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24/05 2018
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SOINS NON PROGRAMMÉS: LA FHF SATISFAITE DU RAPPORT MESNIER, LES MÉDECINS LIBÉRAUX ENTRE MÉFIANCE ET CONSTERNATION

PARIS, 24 mai 2018 (APMnews) - La Fédération hospitalière de France (FHF) salue par voie de communiqué les propositions émises par le député Thomas Mesnier (LREM, Charente) dans son rapport relatif aux soins non programmés remis mardi à la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, alors que les syndicats de médecins libéraux se montrent notamment opposés à la mise en place d'un numéro unique de régulation Samu/médecine libérale.

Thomas Mesnier propose notamment dans son rapport de structurer l'organisation de la médecine libérale au niveau local en s'appuyant sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) sous l'égide des agences régionales de santé (ARS), et de mettre en place une régulation unique via un numéro commun au Samu et à la médecine de ville, afin de répondre aux difficultés croissantes d'accès aux soins, rappelle-t-on (cf dépêche du 22/05/2018 à 19:19 et dépêche du 22/05/2018 à 18:00).

Dans un communiqué transmis à la presse jeudi matin, la FHF "se félicite que son diagnostic soit partagé par le député Thomas Mesnier" et estime que plusieurs des recommandations du parlementaire rejoignent ses propres propositions, notamment le renforcement du rôle d'appui et d'accompagnement des ARS et caisses primaires d'assurance maladie (CPAM) et de l'implication des collectivités locales, ou encore la sensibilisation des usagers au "nouveau parcours de soins".

La FHF salue également la volonté de "libérer du temps médical en renforçant la coopération entre les professionnels", le renforcement de l'accès aux soins pour les résidents d'établissements d'hébergement de personnes âgées dépendantes (Ehpad), et la volonté de "favoriser techniquement et financièrement le partage de l'information, le travail d'équipe, la formation d'étudiants".

"Selon la direction générale de l'offre de soins (DGOS), la prise en charge de 3,6 millions de patients par des généralistes libéraux plutôt qu'aux urgences pourrait engendrer une économie de l'ordre de 50 millions €. Surtout, cette organisation permettrait de retrouver une certaine fluidité aux urgences", estime la FHF.

"Des questions majeures restent en suspens", ajoute toutefois la FHF, à propos du financement des centres de soins non programmés hospitaliers et de l'accompagnement et l'incitation à la prise en charge d'accueil des soins non programmés par les médecins de ville.

La FHF "demande à participer aux réflexions officielles qui permettront la déclinaison opérationnelle" du rapport Mesnier, assure son président Frédéric Valletoux.

De son côté, Samu-Urgences de France dit partager l'analyse du député, dans un communiqué transmis jeudi midi.

"Organiser cette réponse de premiers recours dans le cadre des soins non programmés est une impérieuse nécessité pour éviter l'embolisation prochaine de notre organisation des urgences. La mise en place d'une plateforme de régulation médicale cogérée par les médecins urgentistes et les médecins généralistes libéraux et joignable par un numéro de téléphone unique, dédié, est une solution moderne qui devrait rapidement améliorer l'efficience de notre système de soins", estime Samu-Urgences de France, qui "entend accompagner" le gouvernement dans l'application des recommandations de Thomas Mesnier.

Les médecins libéraux opposés au numéro unique

Pour la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), si "certaines recommandations vont dans le bon sens [...] les médecins libéraux ne tolèreront pas le retour d'une obligation individuelle de garde", assure-t-elle dans un communiqué transmis mercredi.

"S'apercevoir aujourd'hui de dysfonctionnements est paradoxal quand on sait que les ARS n'ont eu de cesse de supprimer des lignes de garde et de réduire les budgets alloués à la permanence des soins ambulatoires (PDSA) ces 10 dernières années", estime-t-elle, ajoutant que "le manque d'attractivité de l'exercice libéral et le manque de moyens attribués à la médecine libérale expliquent la situation actuelle". "Solliciter aujourd'hui les médecins pour assumer la réponse territoriale pour la prise en charge des soins non programmés va nécessiter un changement complet d'orientation dans l'attribution des moyens, à l'inverse de ce qui s'est fait depuis de nombreuses années", souligne la CSMF.

Par ailleurs "l'idée d'un numéro unique en santé risque d'aggraver les dysfonctionnements actuels", assure-t-elle. Cette proposition du député est déjà actuellement en cours de réflexion au sein du gouvernement, rappelle-t-on (cf dépêche du 14/05/2018 à 07:00).

La CSMF appelle donc à "mettre en place rapidement le numéro unique 116 117 pour recourir à la médecine de première ligne", à soutenir une régulation libérale au niveau organisationnel et financier, à valoriser les tarifs de garde ainsi que les tarifs de soins non programmés effectués en cabinet médical "tout particulièrement s'ils sont issus d'un système de régulation", et à "soutenir les initiatives territoriales qui émergent, via notamment de nouvelles plateformes numériques".

La CSMF signe par ailleurs un autre communiqué avec la Fédération des médecins de France (FMF), MG France et le Syndicat des médecins libéraux (SML), qui demandent à être reçus par Agnès Buzyn "pour évoquer les pistes de réorganisation nécessaires des modes de prise en charge des demandes de soins non programmés".

"Le rapport Mesnier propose dans ses recommandations 5 et 6 de contourner le médecin traitant et sa place dans le parcours de soins. Ce serait pour MG France une erreur majeure, source de consumérisme et d’augmentation des dépenses de santé [...] Le rôle des médecins généralistes traitants doit être au contraire renforcé; la prise en charge collective des soins non programmés est un levier pour améliorer leurs conditions de travail, en mutualisant leurs fonctions d’accueil, de régulation des appels et de coordination", réagit par ailleurs MG France dans un communiqué transmis jeudi après-midi.

"MG France approuve la demande formulée dans ce rapport d'une valorisation de la visite à domicile du médecin traitant pour les patients âgés ou dépendants dans l’impossibilité de se déplacer [...] Les pistes pour obtenir cette valorisation ne sont malheureusement pas décrites" poursuit le syndicat de médecins généralistes, qui regrette par ailleurs "que le rapport ne reprenne pas sa proposition d'exonération du ticket modérateur pour les actes effectués en PDSA. En facilitant la prise en charge de ces actes, cette mesure réduirait pourtant nettement l'attractivité des urgences hospitalières."

Concernant le numéro unique, MG France estime que "différencier les urgences graves qui relèvent de l’appel au 15 des demandes de soins non programmées est nécessaire. Le 116 117, numéro d’appel de la régulation libérale hors urgences vitales, n'attend que le feu vert du gouvernement".

Une "adaptation cosmétique" selon l'UFML

L'Union française pour une médecine libre (UFML) a également réagit mercredi, considérant les recommandations de Thomas Mesnier comme "une adaptation cosmétique au système actuel".

"Comment peut-on imaginer un seul instant rendre les médecins pénalement et ou civilement responsables d'un territoire alors que ce sont l'ARS et la préfecture qui définissent à la fois le nombre d'effecteurs et la surface des territoires ?", s'interroge l'UFML, qui appelle à "une révolution systémique avec une gouvernance partagée entre administration, soignants et patients", ainsi qu'à un "plan de relance de l'activité libérale" et à une simplification de l'exercice libéral.

L'UFML appelle également à une revalorisation des tarifs des visites à domicile, et s'inquiète de la volonté de renforcer l'accès aux soins des résidents d'Ehpad.

"Les structures médico-sociales peuvent être tentées d'agir sur les pratiques des médecins coordonnateurs afin de minorer le coût des soins, alors que les médecins généralistes de ville permettent d'éviter cette possible dérive. Il est donc nécessaire de favoriser là encore leurs interventions par une plus grande attractivité de la profession seule à même de multiplier les installations et le partage de l'activité", conclut l'UFML.

bd/ab/APMnews

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PARIS, 24 mai 2018 (APMnews) - La Fédération hospitalière de France (FHF) salue par voie de communiqué les propositions émises par le député Thomas Mesnier (LREM, Charente) dans son rapport relatif aux soins non programmés remis mardi à la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, alors que les syndicats de médecins libéraux se montrent notamment opposés à la mise en place d'un numéro unique de régulation Samu/médecine libérale.

Thomas Mesnier propose notamment dans son rapport de structurer l'organisation de la médecine libérale au niveau local en s'appuyant sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) sous l'égide des agences régionales de santé (ARS), et de mettre en place une régulation unique via un numéro commun au Samu et à la médecine de ville, afin de répondre aux difficultés croissantes d'accès aux soins, rappelle-t-on (cf dépêche du 22/05/2018 à 19:19 et dépêche du 22/05/2018 à 18:00).

Dans un communiqué transmis à la presse jeudi matin, la FHF "se félicite que son diagnostic soit partagé par le député Thomas Mesnier" et estime que plusieurs des recommandations du parlementaire rejoignent ses propres propositions, notamment le renforcement du rôle d'appui et d'accompagnement des ARS et caisses primaires d'assurance maladie (CPAM) et de l'implication des collectivités locales, ou encore la sensibilisation des usagers au "nouveau parcours de soins".

La FHF salue également la volonté de "libérer du temps médical en renforçant la coopération entre les professionnels", le renforcement de l'accès aux soins pour les résidents d'établissements d'hébergement de personnes âgées dépendantes (Ehpad), et la volonté de "favoriser techniquement et financièrement le partage de l'information, le travail d'équipe, la formation d'étudiants".

"Selon la direction générale de l'offre de soins (DGOS), la prise en charge de 3,6 millions de patients par des généralistes libéraux plutôt qu'aux urgences pourrait engendrer une économie de l'ordre de 50 millions €. Surtout, cette organisation permettrait de retrouver une certaine fluidité aux urgences", estime la FHF.

"Des questions majeures restent en suspens", ajoute toutefois la FHF, à propos du financement des centres de soins non programmés hospitaliers et de l'accompagnement et l'incitation à la prise en charge d'accueil des soins non programmés par les médecins de ville.

La FHF "demande à participer aux réflexions officielles qui permettront la déclinaison opérationnelle" du rapport Mesnier, assure son président Frédéric Valletoux.

De son côté, Samu-Urgences de France dit partager l'analyse du député, dans un communiqué transmis jeudi midi.

"Organiser cette réponse de premiers recours dans le cadre des soins non programmés est une impérieuse nécessité pour éviter l'embolisation prochaine de notre organisation des urgences. La mise en place d'une plateforme de régulation médicale cogérée par les médecins urgentistes et les médecins généralistes libéraux et joignable par un numéro de téléphone unique, dédié, est une solution moderne qui devrait rapidement améliorer l'efficience de notre système de soins", estime Samu-Urgences de France, qui "entend accompagner" le gouvernement dans l'application des recommandations de Thomas Mesnier.

Les médecins libéraux opposés au numéro unique

Pour la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), si "certaines recommandations vont dans le bon sens [...] les médecins libéraux ne tolèreront pas le retour d'une obligation individuelle de garde", assure-t-elle dans un communiqué transmis mercredi.

"S'apercevoir aujourd'hui de dysfonctionnements est paradoxal quand on sait que les ARS n'ont eu de cesse de supprimer des lignes de garde et de réduire les budgets alloués à la permanence des soins ambulatoires (PDSA) ces 10 dernières années", estime-t-elle, ajoutant que "le manque d'attractivité de l'exercice libéral et le manque de moyens attribués à la médecine libérale expliquent la situation actuelle". "Solliciter aujourd'hui les médecins pour assumer la réponse territoriale pour la prise en charge des soins non programmés va nécessiter un changement complet d'orientation dans l'attribution des moyens, à l'inverse de ce qui s'est fait depuis de nombreuses années", souligne la CSMF.

Par ailleurs "l'idée d'un numéro unique en santé risque d'aggraver les dysfonctionnements actuels", assure-t-elle. Cette proposition du député est déjà actuellement en cours de réflexion au sein du gouvernement, rappelle-t-on (cf dépêche du 14/05/2018 à 07:00).

La CSMF appelle donc à "mettre en place rapidement le numéro unique 116 117 pour recourir à la médecine de première ligne", à soutenir une régulation libérale au niveau organisationnel et financier, à valoriser les tarifs de garde ainsi que les tarifs de soins non programmés effectués en cabinet médical "tout particulièrement s'ils sont issus d'un système de régulation", et à "soutenir les initiatives territoriales qui émergent, via notamment de nouvelles plateformes numériques".

La CSMF signe par ailleurs un autre communiqué avec la Fédération des médecins de France (FMF), MG France et le Syndicat des médecins libéraux (SML), qui demandent à être reçus par Agnès Buzyn "pour évoquer les pistes de réorganisation nécessaires des modes de prise en charge des demandes de soins non programmés".

"Le rapport Mesnier propose dans ses recommandations 5 et 6 de contourner le médecin traitant et sa place dans le parcours de soins. Ce serait pour MG France une erreur majeure, source de consumérisme et d’augmentation des dépenses de santé [...] Le rôle des médecins généralistes traitants doit être au contraire renforcé; la prise en charge collective des soins non programmés est un levier pour améliorer leurs conditions de travail, en mutualisant leurs fonctions d’accueil, de régulation des appels et de coordination", réagit par ailleurs MG France dans un communiqué transmis jeudi après-midi.

"MG France approuve la demande formulée dans ce rapport d'une valorisation de la visite à domicile du médecin traitant pour les patients âgés ou dépendants dans l’impossibilité de se déplacer [...] Les pistes pour obtenir cette valorisation ne sont malheureusement pas décrites" poursuit le syndicat de médecins généralistes, qui regrette par ailleurs "que le rapport ne reprenne pas sa proposition d'exonération du ticket modérateur pour les actes effectués en PDSA. En facilitant la prise en charge de ces actes, cette mesure réduirait pourtant nettement l'attractivité des urgences hospitalières."

Concernant le numéro unique, MG France estime que "différencier les urgences graves qui relèvent de l’appel au 15 des demandes de soins non programmées est nécessaire. Le 116 117, numéro d’appel de la régulation libérale hors urgences vitales, n'attend que le feu vert du gouvernement".

Une "adaptation cosmétique" selon l'UFML

L'Union française pour une médecine libre (UFML) a également réagit mercredi, considérant les recommandations de Thomas Mesnier comme "une adaptation cosmétique au système actuel".

"Comment peut-on imaginer un seul instant rendre les médecins pénalement et ou civilement responsables d'un territoire alors que ce sont l'ARS et la préfecture qui définissent à la fois le nombre d'effecteurs et la surface des territoires ?", s'interroge l'UFML, qui appelle à "une révolution systémique avec une gouvernance partagée entre administration, soignants et patients", ainsi qu'à un "plan de relance de l'activité libérale" et à une simplification de l'exercice libéral.

L'UFML appelle également à une revalorisation des tarifs des visites à domicile, et s'inquiète de la volonté de renforcer l'accès aux soins des résidents d'Ehpad.

"Les structures médico-sociales peuvent être tentées d'agir sur les pratiques des médecins coordonnateurs afin de minorer le coût des soins, alors que les médecins généralistes de ville permettent d'éviter cette possible dérive. Il est donc nécessaire de favoriser là encore leurs interventions par une plus grande attractivité de la profession seule à même de multiplier les installations et le partage de l'activité", conclut l'UFML.

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