Actualités de l'Urgence - APM

16/09 2022
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UN SERVICE DES URGENCES SUR CINQ A DÛ MODIFIER SES CONDITIONS D'ACCUEIL CET ÉTÉ (SUDF)

PARIS, 16 septembre 2022 (APMnews) - Un service d'accueil des urgences sur cinq a dû modifier ses conditions d'accueil cet été, selon une enquête du syndicat Samu-Urgences de France (SUdF) publiée vendredi.

Cette deuxième enquête menée sur le territoire national visait notamment à "mesurer la mise en oeuvre" des 41 mesures de la mission flash (cf dépêche du 01/07/2022 à 20:27) et "les difficultés rencontrées", pour "pouvoir alimenter la réflexion des suites à donner à la gestion de cette crise sanitaire que nos structures traversent actuellement", selon un communiqué de presse de SUdF.

Fin juillet, SUdF avait déjà effectué un point de la situation des structures d'urgences pour mesurer "les difficultés rencontrées et les premiers impacts de la mise en oeuvre des recommandations de la mission flash" (cf dépêche du 03/08/2022 à 15:48).

Cette deuxième enquête, menée via un formulaire en ligne du 27 août au 3 septembre, a permis de recueillir les réponses de 73 Samu, 171 services d'accueil des urgences -SAU- (deux établissements militaires, 14 privés et 155 publics) et 146 Smur au sein de 84 départements répartis dans 11 régions.

La recommandation 23 de la mission flash d'une mise en place d'une solution de restriction ou fermeture de l'accès au service des urgences était opérationnelle dans 25% des SAU. Pour 5% de ces services, cela était "en projet" au moment de l'enquête.

"Tous les établissements ayant mis en place une solution de restriction d'accès […] l'ont accompagné par la mise en place d'une solution de régulation médicale", note le syndicat.

En outre, 70% des répondants ont mis en oeuvre un accueil physique par un personnel aidant à la réorientation à l'entrée du service des urgences.

Ils sont 51 services à avoir effectué une "fermeture totale de l'accès de leur structure au moins sur une nuit", dont 41% sont des établissements privés.

"Les restrictions d'accès ont touché environ 12%" des services d'urgence du territoire et "ont fait l'objet d'une mise en place d'une régulation médicale d'accès souvent couplée à un accueil physique participant à la réorientation des patients", analyse SUdF.

Concernant le dispositif de besoin journalier minimum en lits (BJML), 25% des répondants expliquaient que celui-ci était en vigueur dans l'établissement, et 10% expliquaient que c'était en projet.

Par ailleurs, 29% des services des urgences "ont pu mobiliser une solution de renfort médical durant le mois d'août".

Ils étaient notamment 15% (25) des services à avoir été renforcés en août par des médecins généralistes et 18% (30) par des médecins d'autres spécialités de l'établissement.

Les services des urgences "ont payé un lourd tribut cet été face aux difficultés démographiques de professionnels de santé, engendrant notamment de nombreuses restrictions et fermetures d'accès", mais "les fermetures totales […] ont touché la plupart du temps des établissements sur des dates isolées, où l'établissement n'a pas pu trouver les ressources pour maintenir un accueil", est-il évoqué.

Ainsi, un service des urgences sur cinq environ "a dû modifier ses conditions d'accueil". Et SUdF d'avancer: "La régulation médicale des Samu-centres 15 a joué un rôle central dans ces réorganisations en permettant d'apporter à la population la meilleure réponse possible à la demande de soins formulée."

Le syndicat estime que "ces dispositifs de régulation médicale d'accès sont à maintenir partout où une organisation normale ne peut pas être proposée". Il prône une "généralisation du dispositif […] à terme afin de réserver l'accès au service des urgences aux patients relevant de ce niveau de soins, et filiariser les autres patients vers une réponse structurée de soins non programmés".

Concernant les 73 Samu-centres 15 répondants (sur 102 existants), trois ont évoqué une activité stable, tous les autres une hausse estimée à 20% en moyenne.

S'agissant des recommandations 2 et 3 de la mission flash, 36% des Samu ont réussi à obtenir des renforts en ressources humaines en juillet-août "pour gérer le décroché", 8% comptaient le faire, et 25% n'avaient pas de solutions ad hoc identifiées.

À la question "Avez-vous réussi à avoir des renforts en médecins généralistes pour gérer la régulation libérale hors PDSA [permanence des soins ambulatoires]?", 12% ont indiqué que cela était "opérationnel et suffisant", 40% "opérationnel et insuffisant", 10% ont évoqué des effectifs en place suffisants, et 10% ont indiqué qu'il s'agit d'un projet à court terme. Cette solution n'a pas été retenue par 28% des interrogés.

Questionnés pour savoir s'ils disposaient d'un système d'information permettant de savoir si une structure était fermée ou en incapacité de recevoir un patient par surcharge d'activité, à un moment donné, 17% des acteurs interrogés ont dit avoir un portail SI-Samu, 12% un "outil local ou autre" et 11% un "outil régional ou autre".

Concernant les systèmes d'information, "la situation de cet été a une nouvelle fois montré" leur
précarité, est-il analysé par le syndicat.

Le maillage territorial des Smur "a été fragilisé cet été"

Concernant les 146 établissements sièges de Smur répondants, soit 44% des structures existantes, 24% ont mis en place une solution de fermeture de ligne Smur, ou encore 14% ont mis en oeuvre une équipe paramédicale de médecine d'urgence (EPMU) ou Smur avec une infirmière.

SUdF conclut que le maillage territorial des Smur "a été fragilisé cet été, même si des solutions d'EPMU ont pu amortir l'impact de certaines fermetures de lignes". Et de faire valoir: "Le maintien d'un réseau opérationnel de Smur doit être une priorité pour sécuriser la prise en charge de l'urgence vitale."

Parmi les mesures de la mission flash à "conserver", les répondants étaient 90% à citer la mise en adéquation de l'aval des services d'urgence avec le BJML, 82% la mise en place d'une gestion territoriale des lits, 72% la régulation médicale de l'accès aux services des urgences, 58% la mise en place d'EPMU, ou encore 44% l'utilisation des unités mobiles de télémédecine.

Le syndicat a indiqué que les résultats de l'enquête et son analyse seraient transmis au comité de suivi de la mission flash pour "participer à son évaluation et aux mesures nécessitant d'être pérennisées".

Selon le syndicat, "même si la situation n'a pas été aussi 'catastrophique' qu'attendue, de nombreux services et territoires ont été soumis à de très grosses difficultés de fonctionnement".

L'organisation juge qu'"une nouvelle fois", ce sont "la résilience des professionnels et leur capacité d'adaptation qui ont permis de répondre aux difficultés et de maintenir un système de soins opérationnel cet été".

Le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, avait lui aussi déclaré fin août que la "catastrophe annoncée ne s'est pas produite grâce à l'investissement fort des professionnels sur le terrain, hospitaliers comme libéraux" (cf dépêche du 31/08/2022 à 17:48).

SUdF formule 15 propositions pour les urgences

En s'appuyant sur cette enquête, SUdF a formulé une quinzaine de propositions "pour soutenir nos structures dans les prochains mois et participer à l'évolution de système de santé".

Il demande de poursuivre des "dispositifs de régulation médicale en amont des services d'urgence en difficulté", puis une "généralisation progressive du dispositif", de diffuser "une réglementation imposant aux établissements de santé la mise en place d'une gestion des lits en aval des urgences respectant le BJML", de réviser la procédure de nomination des Padhue et déployer les SAS [services d'accès aux soins] sur tout le territoire.

Également, le syndicat préconise une évolution du métier d'assistant de régulation médicale (ARM), "l'encadrement de l'application des réformes de transport sanitaire afin de respecter l'accès aux soins pour tous, le juste soin, la confidentialité et le secret médical", la "poursuite des expérimentations des nouveaux effecteurs de SNP [soins non programmés]", "l'utilisation sur tout le territoire du portail SI-Samu", de faire "une réunion du programme SI-Samu avec les professionnels de l'aide médicale urgente et une évaluation continue de la volonté des éditeurs d'interfacer leur LRM [logiciel de régulation médicale] avec le bandeau de communication SI-Samu et le hub santé".

Enfin, SUdF réclame le "maintien d'un réseau opérationnel de Smur comme priorité pour sécuriser la prise en charge de l'urgence vitale", "une réflexion sur la place de l'infirmier Smur en préhospitalier", la pérennisation de "mesures de reconnaissance et de revalorisation de la pénibilité
de la permanence des soins", la "reprise d'ancienneté oubliée dans les mesures Ségur sans mesures transitoires, pour les PH nommés avant octobre 2020", l'''ouverture immédiate d'une mission sur la permanence des soins" et le "partage de la PDSES [permanence des soins en établissement de santé]entre les secteurs public et privé".

Evaluation des mesures de la mission flash enquête SUdF - août 2022

jyp/ab/APMnews

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PARIS, 16 septembre 2022 (APMnews) - Un service d'accueil des urgences sur cinq a dû modifier ses conditions d'accueil cet été, selon une enquête du syndicat Samu-Urgences de France (SUdF) publiée vendredi.

Cette deuxième enquête menée sur le territoire national visait notamment à "mesurer la mise en oeuvre" des 41 mesures de la mission flash (cf dépêche du 01/07/2022 à 20:27) et "les difficultés rencontrées", pour "pouvoir alimenter la réflexion des suites à donner à la gestion de cette crise sanitaire que nos structures traversent actuellement", selon un communiqué de presse de SUdF.

Fin juillet, SUdF avait déjà effectué un point de la situation des structures d'urgences pour mesurer "les difficultés rencontrées et les premiers impacts de la mise en oeuvre des recommandations de la mission flash" (cf dépêche du 03/08/2022 à 15:48).

Cette deuxième enquête, menée via un formulaire en ligne du 27 août au 3 septembre, a permis de recueillir les réponses de 73 Samu, 171 services d'accueil des urgences -SAU- (deux établissements militaires, 14 privés et 155 publics) et 146 Smur au sein de 84 départements répartis dans 11 régions.

La recommandation 23 de la mission flash d'une mise en place d'une solution de restriction ou fermeture de l'accès au service des urgences était opérationnelle dans 25% des SAU. Pour 5% de ces services, cela était "en projet" au moment de l'enquête.

"Tous les établissements ayant mis en place une solution de restriction d'accès […] l'ont accompagné par la mise en place d'une solution de régulation médicale", note le syndicat.

En outre, 70% des répondants ont mis en oeuvre un accueil physique par un personnel aidant à la réorientation à l'entrée du service des urgences.

Ils sont 51 services à avoir effectué une "fermeture totale de l'accès de leur structure au moins sur une nuit", dont 41% sont des établissements privés.

"Les restrictions d'accès ont touché environ 12%" des services d'urgence du territoire et "ont fait l'objet d'une mise en place d'une régulation médicale d'accès souvent couplée à un accueil physique participant à la réorientation des patients", analyse SUdF.

Concernant le dispositif de besoin journalier minimum en lits (BJML), 25% des répondants expliquaient que celui-ci était en vigueur dans l'établissement, et 10% expliquaient que c'était en projet.

Par ailleurs, 29% des services des urgences "ont pu mobiliser une solution de renfort médical durant le mois d'août".

Ils étaient notamment 15% (25) des services à avoir été renforcés en août par des médecins généralistes et 18% (30) par des médecins d'autres spécialités de l'établissement.

Les services des urgences "ont payé un lourd tribut cet été face aux difficultés démographiques de professionnels de santé, engendrant notamment de nombreuses restrictions et fermetures d'accès", mais "les fermetures totales […] ont touché la plupart du temps des établissements sur des dates isolées, où l'établissement n'a pas pu trouver les ressources pour maintenir un accueil", est-il évoqué.

Ainsi, un service des urgences sur cinq environ "a dû modifier ses conditions d'accueil". Et SUdF d'avancer: "La régulation médicale des Samu-centres 15 a joué un rôle central dans ces réorganisations en permettant d'apporter à la population la meilleure réponse possible à la demande de soins formulée."

Le syndicat estime que "ces dispositifs de régulation médicale d'accès sont à maintenir partout où une organisation normale ne peut pas être proposée". Il prône une "généralisation du dispositif […] à terme afin de réserver l'accès au service des urgences aux patients relevant de ce niveau de soins, et filiariser les autres patients vers une réponse structurée de soins non programmés".

Concernant les 73 Samu-centres 15 répondants (sur 102 existants), trois ont évoqué une activité stable, tous les autres une hausse estimée à 20% en moyenne.

S'agissant des recommandations 2 et 3 de la mission flash, 36% des Samu ont réussi à obtenir des renforts en ressources humaines en juillet-août "pour gérer le décroché", 8% comptaient le faire, et 25% n'avaient pas de solutions ad hoc identifiées.

À la question "Avez-vous réussi à avoir des renforts en médecins généralistes pour gérer la régulation libérale hors PDSA [permanence des soins ambulatoires]?", 12% ont indiqué que cela était "opérationnel et suffisant", 40% "opérationnel et insuffisant", 10% ont évoqué des effectifs en place suffisants, et 10% ont indiqué qu'il s'agit d'un projet à court terme. Cette solution n'a pas été retenue par 28% des interrogés.

Questionnés pour savoir s'ils disposaient d'un système d'information permettant de savoir si une structure était fermée ou en incapacité de recevoir un patient par surcharge d'activité, à un moment donné, 17% des acteurs interrogés ont dit avoir un portail SI-Samu, 12% un "outil local ou autre" et 11% un "outil régional ou autre".

Concernant les systèmes d'information, "la situation de cet été a une nouvelle fois montré" leur
précarité, est-il analysé par le syndicat.

Le maillage territorial des Smur "a été fragilisé cet été"

Concernant les 146 établissements sièges de Smur répondants, soit 44% des structures existantes, 24% ont mis en place une solution de fermeture de ligne Smur, ou encore 14% ont mis en oeuvre une équipe paramédicale de médecine d'urgence (EPMU) ou Smur avec une infirmière.

SUdF conclut que le maillage territorial des Smur "a été fragilisé cet été, même si des solutions d'EPMU ont pu amortir l'impact de certaines fermetures de lignes". Et de faire valoir: "Le maintien d'un réseau opérationnel de Smur doit être une priorité pour sécuriser la prise en charge de l'urgence vitale."

Parmi les mesures de la mission flash à "conserver", les répondants étaient 90% à citer la mise en adéquation de l'aval des services d'urgence avec le BJML, 82% la mise en place d'une gestion territoriale des lits, 72% la régulation médicale de l'accès aux services des urgences, 58% la mise en place d'EPMU, ou encore 44% l'utilisation des unités mobiles de télémédecine.

Le syndicat a indiqué que les résultats de l'enquête et son analyse seraient transmis au comité de suivi de la mission flash pour "participer à son évaluation et aux mesures nécessitant d'être pérennisées".

Selon le syndicat, "même si la situation n'a pas été aussi 'catastrophique' qu'attendue, de nombreux services et territoires ont été soumis à de très grosses difficultés de fonctionnement".

L'organisation juge qu'"une nouvelle fois", ce sont "la résilience des professionnels et leur capacité d'adaptation qui ont permis de répondre aux difficultés et de maintenir un système de soins opérationnel cet été".

Le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, avait lui aussi déclaré fin août que la "catastrophe annoncée ne s'est pas produite grâce à l'investissement fort des professionnels sur le terrain, hospitaliers comme libéraux" (cf dépêche du 31/08/2022 à 17:48).

SUdF formule 15 propositions pour les urgences

En s'appuyant sur cette enquête, SUdF a formulé une quinzaine de propositions "pour soutenir nos structures dans les prochains mois et participer à l'évolution de système de santé".

Il demande de poursuivre des "dispositifs de régulation médicale en amont des services d'urgence en difficulté", puis une "généralisation progressive du dispositif", de diffuser "une réglementation imposant aux établissements de santé la mise en place d'une gestion des lits en aval des urgences respectant le BJML", de réviser la procédure de nomination des Padhue et déployer les SAS [services d'accès aux soins] sur tout le territoire.

Également, le syndicat préconise une évolution du métier d'assistant de régulation médicale (ARM), "l'encadrement de l'application des réformes de transport sanitaire afin de respecter l'accès aux soins pour tous, le juste soin, la confidentialité et le secret médical", la "poursuite des expérimentations des nouveaux effecteurs de SNP [soins non programmés]", "l'utilisation sur tout le territoire du portail SI-Samu", de faire "une réunion du programme SI-Samu avec les professionnels de l'aide médicale urgente et une évaluation continue de la volonté des éditeurs d'interfacer leur LRM [logiciel de régulation médicale] avec le bandeau de communication SI-Samu et le hub santé".

Enfin, SUdF réclame le "maintien d'un réseau opérationnel de Smur comme priorité pour sécuriser la prise en charge de l'urgence vitale", "une réflexion sur la place de l'infirmier Smur en préhospitalier", la pérennisation de "mesures de reconnaissance et de revalorisation de la pénibilité
de la permanence des soins", la "reprise d'ancienneté oubliée dans les mesures Ségur sans mesures transitoires, pour les PH nommés avant octobre 2020", l'''ouverture immédiate d'une mission sur la permanence des soins" et le "partage de la PDSES [permanence des soins en établissement de santé]entre les secteurs public et privé".

Evaluation des mesures de la mission flash enquête SUdF - août 2022

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