Actualités de l'Urgence - APM

17/01 2019
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UNE QUINZAINE DE CHEFS DE SERVICE DEMANDENT UN GRAND PLAN EN FAVEUR DES URGENCES

PARIS, 17 janvier 2019 (APMnews) - La situation des services d’urgence nécessite un grand plan en leur faveur, réclament 14 chefs de service, qui exposent leurs propositions dans une tribune mise en ligne sur le site du Monde mercredi.

Le texte a été signé par des chefs de service d’urgence de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), comme le Pr Philippe Juvin (hôpital européen Georges-Pompidou), le Pr Enrique Casalino (hôpitaux Bichat et Beaujon), d'autres CHU, dont le Pr Jeannot Schmidt (Clermont-Ferrand), de CH, parmi lesquels le Dr Mathias Wargon (CH de Saint-Denis, Seine-Saint-Denis) ou d'établissements privés à but non lucratif.

"Les récents drames survenus dans des services d’urgence sont un malheur pour les patients et leurs familles. Pour nous aussi, chefs de service d’urgence, et nos équipes, dont la raison d’être est de soigner et de sauver, ils sont chaque fois des tragédies. Or, de tels accidents peuvent maintenant se répéter partout et à tout moment, car le gouffre se creuse entre les besoins et nos moyens", alertent les signataires.

Auparavant, l’encombrement des services d’urgence "n’était évoqué qu’au moment de la grippe ou de la canicule. Désormais, nos services sont saturés en permanence. Or, cette saturation n’a pas qu’un effet sur le confort ou le délai d’attente: elle augmente considérablement le risque d’erreurs médicales et use les équipes. Quand un seul médecin doit prendre en charge simultanément 10 malades, le risque d’accident devient immense. Nous travaillons désormais en permanence sur le fil", poursuivent-ils.

Les signataires estiment que "le temps est venu d’un grand plan en faveur des urgences, d’ampleur similaire à celui porté par Xavier Bertrand sous la pression de notre collègue Patrick Pelloux après la canicule de 2003".

Filtrer l’accès aux urgences

"La priorité absolue est d’assurer la sécurité des patients", arguent-ils. "Dans les années 1990, un décret avait sécurisé la pratique de l’anesthésie dans les hôpitaux en imposant des normes de personnel, de locaux et de matériel. Nous demandons un décret similaire sur la sécurité des patients aux urgences. Aucun service ne doit plus fonctionner dans des conditions inacceptables de sécurité, en personnel, locaux ou matériels. Les SU ne respectant pas les normes fixées fermeront".

Ils demandent également "que soit étudiée la possibilité de filtrer l’accès aux urgences. Les patients ne pourraient plus s’y rendre sans avoir appelé une plate-forme téléphonique ou numérique de régulation médicale, issue des actuels Samu-centres 15. Ces plates-formes guideraient les patients vers les structures adaptées à leur état: un professionnel de ville qui aurait donné ses disponibilités (sur le modèle de Doctolib), une hospitalisation le lendemain, ou un SU, immédiatement ou de façon différée…"

L’accès direct aux urgences serait toujours possible en cas d’urgence vitale ou pour ceux qui n’ont pas accès au téléphone. "Dans les territoires éloignés, les professionnels locaux capables de donner une première réponse (médecins, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes…) ser[aie]nt labellisés".

Ils proposent aussi que les hôpitaux soient "tous soumis à l’objectif zéro brancard: aucun patient des urgences ne devra passer la nuit sur un brancard dans un couloir. Les hôpitaux auront l’obligation de s’organiser pour prévoir un nombre suffisant de lits d’hospitalisation pour les patients venant de leur SU. La certification sanctionnera cette obligation de sécurité et de dignité".

Dans cette perspective, les services d’urgence deviendraient des "lieux d’innovations techniques et réglementaires: exploitation massive du big data pour permettre des consultations plus sûres et personnalisées, rappel téléphonique des patients le lendemain de leur passage au service d’urgence pour s’assurer de leur état, information en temps réel des patients et de leurs familles, outils de prescription les plus modernes, prescriptions infirmières, possibilité de renvoi des patients avec re-convocation sur une plage horaire moins chargée, programmes de détection de la fatigue des soignants…"

Une unité pour les patients âgés

Tous les services des urgences devraient se doter "d’une unité dédiée aux patients âgés, avec un personnel spécialisé. De même, 40% des transferts des maisons de retraite vers les urgences sont inutiles, coûteux et dangereux: ils ser[aie]nt réduits par l’utilisation des outils de télémédecine et de modélisation", proposent encore les signataires.

"Plus aucun malade de cancer ou de démence qui vient mourir à l’hôpital ne devra passer ses dernières heures de vie aux urgences, avec un personnel débordé qu’il ne connaît pas. Une filière dédiée sera[it] organisée dans chaque hôpital afin de leur offrir un accueil paisible et adapté. Là aussi, la certification s’assurera[it] du respect de cette mesure d’humanité élémentaire", réclament-ils.

"La transparence sera[it] mise au service de la sécurité, avec des indicateurs de qualité scientifiquement fiables". "Les hôpitaux devr[aie]nt publier leurs délais d’intervention".

"Nous ne jetons la pierre à personne, car la situation actuelle est la conséquence d’une lente dégradation. Mais cette observation ne doit pas être une excuse pour attendre. Nos propositions sont précises: elles visent à sécuriser rapidement un système qui ne tient que grâce à la bonne volonté de ses professionnels. Nous savons aussi que les moyens ne sont pas infinis. C’est pour cela que beaucoup de nos propositions reposent sur la normalisation des moyens et des procédures. Mais ce qui est en jeu désormais, c’est la sécurité des patients ", concluent les chefs de service.

Les chefs de service signataires

  • Pr Philippe Juvin, hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP, Paris)
  • Dr Marie-Christine Ballester, hôpital Foch (Suresnes)
  • Dr Sebastien Beaune, hôpital Ambroise-Paré (AP-HP, Boulogne-Billancourt)
  • Pr Enrique Casalino, hôpitaux Bichat (AP-HP, Paris) et Beaujon (AP-HP, Clichy)
  • Dr Arnaud Depil-Duval, CH Eure-Seine (Evreux-Vernon)
  • Dr Benoît Doumenc, CHU Cochin (AP-HP, Paris)
  • Pr Luc-Marie Joly, CHU Rouen
  • Pr Mehdi Khellaf, hôpital Henri-Mondor (AP-HP, Créteil)
  • Dr Catherine Le Gall, CH d’Argenteuil (Val-d’Oise)
  • Pr Eric Roupie, CHU de Caen
  • Pr Jeannot Schmidt, CHU de Clermont-Ferrand et CH de Riom
  • Dr Mathias Wargon, CH de Saint-Denis
  • Pr Eric Wiel, CHU de Lille
  • Dr Caroline Zanker, hôpital franco-britannique de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

La tribune sur le site internet du Monde

mlb/nc/APMnews

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UNE QUINZAINE DE CHEFS DE SERVICE DEMANDENT UN GRAND PLAN EN FAVEUR DES URGENCES

PARIS, 17 janvier 2019 (APMnews) - La situation des services d’urgence nécessite un grand plan en leur faveur, réclament 14 chefs de service, qui exposent leurs propositions dans une tribune mise en ligne sur le site du Monde mercredi.

Le texte a été signé par des chefs de service d’urgence de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), comme le Pr Philippe Juvin (hôpital européen Georges-Pompidou), le Pr Enrique Casalino (hôpitaux Bichat et Beaujon), d'autres CHU, dont le Pr Jeannot Schmidt (Clermont-Ferrand), de CH, parmi lesquels le Dr Mathias Wargon (CH de Saint-Denis, Seine-Saint-Denis) ou d'établissements privés à but non lucratif.

"Les récents drames survenus dans des services d’urgence sont un malheur pour les patients et leurs familles. Pour nous aussi, chefs de service d’urgence, et nos équipes, dont la raison d’être est de soigner et de sauver, ils sont chaque fois des tragédies. Or, de tels accidents peuvent maintenant se répéter partout et à tout moment, car le gouffre se creuse entre les besoins et nos moyens", alertent les signataires.

Auparavant, l’encombrement des services d’urgence "n’était évoqué qu’au moment de la grippe ou de la canicule. Désormais, nos services sont saturés en permanence. Or, cette saturation n’a pas qu’un effet sur le confort ou le délai d’attente: elle augmente considérablement le risque d’erreurs médicales et use les équipes. Quand un seul médecin doit prendre en charge simultanément 10 malades, le risque d’accident devient immense. Nous travaillons désormais en permanence sur le fil", poursuivent-ils.

Les signataires estiment que "le temps est venu d’un grand plan en faveur des urgences, d’ampleur similaire à celui porté par Xavier Bertrand sous la pression de notre collègue Patrick Pelloux après la canicule de 2003".

Filtrer l’accès aux urgences

"La priorité absolue est d’assurer la sécurité des patients", arguent-ils. "Dans les années 1990, un décret avait sécurisé la pratique de l’anesthésie dans les hôpitaux en imposant des normes de personnel, de locaux et de matériel. Nous demandons un décret similaire sur la sécurité des patients aux urgences. Aucun service ne doit plus fonctionner dans des conditions inacceptables de sécurité, en personnel, locaux ou matériels. Les SU ne respectant pas les normes fixées fermeront".

Ils demandent également "que soit étudiée la possibilité de filtrer l’accès aux urgences. Les patients ne pourraient plus s’y rendre sans avoir appelé une plate-forme téléphonique ou numérique de régulation médicale, issue des actuels Samu-centres 15. Ces plates-formes guideraient les patients vers les structures adaptées à leur état: un professionnel de ville qui aurait donné ses disponibilités (sur le modèle de Doctolib), une hospitalisation le lendemain, ou un SU, immédiatement ou de façon différée…"

L’accès direct aux urgences serait toujours possible en cas d’urgence vitale ou pour ceux qui n’ont pas accès au téléphone. "Dans les territoires éloignés, les professionnels locaux capables de donner une première réponse (médecins, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes…) ser[aie]nt labellisés".

Ils proposent aussi que les hôpitaux soient "tous soumis à l’objectif zéro brancard: aucun patient des urgences ne devra passer la nuit sur un brancard dans un couloir. Les hôpitaux auront l’obligation de s’organiser pour prévoir un nombre suffisant de lits d’hospitalisation pour les patients venant de leur SU. La certification sanctionnera cette obligation de sécurité et de dignité".

Dans cette perspective, les services d’urgence deviendraient des "lieux d’innovations techniques et réglementaires: exploitation massive du big data pour permettre des consultations plus sûres et personnalisées, rappel téléphonique des patients le lendemain de leur passage au service d’urgence pour s’assurer de leur état, information en temps réel des patients et de leurs familles, outils de prescription les plus modernes, prescriptions infirmières, possibilité de renvoi des patients avec re-convocation sur une plage horaire moins chargée, programmes de détection de la fatigue des soignants…"

Une unité pour les patients âgés

Tous les services des urgences devraient se doter "d’une unité dédiée aux patients âgés, avec un personnel spécialisé. De même, 40% des transferts des maisons de retraite vers les urgences sont inutiles, coûteux et dangereux: ils ser[aie]nt réduits par l’utilisation des outils de télémédecine et de modélisation", proposent encore les signataires.

"Plus aucun malade de cancer ou de démence qui vient mourir à l’hôpital ne devra passer ses dernières heures de vie aux urgences, avec un personnel débordé qu’il ne connaît pas. Une filière dédiée sera[it] organisée dans chaque hôpital afin de leur offrir un accueil paisible et adapté. Là aussi, la certification s’assurera[it] du respect de cette mesure d’humanité élémentaire", réclament-ils.

"La transparence sera[it] mise au service de la sécurité, avec des indicateurs de qualité scientifiquement fiables". "Les hôpitaux devr[aie]nt publier leurs délais d’intervention".

"Nous ne jetons la pierre à personne, car la situation actuelle est la conséquence d’une lente dégradation. Mais cette observation ne doit pas être une excuse pour attendre. Nos propositions sont précises: elles visent à sécuriser rapidement un système qui ne tient que grâce à la bonne volonté de ses professionnels. Nous savons aussi que les moyens ne sont pas infinis. C’est pour cela que beaucoup de nos propositions reposent sur la normalisation des moyens et des procédures. Mais ce qui est en jeu désormais, c’est la sécurité des patients ", concluent les chefs de service.

Les chefs de service signataires

  • Pr Philippe Juvin, hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP, Paris)
  • Dr Marie-Christine Ballester, hôpital Foch (Suresnes)
  • Dr Sebastien Beaune, hôpital Ambroise-Paré (AP-HP, Boulogne-Billancourt)
  • Pr Enrique Casalino, hôpitaux Bichat (AP-HP, Paris) et Beaujon (AP-HP, Clichy)
  • Dr Arnaud Depil-Duval, CH Eure-Seine (Evreux-Vernon)
  • Dr Benoît Doumenc, CHU Cochin (AP-HP, Paris)
  • Pr Luc-Marie Joly, CHU Rouen
  • Pr Mehdi Khellaf, hôpital Henri-Mondor (AP-HP, Créteil)
  • Dr Catherine Le Gall, CH d’Argenteuil (Val-d’Oise)
  • Pr Eric Roupie, CHU de Caen
  • Pr Jeannot Schmidt, CHU de Clermont-Ferrand et CH de Riom
  • Dr Mathias Wargon, CH de Saint-Denis
  • Pr Eric Wiel, CHU de Lille
  • Dr Caroline Zanker, hôpital franco-britannique de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

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