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14/05 2018
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PLUSIEURS AGENTS DU SAMU DU BAS-RHIN PORTENT PLAINTE APRÈS AVOIR REÇU DES MENACES

STRASBOURG, 14 mai 2018 (APMnews) - Au moins quatre agents du Samu du Bas-Rhin ont porté plainte après avoir été pris à partie et menacés sur des réseaux sociaux à la suite des révélations sur le décès de Naomi Musenga, a-t-on appris lundi auprès de sources concordantes.

Malgré de fortes douleurs abominables, la jeune femme de 22 ans a été sèchement éconduite par une assistante de régulation médicale (ARM) du Samu 67 (Bas-Rhin) le 29 décembre 2017 en fin de matinée. Plusieurs heures après son appel, à la suite de l'intervention de SOS Médecins, Naomi Musenga a été transportée par le Samu aux urgences du Nouvel hôpital civil de Strasbourg, où elle est décédée vers 17h30 (cf dépêche du 09/05/2018 à 18:16).

Depuis la révélation de cette affaire par le média alsacien Heb'di, qui a diffusé l'enregistrement de Naomi Musenga aux services de secours, puis sa reprise dans les médias nationaux, les agents du Samu 67 ont reçu de nombreuses menaces téléphoniques, selon plusieurs sources syndicales.

Dans un communiqué diffusé lundi, la CGT des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) s'est élevée contre "déchainement inouï et sans précédent".

"Certains agents ont vu leur photographie et leur adresse diffusées sur les réseaux sociaux alors qu'ils n'étaient pas impliqués", a également rapporté Christian Prud'homme, secrétaire général de FO aux HUS, contacté lundi par APMnews.

Si les comptes ayant diffusé ces clichés ont été supprimés, selon les constatations d'APMnews lundi, "quatre permanenciers et permanencières du Samu au CHU de Strasbourg ont porté plainte", a rapporté Christian Prud'homme.

La direction des HUS promet des réponses rapides à la famille

Le CHU va également porter plainte aux côtés des ARM, a précisé à APMnews lundi le directeur général des HUS, Christophe Gautier. "Nous avons été amenés à prendre des mesures de protection du site et des personnels", a-t-il expliqué. Le directeur général a souligné que les deux priorités de la direction du CHU étaient aujourd'hui de "travailler pour faire la lumière sur les conditions de prise en charge de Naomi Musenga" et d'apporter son "soutien au fonctionnement de l'unité du Samu 67".

Le directeur a égalent assuré que l'enquête administrative qu'il avait diligentée le 2 mai sur les circonstances du décès de Naomi Musenga "progress[ait] très rapidement". "Nous serons en mesure de répondre à toutes les questions de la famille de Naomi dans des délais très rapprochés", a-t-il affirmé, mentionnant le mercredi 23 mai comme date butoir.

La ministre des affaires sociales et de la santé, Agnès Buzyn, avait annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête "flash" de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur cet évènement, tandis que la procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi, a ouvert une enquête préliminaire du chef de "non-assistance à personne en péril" à la suite d'une saisine d'un membre de la famille de la victime.

Un comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) extraordinaire du CHU de Strasbourg s'est tenu vendredi pour évoquer le contexte du décès de Naomi Musenga, mais son compte rendu ne devra pas être rendu public avant fin mai, a-t-on appris de source syndicale.

S'il ne souhaite pas s'exprimer sur l'affaire avant les conclusions de l'enquête, Jean-Claude Matry, président du syndicat CFTC des HUS, a fait remarquer lundi à APMnews que les organisations syndicales du CHU avaient déjà interpellé la direction sur la dégradation des conditions de travail des ARM des HUS.

Lors d'un CHSCT de novembre 2017, "on avait signalé qu'avec 1.500 à 3.000 appels par jour pour trois personnes, il y avait un problème de pression psychologique chez les agents de régulation" médicale, a souligné Jean-Claude Matry.

Un constat confirmé par la CGT des HUS dans son communiqué: "Nous avons demandé une délibération du CHSCT pour un audit concernant la souffrance des agents du centre de réception et de régulation des appels lors du CHSCT du 9 novembre 2017. A cette époque, nous avions dénoncé des souffrances au travail, avec un manque de moyens humains, [de] matériel et de formation."

L'absence de formation des ARM pose question

Depuis plusieurs années, l'Union nationale des assistants de régulation médicale (Unarm) se plaint de problèmes de manque d'effectifs pour les ARM, mais également pour médecins régulateurs.

"On constate un effritement des effectifs depuis 2012 alors qu'il y a une hausse de 6% à 10% des appels selon les départements", a déploré Patrice Beauvilain, président de l'Unarm, contacté lundi par APMnews.

"La population des ARM est en souffrance depuis de nombreuses années", a-t-il poursuivi en ajoutant que "la pression subie" par les quelque 2.200 ARM aggravait sensiblement le sous-effectif.

Le président de l'Unarm a aussi souligné que son association réclamait depuis 2007 "une formation nationale et homogène qui soit sanctionnée par un diplôme d'Etat".

Selon lui, une formation unique et obligatoire des ARM "obligerait les établissements à engager des personnels formés" et "éviterait des erreurs de casting et de reclassement".

Dans un rapport sur les urgences hospitalières déposé le 26 juillet 2017 (cf dépêche du 13/09/2017 à 16:40), les sénateurs Catherine Génisson (PS, Pas-de-Calais), Laurence Cohen (communiste, Val-de-Marne) et René-Paul Savary (LR, Marne) avaient déjà soulevé cette question. Dans leurs conclusions, ils jugeaient "indispensable de mettre en place dans les plus brefs délais une formation initiale standardisée d'au moins deux ans, sanctionnée par la délivrance d'un diplôme obligatoire pour l'exercice de la profession d'ARM".

"Les personnels qui réceptionnent les appels n'ont pas une formation suffisante", avait également souligné Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), auprès d'APMnews après les révélations sur le décès de Naomi Musenga (cf dépêche du 11/05/2018 à 19:15).

Alors qu'Agnès Buzyn a convoqué lundi les représentants professionnels et syndicaux des médecins urgentistes afin d'aborder "les conditions inacceptables du décès de Naomi Musenga", Patrice Beauvilain a regretté que l'Unarm n’ait pas été conviée à cette réunion.

gl/nc/APMnews

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STRASBOURG, 14 mai 2018 (APMnews) - Au moins quatre agents du Samu du Bas-Rhin ont porté plainte après avoir été pris à partie et menacés sur des réseaux sociaux à la suite des révélations sur le décès de Naomi Musenga, a-t-on appris lundi auprès de sources concordantes.

Malgré de fortes douleurs abominables, la jeune femme de 22 ans a été sèchement éconduite par une assistante de régulation médicale (ARM) du Samu 67 (Bas-Rhin) le 29 décembre 2017 en fin de matinée. Plusieurs heures après son appel, à la suite de l'intervention de SOS Médecins, Naomi Musenga a été transportée par le Samu aux urgences du Nouvel hôpital civil de Strasbourg, où elle est décédée vers 17h30 (cf dépêche du 09/05/2018 à 18:16).

Depuis la révélation de cette affaire par le média alsacien Heb'di, qui a diffusé l'enregistrement de Naomi Musenga aux services de secours, puis sa reprise dans les médias nationaux, les agents du Samu 67 ont reçu de nombreuses menaces téléphoniques, selon plusieurs sources syndicales.

Dans un communiqué diffusé lundi, la CGT des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) s'est élevée contre "déchainement inouï et sans précédent".

"Certains agents ont vu leur photographie et leur adresse diffusées sur les réseaux sociaux alors qu'ils n'étaient pas impliqués", a également rapporté Christian Prud'homme, secrétaire général de FO aux HUS, contacté lundi par APMnews.

Si les comptes ayant diffusé ces clichés ont été supprimés, selon les constatations d'APMnews lundi, "quatre permanenciers et permanencières du Samu au CHU de Strasbourg ont porté plainte", a rapporté Christian Prud'homme.

La direction des HUS promet des réponses rapides à la famille

Le CHU va également porter plainte aux côtés des ARM, a précisé à APMnews lundi le directeur général des HUS, Christophe Gautier. "Nous avons été amenés à prendre des mesures de protection du site et des personnels", a-t-il expliqué. Le directeur général a souligné que les deux priorités de la direction du CHU étaient aujourd'hui de "travailler pour faire la lumière sur les conditions de prise en charge de Naomi Musenga" et d'apporter son "soutien au fonctionnement de l'unité du Samu 67".

Le directeur a égalent assuré que l'enquête administrative qu'il avait diligentée le 2 mai sur les circonstances du décès de Naomi Musenga "progress[ait] très rapidement". "Nous serons en mesure de répondre à toutes les questions de la famille de Naomi dans des délais très rapprochés", a-t-il affirmé, mentionnant le mercredi 23 mai comme date butoir.

La ministre des affaires sociales et de la santé, Agnès Buzyn, avait annoncé mercredi l'ouverture d'une enquête "flash" de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur cet évènement, tandis que la procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi, a ouvert une enquête préliminaire du chef de "non-assistance à personne en péril" à la suite d'une saisine d'un membre de la famille de la victime.

Un comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) extraordinaire du CHU de Strasbourg s'est tenu vendredi pour évoquer le contexte du décès de Naomi Musenga, mais son compte rendu ne devra pas être rendu public avant fin mai, a-t-on appris de source syndicale.

S'il ne souhaite pas s'exprimer sur l'affaire avant les conclusions de l'enquête, Jean-Claude Matry, président du syndicat CFTC des HUS, a fait remarquer lundi à APMnews que les organisations syndicales du CHU avaient déjà interpellé la direction sur la dégradation des conditions de travail des ARM des HUS.

Lors d'un CHSCT de novembre 2017, "on avait signalé qu'avec 1.500 à 3.000 appels par jour pour trois personnes, il y avait un problème de pression psychologique chez les agents de régulation" médicale, a souligné Jean-Claude Matry.

Un constat confirmé par la CGT des HUS dans son communiqué: "Nous avons demandé une délibération du CHSCT pour un audit concernant la souffrance des agents du centre de réception et de régulation des appels lors du CHSCT du 9 novembre 2017. A cette époque, nous avions dénoncé des souffrances au travail, avec un manque de moyens humains, [de] matériel et de formation."

L'absence de formation des ARM pose question

Depuis plusieurs années, l'Union nationale des assistants de régulation médicale (Unarm) se plaint de problèmes de manque d'effectifs pour les ARM, mais également pour médecins régulateurs.

"On constate un effritement des effectifs depuis 2012 alors qu'il y a une hausse de 6% à 10% des appels selon les départements", a déploré Patrice Beauvilain, président de l'Unarm, contacté lundi par APMnews.

"La population des ARM est en souffrance depuis de nombreuses années", a-t-il poursuivi en ajoutant que "la pression subie" par les quelque 2.200 ARM aggravait sensiblement le sous-effectif.

Le président de l'Unarm a aussi souligné que son association réclamait depuis 2007 "une formation nationale et homogène qui soit sanctionnée par un diplôme d'Etat".

Selon lui, une formation unique et obligatoire des ARM "obligerait les établissements à engager des personnels formés" et "éviterait des erreurs de casting et de reclassement".

Dans un rapport sur les urgences hospitalières déposé le 26 juillet 2017 (cf dépêche du 13/09/2017 à 16:40), les sénateurs Catherine Génisson (PS, Pas-de-Calais), Laurence Cohen (communiste, Val-de-Marne) et René-Paul Savary (LR, Marne) avaient déjà soulevé cette question. Dans leurs conclusions, ils jugeaient "indispensable de mettre en place dans les plus brefs délais une formation initiale standardisée d'au moins deux ans, sanctionnée par la délivrance d'un diplôme obligatoire pour l'exercice de la profession d'ARM".

"Les personnels qui réceptionnent les appels n'ont pas une formation suffisante", avait également souligné Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), auprès d'APMnews après les révélations sur le décès de Naomi Musenga (cf dépêche du 11/05/2018 à 19:15).

Alors qu'Agnès Buzyn a convoqué lundi les représentants professionnels et syndicaux des médecins urgentistes afin d'aborder "les conditions inacceptables du décès de Naomi Musenga", Patrice Beauvilain a regretté que l'Unarm n’ait pas été conviée à cette réunion.

gl/nc/APMnews

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