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16/04 2024
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STRASBOURG: FO PORTE PLAINTE POUR "NON-ASSISTANCE À PERSONNE EN DANGER" ET "RISQUE CAUSÉ À AUTRUI" AUX URGENCES DU CHU

STRASBOURG, 16 avril 2024 (APMnews) - Le syndicat Force ouvrière (FO) des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) a porté plainte mercredi pour "non-assistance à personne en danger" et "risque causé à autrui" aux urgences des HUS, a-t-on appris mardi lors d'une conférence de presse donnée par les représentants du syndicat aux HUS et leur avocat, Me Matthieu Airoldi.

Cette démarche fait suite à un signalement pour "non-assistance à personne en danger" adressé mi-décembre 2023 par le syndicat au procureur de la République de Strasbourg pour dénoncer les conditions d'activité et de prise en charge des services d'urgence des HUS (cf dépêche du 14/12/2023 à 18:02).

L'avocat accompagnant les représentants FO des HUS dans cette démarche, Me Matthieu Airoldi, a expliqué que ce signalement constituait "la première étape procédurale", faute de pouvoir "déposer plainte directement devant un juge d'instruction".

N'ayant "aucune trace d'une quelconque enquête du parquet" depuis le signalement fait fin 2023, le syndicat a donc porté plainte contre X pour les infractions de "non-assistance à personne en danger" et "risque causé à autrui".

Cette plainte repose à la fois sur les articles du code pénal visés par les deux infractions, mais aussi sur des articles du code de la santé publique relatifs aux garanties que doivent fournir les établissements sanitaires aux patients et à leur personnel.

"Le syndicat FO ne veut pas obtenir la tête d'un directeur, ou d'un service, ou de faire tomber l'hôpital", a assuré Me Airoldi lors de la conférence de presse qu'APMnews a pu suivre à distance.

Pas d'intention de nuire au CHU

"Le but du jeu, c'est d'obtenir une meilleure prise en charge des soins pour les patients des urgences et plus largement des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, et d'obtenir de meilleures conditions de travail pour le personnel soignant", a-t-il ajouté.

Le secrétaire FO des HUS, Christian Prud'homme, s'est déclaré "très dubitatif sur la non-réaction du parquet" à la suite du signalement formulé en décembre.

Il n'a pas manqué de rappeler les "deux morts inattendues" aux urgences du CHU "qui avaient été médiatisées le 17 mars 2022 et le 1er septembre 2022".

À la suite de ce deuxième décès, le syndicat FO des HUS avait déjà écrit à l'ancien ministre de la santé et de la prévention, François Braun, pour alerter sur la situation des urgences après le décès d'un patient ayant passé 22 heures sur un brancard (cf dépêche du 16/09/2022 à 17:39).

"Dans la fonction publique hospitalière, on a une obligation de moyens", a repris Christian Prud'homme, en rappelant le rôle de proximité et de recours pour toute l'Alsace que devait tenir le CHU de Strasbourg.

Après avoir souligné que le CHU comptait près de "300 lits fermées par manque de ressources médicales et paramédicales", le secrétaire FO a estimé que le CHU devait investir plus concrètement dans la fonction de bed manager: "Si on diminue le nombre de lits, tous les matins, la cellule de gestion des lits [de] Strasbourg doit démarrer avec au moins dix lits de disponibles pour pouvoir faire sortir les patients des urgences."

Des progrès à faire sur le bed management

"Le nerf de la guerre, il est là, il faut des lits", a-t-il poursuivi. "Il faut vraiment que le bed manager ait une autorité, un pouvoir coercitif sur les services."

Lors de la journée nationale de la Fédération nationale des observatoires régionaux des urgences (Fedoru) 2024, la fédération avait souligné que la culture du bed management était encore insuffisamment déployée et encore sous-dotée sur le plan opérationnel (cf dépêche du 04/04/2024 à 17:26).

Christian Prud'homme a tancé la direction du CHU de ne pas avoir pleinement tenu sa promesse faite en février 2022 sur la mise en place d'un bed manager: "Aujourd'hui, on est plus de deux ans [après], il n'est toujours pas réellement en place, on a fait un bricolage; on envoie une personne de la cellule de gestion des lits pendant dix minutes sur place."

Contactée mardi par APMnews, la direction du CHU a déclaré prendre acte de la plainte déposée par le syndicat, en se tenant à disposition de la justice.

Le CHU a par ailleurs fait remarquer que la situation était tendue dans l'ensemble des services d'urgence, en ajoutant que l'unité mobile déployée depuis fin décembre pour accueillir les patients acheminés par des véhicules sanitaires aux urgences du Nouvel hôpital civil (cf dépêche du 26/12/2023 à 13:23) était toujours en place.

"Dimanche soir, on avait encore six ambulances qui étaient en attente pour pouvoir déposer le patient", a protesté Christian Prud'homme.

gl/san/APMnews

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STRASBOURG, 16 avril 2024 (APMnews) - Le syndicat Force ouvrière (FO) des Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) a porté plainte mercredi pour "non-assistance à personne en danger" et "risque causé à autrui" aux urgences des HUS, a-t-on appris mardi lors d'une conférence de presse donnée par les représentants du syndicat aux HUS et leur avocat, Me Matthieu Airoldi.

Cette démarche fait suite à un signalement pour "non-assistance à personne en danger" adressé mi-décembre 2023 par le syndicat au procureur de la République de Strasbourg pour dénoncer les conditions d'activité et de prise en charge des services d'urgence des HUS (cf dépêche du 14/12/2023 à 18:02).

L'avocat accompagnant les représentants FO des HUS dans cette démarche, Me Matthieu Airoldi, a expliqué que ce signalement constituait "la première étape procédurale", faute de pouvoir "déposer plainte directement devant un juge d'instruction".

N'ayant "aucune trace d'une quelconque enquête du parquet" depuis le signalement fait fin 2023, le syndicat a donc porté plainte contre X pour les infractions de "non-assistance à personne en danger" et "risque causé à autrui".

Cette plainte repose à la fois sur les articles du code pénal visés par les deux infractions, mais aussi sur des articles du code de la santé publique relatifs aux garanties que doivent fournir les établissements sanitaires aux patients et à leur personnel.

"Le syndicat FO ne veut pas obtenir la tête d'un directeur, ou d'un service, ou de faire tomber l'hôpital", a assuré Me Airoldi lors de la conférence de presse qu'APMnews a pu suivre à distance.

Pas d'intention de nuire au CHU

"Le but du jeu, c'est d'obtenir une meilleure prise en charge des soins pour les patients des urgences et plus largement des Hôpitaux universitaires de Strasbourg, et d'obtenir de meilleures conditions de travail pour le personnel soignant", a-t-il ajouté.

Le secrétaire FO des HUS, Christian Prud'homme, s'est déclaré "très dubitatif sur la non-réaction du parquet" à la suite du signalement formulé en décembre.

Il n'a pas manqué de rappeler les "deux morts inattendues" aux urgences du CHU "qui avaient été médiatisées le 17 mars 2022 et le 1er septembre 2022".

À la suite de ce deuxième décès, le syndicat FO des HUS avait déjà écrit à l'ancien ministre de la santé et de la prévention, François Braun, pour alerter sur la situation des urgences après le décès d'un patient ayant passé 22 heures sur un brancard (cf dépêche du 16/09/2022 à 17:39).

"Dans la fonction publique hospitalière, on a une obligation de moyens", a repris Christian Prud'homme, en rappelant le rôle de proximité et de recours pour toute l'Alsace que devait tenir le CHU de Strasbourg.

Après avoir souligné que le CHU comptait près de "300 lits fermées par manque de ressources médicales et paramédicales", le secrétaire FO a estimé que le CHU devait investir plus concrètement dans la fonction de bed manager: "Si on diminue le nombre de lits, tous les matins, la cellule de gestion des lits [de] Strasbourg doit démarrer avec au moins dix lits de disponibles pour pouvoir faire sortir les patients des urgences."

Des progrès à faire sur le bed management

"Le nerf de la guerre, il est là, il faut des lits", a-t-il poursuivi. "Il faut vraiment que le bed manager ait une autorité, un pouvoir coercitif sur les services."

Lors de la journée nationale de la Fédération nationale des observatoires régionaux des urgences (Fedoru) 2024, la fédération avait souligné que la culture du bed management était encore insuffisamment déployée et encore sous-dotée sur le plan opérationnel (cf dépêche du 04/04/2024 à 17:26).

Christian Prud'homme a tancé la direction du CHU de ne pas avoir pleinement tenu sa promesse faite en février 2022 sur la mise en place d'un bed manager: "Aujourd'hui, on est plus de deux ans [après], il n'est toujours pas réellement en place, on a fait un bricolage; on envoie une personne de la cellule de gestion des lits pendant dix minutes sur place."

Contactée mardi par APMnews, la direction du CHU a déclaré prendre acte de la plainte déposée par le syndicat, en se tenant à disposition de la justice.

Le CHU a par ailleurs fait remarquer que la situation était tendue dans l'ensemble des services d'urgence, en ajoutant que l'unité mobile déployée depuis fin décembre pour accueillir les patients acheminés par des véhicules sanitaires aux urgences du Nouvel hôpital civil (cf dépêche du 26/12/2023 à 13:23) était toujours en place.

"Dimanche soir, on avait encore six ambulances qui étaient en attente pour pouvoir déposer le patient", a protesté Christian Prud'homme.

gl/san/APMnews

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