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19/05 2017
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UN NOUVEAU GUIDE "PLAN BLANC" PRÉVU POUR LA FIN DE L'ANNÉE

(Par Valérie LESPEZ, à la Paris Healthcare Week)

PARIS, 18 mai 2017 (APMnews) - Un nouveau guide "plan blanc" sera publié "à la fin de l'année", a annoncé jeudi le Dr Jean-Marc Philippe, conseiller médical auprès du directeur général de la santé (DGS), lors d'un atelier du salon infirmier sur le risque attentat, organisé dans le cadre de la Paris Healthcare Week.

"Je vous annonce la sortie pour la fin de l'année d'un nouveau guide 'plan blanc' entièrement réactualisé par rapport à celui de 2005, qui va prendre en compte l'ensemble des crises que l'on a vécues et les enjeux nouveaux [liés aux attentats]", a assuré Jean-Marc Philippe.

Interrogé par APMnews en marge de l'atelier, il a précisé que plusieurs groupes de travail à la DGS avaient planché sur ce sujet et que le guide allait être adapté aux nouvelles crises, comme les attentats, mais aussi les épidémies, les catastrophes naturelles et les risques environnementaux.

L'actuel "guide plan blanc et gestion de crise, guide d'aide à l'élaboration des plans blancs élargis et des plans blancs des établissements de santé (http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/plan_blanc2006-2.pdf)" est une annexe à une circulaire de l'alors direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos, devenue DGOS), datée précisément du 14 septembre 2006.

Jeudi, Jean-Marc Philippe a souligné que les attentats ayant frappé la France en janvier et novembre 2015, et en juillet 2016, "ont fait que nous sommes dans un changement complet de paradigme qui a nécessité de faire évoluer notre doctrine, qui était basée jusque-là sur de la prise en charge […] de type accidents de bus, accidents industriels". Il a aussi évoqué "le changement de logique, entre une logique individuelle qui est celle que l'on connaît en médecine d'urgence tous les jours, par rapport à une logique collective, c'est-à-dire des évacuations potentiellement collectives avec la mise en oeuvre de techniques spécifiques".

"Nous devons adapter la stratégie de prise en charge des blessés physiques, notamment dans un contexte d'insécurité, mais aussi des blessés médico-psychologiques et d'un nombre très importants de blessés psychiques", a-t-il résumé.

"Il s'agit donc d'adapter les dispositifs de secours et de soins sur l'ensemble du territoire. Ce qui s'est passé à Paris n'est pas forcément reproductible sur tous les points du territoire, et il faut donc qu'on puisse s'adapter, en fonction des ressources, de l'état des victimes, de la configuration du terrain", a-t-il expliqué. "C'est aussi l'adaptation de la prise en charge des blessés avec une problématique qui est que nos schémas classiques ne sont pas forcément reproductibles, parce qu'il peut y avoir des problèmes de sécurisation", a-t-il avancé. Il a cité aussi "une problématique sur le tri des blessés" et "la mise en place de techniques issues de la médecine de guerre [...] le '<*damage control'*>' pré-hospitalier, chirurgical ou réanimatoire".

==Les établissements concernés dès la phase pré-hospitalière de la crise

Concernant "la phase pré-hospitalière" de la crise, Jean-Marc Philippe a fait remarquer que les hôpitaux et cliniques pouvaient être concernés dès ce moment, "parce que les établissements de santé peuvent se retrouver au coeur de l'événement -cela s'est passé à Nice pour l'hôpital pédiatrique Lenval [cf APM CD5OACSBZ], ça s'est passé à l'hôpital Saint-Louis et l'hôpital Saint-Antoine qui étaient à côté [du Bataclan, à Paris]".

"On voit bien la nécessité de la mobilisation immédiate des établissements, notamment à travers le plan blanc", a-t-il relevé.

Concernant "la phase hospitalière", le conseiller médical du DGS a assuré que l'enjeu, dans le cas d'attentats, pour ces blessés par armes de guerre, est d'arrêter l'hémorragie. "Il faut qu'un chirurgien puisse arrêter ce qui saigne, et cela veut dire qu'il faut que l'on s'organise pour prendre en charge ces patients-là [...]. Cela veut dire qu'on a une mobilisation des plateaux chirurgicaux. On a demandé aux agences régionales de santé [ARS] de travailler sur ces sujets pour pouvoir mobiliser l'ensemble des hôpitaux", a-t-il souligné.

De plus, dans ce contexte, le point de vue sur "la saturation des hôpitaux change aussi", a-t-il noté. "Quand on dit 'je ne peux pas prendre ce patient-là dans mon hôpital parce que je n'ai pas de place d'aval, je n'ai pas de place en réa...' ce n'est plus du tout le sujet ! C'est 'je suis un hôpital, je vais recevoir ces patients car on ne peut pas faire autrement [...] et après on verra où on les mettra, on peut les évacuer une fois qu'on les a stabilisés -c'est tout l'enjeu de la mise en place du '<*damage control*>' chirurgical", a-t-il décrit.

Il a aussi souligné l'importance de la prise en charge médico-psychologique [cf APM VL4OKBV2M], assurant que "pour un patient blessé physique, on a 10 patients blessés psychiques" et citant aussi la "problématique pédopsychiatrique que l'on a rencontrée sur Nice et qui va nous demander une adaptation".

Le conseiller médical du DGS a insisté également sur "l'enjeu majeur de la traçabilité des patients". "On a travaillé en interministériel pour avoir un système d'identification pré-hospitalier", le système d'information numérique standardisé (Sinus), complété par le système de traçabilité hospitalière, le système d'information des victimes (Sivic) bien connu des établissements de santé concernés par l'Euro 2016 de football.

Pour compléter le dispositif, Jean-Marc Philippe a évoqué le programme de formation de formateurs monté avec le service de santé des armées (SSA) sur le "<*damage control*>". Et il a insisté sur la nécessité de faire des exercices, de s'entraîner à ces prises en charge et ces nouveaux risques.

Plus globalement, il a largement insisté sur l'enjeu que représentait cette nouvelle manière d'envisager ces prises en charge et la nécessité de s'y préparer. "Le système de santé est un des piliers de la résilience de la Nation face au terrorisme...", a-t-il conclu.

vl/ab/APMnews

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(Par Valérie LESPEZ, à la Paris Healthcare Week)

PARIS, 18 mai 2017 (APMnews) - Un nouveau guide "plan blanc" sera publié "à la fin de l'année", a annoncé jeudi le Dr Jean-Marc Philippe, conseiller médical auprès du directeur général de la santé (DGS), lors d'un atelier du salon infirmier sur le risque attentat, organisé dans le cadre de la Paris Healthcare Week.

"Je vous annonce la sortie pour la fin de l'année d'un nouveau guide 'plan blanc' entièrement réactualisé par rapport à celui de 2005, qui va prendre en compte l'ensemble des crises que l'on a vécues et les enjeux nouveaux [liés aux attentats]", a assuré Jean-Marc Philippe.

Interrogé par APMnews en marge de l'atelier, il a précisé que plusieurs groupes de travail à la DGS avaient planché sur ce sujet et que le guide allait être adapté aux nouvelles crises, comme les attentats, mais aussi les épidémies, les catastrophes naturelles et les risques environnementaux.

L'actuel "guide plan blanc et gestion de crise, guide d'aide à l'élaboration des plans blancs élargis et des plans blancs des établissements de santé (http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/plan_blanc2006-2.pdf)" est une annexe à une circulaire de l'alors direction de l'hospitalisation et de l'organisation des soins (Dhos, devenue DGOS), datée précisément du 14 septembre 2006.

Jeudi, Jean-Marc Philippe a souligné que les attentats ayant frappé la France en janvier et novembre 2015, et en juillet 2016, "ont fait que nous sommes dans un changement complet de paradigme qui a nécessité de faire évoluer notre doctrine, qui était basée jusque-là sur de la prise en charge […] de type accidents de bus, accidents industriels". Il a aussi évoqué "le changement de logique, entre une logique individuelle qui est celle que l'on connaît en médecine d'urgence tous les jours, par rapport à une logique collective, c'est-à-dire des évacuations potentiellement collectives avec la mise en oeuvre de techniques spécifiques".

"Nous devons adapter la stratégie de prise en charge des blessés physiques, notamment dans un contexte d'insécurité, mais aussi des blessés médico-psychologiques et d'un nombre très importants de blessés psychiques", a-t-il résumé.

"Il s'agit donc d'adapter les dispositifs de secours et de soins sur l'ensemble du territoire. Ce qui s'est passé à Paris n'est pas forcément reproductible sur tous les points du territoire, et il faut donc qu'on puisse s'adapter, en fonction des ressources, de l'état des victimes, de la configuration du terrain", a-t-il expliqué. "C'est aussi l'adaptation de la prise en charge des blessés avec une problématique qui est que nos schémas classiques ne sont pas forcément reproductibles, parce qu'il peut y avoir des problèmes de sécurisation", a-t-il avancé. Il a cité aussi "une problématique sur le tri des blessés" et "la mise en place de techniques issues de la médecine de guerre [...] le '<*damage control'*>' pré-hospitalier, chirurgical ou réanimatoire".

==Les établissements concernés dès la phase pré-hospitalière de la crise

Concernant "la phase pré-hospitalière" de la crise, Jean-Marc Philippe a fait remarquer que les hôpitaux et cliniques pouvaient être concernés dès ce moment, "parce que les établissements de santé peuvent se retrouver au coeur de l'événement -cela s'est passé à Nice pour l'hôpital pédiatrique Lenval [cf APM CD5OACSBZ], ça s'est passé à l'hôpital Saint-Louis et l'hôpital Saint-Antoine qui étaient à côté [du Bataclan, à Paris]".

"On voit bien la nécessité de la mobilisation immédiate des établissements, notamment à travers le plan blanc", a-t-il relevé.

Concernant "la phase hospitalière", le conseiller médical du DGS a assuré que l'enjeu, dans le cas d'attentats, pour ces blessés par armes de guerre, est d'arrêter l'hémorragie. "Il faut qu'un chirurgien puisse arrêter ce qui saigne, et cela veut dire qu'il faut que l'on s'organise pour prendre en charge ces patients-là [...]. Cela veut dire qu'on a une mobilisation des plateaux chirurgicaux. On a demandé aux agences régionales de santé [ARS] de travailler sur ces sujets pour pouvoir mobiliser l'ensemble des hôpitaux", a-t-il souligné.

De plus, dans ce contexte, le point de vue sur "la saturation des hôpitaux change aussi", a-t-il noté. "Quand on dit 'je ne peux pas prendre ce patient-là dans mon hôpital parce que je n'ai pas de place d'aval, je n'ai pas de place en réa...' ce n'est plus du tout le sujet ! C'est 'je suis un hôpital, je vais recevoir ces patients car on ne peut pas faire autrement [...] et après on verra où on les mettra, on peut les évacuer une fois qu'on les a stabilisés -c'est tout l'enjeu de la mise en place du '<*damage control*>' chirurgical", a-t-il décrit.

Il a aussi souligné l'importance de la prise en charge médico-psychologique [cf APM VL4OKBV2M], assurant que "pour un patient blessé physique, on a 10 patients blessés psychiques" et citant aussi la "problématique pédopsychiatrique que l'on a rencontrée sur Nice et qui va nous demander une adaptation".

Le conseiller médical du DGS a insisté également sur "l'enjeu majeur de la traçabilité des patients". "On a travaillé en interministériel pour avoir un système d'identification pré-hospitalier", le système d'information numérique standardisé (Sinus), complété par le système de traçabilité hospitalière, le système d'information des victimes (Sivic) bien connu des établissements de santé concernés par l'Euro 2016 de football.

Pour compléter le dispositif, Jean-Marc Philippe a évoqué le programme de formation de formateurs monté avec le service de santé des armées (SSA) sur le "<*damage control*>". Et il a insisté sur la nécessité de faire des exercices, de s'entraîner à ces prises en charge et ces nouveaux risques.

Plus globalement, il a largement insisté sur l'enjeu que représentait cette nouvelle manière d'envisager ces prises en charge et la nécessité de s'y préparer. "Le système de santé est un des piliers de la résilience de la Nation face au terrorisme...", a-t-il conclu.

vl/ab/APMnews

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