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20/12 2019
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PROPOSITION DU 113 EN TANT QUE NUMÉRO SANTÉ UNIQUE: LES SYNDICATS DE MÉDECINS LIBÉRAUX ENTRE INQUIÉTUDE ET COLÈRE

PARIS, 20 décembre 2019 (APMnews) - La proposition du rapport Mesnier-Carli de créer un service d'accès aux soins autour d'un numéro d'appel unique pour la santé, le 113, suscite l'inquiétude, voire la colère parmi les syndicats de médecins libéraux, mais reçoit l'approbation de la Société française de la médecine d'urgence et de Samu-Urgences de France, selon leurs communiqués de réactions diffusés jeudi et vendredi.

Le député Thomas Mesnier (LREM, Charente) et le président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), Pierre Carli, ont remis jeudi à la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, leur rapport "Pour un pacte de refondation des urgences" (cf dépêche du 19/12/2019 à 13:39, dépêche du 19/12/2019 à 19:15, dépêche du 19/12/2019 à 13:52 et dépêche du 19/12/2019 à 17:02).

Ils proposent de créer un service d'accès aux soins (SAS) autour d'une plateforme numérique et d'un numéro santé unique -le 113, qui regrouperait le 15 et le 116-117 pour les soins non programmés. Ce numéro santé serait articulé avec un autre numéro unique pour les secours et la sécurité, le 112.

Mi-novembre, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), la Fédération des médecins de France (FMF), MG France et le Syndicat des médecins libéraux (SML) avaient déjà critiqué la piste d'un numéro unique santé, à l'issue d'une réunion organisée au ministère (cf dépêche du 12/11/2019 à 12:57).

Les syndicats de médecins libéraux rappellent de nouveau leur revendication d'un numéro spécifique pour les soins non programmés et d'une revalorisation des actes effectués dans ce cadre.

"Rien ne se fera sans une reconnaissance de l’engagement des médecins libéraux", martèle la CSMF.

Elle "appelle le gouvernement à mettre les moyens indispensables dans le cadre conventionnel pour valoriser l’engagement de la médecine libérale et participer à résoudre le difficile conflit touchant les urgences hospitalières".

Elle rappelle que les médecins libéraux demandent que "l’ensemble de la journée du samedi [soit] considérée comme partie intégrante du dispositif de permanence des soins". La CSMF et le SML ont appelé mercredi les médecins libéraux à fermer leurs cabinets le samedi matin pour protester contre l'absence de prise en compte de ce créneau horaire dans la permanence des soins, après que MG France a initié le mouvement depuis la mi-décembre (cf dépêche du 19/12/2019 à 12:51).

La mission Mesnier-Carli recommande d'intégrer le samedi matin dans le cadre de la permanence des soins ambulatoires, note-t-on.

Le numéro unique 113 "n’est pas souhaitable car, sans éducation de la population, il est susceptible de constituer un encouragement à consommer du soin en toute circonstance", a réagi le SML dans un communiqué de vendredi.

"Il n’est pas soutenable financièrement car son fonctionnement dans des conditions optimales d’efficacité implique des ressources humaines conséquentes, un back office de régulation et un système d’information interopérable, qui [ne sont] pas chiffrés".

Contacté vendredi par APMnews, Jean-Paul Hamon, président de la FMF, a dénoncé "un mépris total des médecins libéraux". "Ce n'est pas une surprise, mais c'est une immense déception", a-t-il tempêté.

Par ailleurs, "oser parler de Doctolib pour participer au service d'accès aux soins, c'est tout simplement contribuer à la désorganisation totale du parcours de soins".

La mission a "décidé de court-circuiter les médecins libéraux, et ce n'est pas un très bon signal qui est envoyé", a-t-il déploré.

Si la FMF n'appelle pas à la grève les samedis matins, "dès le mois de janvier on va déclencher des rencontres intersyndicales. On ne peut pas comme ça laisser la médecine libérale se laisser laminer, mépriser, sans réagir".

Le choix d'un numéro unique santé "n’est pas celui des médecins libéraux car il confond urgences médicales et demandes de soins non programmés, alors que deux appels sur trois ne sont pas des urgences médicales", s'insurge également MG France.

Une "cogestion" positive, selon Samu-Urgences de France

La Société française de médecine d'urgence (SFMU), "engagée dans le groupe de suivi du pacte de refondation des urgences" a pour sa part déclaré approuver "majoritairement les recommandations" de la mission. Elle "se félicite que la parole des usagers soit au coeur des préoccupations dans ce rapport".

Elle souligne avoir toujours "affirmé l'expertise indispensable et le rôle majeur de la régulation médicale collaborative entre médecine d'urgence et médecine générale, notamment pour la mesure phare de ce pacte" qui est la création d'un SAS.

Elle salue la proposition d'un numéro unique santé "pour répondre au problème de gestion des appels d'urgence santé sur notre territoire et aux difficultés liées à l'engorgement des services d'urgences".

"En effet, sur les 50 millions d'appels d'urgence annuels recensés, 73% relèvent d'une question de santé et donc des compétences d'une plateforme urgence santé. Les premiers mots prononcés par les patients sont cruciaux pour déterminer le degré d'urgence: seul un professionnel de santé est capable de mesurer et d'analyser la réponse la plus adaptée à un problème de santé", explique la SFMU.

Elle reste "néanmoins vigilante quant aux modalités de la mise en place du SAS et attentive aux autres projets de réforme qui font débat, notamment sur la gradation des structures d'urgence et sur la réforme des transports sanitaires".

Comme la SFMU, Samu-Urgences de France s'était exprimée en faveur d'un numéro d'appel santé (cf APM MLB1PX906).

"Cette coconstruction et cette cogestion avec nos collègues généralistes est pour nous quelque chose d’extrêmement positif", a également estimé François Braun, son président, vendredi auprès d'APMnews.

"On est tout à fait prêt à construire ce service d’accès aux soins en total confiance et en total transparence avec [eux], chacun étant responsable de sa filière et nous partagerons équitablement la responsabilité de ce premier niveau" constitué par le 113.

Sur les antennes d’urgence proposées dans le cadre de la gradation des structures d'urgence, "on va être très vigilant pour que les citoyens trouvent exactement les mêmes fonctionnalités que dans les services d’urgence", a-t-il ajouté.

Les sapeurs-pompiers dénoncent un "rhabillage du 15"

La Fédération nationale des sapeurs-pompiers, qui souhaitait deux numéros pour la prise en charge des secours urgents et des soins non programmés (cf dépêche du 06/12/2019 à 12:00), a exprimé son mécontentement dans un communiqué de jeudi.

Elle dénonce "un rhabillage du 15, destiné à permettre aux Samu de garder la pleine maîtrise de l’urgence pour mieux la sous-traiter vers différents acteurs, au premier rang desquels les sapeurs-pompiers".

Cette proposition "conduirait, si elle venait à être mise en oeuvre, à laisser perdurer les travers de l’organisation actuelle, à l’origine d’une asphyxie et d’une crise profonde des hôpitaux et des services d’incendie et de secours", estime la fédération.

"Faire du 113 un numéro santé aussi bien pour les urgences vitales que pour les soins non programmés, ce serait accepter de laisser perdurer, comme avec le 15, une organisation où des appels continuent à sonner dans le vide, avec souvent des délais de décroché supérieurs à une minute", conclut-elle.

mlb-gl/ab/APMnews

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PARIS, 20 décembre 2019 (APMnews) - La proposition du rapport Mesnier-Carli de créer un service d'accès aux soins autour d'un numéro d'appel unique pour la santé, le 113, suscite l'inquiétude, voire la colère parmi les syndicats de médecins libéraux, mais reçoit l'approbation de la Société française de la médecine d'urgence et de Samu-Urgences de France, selon leurs communiqués de réactions diffusés jeudi et vendredi.

Le député Thomas Mesnier (LREM, Charente) et le président du Conseil national de l'urgence hospitalière (CNUH), Pierre Carli, ont remis jeudi à la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, leur rapport "Pour un pacte de refondation des urgences" (cf dépêche du 19/12/2019 à 13:39, dépêche du 19/12/2019 à 19:15, dépêche du 19/12/2019 à 13:52 et dépêche du 19/12/2019 à 17:02).

Ils proposent de créer un service d'accès aux soins (SAS) autour d'une plateforme numérique et d'un numéro santé unique -le 113, qui regrouperait le 15 et le 116-117 pour les soins non programmés. Ce numéro santé serait articulé avec un autre numéro unique pour les secours et la sécurité, le 112.

Mi-novembre, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), la Fédération des médecins de France (FMF), MG France et le Syndicat des médecins libéraux (SML) avaient déjà critiqué la piste d'un numéro unique santé, à l'issue d'une réunion organisée au ministère (cf dépêche du 12/11/2019 à 12:57).

Les syndicats de médecins libéraux rappellent de nouveau leur revendication d'un numéro spécifique pour les soins non programmés et d'une revalorisation des actes effectués dans ce cadre.

"Rien ne se fera sans une reconnaissance de l’engagement des médecins libéraux", martèle la CSMF.

Elle "appelle le gouvernement à mettre les moyens indispensables dans le cadre conventionnel pour valoriser l’engagement de la médecine libérale et participer à résoudre le difficile conflit touchant les urgences hospitalières".

Elle rappelle que les médecins libéraux demandent que "l’ensemble de la journée du samedi [soit] considérée comme partie intégrante du dispositif de permanence des soins". La CSMF et le SML ont appelé mercredi les médecins libéraux à fermer leurs cabinets le samedi matin pour protester contre l'absence de prise en compte de ce créneau horaire dans la permanence des soins, après que MG France a initié le mouvement depuis la mi-décembre (cf dépêche du 19/12/2019 à 12:51).

La mission Mesnier-Carli recommande d'intégrer le samedi matin dans le cadre de la permanence des soins ambulatoires, note-t-on.

Le numéro unique 113 "n’est pas souhaitable car, sans éducation de la population, il est susceptible de constituer un encouragement à consommer du soin en toute circonstance", a réagi le SML dans un communiqué de vendredi.

"Il n’est pas soutenable financièrement car son fonctionnement dans des conditions optimales d’efficacité implique des ressources humaines conséquentes, un back office de régulation et un système d’information interopérable, qui [ne sont] pas chiffrés".

Contacté vendredi par APMnews, Jean-Paul Hamon, président de la FMF, a dénoncé "un mépris total des médecins libéraux". "Ce n'est pas une surprise, mais c'est une immense déception", a-t-il tempêté.

Par ailleurs, "oser parler de Doctolib pour participer au service d'accès aux soins, c'est tout simplement contribuer à la désorganisation totale du parcours de soins".

La mission a "décidé de court-circuiter les médecins libéraux, et ce n'est pas un très bon signal qui est envoyé", a-t-il déploré.

Si la FMF n'appelle pas à la grève les samedis matins, "dès le mois de janvier on va déclencher des rencontres intersyndicales. On ne peut pas comme ça laisser la médecine libérale se laisser laminer, mépriser, sans réagir".

Le choix d'un numéro unique santé "n’est pas celui des médecins libéraux car il confond urgences médicales et demandes de soins non programmés, alors que deux appels sur trois ne sont pas des urgences médicales", s'insurge également MG France.

Une "cogestion" positive, selon Samu-Urgences de France

La Société française de médecine d'urgence (SFMU), "engagée dans le groupe de suivi du pacte de refondation des urgences" a pour sa part déclaré approuver "majoritairement les recommandations" de la mission. Elle "se félicite que la parole des usagers soit au coeur des préoccupations dans ce rapport".

Elle souligne avoir toujours "affirmé l'expertise indispensable et le rôle majeur de la régulation médicale collaborative entre médecine d'urgence et médecine générale, notamment pour la mesure phare de ce pacte" qui est la création d'un SAS.

Elle salue la proposition d'un numéro unique santé "pour répondre au problème de gestion des appels d'urgence santé sur notre territoire et aux difficultés liées à l'engorgement des services d'urgences".

"En effet, sur les 50 millions d'appels d'urgence annuels recensés, 73% relèvent d'une question de santé et donc des compétences d'une plateforme urgence santé. Les premiers mots prononcés par les patients sont cruciaux pour déterminer le degré d'urgence: seul un professionnel de santé est capable de mesurer et d'analyser la réponse la plus adaptée à un problème de santé", explique la SFMU.

Elle reste "néanmoins vigilante quant aux modalités de la mise en place du SAS et attentive aux autres projets de réforme qui font débat, notamment sur la gradation des structures d'urgence et sur la réforme des transports sanitaires".

Comme la SFMU, Samu-Urgences de France s'était exprimée en faveur d'un numéro d'appel santé (cf APM MLB1PX906).

"Cette coconstruction et cette cogestion avec nos collègues généralistes est pour nous quelque chose d’extrêmement positif", a également estimé François Braun, son président, vendredi auprès d'APMnews.

"On est tout à fait prêt à construire ce service d’accès aux soins en total confiance et en total transparence avec [eux], chacun étant responsable de sa filière et nous partagerons équitablement la responsabilité de ce premier niveau" constitué par le 113.

Sur les antennes d’urgence proposées dans le cadre de la gradation des structures d'urgence, "on va être très vigilant pour que les citoyens trouvent exactement les mêmes fonctionnalités que dans les services d’urgence", a-t-il ajouté.

Les sapeurs-pompiers dénoncent un "rhabillage du 15"

La Fédération nationale des sapeurs-pompiers, qui souhaitait deux numéros pour la prise en charge des secours urgents et des soins non programmés (cf dépêche du 06/12/2019 à 12:00), a exprimé son mécontentement dans un communiqué de jeudi.

Elle dénonce "un rhabillage du 15, destiné à permettre aux Samu de garder la pleine maîtrise de l’urgence pour mieux la sous-traiter vers différents acteurs, au premier rang desquels les sapeurs-pompiers".

Cette proposition "conduirait, si elle venait à être mise en oeuvre, à laisser perdurer les travers de l’organisation actuelle, à l’origine d’une asphyxie et d’une crise profonde des hôpitaux et des services d’incendie et de secours", estime la fédération.

"Faire du 113 un numéro santé aussi bien pour les urgences vitales que pour les soins non programmés, ce serait accepter de laisser perdurer, comme avec le 15, une organisation où des appels continuent à sonner dans le vide, avec souvent des délais de décroché supérieurs à une minute", conclut-elle.

mlb-gl/ab/APMnews

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