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23/06 2023
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SPF RENFORCE SES DISPOSITIFS DE SURVEILLANCE ET D'INFORMATION SUR LES EFFETS DE LA CHALEUR SUR LA SANTÉ

SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 23 juin 2023 (APMnews) - Santé publique France (SPF) a annoncé vendredi, lors d'une conférence de presse, que les dispositifs de surveillance et d'alerte sur les canicules durant la période estivale et d'étude de leurs conséquences en matière de mortalité allaient être renforcés cette année, de même que les dispositifs d'information et de prévention sur les effets de la chaleur.

Les premiers dispositifs ont été mis en place en 2004, après la canicule de 2003. Une évolution des dispositifs est nécessaire, d'autant plus que depuis 2015, les épisodes caniculaires ont eux-mêmes évolué: ils sont "plus étendus et sont devenus atypiques, en termes d'intensité, de période et de zone de survenue", avec par exemple des canicules de plus en plus précoces, survenant dès le mois de juin, a commenté Sébastien Denys, directeur santé, environnement et travail. Ces épisodes "ont un impact sanitaire, sur la morbidité et la mortalité".

Les travaux de SPF depuis 2014 ont permis d'établir des corrélations précises entre les élévations de température durant l'été -y compris hors d'un épisode de canicule- et l'élévation de la mortalité, permettant grâce à des modèles de quantifier la part de mortalité attribuable à l'exposition de la population à l'élévation de la chaleur.

33.000 décès attribués à la chaleur entre 2014 et 2022, pas seulement durant les canicules

Ces travaux montrent qu'entre 2014 et 2022, durant toutes les périodes allant du 1er juin au 15 septembre, 33.000 décès ont été attribuables à la chaleur.

Il y a des variations selon les années, en fonction des conditions météorologiques: il y a entre 1.000 et 7.000 décès par an dus à la chaleur durant la période 1er juin-15 septembre. "Les impacts les plus importants ont été observés en 2022 (près de 7.000 décès en excès dont 29% pendant les canicules) et 2019 (près de 4.500 décès en excès dont 42% pendant les canicules) avec une hétérogénéité selon les territoires. L'impact était également supérieur à 4.000 décès en 2018 et 2020", rapporte SPF dans un dossier de presse. En 2021, en revanche, il y a eu moins de pics de chaleur et donc un impact moindre.

Ces travaux permettent de mettre en avant deux informations importantes. D'abord, 28% des décès attribuables à la chaleur surviennent pendant les périodes de canicule. Ce qui est élevé, dans la mesure où ces périodes de canicule ne représentent que 6% du temps. Mais cela montre aussi que la majorité des décès attribués à la chaleur surviennent hors des épisodes de canicule, c'est-à-dire en lien avec des élévations de température mais sans que celles-ci soient caniculaires. Ce qui impose de faire de la prévention sur l'ensemble de la période et pas seulement lors d'épisodes caniculaires.

Ensuite, plus de deux décès sur trois attribuables à la chaleur concernent des personnes de 75 ans et plus. Cela confirme ce que l'on sait déjà, que les plus âgés sont les plus à risque. Mais cela montre aussi que près d'un tiers des décès surviennent chez des personnes moins âgées et donc que l'ensemble de la population est concerné.

Guillaume Boulanger, responsable d'unité à la direction santé-environnement-travail, a rappelé qu'un système d'alerte canicule et santé était mis en oeuvre par SPF, en lien avec Météo France, du 1er juin au 15 septembre, et était activé dès que le seuil de vigilance orange était atteint dans un département en métropole.

Il y a une surveillance dynamique du recours aux soins d'urgence (passages aux urgences et consultations de SOS Médecins pour hyperthermie/coup de chaleur, hyponatrémie, déshydratation, et hospitalisations) dans le but d'alerter les autorités et ajuster au plus vite les mesures de prévention.

SPF renforcera dès 2023 ses publications d'informations sur la surveillance en cas d'épisode de chaleur. En plus de points épidémiologiques hebdomadaires, des points épidémiologiques sur la mortalité seront publiés 15 jours après la fin de chaque épisode de canicule (un délai qui permet de capter 95% des décès remontés à l'échelle nationale). Un point sera également fait sur les accidents du travail mortels en lien possible avec la chaleur.

De plus, dans le cadre du bilan global de l'impact sanitaire des effets des fortes chaleurs qui est réalisé à l'automne, alors que SPF publiait des données de mortalité toutes causes, il y aura désormais aussi des données de mortalité attribuable précisément à la chaleur (la surmortalité observée durant les périodes de forte chaleur pouvant être pour une petite partie attribuable à d'autres causes: noyades, conséquences des fumées des feux de forêts -ce fut le cas par exemple en Gironde en 2022-, arboviroses, pollution de l'air…).

Optimisation des outils d'information

Sur le volet de la prévention, Sandrine Randriamampianina, responsable d'unité à la direction de la prévention et promotion de la santé, a rappelé qu'il y avait déjà des dispositifs de prévention avec des outils mis à disposition avant le début de l'été (affiches, dépliants, animations "digitales") pour sensibiliser aux canicules et qu'en cas d'épisode de vigilance orange ou rouge, des animations en ligne et des spots télé et radio étaient diffusés.

Mais il y a une nécessité d'optimisation de ces outils et de création de nouveaux outils. Elle a souligné le fait qu'il y avait dans la population une tendance à une "distanciation" vis-à-vis des épisodes de canicule, qui est plus "perçue comme un inconfort, un désagrément, que comme un risque pour la santé". C'est pourquoi les messages de prévention ont été adaptés pour "donner des solutions pratiques" afin d'améliorer le confort des personnes, dans un but de meilleure adhésion à ces messages.

De nouveaux outils à destination des personnes âgées et/ou sous traitement médicamenteux ont été élaborés, afin d'inciter les personnes concernées à aller voir leur médecin ou pharmacien.

Des spots radio d'urgence supplémentaires ont été réalisés, rappelant les gestes d'urgence, donnant des informations de base comme "rester au frais", la nécessité de boire même si l'on n'a pas soif et la possibilité de diversifier les apports hydriques, par exemple avec des fruits aqueux, et rappelant d'appeler le 15 en cas de signes inhabituels.

La communication de SPF s'enrichit aussi avec des informations sur la nécessité globale de s'adapter aux fortes chaleurs durant tout l'été, au-delà des épisodes de canicule, en ciblant particulièrement deux populations: les occupants d'un logement exposé à la chaleur et les personnes pratiquant une activité sportive. L'idée n'est pas d'interdire le sport mais d'inciter à adapter sa pratique en le faisant aux moments où il fait moins chaud.

fb/nc/APMnews

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SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 23 juin 2023 (APMnews) - Santé publique France (SPF) a annoncé vendredi, lors d'une conférence de presse, que les dispositifs de surveillance et d'alerte sur les canicules durant la période estivale et d'étude de leurs conséquences en matière de mortalité allaient être renforcés cette année, de même que les dispositifs d'information et de prévention sur les effets de la chaleur.

Les premiers dispositifs ont été mis en place en 2004, après la canicule de 2003. Une évolution des dispositifs est nécessaire, d'autant plus que depuis 2015, les épisodes caniculaires ont eux-mêmes évolué: ils sont "plus étendus et sont devenus atypiques, en termes d'intensité, de période et de zone de survenue", avec par exemple des canicules de plus en plus précoces, survenant dès le mois de juin, a commenté Sébastien Denys, directeur santé, environnement et travail. Ces épisodes "ont un impact sanitaire, sur la morbidité et la mortalité".

Les travaux de SPF depuis 2014 ont permis d'établir des corrélations précises entre les élévations de température durant l'été -y compris hors d'un épisode de canicule- et l'élévation de la mortalité, permettant grâce à des modèles de quantifier la part de mortalité attribuable à l'exposition de la population à l'élévation de la chaleur.

33.000 décès attribués à la chaleur entre 2014 et 2022, pas seulement durant les canicules

Ces travaux montrent qu'entre 2014 et 2022, durant toutes les périodes allant du 1er juin au 15 septembre, 33.000 décès ont été attribuables à la chaleur.

Il y a des variations selon les années, en fonction des conditions météorologiques: il y a entre 1.000 et 7.000 décès par an dus à la chaleur durant la période 1er juin-15 septembre. "Les impacts les plus importants ont été observés en 2022 (près de 7.000 décès en excès dont 29% pendant les canicules) et 2019 (près de 4.500 décès en excès dont 42% pendant les canicules) avec une hétérogénéité selon les territoires. L'impact était également supérieur à 4.000 décès en 2018 et 2020", rapporte SPF dans un dossier de presse. En 2021, en revanche, il y a eu moins de pics de chaleur et donc un impact moindre.

Ces travaux permettent de mettre en avant deux informations importantes. D'abord, 28% des décès attribuables à la chaleur surviennent pendant les périodes de canicule. Ce qui est élevé, dans la mesure où ces périodes de canicule ne représentent que 6% du temps. Mais cela montre aussi que la majorité des décès attribués à la chaleur surviennent hors des épisodes de canicule, c'est-à-dire en lien avec des élévations de température mais sans que celles-ci soient caniculaires. Ce qui impose de faire de la prévention sur l'ensemble de la période et pas seulement lors d'épisodes caniculaires.

Ensuite, plus de deux décès sur trois attribuables à la chaleur concernent des personnes de 75 ans et plus. Cela confirme ce que l'on sait déjà, que les plus âgés sont les plus à risque. Mais cela montre aussi que près d'un tiers des décès surviennent chez des personnes moins âgées et donc que l'ensemble de la population est concerné.

Guillaume Boulanger, responsable d'unité à la direction santé-environnement-travail, a rappelé qu'un système d'alerte canicule et santé était mis en oeuvre par SPF, en lien avec Météo France, du 1er juin au 15 septembre, et était activé dès que le seuil de vigilance orange était atteint dans un département en métropole.

Il y a une surveillance dynamique du recours aux soins d'urgence (passages aux urgences et consultations de SOS Médecins pour hyperthermie/coup de chaleur, hyponatrémie, déshydratation, et hospitalisations) dans le but d'alerter les autorités et ajuster au plus vite les mesures de prévention.

SPF renforcera dès 2023 ses publications d'informations sur la surveillance en cas d'épisode de chaleur. En plus de points épidémiologiques hebdomadaires, des points épidémiologiques sur la mortalité seront publiés 15 jours après la fin de chaque épisode de canicule (un délai qui permet de capter 95% des décès remontés à l'échelle nationale). Un point sera également fait sur les accidents du travail mortels en lien possible avec la chaleur.

De plus, dans le cadre du bilan global de l'impact sanitaire des effets des fortes chaleurs qui est réalisé à l'automne, alors que SPF publiait des données de mortalité toutes causes, il y aura désormais aussi des données de mortalité attribuable précisément à la chaleur (la surmortalité observée durant les périodes de forte chaleur pouvant être pour une petite partie attribuable à d'autres causes: noyades, conséquences des fumées des feux de forêts -ce fut le cas par exemple en Gironde en 2022-, arboviroses, pollution de l'air…).

Optimisation des outils d'information

Sur le volet de la prévention, Sandrine Randriamampianina, responsable d'unité à la direction de la prévention et promotion de la santé, a rappelé qu'il y avait déjà des dispositifs de prévention avec des outils mis à disposition avant le début de l'été (affiches, dépliants, animations "digitales") pour sensibiliser aux canicules et qu'en cas d'épisode de vigilance orange ou rouge, des animations en ligne et des spots télé et radio étaient diffusés.

Mais il y a une nécessité d'optimisation de ces outils et de création de nouveaux outils. Elle a souligné le fait qu'il y avait dans la population une tendance à une "distanciation" vis-à-vis des épisodes de canicule, qui est plus "perçue comme un inconfort, un désagrément, que comme un risque pour la santé". C'est pourquoi les messages de prévention ont été adaptés pour "donner des solutions pratiques" afin d'améliorer le confort des personnes, dans un but de meilleure adhésion à ces messages.

De nouveaux outils à destination des personnes âgées et/ou sous traitement médicamenteux ont été élaborés, afin d'inciter les personnes concernées à aller voir leur médecin ou pharmacien.

Des spots radio d'urgence supplémentaires ont été réalisés, rappelant les gestes d'urgence, donnant des informations de base comme "rester au frais", la nécessité de boire même si l'on n'a pas soif et la possibilité de diversifier les apports hydriques, par exemple avec des fruits aqueux, et rappelant d'appeler le 15 en cas de signes inhabituels.

La communication de SPF s'enrichit aussi avec des informations sur la nécessité globale de s'adapter aux fortes chaleurs durant tout l'été, au-delà des épisodes de canicule, en ciblant particulièrement deux populations: les occupants d'un logement exposé à la chaleur et les personnes pratiquant une activité sportive. L'idée n'est pas d'interdire le sport mais d'inciter à adapter sa pratique en le faisant aux moments où il fait moins chaud.

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