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13/06 2022
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SERVICES D'ACCÈS AUX SOINS: PRÈS DE 88% DE LA POPULATION DEVRAIT ÊTRE COUVERTE À FIN 2023

PARIS, 13 juin 2022 (APMnews) - La généralisation progressive des services d'accès aux soins (SAS) devrait permettre de couvrir 87,8% de la population française d'ici fin 2023, a précisé le Dr Yann Penverne, urgentiste au CHU de Nantes, jeudi au Congrès Urgences 2022.

Également responsable du programme d'articulation régionale des Samu à l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire, le Dr Yann Penverne, qui avait copiloté la mission de modernisation de l'accessibilité et de la réception des communications d'urgence pour la sécurité, la santé et les secours (Marcus), a présenté au congrès un état des lieux des SAS.

Son analyse s'est fondée sur le bilan du ministère dressé le 9 mars, au moment de l'annonce de la généralisation du dispositif (cf dépêche du 29/04/2022 à 17:35).

Le ministère des solidarités et de la santé avait annoncé en novembre 2020 une liste de 22 projets pilotes retenus pour l'expérimentation dès janvier 2021 du SAS, qui doit favoriser une réponse 24h/24 et 7j/7 à toute demande de soins non programmés ou urgents par une meilleure coopération entre la ville et l'hôpital.

L'objectif était de couvrir, dans les 13 régions concernées, un peu plus de 40% de la population nationale (cf dépêche du 23/11/2020 à 14:00).

Ces sites "ont dû se structurer dans le contexte que nous connaissons", a fait valoir Yann Penverne jeudi lors d'une session commune de Samu-Urgences de France (SUdF) et de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), rappelant que "19 sites ont été mis en production en quelques mois". Ils sont 20 aujourd'hui, le SAS de la Manche ayant été lancé après le 9 mars.

Les SAS officiellement lancés "couvrent 29,5% de la population nationale" et les "52 projets SAS recensés à date pour un lancement en 2022 ou 2023 couvrent 58,3% de la population nationale", montre la présentation de Yann Penverne. Selon les projections, 72,4% de la population serait donc couverte à fin 2022, et 87,8% à fin 2023.

Avec la mise en oeuvre du "bi-niveau" de décroché -un niveau 1 de régulation par un assistant de régulation médicale (ARM) pour une première qualification de l'appel, avant une orientation vers la filière d'aide médicale urgente ou vers la filière de médecine générale suivant le besoin-, "on a objectivé très clairement une amélioration de l'accessibilité", selon Yann Penverne.

Mais "le problème est que pour répondre aux recommandations interministérielles de 2019 -99% des appels décrochés dans les 30 secondes-, il faut des effectifs". Or "on n'arrive pas à recruter" des ARM, a pointé Yann Penverne. Il faudrait régler "la problématique des terrains de stage", du "reste à charge" du coût de la formation pour certains ARM et "lever l'impératif de la certification" pour les ARM en poste, dont l'échéance a été ramenée au 31 décembre 2023 (cf dépêche du 29/10/2020 à 11:39), a-t-il estimé.

"On a intégré un certain nombre d'expertises sanitaires complémentaires et de nouveaux métiers, tels que l'opérateur de soins non programmés qui, selon les organisations, est placé soit en niveau 2, soit après la régulation de médecine générale", a poursuivi Yann Penverne.

Il a alerté sur "l'incitation financière à l'effection, qui ne correspond pas à la volonté de nos collègues libéraux et qui vient limiter le déploiement du SAS".

Des IPA en régulation

Il s'est en revanche félicité de "l'interprofessionnalité" qui émerge dans les coopérations avec la ville, la réorientation pouvant "s'envisager vers différents professionnels, les infirmiers libéraux, les masseurs-kinés, les pharmaciens, les dentistes…"

"Lorsqu'on travaille avec leurs représentations, c'est le cas dans différentes régions, ils sont très volontaires pour intégrer le SAS et être un acteur du soin dès la régulation", a-t-il observé.

Il a aussi relevé la "possibilité de renforcer les filières de soins des établissements de santé" grâce aux orientations faites à partir de la régulation.

Certains sites "ont une durée moyenne de communication N1 inférieure à 30 secondes car ils sont confrontés à des flux très importants, d'autres ont fait le choix d'avoir des temps de communication N1 un peu plus longs", a précisé Yann Penverne. Mais quelle que soit l'organisation, l'objectif est "de pouvoir permettre à la population d'être triée rapidement pour identifier l'urgence à traiter et orienter vers la bonne filière".

Certaines "remontées sont insuffisantes" car "on n'a pas mesuré les besoins de cadrage pour pouvoir requêter les systèmes d'information de régulation", a-t-il néanmoins souligné. De ce fait "le bilan doit être prudent". Mais "certains impacts sont d'ores et déjà mesurés, avec une augmentation des orientations, sur la période de continuité des soins, vers la ville, c'est vrai dans le 86 [Vienne], dans le 72 [Sarthe]", notamment.

"Une majorité de territoires observe une augmentation continue de la part des DRM [dossiers de régulation médicale] traités par les médecins régulateurs libéraux", a précisé Yann Penverne à APMnews.

"Les remontées d'indicateurs permettent de constater dans la quasi-totalité des territoires une augmentation importante du nombre d'appels décrochés et du nombre de DRM traités depuis le lancement opérationnel du SAS", en 2021. "Pour autant, les indicateurs d'activité de certains territoires montrent une activité stable depuis le lancement du SAS."

A titre d'exemple, l'activité téléphonique a crû de 15% pour le SAS de Moselle et de 19% pour le SAS de Loire-Atlantique, entre leur lancement et mars 2022.

La parution de l'instruction ministérielle sur la généralisation des SAS "est imminente", a précisé lors du congrès Urgences Yann Penverne, qui en a dévoilé quelques grandes lignes.

Le projet de texte souligne "le rôle important des ARS dans la phase initiale de construction des SAS".

Puis il s'agit pour les sites d'obtenir "la validation de 10 prérequis pour être reconnus au titre du national, financés en tant que tel", a-t-il ajouté. Parmi les prérequis à réunir une fois le projet lancé devraient figurer le fait de "disposer d'un décroché de bi-niveau", d'"avoir une régulation de médecine générale en journée", "une capacité technique à absorber les appels", "des indicateurs de suivi", "une gouvernance partagée entre la ville et l'hôpital", ou encore "l'inscription des professionnels sur la plateforme numérique".

Les travaux menés "ont participé à la structuration de l'offre de soins, nous imposent des évolutions organisationnelles internes", a souligné Yann Penverne. La suite va consister en "la capitalisation de ce qu'ont fait les pilotes et la diffusion au niveau national", en favorisant "la pluriprofessionnalité", a-t-il précisé.

"Nous réfléchissons sur la partie régulation pour préciser le fonctionnement et pas forcément médicaliser tous les appels", a-t-il mentionné.

L'exercice des infirmiers en pratique avancée (IPA) en régulation a plus précisément été abordé lors de cette session par Youri Yordanov, médecin aux urgences de l'hôpital Saint-Antoine (Paris, AP-HP).

Ces professionnels "vont être en Samu-Smur, aux urgences, ils vont travailler dans les différentes modalités de notre spécialité, la médecine d'urgence", a-t-il souligné.

Il peut donc y "avoir des IPA en régulation. On peut imaginer des IPA sur une partie des patients du SAS", parce que "l'organisation des parcours de soins, les parcours de soins complexes, faire le lien entre la ville et l'hôpital" fait partie de leur "coeur de métier".

"On parle de la réponse graduée en Smur" (cf dépêche du 09/06/2022 à 18:14), "on peut aussi avoir à l'esprit une réponse graduée téléphonique, en ajoutant un niveau intermédiaire qui serait la prise de bilan par un professionnel de santé qui ne serait ni l'ARM ni le médecin, qui serait l'IPA urgences", a-t-il développé.

mlb/ab/APMnews

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PARIS, 13 juin 2022 (APMnews) - La généralisation progressive des services d'accès aux soins (SAS) devrait permettre de couvrir 87,8% de la population française d'ici fin 2023, a précisé le Dr Yann Penverne, urgentiste au CHU de Nantes, jeudi au Congrès Urgences 2022.

Également responsable du programme d'articulation régionale des Samu à l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire, le Dr Yann Penverne, qui avait copiloté la mission de modernisation de l'accessibilité et de la réception des communications d'urgence pour la sécurité, la santé et les secours (Marcus), a présenté au congrès un état des lieux des SAS.

Son analyse s'est fondée sur le bilan du ministère dressé le 9 mars, au moment de l'annonce de la généralisation du dispositif (cf dépêche du 29/04/2022 à 17:35).

Le ministère des solidarités et de la santé avait annoncé en novembre 2020 une liste de 22 projets pilotes retenus pour l'expérimentation dès janvier 2021 du SAS, qui doit favoriser une réponse 24h/24 et 7j/7 à toute demande de soins non programmés ou urgents par une meilleure coopération entre la ville et l'hôpital.

L'objectif était de couvrir, dans les 13 régions concernées, un peu plus de 40% de la population nationale (cf dépêche du 23/11/2020 à 14:00).

Ces sites "ont dû se structurer dans le contexte que nous connaissons", a fait valoir Yann Penverne jeudi lors d'une session commune de Samu-Urgences de France (SUdF) et de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), rappelant que "19 sites ont été mis en production en quelques mois". Ils sont 20 aujourd'hui, le SAS de la Manche ayant été lancé après le 9 mars.

Les SAS officiellement lancés "couvrent 29,5% de la population nationale" et les "52 projets SAS recensés à date pour un lancement en 2022 ou 2023 couvrent 58,3% de la population nationale", montre la présentation de Yann Penverne. Selon les projections, 72,4% de la population serait donc couverte à fin 2022, et 87,8% à fin 2023.

Avec la mise en oeuvre du "bi-niveau" de décroché -un niveau 1 de régulation par un assistant de régulation médicale (ARM) pour une première qualification de l'appel, avant une orientation vers la filière d'aide médicale urgente ou vers la filière de médecine générale suivant le besoin-, "on a objectivé très clairement une amélioration de l'accessibilité", selon Yann Penverne.

Mais "le problème est que pour répondre aux recommandations interministérielles de 2019 -99% des appels décrochés dans les 30 secondes-, il faut des effectifs". Or "on n'arrive pas à recruter" des ARM, a pointé Yann Penverne. Il faudrait régler "la problématique des terrains de stage", du "reste à charge" du coût de la formation pour certains ARM et "lever l'impératif de la certification" pour les ARM en poste, dont l'échéance a été ramenée au 31 décembre 2023 (cf dépêche du 29/10/2020 à 11:39), a-t-il estimé.

"On a intégré un certain nombre d'expertises sanitaires complémentaires et de nouveaux métiers, tels que l'opérateur de soins non programmés qui, selon les organisations, est placé soit en niveau 2, soit après la régulation de médecine générale", a poursuivi Yann Penverne.

Il a alerté sur "l'incitation financière à l'effection, qui ne correspond pas à la volonté de nos collègues libéraux et qui vient limiter le déploiement du SAS".

Des IPA en régulation

Il s'est en revanche félicité de "l'interprofessionnalité" qui émerge dans les coopérations avec la ville, la réorientation pouvant "s'envisager vers différents professionnels, les infirmiers libéraux, les masseurs-kinés, les pharmaciens, les dentistes…"

"Lorsqu'on travaille avec leurs représentations, c'est le cas dans différentes régions, ils sont très volontaires pour intégrer le SAS et être un acteur du soin dès la régulation", a-t-il observé.

Il a aussi relevé la "possibilité de renforcer les filières de soins des établissements de santé" grâce aux orientations faites à partir de la régulation.

Certains sites "ont une durée moyenne de communication N1 inférieure à 30 secondes car ils sont confrontés à des flux très importants, d'autres ont fait le choix d'avoir des temps de communication N1 un peu plus longs", a précisé Yann Penverne. Mais quelle que soit l'organisation, l'objectif est "de pouvoir permettre à la population d'être triée rapidement pour identifier l'urgence à traiter et orienter vers la bonne filière".

Certaines "remontées sont insuffisantes" car "on n'a pas mesuré les besoins de cadrage pour pouvoir requêter les systèmes d'information de régulation", a-t-il néanmoins souligné. De ce fait "le bilan doit être prudent". Mais "certains impacts sont d'ores et déjà mesurés, avec une augmentation des orientations, sur la période de continuité des soins, vers la ville, c'est vrai dans le 86 [Vienne], dans le 72 [Sarthe]", notamment.

"Une majorité de territoires observe une augmentation continue de la part des DRM [dossiers de régulation médicale] traités par les médecins régulateurs libéraux", a précisé Yann Penverne à APMnews.

"Les remontées d'indicateurs permettent de constater dans la quasi-totalité des territoires une augmentation importante du nombre d'appels décrochés et du nombre de DRM traités depuis le lancement opérationnel du SAS", en 2021. "Pour autant, les indicateurs d'activité de certains territoires montrent une activité stable depuis le lancement du SAS."

A titre d'exemple, l'activité téléphonique a crû de 15% pour le SAS de Moselle et de 19% pour le SAS de Loire-Atlantique, entre leur lancement et mars 2022.

La parution de l'instruction ministérielle sur la généralisation des SAS "est imminente", a précisé lors du congrès Urgences Yann Penverne, qui en a dévoilé quelques grandes lignes.

Le projet de texte souligne "le rôle important des ARS dans la phase initiale de construction des SAS".

Puis il s'agit pour les sites d'obtenir "la validation de 10 prérequis pour être reconnus au titre du national, financés en tant que tel", a-t-il ajouté. Parmi les prérequis à réunir une fois le projet lancé devraient figurer le fait de "disposer d'un décroché de bi-niveau", d'"avoir une régulation de médecine générale en journée", "une capacité technique à absorber les appels", "des indicateurs de suivi", "une gouvernance partagée entre la ville et l'hôpital", ou encore "l'inscription des professionnels sur la plateforme numérique".

Les travaux menés "ont participé à la structuration de l'offre de soins, nous imposent des évolutions organisationnelles internes", a souligné Yann Penverne. La suite va consister en "la capitalisation de ce qu'ont fait les pilotes et la diffusion au niveau national", en favorisant "la pluriprofessionnalité", a-t-il précisé.

"Nous réfléchissons sur la partie régulation pour préciser le fonctionnement et pas forcément médicaliser tous les appels", a-t-il mentionné.

L'exercice des infirmiers en pratique avancée (IPA) en régulation a plus précisément été abordé lors de cette session par Youri Yordanov, médecin aux urgences de l'hôpital Saint-Antoine (Paris, AP-HP).

Ces professionnels "vont être en Samu-Smur, aux urgences, ils vont travailler dans les différentes modalités de notre spécialité, la médecine d'urgence", a-t-il souligné.

Il peut donc y "avoir des IPA en régulation. On peut imaginer des IPA sur une partie des patients du SAS", parce que "l'organisation des parcours de soins, les parcours de soins complexes, faire le lien entre la ville et l'hôpital" fait partie de leur "coeur de métier".

"On parle de la réponse graduée en Smur" (cf dépêche du 09/06/2022 à 18:14), "on peut aussi avoir à l'esprit une réponse graduée téléphonique, en ajoutant un niveau intermédiaire qui serait la prise de bilan par un professionnel de santé qui ne serait ni l'ARM ni le médecin, qui serait l'IPA urgences", a-t-il développé.

mlb/ab/APMnews

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