et dans les Ehpad publics (21,3% vs 17% en Ehpad privés, 14,4% en Ehpad associatifs et 8,5% en Ehpad mutualiste en particulier).

Cette étude est la première à analyser les admissions aux urgences des résidents d'Ehpad en France, montrant un taux d'admissions inappropriées plutôt bas en comparaison aux données de la littérature, avec des taux variant de 15% à 67%. En raison du vieillissement de la population, ces résultats sont importants pour déterminer des stratégies visant à réduire ces admissions inappropriées aux urgences, concluent les auteurs.

(JAMDA, édition en ligne du 25 mai)

ld/ld/APM

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PLUS D'ADMISSIONS INAPPROPRIÉES AUX URGENCES DES RÉSIDENTS D'EHPAD EN L'ABSENCE D'AVIS GÉRIATRIQUE

WASHINGTON, 2 juin 2016 (APM) - Les admissions aux urgences des résidents d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont davantage inappropriées en l'absence d'un avis gériatrique notamment, montre une étude menée en Bourgogne, à paraître dans le Journal of the American Medical Directors Association (JAMDA).

En France, selon les études, entre 9% et 38% des personnes admises dans les services d'accueil des urgences (SAU) proviennent des Ehpad, contre seulement 2% aux Etats-Unis, probablement en lien avec des problèmes d'organisation dans la permanence des soins, des insuffisances en moyens matériels et humains. Mais pour les personnes âgées fragiles, un passage aux urgences ou une hospitalisation peut avoir des effets délétères, rappellent le Dr Patrick Manckoundia du pôle de gérontologie interrégional de Bourgogne-Franche Comté à Besançon et ses collègues.

Pour mieux mesurer et comprendre ce phénomène, ils ont mené une étude prospective multicentrique auprès de l'ensemble des 21 SAU et 282 Ehpad de Bourgogne entre avril et juin 2013. Sur cette période de deux mois, ils ont étudié 1.000 patients admis de manière consécutive aux urgences, provenant de 91,5% des Ehpad de la région.

Les patients avaient 87 ans en moyenne (plus de 85 ans pour 70,8%), étaient en majorité des femmes (70,6%). Ils étaient adressés aux urgences par un médecin, leur médecin généraliste (43%), le médecin coordonnateur de l'Ehpad (12%) ou le médecin de garde de nuit (11%), ou par une infirmière (23%) ou un autre professionnel de santé (11%).

Les motifs d'admission étaient le plus souvent (39%) des symptômes, signes, anomalies cliniques ou biologiques "non classées" alors que le principal diagnostic concernait le groupe de "lésions traumatiques, empoisonnement et autres conséquences certaines de causes extérieures" pour 27,9% des patients. Au final, les motifs d'admission et le diagnostic posé aux urgences divergeaient dans 60% des cas.

Au total, selon la grille AEPf (Appropriateness Evaluation Protocole français) d'évaluation de la pertinence des admissions et un comité d'experts, 18,1% des admissions aux urgences des résidents d'Ehpad étaient considérées comme inappropriées. Parmi ces 181 cas, la moitié aurait pu être gérée directement par le généraliste, pour poser le diagnostic ou prescrire le traitement, un quart aurait pu être géré par le service d'hospitalisation à domicile, 21% auraient pu être hospitalisés directement et pour 3,9%, il n'y avait pas de motif médical justifiant une admission aux urgences.

L'analyse des données fait émerger plusieurs facteurs associés au risque d'admission inappropriée: il était significativement plus fréquent au plan statistique chez les femmes que chez les hommes (19,9% vs 13,6%), en l'absence d'avis gériatrique (21,2% vs 16,2%), en cas de transport non médicalisé (19,2% vs 5,7%) et dans les Ehpad publics (21,3% vs 17% en Ehpad privés, 14,4% en Ehpad associatifs et 8,5% en Ehpad mutualiste en particulier).

Cette étude est la première à analyser les admissions aux urgences des résidents d'Ehpad en France, montrant un taux d'admissions inappropriées plutôt bas en comparaison aux données de la littérature, avec des taux variant de 15% à 67%. En raison du vieillissement de la population, ces résultats sont importants pour déterminer des stratégies visant à réduire ces admissions inappropriées aux urgences, concluent les auteurs.

(JAMDA, édition en ligne du 25 mai)

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